Pour le jeu mineur bis

« Je mets les pieds où je veux, et c’est souvent dans la gueule ». Cette phrase bien sentie envoyée par Chuck Norris dans l’un de ses innombrables navets est bien connue des fidèles de Nanarland. Mais saviez-vous qu’elle pouvait être entendue également dans un jeu vidéo ? Non pas Chuck Norris Superkicks mais un blockbuster ambitieux, dont les dialogues et intrigues secondaires sont souvent salués pour leur maturité. De quoi parlons-nous ici ? De Mass Effect. Oh bien sûr, il ne s’agit jamais que d’un clin d’œil placé par un traducteur facétieux dans un océan de répliques, sûr de faire mouche sur les forums de geeks. Mais quand on y réfléchit deux minutes, est-ce que le mature des jeux vidéo ne serait pas, bien souvent, le mauvais goût du cinéma ?

C’est bien simple : prenez un jeu vidéo présenté comme ambitieux par ses créateurs, de préférence avec quelques références appuyées à la magie du 7e art. Vous aurez toutes les chances de tomber sur quelques scènes saugrenues, voire ridicules jusqu’au comique involontaire. Dans les jeux Metal Gear Solid, Hideo Kojima traite de sujets comme la guerre, la génétique, la filiation, le virtuel… Il y a des références classy à James Bond, à New York 1997… mais aussi des vampires, des shamans indiens, des médiums aux pouvoirs psychokinésiques et des cyborgs ninja. Chez David Cage, un jeu peut commencer comme un thriller hollywoodien aux multiples possibilités avec musique d’Angelo Badalamenti en fond sonore, pour se terminer par un combat Dragon Ball Z suivant attaque de mites géantes, conscience collective d’Internet matérialisée et scènes de sexe gratuites.

Et pourquoi pas, après tout ? On est là pour s’amuser, et un plaisir coupable ne se refuse pas. Les promesses de jeux cinématographiques nées de l’avènement du CD-ROM n’ont, pour la plupart, laissé que des souvenirs embarrassants (Night Trap) et les consoles qui misaient dessus ont fait long feu. Ce qui n’a pas empêché ces « perles » de rentrer, à leur façon, dans l’Histoire. L’un des charmes du rétrogaming est notamment de célébrer régulièrement ses plus gros fours, créant une sorte de culture du navet via les vidéos de l’Angry Video Game Nerd ou du Joueur du Grenier.

Les merlans fêtent ces jours-ci leur premier anniversaire. Mineur, comme ces jeux que nous avions mis en avant lors de la thématique Underdogs. Nous vous proposons aujourd’hui de plonger un peu plus en profondeur et d’explorer les eaux qui séparent le B du Z. Nous accueillerons pour cela un invité venu de Retropudding, le nanarland du jeu vidéo. Et nous verrons à travers la figure du créateur japonais Suda51 que le Z qui tâche peut parfois mener à une certaine reconnaissance, mainstream sur le tard. Des magazines de bon goût se piquent parfois de sous-culture quand un Tarantino fait Kill Bill. À quand House of the Dead en couverture de Télérama ?