Chacune à leur niveau ces spécialités s’inscrivent dans une sémantique de la rupture tutoyant constamment le foutage de gueule. Le Pokémon de cette année, pourvu de ses plus beaux atours et de l’introduction de la 3D, se demande (et pose la question au joueur) si finalement la chasse ouvertes aux pauvres bestioles ne représente pas un détestable asservissement, tout en offrant à l’occasion de cette nouvelle version des moyens d’exploitation encore plus dégradants (trafic de spécimens rares facilité grâce au Ooline, eugénisme riant à la pension d’élevage et pire… exploration de la psyché/des rêves des pokémons sur Internet pour s’attirer la soumission de nouvelles et innocentes espèces). A sa décharge, et nonobstant un rythme et une profondeur de jeu exemplaires, ce Pokémon nouvelle génération se permet de laisser toutes ces questions ouvertes, de ne jamais prendre parti. A l’argument de l’esclavage de masse (notion dans laquelle peuvent se retrouver en miroir le joueur captif des quelques centimètres carrés de sa console et les centaines de bestioles confinées dans leurs balls), il répond qu’il n’y a sans doute pas meilleur moyen pour entamer un vivre ensemble. N’en déplaise donc aux anti-spécistes, c’est le désir de domination des hommes qui permet la capture, la familiarité, puis l’empathie avec les autres formes de vie.
L’autre grande mobilisation gastronomique japonaise, Dark Souls, exacerbe par le souffre la formule sucré salée. De mémoire de joueur, on a rarement vu un titre aussi conscient de son impact. Si ses premières heures vous laissent pantelant, à bout de force, il distille par la suite et savamment les alternatives pour contourner sa difficulté. Des Boss et des mobs qui se suicident quand on sait comment les attirer, des ennemis quasi nemesis qui deviennent ridiculement vulnérables si l’on sait les prendre. Des raccourcis et des game over qui permettent aux experts de finir le jeu en 1h20. Dark Souls est passé en quelques semaines du statut de jeu le plus dur au monde, à celui de titre finalement accessible et malin, sans se départir de l’hyper valorisation du joueur qui s’y risque. Comme l’onctueux Pokémon, le met élitiste Dark Souls brise à sa façon le quatrième mur, tant ses myriades de ramifications, ses choix définitifs, obligent à un autre jeu, social cette fois, celui du récit de ses exploits et de ses découvertes sur Internet.
Pokémon Version Noire/Blanche & Dark Souls, une nouvelle cuisine jap, généreuse, qui exige des estomacs solides et une inclinaison certaine pour les grandes tablées conviviales où l’on cause à bâton rompu du vivre et mourir ensemble.
Laisser un commentaire :
Suivre les commentaires :
| ![Atom](plugins/auto/comments/feed/atom.png)