Le soleil tapait fort ce jour-là, et Sylvia ne parlait peut-être pas de la plage.
Santa Destroy, la ville « bâtie sur des noix de coco » dans laquelle se déroule le diptyque No More Heroes / Desperate Struggle, n’est guère plus vivante qu’un décor de cinéma d’après tournage. Ce qui, au fond, tombe plutôt bien. La compétition qui voit s’affronter les assassins les plus freaks n’est qu’un jeu de rôle organisé par une riche blonde à l’accent ukrainien. Prenez la plage de l’endroit. Lorsque Travis Touchdown, le héros geek du jeu, déambule sans autre but que de tataner les cocotiers du front de mer ou de chercher des cartes à collectionner dans le sable, la plage est déserte. Personne ne songerait s’y baigner ni prendre un bain de soleil. Il y a bien un restaurant avec terrasse, idéalement placé, mais celui-ci ne sert rien, laissant juste ses toilettes ouvertes pour permettre au joueur de sauvegarder. Si vous croisez quelqu’un au bord de l’eau, dites-vous juste qu’il s’agit de l’un des innombrables bugs punk is not dead du programme.
Mais lorsque Travis se pointe sur convocation de l’organisatrice, tout est installé pour le niveau : barbelés, sacs de sable empilés, soldats mitrailleurs et mines antipersonnelles. Au bout, sous les falaises, Holly Summers, mannequin suédois qui, justement, perdit sa jambe gauche en mettant un pied dessus. Autrefois célèbre en maillot de bain, elle est retombée dans l’anonymat, cherchant désormais la reconnaissance en tant que victime de guerre. A ce stade du jeu, Travis ne maîtrise pas encore totalement son engin, obnubilé par la perspective d’un coït avec la poupée russe. Il faut dire que juste avant de se lancer sur cette zone de guerre balnéaire, il a dû passer la crème (solaire) à sa donneuse d’ordre. De quoi laisser glisser le manche (du sabre) au moment fatidique. Pas assez mature, Travis ne saura délivrer Holly de sa malédiction et assistera, impuissant, à son suicide. La séquence qui suit, d’une tristesse inconsolable, marque un tournant dans l’évolution du protagoniste. Avec lui, le joueur comprend que sous les coups de pelles laser et les gros pixels référentiels, il y a des cœurs noués. Qui s’ébattent.
Vos commentaires
KotL # Le 23 juillet 2012 à 18:51
Bye bye Holly, si j’avais pas autant galéré à te battre, j’aurais surement versé une larme une fois le mal fait...
Et je suis quasi certain que Sylvia est censée être française et non ukrainienne, en tout les cas c’est une belle fourbe.
Laurent # Le 24 juillet 2012 à 11:08
Pour être tout à fait précis, Sylvia a été élevée en France mais est bien ukrainienne.
Quant à Holly, j’ai bien failli abandonner contre elle en mode Hard... c’est plus simple dans les autres niveaux de difficulté :-)
Laisser un commentaire :
Suivre les commentaires : |