11. Revue de pêche

Mass Effect 3

Presse et spoilers, un rendez-vous manqué

Difficile d’avoir échappé à la polémique sur la fin de Mass Effect 3. Des hordes de fans en colère laissent éclater leur fureur sur tous les forums de jeux vidéo. Si la proportion des joueurs déçus est certainement bien plus limitée que ne le laisse croire leur capacité à se faire entendre, il reste surprenant que personne dans la presse spécialisée n’ait anticipé ces critiques. Aucune review publiée avant la polémique ne mentionne de problèmes concernant le dénouement de la saga. On peut évidemment accuser la presse d’être déconnectée de son audience, la taxer gratuitement d’incompétence ou de corruption, ou simplement attribuer les critiques à une bande d’enfants gâtés. Un point pertinent à noter cependant est que les sites spécialisés sont finalement peu adaptés à ce genre de problématique. Avec leur orientation guide d’achat et leur ligne éditoriale rivée à l’actualité, il y a peu de place pour les discussions en profondeur des scénarios.

Il faut dire que les joueurs ont la hantise des spoilers. Connaître à l’avance certains éléments du scénario, un rebondissement de l’intrigue, sa durée ou le nombre de chapitres, la présence d’un personnage ou d’un lieu, gâcherait l’expérience qu’on en aurait en jouant. Le spoiler enlèverait l’élément de surprise et de découverte de certaines révélations, ou du moins les sortirait de leur contexte et en diminuerait l’impact. Il conditionnerait également l’expérience du joueur, qui se mettrait à guetter un passage particulier dont il a entendu parler, jouerait avec des attentes spécifiques et serait donc moins disposé à se laisser emporter par l’aventure. Ainsi, beaucoup ont joué à BioShock en attendant pendant la moitié du jeu le twist qu’ils savaient arriver.

Les joueurs fuient donc pour la plupart les spoilers comme la peste et pestent dès qu’ils soupçonnent leur présence, ce qui s’avère paradoxal pour les passionnés qui fréquentent assidûment les sites spécialisés. La promotion des titres se fait en effet en abreuvant régulièrement le public de nouvelles informations, et ces dernières années, la tendance est à l’exposition contrôlée mais détaillée. On le voit notamment avec le cycle désormais bien rodé des teasers, trailers, screenshots, previews et tests qui arrivent en continu sur nos écrans. Avec une telle vague promotionnelle destinée à maintenir l’attente, il est facile de comprendre que certains aient l’impression de tout connaître des jeux avant même leur sortie et deviennent tatillons.

"Un périlleux exercice d’équilibriste"

La presse spécialisée se retrouve ainsi à devoir jouer un périlleux exercice d’équilibriste : discuter des mérites d’un jeu en étant à la fois assez vague afin de ne pas entacher l’expérience pour les futurs acquéreurs, et suffisamment précis pour étayer leurs propos et ne pas se faire accuser d’amateurisme. Il suffit de voir les levées de bouclier sur le test de Mass Effect 2 sur Gameblog qui avait eu le malheur de parler d’un événement montré en trailer, discuté au dos de la boîte et qui intervient dans les cinq premières minutes de jeu, ou les questions défiantes qui fusent si les screenshots accompagnant le test ne sont pas assez avancés au goût de certains (alors même que la pertinence de finir un jeu pour livrer un avis éclairé reste sujette à débat).

Et il n’y a pas que le lectorat qui soit intransigeant : les éditeurs soumettent à condition l’envoi des version tests et la publication des reviews, en donnant apparemment de plus en plus souvent des consignes strictes sur les sujets et éléments de l’intrigue que les rédacteurs peuvent ou non aborder dans leurs textes sans crainte de représailles. Il est aussi parfois interdit de montrer ses propres screenshots, en théorie pour limiter les spoilers. Il a même été question un temps d’envoyer des versions tronquées aux journalistes, David Cage choisissant lui de faire la promotion d’Heavy Rain avec des scènes qui ne se trouvaient pas dans le jeu.

"Des choix éditoriaux parfois déconcertants"

Pour se simplifier la tâche et évaluer simplement la pertinence d’évoquer un spoiler dans un texte, Jim Rossignol de Rock Paper Shotgun propose une règle simple : plus la particularité intervient tôt, est susceptible d’être remarquée par les joueurs et nuit à l’expérience de jeu, plus elle mérite d’être signalée, spoiler ou pas. Certains testeurs en sont cependant réduits à utiliser certaines formules alambiquées, dont le sens échappe régulièrement au lectorat. Un exemple parmi d’autres, la mention « LA révélation », dans l’encadré « on aime » du test d’Uncharted 3 sur Gameblog, qui laisse perplexe même une fois le jeu terminé.

Autre choix éditorial déconcertant à propos de Batman Arkham City : à la suite d’une présentation du jeu par les développeurs à deux semaines de la sortie du jeu, Kotaku avait titré sa preview avec le cliffhanger scénaristique qui clôturait la session, la mort du Joker. S’en était suivi un débat houleux sur la pertinence d’imposer à la vue de tous une information apparemment sensible sous prétexte que le développeur ne souhaitait manifestement pas la dissimuler. Ils auraient pu invoquer le précédent Metal Gear Solid 2, où Hideo Kojima avait délibérément joué avec les attentes des joueurs à travers la promotion, mais la question reste entière.

"En discuter nécessiterait cependant un travail d’analyse, par nature segmentant et potentiellement nocif"

Une fois sortis, les jeux disparaissent de toute façon des news, pour n’être abordés que sous l’angle des ventes ou des suites éventuelles. S’ils sont évoqués lors des bilans de fin d’année, des rétrospectives ou des podcasts où les discussions sont plus relâchées, les spoilers ne sont abordés que de façon lapidaire, en catimini. En discuter nécessiterait cependant un travail d’analyse, par nature segmentant et potentiellement nocif, dans lequel la presse semble réticente à s’engager. Les avertissements explicites avant de se lancer dans une analyse en détail sont pourtant faciles à mettre en place et largement reconnus comme une mesure de précaution suffisante. Peut-on accepter qu’il s’agisse de protéger les joueurs d’une curiosité qui les desservirait ?

Pour revenir au cas de Mass Effect 3, si les sites abordent la situation en s’en tenant aux faits, relatant la vague de scores négatifs sur la page Metacritic, les actions en justice aux Etats-Unis ou les déclarations de développeurs, rares sont ceux qui mettent les mains dans le cambouis pour expliquer le cœur du problème ou simplement prendre position. En effet, en qualité de critiques qui se réclament d’une culture et d’une plume suffisantes pour éclairer les choix des joueurs, ils devraient être en mesure d’apporter leur contribution à la discussion et donner à leurs lecteurs les moyens d’en comprendre les enjeux. On peut trouver ce genre d’analyses sur des blogs de journalistes ou de simples passionnés, ainsi que sur une poignée de sites (RockPaperShotgun, Eurogamer.net, et Kotaku notamment), mais force est de constater que la majorité de la presse n’a pas vraiment su relever le défi.

Il y a 16 Messages de forum pour "Presse et spoilers, un rendez-vous manqué"
  • Guy Vault Le 27 mars 2012 à 12:46

    Sujet intéressant :)

    Et délicat, concernant la rédaction d’un article en n’ayant survolé qu’une partie d’un soft. Je ne conçois pas l’écriture d’un test (noté qui plus est) sans avoir vu l’ensemble d’un jeu. C’est quelque chose qui m’a toujours dépassé. Autrement, pour moi, c’est de la simple preview. Or, si je regarde un peu les critiques pros dithyrambiques faites sur Mass Effect 3 - et dont la plupart occultent bizarrement l’orientation du final (en totale contradiction avec les annonces faites par BioWare, du moins), j’ai la désagréable impression que - sans doute poussés par des impératifs de temps (faut être au taquet sur l’actu) plutôt que d’avoir une entente tacite avec un éditeur (bonjour la crédibilité, sinon), ces rédacteurs ne sont pas allés au bout de l’aventure. De ce fait, leur vision du jeu est en partie biaisé. Qu’il manque un élément pour livrer un article le plus complet possible. Histoire d’informer aussi le joueur et le "mettre en garde" face à une possible déception. Sans pour autant spoiler. Ce qui est tout à fait possible en utilisant des formules travaillées, avec un double sens de lecture, par exemple. A défaut d’utiliser les outils actuels permettant de "camoufler" des révélations susceptibles de gâcher autrement le plaisir de la découverte.

    C’est un peu le pb de nombreux sites critiques. C’est aussi pourquoi je ne lis que très rarement ce genre de test (et que j’évite certaines enseignes). Leurs articles respirent trop la superficialité. Ça manque de prise de positions. D’un vrai travail d’analyse. D’indépendance. D’esprit critique. Et pour les plus terrifiants, de culture vidéo-ludique (le testeur a parfois la mémoire courte, j’ai remarqué^^).

  • Sylvain Le 27 mars 2012 à 15:12

    Sympa le spoiler sur Batman AC...

  • Martin Lefebvre Le 27 mars 2012 à 21:04

    Pour ma part je pense qu’on peut écrire des choses très intéressantes sur un jeu qu’on a pas fini. Enfin j’espère parce que ça m’arrive d’écrire sur un jeu sans avoir vu le bout : le principal étant que je me sois fait une opinion informée, et que j’ai capté l’essentiel. A la limite il vaut mieux un testeur qui prend le temps de flâner plutôt qu’un autre qui rushe vers la fin. Faut bien voir que finir ME 3 + écrire un papier c’est facile 35 heures de taf... Quel site va donner une semaine complète à un rédacteur pour écrire son papier sans rien d’autre à faire ?

    Après ça dépend des jeux, et il est certain que ME3 dépend de ses enjeux dramatiques... Mais on peut tout de même se rendre compte qu’il y a des failles avant la toute fin. Le coup des gars qui veulent se faire rembourser juste pour la fin me paraît un peu discutable.

    Je ne l’ai toujours pas fini, d’ailleurs, je prends mon temps (et plus de plaisir que sur le 2).

    Sur les spoilers en eux-même, je les évite en général mais je m’en fiche. Ca doit venir de ma formation de littéraire, où l’on apprend plein de choses sur des oeuvres qu’on n’a pas encore lues... Certes, gâcher la surprise (Romeo et Juliette meurent à la fin) peut entacher le plaisir, mais si plaisir il y a il ne provient pas que du twist final, mais plutôt du chemin qui y mène en principe.

    En tant que rédacteur c’est plus compliqué : mettre des spoilers ça te coupe d’une partie de tes lecteurs, ne pas en mettre ça t’empêche de faire une analyse un peu poussée de certains éléments...

  • BlackLabel Le 27 mars 2012 à 21:07

    Les spoilers ça ne me dérange pas la plupart du temps, car j’apprécie comment est raconté un jeu (ou un film) plus que ses révélations, et la façon dont c’est raconté ne peut pas vraiment se spoiler. Le problème vient du fait qu’aujourd’hui les scénarios de jeux sont très pauvres, et misent souvent sur des retournements de situation invraisemblables ou mal amenés plus que sur l’écriture. Donc quand tu es spoilé sur les moments-clés, tu n’as plus rien à te mettre sous la dent.

    Pareil pour le gameplay. Certains jeux plus j’en vois, plus j’ai envie d’y jouer, car l’expérience du jeu est incomparable manette en mains. Par contre les scènes spectaculaires d’Uncharted 3 sur lesquelles ND a basé toute sa promo, vu qu’elles sont plates à jouer, c’est d’autant plus néfaste de nous les spoiler car même le plaisir superficiel d’assister à toute cette débauche inutile est gâchée avant même le jeu.

  • Harold Jouannet Le 27 mars 2012 à 21:09

    Perso, je pense qu’on peut dire plein de choses sur un jeu sans l’avoir fini. Je pense même qu’on peut en faire un test sans avoir vu la fin, surtout si on n’a pas aimé en fait. Parce que s’il faut se farcir des dizaines d’heures pénibles pour arriver à quelque chose de supportable, ça n’en vaut le plus souvent pas la peine.
    Dans le cas d’une série qui se conclut comme Mass Effect, voir la fin est plus important pour donner un avis définitif. Mais dans l’optique guide d’achat, les tests de Mass Effect 3 étaient assez inutiles, puisqu’il était acquis que les fans voudraient voir la fin par eux-même.

  • Gilles Delouse Le 28 mars 2012 à 18:04

    Une explication peut peut-être également être cherchée dans un élément mentionné dans la vidéo en lien dans le chapô : l’implication émotionnelle des joueurs.

    L’expérience de jeu d’un testeur qui s’envoie une dizaine de titres par mois et celle d’un joueur qui passera des heures sur un seul jeu (ou une seule série) sont tellement différentes que leur perception et leur jugement en sera forcément affecté.
    Certains des auteurs des tests de ME3 n’ont peut-être même pas joué aux deux premiers : vous imaginez le fossé qu’il peut y avoir entre eux et les joueurs à ce moment-là ?

    Je me souviens m’être fait cette réflexion au moment de la sortie de Soulcalibur V. Les critiques n’échappaient évidemment pas à la comparaison avec l’épisode précédent, sur lequel j’ai passé des dizaines d’heure au bas mot (sans doute plus proche de la centaine), et j’ai été effaré de voir à quel point la description de ce jeu n’avait rien à voir avec la perception que je peux en avoir personnellement.
    Du coup, les critiques que j’ai pu lire sur SC V me paraissait complètement hors de propos : alors que je voulais savoir avant d’acheter si tel sous-sous-mode de jeu était toujours d’actualité, elles se contentaient de parler du système de combat ; des mécanismes déjà présents dans SC IV mais dont la profondeur n’apparait qu’après des heures de jeu étaient présentés comme nouveaux ; des disparitions de personnages, certes très secondaires dans la série, mais qui me tiennent à coeur, n’étaient même pas mentionnées ; etc.

    Il se passe la même chose avec le cinéma, où le fossé entre le critique professionnel et le spectateur qui va au cinéma une fois par mois provoque nécessairement une différenciation forte de la perception, et des attentes.
    C’est peut-être encore pire avec le jeu vidéo, dans lequel l’implication du joueur, par la durée de l’expérience notamment (mais peut-être aussi par son prix) est encore plus importante.

  • Laurent Le 29 mars 2012 à 10:29

    Je pense effectivement que les testeurs "pro" ne sont plus des joueurs comme les autres, et je ne me reconnais pratiquement jamais dans leurs avis censés être éclairés. A tel point que je suis plus volontiers les avis sur les forums pour savoir à quoi jouer.

  • Pierre B. Le 30 mars 2012 à 15:58

    Je viens de m’en rendre compte grâce à cet article : le journalisme videoludique(?) n’est finalement qu’un guide d’achat.

    On parle des jeux qui vont sortir et comme dit dans l’article, celle c-ci effectuée, on n’aborde le jeu que sous l’ange des ventes.

    A quand un journalisme qui prend le temps de revenir sur un jeu déjà sorti ? De faire, à froid, un point sur tous les aspects de celui-ci ?

    Ainsi ne serait-ce que pour ME3 je me suis ennuyé dans le dernier quart du jeu.

    En normal un personnage guerrier bien optimisé suit alors l’algorithme suivant :
    "- mettre en place ses bufs
    puis tant qu’il reste un ennemi
    - se mettre à couvert et recharger
    - tuer un ennemi en 10 s"

    Un brin répétitif non ?

  • BlackLabel Le 31 mars 2012 à 16:55

    Gilles Delouse # Le 28 mars à 18:04
    Je me souviens m’être fait cette réflexion au moment de la sortie de Soulcalibur V. Les critiques n’échappaient évidemment pas à la comparaison avec l’épisode précédent, sur lequel j’ai passé des dizaines d’heure au bas mot (sans doute plus proche de la centaine), et j’ai été effaré de voir à quel point la description de ce jeu n’avait rien à voir avec la perception que je peux en avoir personnellement.

    Si tu fais bien attention, c’est toujours comme ça, pour tous les jeux. Y’a d’innombrables défauts des jeux AAA qui ne sont jamais mentionnés, tout comme des jeux de moindre envergure se font défoncer malgré des qualités que personne ne remarque.

    Pour moi ça s’explique de cette manière ; les gros jeux ont de leur côté plus à offrir à la presse ("Viens voir mon jeu à Londres mon coco, on te paye le voyage !"), donc la presse passe sur les défauts et recopie gentiment la fiche technique fournie par les devs quand le jeu ne plaît pas forcément. Pour les jeux qui n’ont pas les moyens, là ça critique de manière plus sincère, mais pas forcément plus intelligente..

    Dans les deux cas ils racontent n’importe quoi. Ces gens-là ont commencé ado dans le milieu, ils ont une culture médiocre en dehors du jeu vidéo, ce sont souvent des joueurs lambdas dont les critères sont simplistes et rarement pertinents. Ils ont un vocabulaire limité, bourré d’anglicismes. Tous les jeux arty sont "poétiques", tous les jeux réalistes sont "matures".

    Ce qui en découle ? Ils sont incapables de voir des incohérences scénaristiques énormes, mais peuvent te défoncer un jeu bien campé parce que la trame est simple (le fameux "le scénario tient sur un timbre poste bouh c’est nul"). Ils privilégient un jeu sans saveur au moteur graphique performant à une direction artistique solide que de toute façon ils ne voient pas. On te parlera d’un contenu riche quand en réalité t’as des micro-objectifs copiés/collés jusqu’à l’écoeurement, et on te sabrera une courte durée de vie bien remplie. On applaudira des choix de dialogues même si en grattant un peu ça ne change rien au jeu, et que le choix est illusoire.

    Ce n’est même pas d’avoir un avis différent à chaque fois qui me choque, mais d’avoir l’impression qu’ils sont myopes. Ils ne voient rien. Je ne joue jamais aux mêmes jeux qu’eux.

  • Steph Le 1er avril 2012 à 00:05

    De qui parle-t-on dans les derniers commentaires ? J’ai du mal à suivre. De la presse spécialisée ? Des critiques en général ?
    Pour la presse spécialisé, si c’est d’elle dont on parle, il est bien sûr possible de dire que ses structures l’empêche d’atteindre quelque chose d’un peu plus honnête et sérieux que le guide d’achat. Et encore, de ce point de vue, même l’attitude bienveillante qu’on peut adopter vis-à-vis de Gamekult par exemple est fausse, si l’on suit par exemple Blacklabel qui a le mérite d’avoir un avis tranché (je ne sais plus qui - Martin je crois mais je voudrais pas dire de bêtises - avait écrit ici-même quelque chose comme : "ce qu’ils font ce n’est pas de la critique, ça ne va pas bien plus loin que le guide d’achat, mais ils le font bien, je n’ai rien contre eux"). Bref, avec de telle méthode on ne peut rien dire d’intelligent, il y a une sorte de mode de vie qui les condamne radicalement à la sottise.

    Maintenant Harold, je voulais savoir si tu t’étais posé la question de savoir pourquoi la question du spoiler, le fait de gâcher une oeuvre en en dévoilant des éléments était aussi important ? Je me dis que si l’on est aussi prudent avec le spoil c’est qu’à l’inverse, le secret, la découverte est extrêmement valorisé... et je me demande bien pourquoi. En fait, je ne vois que deux réponses : les joueurs sont une espèce particulièrement peu fine, qui n’est plus capable d’apprécier quelque chose que pour les gros moments bien souligné tels que les twists et autre coup de théâtre, et ce à tel point qu’on préfère toujours le plaisir de l’émotion lié à ce moment à celui que pourrait donner celui de l’analyse (soit que l’analyse est toujours moins bonne, soit qu’on soit incapable de l’apprécier), ou alors - et c’est plus grave - il n’y a rien d’autre à valoriser dans un jeu que ces quelques moments choc, le reste étant sans valeur et par conséquent, pour que le jeu en vaille la peine, il faut préserver ces chocs sous peine de le vider de tout intérêt...

  • Harold Jouannet Le 1er avril 2012 à 01:57

    Steph, ce sont de bonnes questions. J’avais (et j’ai toujours) dans l’esprit de suivre cet article par un autre parlant justement des spoilers, de la découverte et de l’expérience des joueurs (cette partie était autonome et prête, donc publiée enfin bref).
    Pour les explications, je pense que tu touches assez juste : les joueurs remarquent presque uniquement le spectaculaire et le grossier. Et comme le disait également BlackLabel, il n’y a pas toujours autre chose à se mettre sous la dent.
    Mais ce que je trouve paradoxal, c’est, à mon avis, que les joueurs n’aiment pas réellement découvrir. Ils veulent qu’on leur montre. J’espère que j’aurais l’occasion de développer cette idée correctement dans un article.

  • Martin Lefebvre Le 1er avril 2012 à 09:03

    Pour le culte du spin, ce n’est pas spécifique au jeu vidéo... C’est une tradition qui remonte au roman feuilleton, à certains polars, et qui est omniprésente dans le cinéma hollywoodien. C’est un truc de scénariste, qui peut être tout à fait valable s’il est bien utilisé mais qui consiste malheureusement trop souvent à une forme de vanité "ah ah gotcha !"

    Après il y a des raisons qui expliquent que c’est très employé en jeu vidéo : ça correspond à une esthétique du choc, ça permet de relancer la machine narrative dans des histoires qui traînent en longueur, c’est une facilité qui séduit sans doute les scénaristes pas toujours bien futés... Ca permet à un David Cage de se sentir malin. :)

    Le twist a ceci d’énervant qu’il n’est parfois pas du tout amené, si bien qu’il arrive comme un cheveu sur la soupe. Mais j’ai tout de même le souvenir de certaines révélations qui fonctionnent : l’apparition de Sovereign dans ME 1, et surtout la progression dans LA Noire, où l’on comprend petit à petit qui est Cole Phelps. Dans ce dernier cas ça marche parce que ce n’est pas tant un twist qu’une découverte progressive des failles du personnage.

  • Harold Jouannet Le 4 avril 2012 à 23:53

    Un excellent contrepoint à mon article, qui explique pourquoi la presse ne s’est pas penchée lors des reviews sur la fin de Mass Effect 3, et pourquoi ce n’est pas si grave : http://www.escapistmagazine.com/art...

  • Broke Le 25 avril 2013 à 03:54

    Etiez-vous vous obligé de truffer votre article du répugnant mot "spoiler" ? Il n’y a pas d’équivalent en français ?

  • Martin Lefebvre Le 25 avril 2013 à 09:38

    1- spoiler est le terme employé par la presse et les joueurs, il me paraît tout à fait approprié pour le sujet.
    2- Broke ce n’est pas très français comme pseudo, ça sonne anglais, non ?

  • Broke Le 25 avril 2013 à 20:16

    Tout à fait, petite carpe. Mais Broke, c’est aussi l’anagramme du prénom de mon grand-père, mort pour la France, sous les roues d’un tracteur. Aussi, je ne saurais tolérer vos attaques, sachez-le !

    N’empêche qu’à force d’abuser de cet horrible mot, les gens sont incapables de trouver un équivalent français. Demandez trois synonymes ou traductions de spoilers, et les gens se mettront à paniquer. C’est con de contribuer à cet abrutissement des masses.

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