"Regarde la montagne !"

Mountain, c’est le dernier jeu de David OReilly. Le premier aussi, puisque cet artiste est plutôt connu pour ses talents d’animation, qu’elle concerne des clips de célébrités telles que MIA ou U2, ou des courts-métrages tels que le génial The External World que je saurais que recommander. David OReilly est aussi responsable du jeu vidéo fictif du film Her (pas vu), comme n’a pas manqué de le rappeler en titre la quasi-totalité des articles à son propos, des semaines avant sa sortie.

Mountain est finalement sorti hier, le 1er Juillet, et un peu comme toute la hype vidéoludique, je me suis senti obligé de l’essayer.

Eh ben c’est chiant.

Évidemment, la description du jeu, un « simulateur de montagne » ne nous laissait pas vraiment imaginer autre chose, et c’est précisément cette promesse de l’ennui qui a suscité tant d’intérêt pour Mountain. Mais il y a ennui et ennui. L’ennui magistral du Dead Man, d’En Attendant Godot ou de Madame Bovary, et l’ennui d’une fenêtre en arrière-plan qui fait ramer votre PC.

Je n’ai tenu qu’une petite heure devant Mountain, distraitement. J’ai un peu touché aux touches de mon clavier pour faire de la musique. J’ai fait pivoter la montagne dans tous les sens avec ma souris. J’ai vu la météo changer. J’ai vu la brume envelopper la montagne. J’ai vu des arbres pousser, d’autre mourir (je crois). J’ai entendu la montagne me parler de temps à autre (elle n’a rien de très intéressant à dire). J’ai attendu la surprise. J’ai vu la surprise. J’ai fait « Bon... ».

J’aurais bien voulu aimer Mountain, mais je dois être trop blasé. Il n’y a rien ici que je n’ai vu excellemment réalisé auparavant. Un jeu zen et contemplatif à laisser tourner en tâche de fond ? Pixel Fireplace. Un rituel quotidien au long cours ? Vesper.5. Un décor qui s’anime de manière absurde et inattendue ? La série Grow. Une petite sucrerie à découvrir chaque jour ? Un calendrier de l’avent. Quant à l’idée d’une vraie-fausse simulation de choses inamovibles, Grass Simulator ou Rock Simulator avaient déjà ouvert la voie.

Pour avoir réuni toutes ces bonnes idées, Mountain vaut bien son prix de 1$, mais peut-être pas toute l’attention qu’on lui prête, du moins pas en comparaison du nombre de gemmes qu’on passe sous silence. Mountain est-il à blâmer pour cela ? Certainement pas. Sa qualité en est-elle ternie ? Pas le moins du monde. Vais-je déconseiller d’acheter et d’essayer Mountain ? Non. J’espère simplement qu’en ne l’encensant pas, qu’en l’évoquant comme un simple jeu, et pas le dernier must-have vidéoludique, je permettrai à d’autres joueurs de l’apprécier à sa juste valeur, c’est à dire bien plus que moi.

Je vais sans doute laisser traîner Mountain sur mon bureau quelques jours, au cas où me viendrait l’envie de revoir cette montagne, mais je sais que je ne le ferai pas. Regarder les montagnes, ça m’ennuie. Et puis j’ai encore une grille de mots croisés à finir.

D’ailleurs, si jamais : « C’est bien la preuve qu’il n’en est pas un », en 10 lettres.