17. Quinnspiracy

Tout ça pour quoi ?

Dossier spécial #GamerGate : conclusion et perspectives

La querelle du GamerGate aura bientôt un an. C’est un bon timing pour apporter une conclusion à ce dossier qui, il est vrai, portait moins sur le GamerGate lui-même que sur plusieurs questions périphériques, lesquelles tournaient autour du concept de "gamer" en tant que communauté et en tant qu’idendité. J’avais annoncé la couleur dès le début, quand j’expliquais que ce mouvement avait "au moins permis de crever un abcès, concernant les "gamers" : ce que signifie ce mot, quel groupe de personnes on définit comme tels, pourquoi on se définit individuellement comme tels... ou pas... ou plus."

Une question, en particulier, a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres : a-t-on encore besoin de "gamers" aujourd’hui ? Une bonne partie de la presse vidéoludique a répondu que non. En réaction, le GamerGate s’est formé pour faire entendre un "oui" sonore et massif. On a beaucoup écrit sur l’étincelle ou sur le feu. Pour ma part, j’ai préféré analyser la poudrière, décrire à quoi elle ressemblait avant qu’elle n’explose, et expliquer pourquoi elle ne pouvait qu’exploser à un moment ou à un autre. Car j’ai beau être un piètre devin (je l’avoue, le GamerGate, son ampleur et sa persistance, m’ont totalement pris par surprise), j’avais au moins "prédit" qu’une fois à court d’ennemis "extérieurs", nous risquions de nous bouffer entre nous.

Quelle ironie quand on y pense...

Tant de peine pour en arriver là...

En effet, les joueurs de jeux vidéo ont fini par se retrouver dans une situation inédite. Certes, comme leurs aînés, passionnés d’autres médias et sous-cultures (bandes dessinées, comics, rock’n’roll, mangas et animes, jeux de rôle...), ils ont été à la fois montrés du doigt et complètement marginalisés, exclus du débat public. Comme leurs aînés avant eux, ils ont dû supporter en silence qu’on pérore au sujet de leur passion, dans la presse, à la radio et à la télévision, mais sans que quelqu’un pense à leur demander leur avis (alors qu’ils étaient pourtant les premiers concernés). Comme leurs aînés avant eux, on ne leur accordait aucune voix, aucun poids. C’était à se demander s’ils avaient une existence ailleurs que dans la rubrique "faits divers".

Mais en très peu d’années, les choses ont radicalement changé. Le développement d’Internet, notamment, a fait que les joueurs ont pu faire entendre leur voix et se confronter directement aux détracteurs de leur loisir, en plein coeur des polémiques, dans des proportions que leurs aînés n’ont pas pu connaître (à part peut-être les rôlistes, et encore, de façon moindre). Au fil des ans et des carrières, certains d’entre eux ont fait des études de psychologie, de sociologie ou de journalisme. Et ils ont investi ces domaines qui étaient jusque-là hermétiques, voire hostiles, à leur passion. Aujourd’hui, chaque organe de presse majeur possède son ou ses journalistes spécialisés, par qui passe la quasi-totalité des informations concernant le jeu vidéo. Et comme l’a reconnu le psychologue Douglas Gentile il y a quelques années, "la plupart d’entre nous, chercheurs, jouons aux jeux vidéo nous-mêmes et autorisons nos enfants à y jouer." Quant aux non-joueurs, ils n’ont plus vraiment leur mot à dire, d’ailleurs les rares contributions réellement "anti-jeux vidéo", sitôt publiées, sont instantanément marginalisées (on l’a vu notamment avec Claire Gallois).

Justement, la voilà, la "situation inédite" dans laquelle se trouvent les joueurs actuellement : une situation de quasi-monopole sur le discours concernant le jeu vidéo. Ce sont eux qui produisent et contrôlent l’essentiel de l’information et des analyses sur leur loisir. Ils ont "pris le pouvoir", comme leurs aînés avant eux, certes, mais bien plus rapidement qu’eux...

... et pour quel résultat ? Pour déboucher sur un GamerGate.

Gamer was not a Dirty Word

Voilà ce que nous en avons fait, de ce "pouvoir" chèrement acquis. Voilà comment nous l’avons gérée, cette situation de quasi-monopole où nous n’avions plus de menace extérieure contre notre loisir. En nous bouffant entre nous, comme je l’ai dit plus haut. En nous accrochant, pour certains d’entre nous, à la posture du "gamer" révolté et persécuté (parce qu’il était visiblement plus important de continuer à jouer les persécutés que de se réjouir de la fin des persécutions). En nous entretuant et en nous entre-déchirant avec une cruauté, une férocité, que nous n’avions jamais déployées contre nos ennemis d’hier (au passage, heureusement pour nous que ces derniers ne sont plus actifs, parce qu’ils tenaient là une occasion unique de reprendre le contrôle du débat). Et en montrant au public une image catastrophique du jeu vidéo et de ses utilisateurs, bien plus déplorable que tous les clichés que nous avons dû endurer jusque-là.

Puisqu’on en parle, voici un autre sujet d’ironie : en 2006, le Docteur David Walsh, l’un des premiers et des plus acharnés adversaires de la violence vidéoludique, avait reçu le courrier d’un gamer. Contrairement aux autres, celui-ci ne lui avait pas écrit pour le critiquer, mais pour lui demander de l’aide, afin qu’on arrête de le juger pour son hobby. Walsh a tellement été touché qu’il en a tiré un article, Gamer Is Not A Dirty Word ("Gamer n’est pas un vilain mot"), dans lequel il rappelait que son problème n’était ni le jeu vidéo en lui-même, ni ceux qui s’y adonnaient. Qui aurait pu se douter à l’époque que ce terme de "gamer" serait terni par certains gamers eux-mêmes ? Qui aurait cru qu’une fois à court d’ennemis extérieurs, ils éprouveraient le besoin de créer un schisme au sein de leur propre communauté, la faisant imploser et l’embarquant dans une guerre civile dont nous ne sommes pas sortis ?

Reste à savoir sur quoi cette lutte interne peut déboucher. En d’autres termes, quelles peuvent être les conséquences de la querelle du GamerGate ? Pour ma part, tout piètre devin que je suis, j’en vois deux. Elles n’ont rien de réjouissant. Mais le pire, c’est qu’elles sont quasiment en train de se réaliser.

Dissolution de la communauté

La première, c’est que si d’aventure la polémique sur la violence vidéoludique, actuellement moribonde, renaît de ses cendres, si l’idée d’interdire totalement certains jeux reprend du poil de la bête, si un nouveau Jack Thompson fait son entrée, il n’y aura plus de front commun contre lui. Quoi que l’on pense de la ligne de défense parfois calamiteuse de l’industrie et des joueurs (et j’y ai consacré suffisamment d’articles pour avoir à y revenir), il y avait au moins consensus sur le fait que Thompson était un ennemi. Pas un adversaire, mais un ennemi, qui voulait du mal à notre loisir et à son industrie. Quoi que l’on pense de la pertinence de s’en prendre à Laure Manaudou ou à Claire Gallois, je n’ai entendu personne, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du jeu vidéo, souscrire à ce qu’elles racontaient. Ce que je crains à présent, c’est que le dégoût des uns pour les autres atteigne un tel point qu’on préfère se ranger du côté du prochain Jack Thompson si cela permet d’affaiblir "l’autre camp" (on n’aura pas à attendre longtemps, puisque certains GamerGaters se sont déjà rangés du côté de "l’actuel" Jack Thompson dès lors qu’il s’en est pris à Anita Sarkeesian). Et tant pis si c’est le jeu vidéo lui-même qui finit par se retrouver affaibli par une loi répressive ou une image publique désastreuse. La politique de la terre brûlée, poussée à son paroxysme... Et là, on saura qu’effectivement, il n’y a plus de "communauté des joueurs".

La deuxième conséquence, qui est pressentie par beaucoup, c’est que toute cette affaire débouche sur des agressions physiques, voire des morts. Entre le SWATting, le doxxing et les menaces d’attentat à la bombe, nous n’en sommes plus très loin. Mais réfléchissons-y pendant qu’il en est encore temps... Cela nous permettra d’ailleurs d’y dénicher un nouveau sujet d’ironie.

Pendant des années, on a voulu nous mettre sur le dos toute une floppée de meurtres de masse de type Littleton-Columbine, Erfurt, Winnenden, Utoeya ou même Newtown-Sandy Hook. Tout ça sous prétexte que les tueurs avaient joué comme nous à des jeux vidéo. Toutefois, ces tentatives de culpabilisation n’ont pas abouti et ne pouvaient pas aboutir. Entre autres parce que ces tueries n’avaient pas été perpétrées à cause des jeux vidéo, et que leurs auteurs n’avaient pas agi en tant que joueurs, ni au nom de ce loisir (et c’est pour cela que, je le répète, je ne me suis jamais senti responsable, ni coupable, de ce qu’ils avaient pu faire). Certains d’entre nous ont pourtant dû subir ces amalgames, parfois lutter contre eux, endurer des années de rage, de frustration, pour que le jeu vidéo ne soit plus résumé, ni assimilé, à ces meurtres de masse... Et voilà qu’on se retrouve dans une situation où des gens risquent de se faire tuer par des joueurs qui se revendiquent comme tels. Tout ça au nom, et pour le bien, de notre loisir commun.

En arrivant à la fin de ce dossier, je ne peux même plus parler de honte ou de dégoût. Je ne peux même plus déplorer que des années de lutte aient été décrédibilisées, réduites à néant, bientôt noyées dans le sang. Je me sens tout simplement pris d’une espèce de nostalgie absurde pour l’époque de Familles de France, de Jack Thompson et des amalgames avec les meurtres de masse. Où tout était plus simple. Où la "communauté" n’était pas qu’un vain mot. Où "gamer" n’était pas un vilain mot.

Il y a 19 Messages de forum pour "Tout ça pour quoi ?"
  • McKennas Le 7 août 2015 à 13:56

    Quelle est donc cette "communauté de joueurs" à laquelle vous faites allusion et ce "nous" que vous utilisez sans le définir ?

    Est-ce que, dès lors qu’on joue aux jeux vidéos, on est de facto intégré à un gigantesque clan ?
    Personnellement je ne me sens pas plus membre de la "communauté des joueurs" que de celle des bouffeurs de Mac Do, même si j’ai tendance à abuser du jeu vidéo comme du fast-food.

    Si c’est possible j’aimerais juste jouer tranquillement quelques heures par jour dans mon salon sans que ça me catalogue dans un groupe social (voire politique apparemment).
    Est-il concevable à vos yeux que le statut de joueur/gamer puisse s’arrêter au moment où on éteint la console ?

  • cKei Le 7 août 2015 à 14:20

    Je suis à 100% pour revendiquer d’appartenir à une "culture gamer", de posséder des envies et connaissances spécifiques et que cela prend une place spéciale dans notre vie.
    Mais à partir du moment où l’on fait de ce trait de caractère un statut social/un mode de vie et non plus une passion, un hobby non nocif, alors la dérive est inévitable.

    J’ai donc énormément de mal avec cet usage-là du mot Gamer, utilisé pour séparer "les vrais" des "faux", pour créer un dogme auquel adhérer ou mourir (ou juste être isolé). Comme tout le monde j’ai un avis sur à peu près tout, je le donne quand je le souhaite, il peut m’arriver de mal prendre la réaction de pseudo-journalistes qui n’y connaissent rien (*wink wink*) ou autres personnalités bien intentionnées, ou de vouloir prendre le jeu vidéo malgré ses défauts (sexisme, violence, exagérations) plutôt que d’avoir des jeux expurgés de toute substance et caractère.

    Seulement aller jusqu’au harcèlement ou pire, manifester son opinion bruyamment sous la même bannière que des gens aux motivations pas toujours recommandables (on l’a bien vu dans l’article de William), ça me dépasse. Je préfère retourner jouer tranquillement dans mon coin et laisser ces gens-là dans leur extrémisme, au moins on ne me fait pas chier.

  • untel Le 7 août 2015 à 14:24

    Et la communauté des mangeurs de pizza... survivra-t-elle à la lutte fratricide qui oppose les pro-pepperoni des pro-anchois ?

  • Cédric Muller Le 7 août 2015 à 21:31

    En observant la scène indépendante, je constate une diversité presque aussi grande que ce que j’observe dans la Nature. Je suis par conséquent très optimiste quant au futur du ludisme et du divertissement (qui sont à opposer à ceux de la guerre et de la violence). Civilisation contre sauvagerie ?

    Nos industries de mouches. Et nos mouches à industries.

  • monpieddanstonplat Le 8 août 2015 à 02:38

    Mourir pour des jv, l’idée est excellente,
    moi, je ne l’ai pas eue, et je me sens bien bête :
    indé ou triple A, je joue dès que je glande,
    et j’ai conn’ment geeké pendant tout l’gamergate !
    Résultat : j’ai loupé la terrible tourmente !
    Je bossais mon Ryu et je lustrais mon Dan,
    pendant qu’d’autres lustraient la môme Sarkeesian...
    Mourons pour des jv, d’accord, mais de mort lente.

    C’est vrai que c’est tentant d’enchaîner les combos,
    Provoc’ de journaleux ou articl’ de beau gosse,
    Sonic boom, blablabla, Kotaku, t’es KO !
    Et Acti, t’es gentil, reprends des Doritos !
    Mais pendant que la meuf encaiss’ la déferlante,
    qu’oubliant les lazzis, ell’ remet sa culotte,
    y’a « Brothers », y’a « Journey », et y’a « Limbo » qui sortent !
    Mourons pour des jv, d’accord, mais de mort lente.

    J’ai pas baisé souvent, mais quand même un p’tit peu,
    en tout cas, j’ai jamais bandé pour les band’rolles :
    militant, je le suis volontiers quand le jeu
    en vaut la chandell’ ! Mais si notre seul rôle
    est de prendre la mouch’ dès qu’un péquin attente
    au bon droit du gamer, à la juste morale,
    s’il faut crier « haro » sur les baises banales,
    mourons pour des jv, d’accord, mais de mort lente.

    Et s’il faut adhérer au point de vue inverse,
    et s’il faut dire « OK, y’a vraiment un souci »
    s’il faut dir’ « pauvres dev’, la presse est si perverse,
    la presse est bite au clair et ne pense qu’au lit ! »
    Ou alors (c’est kif-kif) : « tout l’monde pour Despentes,
    je dév’loppe des jeux, je n’lèch’rai pas ta motte ! »
    Entre-temps, il y a « Braid » et puis y’a « Fez » qui sortent...
    Mourons pour des jv, d’accord, mais de mort lente.

    Donc lisons Merlanfrit, mais n’oublions pas l’pad !
    Le gamergat’, c’est bon pour les temps d’chargement !
    Mêm’ si Shane a raison, qu’y’a un’ couill’ dans l’potage,
    jouons, jouons, jouons, et jouons plus longtemps !
    Moi je vais me coucher, mais demain, sans attente,
    je m’installe « South park : l’bâton d’la vérité »,
    et merde à Sarkeesian, et merde aux jeux indés !
    Mourons pour des jv, d’accord, mais de mort lente.

  • Cédric Muller Le 8 août 2015 à 10:44

    Et d’ajouter : le ludisme n’appartient pas au gamer.

  • Shane_Fenton Le 8 août 2015 à 21:45

    @McKennas : telle est LA question. Sur laquelle j’ai disserté tout au long de ce dossier. Et à laquelle je n’ai toujours pas trouvé de réponse tranchée. C’est pour ça que j’invoque ce "nous" si mystérieux : je sais qu’il est là, omniprésent, mais je n’ai pas réussi à le capturer.

    Plus précisément, cette "communauté" de "gamers", c’est un concept qu’on m’a vendu (à moi et aux lecteurs de magazines/sites vidéoludiques), auquel j’ai cru de bon coeur parce que j’avais besoin/envie d’y croire, et que j’ai accueilli avec joie jusqu’à ce qu’il évolue vers quelque chose dans lequel je ne pouvais plus me reconnaître. J’ai voulu décortiquer cette évolution parce que pour moi, c’était l’une des explications principales au GamerGate actuel.

    En ce qui me concerne, le sentiment d’appartenance à une "communauté" s’est fait en deux temps. Le premier, c’était quand j’ai commencé à lire Micro News, puis Joystick, vers la fin des années 80. En m’intéressant aux jeux sur micro-ordinateurs, je me sentais intégré à une (contre-)culture plus large, celle de Métal Hurlant, des punks, de la science-fiction et de la fantasy... bref, la "communauté des gens cool". Et pour moi, le jeu vidéo était l’aboutissement de tout ça. D’ailleurs, c’est en lisant les tests d’Alone in the Dark et Prisoner of Ice que j’ai fait la connaissance de Lovecraft (qui est devenu l’un de mes écrivains préférés).

  • Shane_Fenton Le 8 août 2015 à 21:48

    @McKennas (suite) :

    Et la deuxième fois, je l’ai déjà racontée C’était pendant la période où le jeu vidéo était vraiment sur la sellette, entre l’affaire Familles de France, les tueries scolaires et la mise en cause de GTA. Pour te paraphraser, à cette époque, dès lors qu’on jouait aux jeux vidéo, on était de facto intégré, non pas à un gigantesque clan, mais à une catégorie particulière de gens à surveiller de près parce qu’ils étaient potentiellement dangereux. C’est là où j’ai ressenti le besoin d’une "communauté" organisée autour de sites comme GamePolitics : comme on était attaqués collectivement, j’estimais qu’il fallait se défendre collectivement.

    Il y a beaucoup de définitions d’un "gamer", mais pour moi, ce terme se rattache à la défense militante du jeu vidéo et de ses utilisateurs (ce que le GamerGate revendique haut et fort). Qui passe, entre autres, par la lecture des sites vidéoludiques, et par la contribution à leurs forums, à leurs articles, ou aux articles qui parlent de jeux vidéo sur les sites généralistes. C’est ça qui va différencier un "gamer militant" d’un bouffeur de MacDo ou de pizzas... ou d’un joueur qui comme toi ne demande rien à personne et qui arrête de "s’identifier" comme joueur une fois l’appareil éteint. C’était d’ailleurs à ça que j’aspirais quand j’étais "gamer militant" : pouvoir jouer sans qu’on m’emmerde. Sacrée contradiction : j’acceptais de rentrer dans une "communauté" et de militer dedans (à mon tout petit niveau) afin qu’on arrête de me parquer dans une catégorie qui ne me convenait pas.

    Le problème, c’est que quand on est membre d’une communauté, on est compromis par elle. Je l’ai raconté en long en large, donc pas la peine de revenir dessus. En revanche, voilà autre chose qui différencie un (ex-)"gamer militant" d’un bouffeur de MacDo ou de pizzas : ceux-là ne vont pas se sentir concernés si une personne ayant mangé comme eux dans un MacDo ou une pizzeria se retrouve dans la rubrique "Faits divers".

    @monpieddanstonplat :
    Jolie reprise de Brassens. Et bon choix de jeu ;)

  • Petit Robert sous LSD Le 11 août 2015 à 11:21

    Luddite du ludisme, expression :
    personne qui cherche à détruire le jeu.
    Exemple : mon adversaire veut détruire le jeu vidéo. C’est vraiment un luddite du ludisme !

  • bohd Le 11 août 2015 à 22:31

    Pour changer (^^), je vais persister à dire qu’on se monte encore une fois pas mal le bourrichon pour pas grand chose (non pas que je nie le sexisme, bien présent mais à mon avis pas du tout lié à une fantasmée communauté geek/gamer qui reste d’ailleurs à définir).

    Ce soi-disant schisme dans la soi-disant communauté gamer n’est qu’une vue de l’esprit alimentée par les réseaux "sociaux" et les trouzaines d’articles à clic bien racoleurs qui ont surfé sur la vague du GG (m’enfin c’est mon avis).

    @Shane : " telle est LA question. Sur laquelle j’ai disserté tout au long de ce dossier. Et à laquelle je n’ai toujours pas trouvé de réponse tranchée. C’est pour ça que j’invoque ce "nous" si mystérieux : je sais qu’il est là, omniprésent, mais je n’ai pas réussi à le capturer."
    > si cette communauté est si difficile à cerner et à définir au bout de tant de recherche, est-il permis de supposer que l’idée même d’une communauté gamer n’est pas pertinente ?
    Réfléchir en partant de l’hypothèse d’UNE communauté, voire de DEUX communautés qui s’affrontent, c’est se mettre inutilement des œillères et aller droit dans le mur à mon avis.

    Encore une fois, il suffit d’écumer les forums de passionnés pour se rendre compte que les joueurs se foutent royalement de cette polémique, qu’ils ne prennent ni la peine de prendre position, ni même celle d’aborder le sujet. Pourtant y’a de sacrés spécimens prêts au clash sur les forums JV, comment expliquer que ces neuneus n’abordent pas le sujet ? Indice : tout le monde s’en fout !

    J’ai beau chercher, je ne vois rien d’autre qu’une polémique médiatique alimentée à coup de twitère, d’articles à clics + quelques blogs genre Mar_Lard (tant que j’y penses, une excellente réponse au fameux article de Mar_Lard par une autre féministe, bien plus féministe que Mar_Lard amha… : http://la-bonne-fee.blogspot.fr/201...).

    @monpieddanstonplat : Ça défonce, merci et gros bisou même !

  • Bobophonique Le 12 août 2015 à 07:47

    Le plus frappant dans tout cela c’est de constater notre propension à fabriquer de l’identitaire avec n’importe quoi... Plus jeune, je basais le sentiment de ma propre valeur sur la curiosité musicale, d’autres croyaient en une communauté des fumeurs de joints que sa spiritualité élevait au dessus du commun, et aujourd’hui, je vois des jeunes branchés se réunir autour d’un magasin de vélos vintage (?!)... En fait tout ça paraît totalement arbitraire avec le recul, et dénonce surtout la misère spirituelle de notre philosophie matérialiste qui refuse aux individus toute mythologie, tout rite de passage. Alors, l’esprit se venge en transformant l’acte de consommation en geste de nature religieuse, voir le végétarisme, les gamers, etc... On se distingue par une consommation éclairée dont on commente les ressorts avec d’autres consommateurs éclairés. Nous avons besoin de choses comme ça, mais il faudrait ne pas être dupe de nos propres faiblesses. Pardon si ça paraît un peu fumeux ;)

  • Blackytch Le 16 août 2015 à 11:07

    @McKennas :

    Ainsi, cette "communauté des joueurs", aussi diffuse et hétéroclite soit-elle, n’existerait pas ? Voici un petit test, à usage personnel, pour vous convaincre du contraire : la prochaine fois que vous enverrez votre CV à un employeur pour un job qui vous intéresse vraiment, n’oubliez pas d’écrire à l’item Loisirs, à côté de "cinéma", "lecture" ou/et "fitness" : jeux video (plusieurs heures par jour). Puisque ce loisir est devenu tellement mainstream, banal et valorisé en tant que vecteur culturel, cela devrait vous exposer sous un jour favorable, non ? Non ?

    ...et pourtant, à raison de plusieurs heures par jour (!), voilà une activité qui fait partie intégrante de vous, même si vous la maîtrisez à volonté en éteignant la console...

  • bohd Le 16 août 2015 à 12:38

    @Blackytch : Le JV est encore perçu comme une activité oisive dont on ne se vante pas sur son CV, donc la communauté gamer est une réalité… mwokaaay, j’ai dû rater une étape de votre démonstration parce que j’ai beau chercher, la logique du raisonnement m’échappe.

    À aucun moment il ne prétend que le JV serait valorisé en tant que vecteur culturel, il demande seulement s’il est permis de jouer sans être catalogué de facto dans un supposé groupe social.

  • bohd Le 16 août 2015 à 13:50

    C’est troublant cette fixette de vouloir définir une communauté gamer. On ne parle jamais de communauté de gens qui vont au ciné, de communauté de téléspectateurs, de communauté de gens qui lisent des livres…

    Pourquoi ne voit-on pas des articles intitulés "Sexisme chez les commentateurs d’articles sur internet : Pourquoi notre communauté est malade, et comment y remédier" ?

    En quoi le JV est-il si spécifique et clivant qu’il devrait de fait avoir une "communauté" ?

  • Le 16 août 2015 à 14:07

    Je m’explique :
    - si, dans la partie "Loisirs" d’un CV, le jeu vidéo est encore perçu comme une activité dévalorisante, alors c’est que jouer au jeu vidéo régulièrement revêt encore un caractère transgressif par rapport à la norme sociale ;
    - le joueur régulier, même à son corps défendant, appartient donc bien à un groupe identifiable, minoritaire (hé oui !), spécifique et exclusif : une communauté. Que cette communauté soit très importante, parfaitement hétérogène et n’ait pas conscience d’elle-même n’est pas le problème ;
    - dans 2 générations, je pense que plus personne en Occident n’aura jamais joué à un jeu vidéo de sa vie, le test du CV sera sans doute concluant et cette histoire de communauté n’aura plus aucun sens.

    Mais en attendant, je prétends qu’il n’est pas permis à un joueur régulier comme McKennas de passer plusieurs heures par jour devant sa console sans être évidemment catalogué par la majorité non-joueuse comme appartenant à un groupe social identifié, qu’il milite ou pas, qu’il le veuille ou non. C’est la vie. Et, pour reprendre la comparaison du McDo, quand il pourra raconter dans un dîner en ville qu’il joue régulièrement aussi sereinement qu’il mange souvent au fast-food, c’est que les choses auront changé.

  • bohd Le 16 août 2015 à 15:18

    Mouais, ça n’empêche que sur le dernier CV que j’ai remis à un employeur, j’avais bien fait mention de la pratique des JV dans mes loisirs, ça ne m’a ni empêché d’avoir décroché le boulot ni d’y être toujours depuis 3 ans… non pas que ça prouve quoi que ce soit puisque malgré vos explications je cherche toujours la pertinence de votre petit test à usage personnel.

    Toute la question est de définir le sens que l’on met dans le mot "communauté". À mon sens le fait d’avoir seulement une pratique commune (aussi chronophage soit-elle) n’est pas suffisant, la notion de communauté implique justement le sentiment conscient de l’individu d’appartenir à cette communauté, de se reconnaître en elle, d’en être un des représentants.

    En partant de ce principe, rien n’empêche un gamer lambda de ne pas se sentir concerné par cette polémique, puisque que justement, il ne se reconnait pas dans cette masse à laquelle on voudrait le réduire.

  • bohd Le 16 août 2015 à 18:02

    Désolé pour le double post…

    … mais ça : "dans 2 générations, je pense que plus personne en Occident n’aura jamais joué à un jeu vidéo de sa vie, le test du CV sera sans doute concluant et cette histoire de communauté n’aura plus aucun sens."

    Je suis encore en train de me demander si j’ai vraiment lu ça… J’étais pas trop réveillé à la 1ère lecture et ça vient de me sauter à la tronche, elle sort d’où cette théorie à la noix (j’ai bien ma petite idée sur sa provenance mais je préfère éviter le vocabulaire anatomique) ?

  • Le 17 août 2015 à 13:35

    Je m’explique :
    - si, dans la partie "Loisirs" d’un CV, le jeu vidéo est encore perçu comme une activité dévalorisante, alors c’est que jouer au jeu vidéo régulièrement revêt encore un caractère transgressif par rapport à la norme sociale ;

    Beaucoup de monde regarde la télé, et personne ne met ça sur son CV. C’est pas une question de transgression, juste de présentation. Un CV n’a pas de but identitaire, mais publicitaire ; on se vend. Si un Nono décide de se revendiquer à travers son CV (en jeu vidéo ou autre) l’entreprise ferait bien de ne pas l’embaucher.

  • Le 22 août 2015 à 18:21

    Conclusion touchante pour ce dossier-fleuve.

    En définitive, la question que semble soulever ce travail de fond, ça pourrait être : que reste t’il de nos passions intimes une fois que le besoin d’appartenance des autres s’en mêle (et immanquablement, s’y emmêle ?)
    Et puis cela questionne aussi, finalement, sur les enjeux esthétiques et politiques réels des (contre-)cultures pop.

    Quoiqu’il en soit, on ne le dira jamais assez : merci à chacun.

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