Avant de vraiment mettre les pieds dans le plat, une petite précision s’impose. Ce dossier n’a pas vraiment pour but de refaire le match, pas plus sur Zoe Quinn ou Anita Sarkeesian que sur le #Gamergate. D’autres l’ont fait bien mieux que moi (dont l’une des principales intéressées), et je ne vois pas grand-chose à rajouter, à part les liens vers leurs articles. D’autant qu’on est en plein coeur de la polémique et que les nouvelles continuent à s’empiler. (Note : ce dossier est également publié sur Gaming Since 198x).
Vous voulez les faits bruts ? Le camarade William Audureau s’y est collé très tôt sur le blog Pixels du Monde, autant pour les unes que pour les autres. Une synthèse détaillée et complète de ce qui s’est passé ? William Audureau, toujours. Et en anglais, Kris Ligman et Todd VanDerWerff s’en sont chargés, l’un pour Critical Distance, l’autre pour Vox. Une analyse critique ? Je souscris pleinement à celles du camarade Martin Lefebvre, postées ici et là. Une prise de position encore plus tranchée ? Celles de Tim Colwill et de Damion Schubert sont parfaitement limpides. Il faut savoir qu’une des conséquences directes de ce "climat toxique soigneusement perpétué par l’industrie, la presse et les communautés du jeu vidéo pour exclure nos vagins crados de leur joyeux petit club macho" , c’est que de nombreuses femmes qui travaillent dans l’industrie ou dans la presse vidéoludique en sont effectivement, littéralement, exclues (et pour celles qui ne le sont pas encore, ce n’est pas faute d’essayer).
En tout cas, ces sordides "affaires" auront au moins permis de crever un abcès, concernant les "gamers" : ce que signifie ce mot, quel groupe de personnes on définit comme tels, pourquoi on se définit individuellement comme tels... ou pas... ou plus.
Pour résumer, en un laps de temps assez court, les articles se sont multipliés sur le web vidéoludique anglophone, pour nous annoncer l’obsolescence, voire la disparition imminente de ces "gamers", à la fois en tant que principal coeur de cible de "l’industrie", en tant qu’acteurs du "débat" (quel qu’il puisse être), et plus profondément, en tant qu’identité. Quelques objections se sont naturellement faites entendre. Celle de Jean Kalyx en particulier exprime assez clairement le point de vue, les craintes et le ressentiment de ses "coreligionnaires". Le mouvement #GamerGate a ainsi vu le jour pour défendre les gardiens autoproclamés du temple "gamer" contre la presse vidéoludique et les SJW’s ("Social Justice Warriors"), et ce par tous les moyens (la journaliste spécialisée Jenn Frank en sait quelque chose). D’autres ont essayé d’appeler au calme, ou de porter un regard plus empathique sur ces "gamers" en colère. D’autres, enfin, ont été suffisamment ébranlés pour remettre en question leur appartenance à cette "communauté". Comme si ce qui était récemment arrivé à Zoe Quinn, à Anita Sarkeesian et à Jenn Frank, avait agi chez eux comme une "pilule rouge" (j’emprunte cette métaphore aussi bien à Matrix qu’à Mar_Lard).
Et c’est précisément le sujet de ce dossier.
En effet, cette question "identitaire" est fondamentale pour moi, parce qu’elle en appelle d’autres, que je n’ai pas cessé de me poser depuis des années, pratiquement depuis que j’écris sur le jeu vidéo. Pourquoi, alors que j’ai longtemps réagi de manière épidermique aux attaques "de l’extérieur", est-ce que je ne me suis jamais senti visé par les vidéos d’Anita Sarkeesian ou les articles de Mar_Lard, à la différence de tant de mes congénères (impliqué, oui, pris à témoin, oui, mais visé, absolument pas) ? Pourquoi, alors que les jeux vidéo sont une passion depuis des décennies, est-ce que j’ai progressivement cessé de me considérer comme un "gamer", au point de fuir ce mot comme la peste ? Pourquoi, alors que je n’ai jamais ressenti la plus petite once de culpabilité vis-à-vis des tueurs de masse qui partageaient le même loisir que moi, est-ce que je suis mort de honte à chacune de ces affaires de harcèlement et d’intimidation ? Quelles ont été mes "pilules rouges" ? (car dans mon cas, il y en a eu plusieurs) Quels sont ces moments où je les ai avalées, me condamnant ainsi à ne plus pouvoir faire machine arrière ? Et pour ces rares moments, aussi bénis que maudits, où j’ai ouvert brutalement les yeux, combien d’autres pour lesquels j’ai préféré regarder ailleurs ?
Bref, voici ma réponse personnelle à la question de Martin, "comment a-t-on pu en arriver là ?"
Afin d’éviter la lassitude et le "tl ;dr", cette "réponse" sera découpée en plusieurs parties :
En introduction, nous verrons que de nombreux éléments de la polémique actuelle étaient présents depuis un bon moment. Nous parlerons également de l’émergence de la "communauté gamer", et de ce qu’elle représentait pour moi.
J’évoquerai ensuite ma première "pilule rouge", l’affaire Resident Evil 5 et ses conséquences.
J’enchaînerai sur l’affaire Mass Effect, qui a entraîné l’adoption, par une partie de la "communauté", d’une stratégie de défense entièrement axée sur le lynchage et l’intimidation de la critique. Stratégie qui a eu plusieurs conséquences et qui a constitué ma deuxième "pilule rouge".
Je parlerai enfin, avant de conclure, de ma troisième "pilule rouge" : la situation actuelle, qui dure en fait depuis deux ans et qui a frappé indistinctement développeuses, journalistes et critiques, depuis Jennifer Hepler jusqu’à Jenn Frank, en passant par Zoe Quinn et Anita Sarkeesian.
Vos commentaires
titub # Le 14 octobre 2014 à 15:43
Bien le bonjour,
Pour résumer ma compréhension de la problématique, voici un schéma extrait du forum Nofrag :
Schema
BadMyk # Le 14 octobre 2014 à 20:41
S’en est trop. Vous avez perdu un lecteur.
Samo # Le 15 octobre 2014 à 10:11
BadMyk : J’aurais eu tendance à vous inviter à plus de calme et de patience, car le sujet général du progressisme dans le jeu vidéo me semble passionnant et salvateur. Mais l’auteur de ce nouveau dossier annonçant clairement s’affranchir du moindre souci d’objectivité - suivant déjà cinq articles manquant tous autant de recul et d’esprit critique -, je me rejoins sans hésitation à votre démarche, non sans amertume.
J’aimais venir chercher sur ce site une analyse plus distante et sereine de ce que je pouvais trouver sur d’autres. S’il souhaite se fondre dans la masse de ceux ne pensant la critique que par le prisme de l’actualité et de la polémique, son flux RSS n’a plus sa place dans mon agrégateur.
Et je suis d’autant plus amer que ce sujet, plus que d’autres, était trop important pour être laissé à des auteurs ne sachant se libérer de leurs émotions.
Lambda # Le 15 octobre 2014 à 11:04
Ce qu’il y a de marrant, c’est que les seuls à s’intéresser à l’idée d’une communauté de gamer sont les SJW.
Sur /v/ (qui semble être le grand méchant de l’affaire), ça fait bien longtemps qu’il est admis que l’existence d’une telle communauté serait absurde, et se revendiquer sérieusement "gamer" n’y entraînerait que moqueries, tout comme s’y revendiquer geek ou nerd.
Donc je me demande bien de quoi tu vas parler dans ton dossier. De pourquoi les SJW ont eu besoin d’inventer que leurs opposant se prétendaient appartenir à une communauté, celle des "gamer" ? De la manie des SJW à mettre les gens dans des cases et sous des étiquettes ? Ouais, ça serait vachement intéressant :)
Nicolas Turcev # Le 15 octobre 2014 à 11:52
Let that sink in for a minute.
Lambda # Le 15 octobre 2014 à 11:57
Nicolas, si tu sous-entends que je place les SJW sous l’étiquette de SJW, je te rappelles que cette étiquette est à l’initiative-même des SJW. Ce sont eux qui, dans la manie que je dénonce, ont pensé utile de se la donner.
Il n’y a pas de mal à désigner des personnes selon la désignation qu’ils se sont choisi.
Nicolas Turcev # Le 15 octobre 2014 à 12:09
Comme beaucoup de joueurs se revendiquent gamers (y’a qu’à voir la campagne pour retirer la pub d’Intel accolée à un article de Gamasutra qui prédit la fin des gamers, parce que ces derniers se sentaient insultés), d’autres non. Sinon je ne suis pas contre des sources qui indiquent que tous les journalistes qui se sont élevés contre le GamerGate acceptent l’étiquette de SJW (d’autant que c’est un terme péjoratif à la base). Et pourquoi appeler ce mouvement d’une telle façon si l’identité Gamer ne représentait pas quelque chose pour une certaine catégorie de joueurs ? Il y a une certaine évidence ici imo.
Lambda # Le 15 octobre 2014 à 12:21
Je n’ai pas dit ça. Je parlais des SJW dans leur ensemble, pas des journalistes dans leur ensemble.
Ah ? Je veux bien une source pour cela, sachant que l’utilisation du tag #SJW par des progressistes sur tumblr - notamment - date d’un petit moment et n’est probablement pas ironique.
Le terme "gamer" représente quelque chose pour certains joueurs, mais pourquoi voudrais-tu qu’il représente une communauté ou une identité ? Il peut tout aussi bien simplement représenter des personnes qui jouent aux jeux vidéo, sans impliquer le sentiment d’appartenance à un groupe ou le partage de valeurs communes. C’est bien le sens littéral de "gamer", non ? Pourquoi vouloir aller chercher plus loin ?
Je veux bien que tu me redonnes le lien vers l’article - ton analyse est un peu courte pour que je puisse vraiment me faire une idée de l’événement.
Lambda # Le 15 octobre 2014 à 12:32
Nicolas, si tu me réponds : désolé, je ne pourrai poursuivre cette conversation que ce soir.
Nicolas Turcev # Le 15 octobre 2014 à 13:44
Je ne parlais pas des journalistes dans leur ensemble, mais de ceux qui se sont élevés contre le GamerGate qui se voient affublés du tag SJW.
Pour le péjoratif de SJW, je te renvoie là :
http://www.urbandictionary.com/defi...
http://knowyourmeme.com/memes/subcu...
Le terme est apparu en réaction (négative) à la demande de plus de "justice sociale" dans le jv.
Et ce n’est pas moi qui donne du poids au terme de Gamer, mais les gens qui se sont érigés contre ceux qui annonçaient justement la mort d’un état d’esprit, d’un entre-soi et d’une culture qui correspondaient au terme "Gamer". Je n’invente rien et je ne sors rien de mon chapeau. Ceux qui estiment appartenir à la caste des gamers ont fait entendre leur voix comme celle d’une communauté qui défend des valeurs semble-t-il communes. Ce qui est plus ou moins la définition d’une culture (sous ou contre). Je pense que tu devrais lire ça : http://www.merlanfrit.net/Les-gamer...
Pour Intel et Gamasutra, c’est partout sur le web, t’as juste à googler les deux termes côte à côte.
Kid # Le 15 octobre 2014 à 16:13
Afin de palier le départ de ceux qui ne supportent pas d’avoir la possibilité ou non de lire des articles qui pourraient éventuellement ne pas leur plaire, je vais recruter de nouveaux lecteurs. De rien :)
Westeetee # Le 15 octobre 2014 à 17:05
Eh bien moi je vous lisais moins ces derniers temps et entre le billet de Martin et ce dossier je vais revenir plus souvent.
Je voudrai juste souligner quelque chose comme le décrivait un long commentaire - parfait- d’un autre internaute sur la ’culture’ geek en réponse au billet de Martin.
Cette longue dégénerescence qui voit son point de non retour dans l’actualité d’aujourd’hui dépasse largement le monde du jeu vidéo et infecte depuis longtemps tout le petit monde de la soit disant "culture geek" en particulier depuis qu’elle est l’objet de l’investissement massif des industries du divertissement - en gros les quinze dernières années
Lambda # Le 15 octobre 2014 à 20:40
Nico, pour les SJW, urbandictionary n’est clairement pas une référence, puisqu’il est trop souvent utilisé comme un outil de sondage pour soutenir certains courants, notions, mèmes, etc. Pour ce cas, la définition a clairement été exploitée par les anti-SJW.
Pour kim, rien n’y contredit ce que je disais, au contraire. Je ne comprends pas trop pourquoi tu me cites ça pour défendre ta position. Bref, pour être plus concret, vas faire une recherche sur tumblr du tag #sjw sur ces 5 dernières années. Je l’ai fait, c’est assez éloquent. Donc fais-le aussi.
Pour "gamer" : c’est bon, je trollais et t’as bien argumenté, donc je te laisse profiter <3
Shane_Fenton # Le 16 octobre 2014 à 01:20
@BadMyk :
On est d’accord sur au moins deux choses. La première, c’est que je ne crois pas à l’objectivité. Pour moi, c’est une tarte à la crème, surtout en ce qui concerne cette affaire. Et puis, comment parler "d’objectivité" quand il s’agit de dire pourquoi on ne souscris pas à un mouvement ? Surtout en livrant des souvenirs personnels ? A la rigueur, quand on est schizophrène ("il y a cette partie de moi qui pense ça, mais il y a mon autre personnalité qui pense le contraire"... mouais, ça m’est arrivé plus ou moins, à quelques reprises). Mais bon, si tu as pris MF pour un site "objectif" et "dépassionné", tu n’étais pas le lecteur le plus attentif qu’on ait connu.
L’autre chose qui nous rapproche, c’est l’amertume. Un sentiment que je connais bien, vu que j’ai passé des années, bientôt une décennie, à me documenter sur les adversaires des jeux vidéo "violents", voire des jeux vidéo tout court. En lisant leurs articles, en achetant leurs bouquins, en écoutant leurs émissions, en me repassant leurs arguments dans ma tête et en les retournant dans tous les sens pour trouver comment les contrer... parfois, en parlant avec eux. Au plus fort des grosses polémiques (Hot Coffee, les tueries dans les écoles américaines et allemandes), il m’arrivait de boire du poison toutes les semaines, voire tous les jours. D’autant plus que ce "poison" avait pignon sur rue dans les médias généralistes, qui dirigeaient le "débat" à l’époque. Mais pour combattre l’adversaire, il me semblait aller de soi de le connaître et de le comprendre (c’est le B-A BA de la stratégie, après tout).
Alors quand j’apprends que des lecteurs de ce site s’en vont avec fracas sous prétexte qu’un prologue de dossier a le malheur de leur déplaire... eh bien, ça m’inspire des adjectifs pas très "progressistes", pour le coup.
@Lambda :
Tu as une partie de ta réponse, il me semble, dans l’article "Avant la pilule", qui est la première partie du dossier. Pour la définition et la revendication de SJW, personnellement je n’ai pris connaissance de ce terme qu’au début de l’année, toujours de façon péjorative, et parfois récupéré de manière ironique. En tout cas, je ne vais pas m’y accrocher (pour commencer, je suis le plus souvent un mage ou un druide). Libre aux autres de me définir comme ça ou pas, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre.
Plus sérieusement, comme je l’explique dans l’article, du temps de Jack Thompson, la notion de "communauté" n’était pas vraiment contestée, et c’était tant mieux pour moi, parce que j’avais besoin d’elle pour ne plus me sentir seul face à l’adversité. Et celle-là était d’un autre calibre que les SJW qui font si peur aujourd’hui : elle avait ses entrées chez les avocats, les politiciens et les journalistes généralistes. Enfin bon, je ne vais pas réécrire l’article. Je maintiens juste qu’à partir du moment où un certain nombre de gens se regroupent autour d’une bannière commune pour protéger ou revendiquer un patrimoine commun, eh bien ça suffit pour former une "communauté", et je pense que le #GamerGate correspond bien à cette définition.
Quant au terme de "gamer", c’est un mot-valise comme il y en a tant ("industrie", jeux "violents" et j’en passe), ce qui explique les nombreux guillemets. Mais il a beau être galvaudé et avoir changé de sens plusieurs fois au fil des ans (après tout, les premiers "gamers" étaient les rôlistes), il a toujours été associé, non seulement à une passion, mais aussi, encore une fois, à une revendication de cette passion. C’est pour ça que je me suis reconnu dans ce terme, au moins pendant un temps.
arunad # Le 16 octobre 2014 à 12:09
Très intéressant. Vous gagnez un lecteur.
Samo # Le 16 octobre 2014 à 13:53
Shane_Fenton : Puisque vous parlez de d’objectivité et de passion, j’imagine que c’est à moi - auteur de ces critiques - que vous répondez.
J’ai tout a fait compris que vous aviez choisi de traiter ce sujet sous un angle personnel et que telle approche s’oppose par nature à toute objectivité - à moins d’être schizophrène, comme vous le dites justement. Ce que je vous reproche, c’est précisément d’avoir choisi une approche personnelle et affective pour un sujet trop important pour être abordé sous le poids de l’émotion.
Je suis donc en parfait désaccord lorsque vous nous dites que l’objectivité "est une tarte à la crème, surtout en ce qui concerne cette affaire". Ce que j’entends pas objectivité, très simplement, consiste à présenter les différents arguments présents dans le débats sans jugement de valeur et avec la même précision pour chacun d’eux. Ce n’est que sur cette base que peut ensuite se développer un débat constructif qui, lui, pourra conduire à une prise de position et à des jugements de valeurs réfléchis et utiles. Je ne vois pas en quoi cette démarche serait plus de la "tarte à la crème" que de fonder ses positions sur l’émotion et la panique.
J’ai le sentiment que les différents articles publiés sur ce site sur cette affaire ont traité de façon expéditive ou à charge des arguments adverses, et qu’un tel traitement empêche de se faire toute opinion utile du débat.
C’est exactement ce que vous nous dites par "pour combattre l’adversaire, il me semblait aller de soi de le connaître et de le comprendre (c’est le B-A BA de la stratégie, après tout)". Sauf que je pense, contrairement à vous il me semble, que pour comprendre son adversaire, il faut le respecter et ainsi tenir ses positions comme cohérentes, défendables et non absurdes - dans un premier temps du moins.
Il est d’ailleurs assez étrange que vous nous disiez que comprendre son adversaire irait de soi et serait impératif alors même que vous avez choisi de traiter ce sujet sous un angle personnel qui ne permet pas à vos lecteurs de connaître et de comprendre l’adversaire. C’est même assez incohérent.
En vue de votre dernière remarque à mon sujet, je me sens obligé d’expliquer, pour rendre mon propos plus clair, que je suis tout autant progressiste que vous et que le sujet dont nous traitons m’alarme pour les mêmes raisons que tout le monde ici. Ce que je déplore, c’est la façon dont vous en traitez, qui me semble parfaitement contre-productive.
Enfin, pour ce qui est de m’être trompé sur le caractère objectif et dépassionné de ce site : oui, c’est fort possible. Pour reformuler ma déception : j’avais le sentiment que les auteurs de ce site faisaient l’effort de prendre un certain recul sur le reste des critiques de jeu vidéo pour y apporter quelque chose de plus ou, du moins, de différent. Traiter de la gamergate sous un angle personnel et affectif ne correspond certainement pas à cette démarche.
La prétention que vous affichez à vouloir comprendre votre adversaire m’incite toutefois maintenant à lire vos prochains articles pour voir ce dont il en est. J’imagine donc que nous y continuerons ce débat.
Martin Lefebvre # Le 16 octobre 2014 à 18:27
@Samo : Je risque de vous déplaire, mais à un moment le respect ça se mérite.
Vous voulez de l’objectivité ? Le risque d’être objectivé, c’est que cela peut entraîner un certain malaise (comme les analyses féministes tendant à objectiver nos comportements, pour salutaires qu’elles soient peuvent mettre mal à l’aise).
Objectivement, le Gamergate est un mouvement lancé par des activistes réactionnaires et des trolls. Pas un seul de vos porte-paroles n’est présentable (ce que vous avez de mieux c’est Brad Wardell, qui est au minimum un libertarien bien cramé), et si la presse un minimum sérieuse (je sais c’est presque un euphémisme) ne vous dresse pas de tribune c’est parce que le Gamergate n’a aucun réel message, c’est un mouvement trop protéiforme pour être audible. Et ce qui émerge de ce bruit de fond, c’est au choix, de la misogynie, une haine de certaines figures du milieu indé (qui ne sont sans doute pas exempts de reproches, mais de là à les haïr), une vision conservatrice et fausse de l’histoire du jeu vidéo.
Concrètement, vous n’avez rien, ou alors des bribes de choses ramassées au hasard.
Vous comprendre ça peut vouloir dire essayer de percevoir les racines de votre malaise, ce qu’a essayé de faire Etienne (et qu’il n’a pas entièrement réussi imho, mais c’est secondaire), mais pas reprendre vos idées qui n’en sont pas.
Qu’il y ait des gens de bonne foi qui se soient laissés prendre par la rumeur (car objectivement, on est bien dans une rumeur généralisée presque paranoïaque), ou qui pensent que le GG est une bannière pour critiquer les déboires de la presse, je veux bien. Mais alors ils ne se rendent pas compte avec qui ils se sont embarqués.
On peut tout critiquer ; Anita Sarkeesian, certaines dérives du militantisme online, le copinage dans le milieu indé, etc. Mais il faut le faire avec calme et méthode, pas au milieu d’une foule qui saute sur la première rumeur venue en prétendant réformer le journalisme JV.
Faites donc du bon journalisme JV, on en a besoin. Ce n’est pas en traînant avec des agitateurs sans scrupule comme Milo que vous y parviendrez.
Kovax # Le 16 octobre 2014 à 18:40
@Martin : Si j’ai bien lu le message de Samo, il me semble qu’il ne soutient pas le Gamergate, en tout cas quand il écrit...
...Ce n’est pas l’impression que ça me donne. Du coup, l’apostropher de la sorte en le mettant dans le camp d’en face et en l’assimilant à Wardell & co juste parce que son commentaire vous déplaît, ça me paraît un petit peu précipité. Comme je le disais dans un autre commentaire, ça devient lassant cette suspicion permanente dès qu’on ne se contente pas de dire amen... Tout est fait pour forcer les gens intéressés par ce débat à choisir un camp même s’ils ne se reconnaissent pas complètement dans aucun des deux. Quand on n’aime pas Sarkeesian ni les réacs du #GG, on fait quoi ? On se contente de sortir le popcorn, ou on peux continuer à discuter ?
Martin Lefebvre # Le 16 octobre 2014 à 18:44
J’ai peut-être lu un peu vite... Mais il me semble que certains acteurs du Gamergate se disent progressistes. Et qu’ils le sont peut-être en effet. Mais alors leur engagement dans ce mouvement informe est contraire à leurs valeurs...
Que Samo m’excuse si je l’ai mal interprété, mais je rentre d’une grosse journée.
Samo # Le 16 octobre 2014 à 18:46
Martin, vous m’obligez à me citer :
Donc je reformule, puisque, de façon assez surprenante, je n’ai pas été assez clair : je ne cautionne aucunement le GG. Donc évitez de m’y associer, ça n’a aucun sens, et notre débat en sera bien plus serein.
Le papier d’Etienne a entièrement échoué à exposer les arguments sous-tendant le GG, je suis d’accord là-dessus. Ce que je dis, c’est précisément que, tant que personne ne se donnera la peine de bien le faire, le débat manquera cruellement de fond, car il sera unilatérale.
Si vous pensez qu’il n’y a aucun fond sous le GG, que tout cela est trop flou, désolé, mais cette confusion n’est que dans votre esprit. Peut-être devriez-vous passer plus de temps sur 4chan et reddit, ces choses deviendront alors certainement moins obscures pour vous. Alors, nous pourrons tous avoir un débat sensé, et chercher à comprendre comment soigner ce mal (plutôt que de simplement sombrer dans l’émotion et les déclarations de principe - creuses et peu utiles).
Samo # Le 16 octobre 2014 à 18:50
Martin, vous êtes évidement excusé : nous sommes là pour débattre, il n’y a pas de mal à s’emporter un peu tant que l’ensemble des intervenants reste calme :)
Martin Lefebvre # Le 16 octobre 2014 à 18:51
Il n’y a pas deux camps en fait... C’est une construction de dire ça, pour qu’il y ait vraiment deux camps il faudrait que ce qu’avancent les gateux puisse être recevable, ce qui n’est pas le cas. Il me semble que les gens objectifs et raisonnables, puisque ce sont les termes du débat, se doivent de voir le GG pour ce qu’il est : du vent, avec des relents de haine. Qui a sans doute embarqué quelques personnes par ailleurs estimables mais leurrées.
Faisons une expérience de pensée : quelqu’un soutient une rumeur, par exemple que des femmes se font enlever dans les magasins de lingerie qui pratiquent la traite des blanches. La presse ne va pas s’amuser à donner la parole équitablement à ceux qui répandent la rumeur et à ceux qui la démentent. Il n’y a pas à proprement parler deux camps : il y a la rumeur, et ceux qui l’avancent ont charge de preuve (spoiler : il n’y en a pas), et le reste du monde qui les regarde entre effarement et consternation...
Martin Lefebvre # Le 16 octobre 2014 à 18:52
Du coup puisque je vous ai sous la main Samo, vous qui suivez 4chan et Reddit, vous allez pouvoir m’éclairer sur ce qu’est le gamergate, que je m’obstine à dénigrer sans le comprendre.
Samo # Le 16 octobre 2014 à 18:55
Martin, le GG n’est qu’une des nombreuses expressions d’un mouvement bien plus diffus, qui dépasse de loin les simples rumeurs touchant Zoe Quinn. Il me semble que c’est bien le sujet de ce dossier, d’ailleurs.
Les positions de ce mouvement ne sont pas "du vent". Elles s’inscrivent dans une véritable réflexion, qu’il nous faut comprendre avant d’émettre toute critique.
Martin Lefebvre # Le 16 octobre 2014 à 18:58
Je pense que je sais ce que c’est que du vent : votre réponse en est un bel exemple. Je suis sûr que vous pouvez mieux faire.
Shane_Fenton # Le 16 octobre 2014 à 19:08
@Samo :
Au moins vous ne lâchez pas l’affaire. C’est bien (et c’est effectivement à vous que je m’adressais et pas à BadMyk, my bad). Au fait, je passe au vouvoiement parce que j’ai l’habitude de m’adapter : je tutoie qui me tutoie, et je vouvoie qui me vouvoie. C’est plus simple.
J’étais en train de vous répondre, et Martin a pris le relais. Je n’ai malheureusement pas le temps d’inclure votre échange dans mon message, je m’en occuperai plus tard. En attendant, voici ma réaction à votre première réponse.
Je crois qu’il y a une profonde méprise sur le but de ce dossier. Je n’ai jamais eu l’intention d’écrire sur le GamerGate lui-même, qui pour moi est surtout le catalyseur d’une crise beaucoup plus profonde et plus ancienne. Je vois une communauté en train d’imploser et de se disloquer, et j’ai été témoin, à mon petit niveau, de ce qui a mené à cette implosion. Voilà mon vrai sujet.
Martin l’a résumé par la question "comment en est-on arrivés là ?" C’est le comment qui m’intéresse, pas le là, qui a déjà été traité par d’autres, et sur lequel je n’ai pas grand-chose à ajouter. En revanche, le "comment", j’en ai été témoin depuis des années. D’ailleurs, cette série d’articles, je l’avais en tête depuis des années, pratiquement depuis que j’ai commencé à écrire. Voilà ce que je prétends apporter, selon le principe "quand je vous parle de moi, je vous parle de vous".
Quant à nos "adversaires" et au moyen de les traiter... Jusqu’à récemment, les seules personnes que je considérais comme mes "adversaires" étaient ceux qui débarquaient de l’extérieur et voulaient polémiquer, voire légiférer, sur les jeux vidéo qui ne leur plaisaient pas selon des critères à eux, tout en restant à l’extérieur. Comme je voulais les confronter de manière efficace, je n’avais pas d’autre choix que d’écouter ce qu’ils avaient à dire, ce qui m’a permis de faire le tri entre les connards irrécupérables, les paumés qui font un tour et puis s’en vont, et tous les autres, de plus ou moins bonne volonté. Je n’arrive pas forcément à tous les respecter, mais j’ai passé du temps à essayer de les comprendre, donc je pouvais mieux les contrer. Et parfois à les convaincre quand je leur parle (ça m’est arrivé des fois).
Sauf que dans le cas de mon dossier "autour" du GamerGate, il y a encore une méprise, je pense. A la base, et c’est ce que je vais raconter au fur et à mesure de mes articles, les "gamers", c’étaient mes "frères", mes congénères, mes "coreligionnaires". Je me considérais comme l’un d’eux. Je considérais cette "communauté", quasiment comme une partie de moi. En faire mes "adversaires", dites-vous ? Mais comment être "adversaire" de moi-même ? Pour moi, ça n’avait aucun sens... jusqu’à ce qu’une série d’évènements m’éloigne pour de bon, et du concept de "gamer", et de la "communauté" à laquelle je m’identifiais, au point de ne plus la reconnaître.
Samo # Le 16 octobre 2014 à 19:14
Martin,
Il ne faut pas donner plus d’importance au GG que le mouvement plus profond dont il est l’expression. Mais voici ce que j’en dirais, pour faire simple et sans être forcément original : le GG est un mouvement se présentant comme dénonçant le manque d’indépendance de la presse et, dans une certaine mesure, visant à y remédier. Il est vite apparu que le seul manque d’indépendance inquiétant ce mouvement était vis-à-vis des activistes progressistes - contrairement aux mouvements précédents critiquant la corruption financière de la presse.
Tel mouvement s’est fondé sur les inquiétudes de certains joueurs sur la place données aux idées politiques dans les jeux vidéo par une certains partie de la presse vidéoludique.
Ainsi, le GG n’est qu’une expression de cette inquiétude, grandissante depuis plusieurs années. Dès lors, il n’y a lieu de traiter le GG que par l’analyse de cette inquiétude, puisqu’il est un mouvement assez creux ("du vent") pris indépendamment de celle-ci.
L’un de vos commentateurs (moi, sous une autre identité, importe) vous proposait un exposé rapide de sa vision de cette inquiétude ici : http://www.merlanfrit.net/Avant-la-...
Je vous pardonne aussi pour cette attaque - c’est de bonne guerre entre amis.
Martin Lefebvre # Le 16 octobre 2014 à 19:23
Il faut comprendre aussi, vous nous vendez l’explication avec sûreté, et pouf... plus rien.
Il me semble que c’est exactement ce que nous répétons... Après c’est le ton qui ne vous va pas ? Nous ne sommes pas des acteurs neutres dans cette affaire, et nous n’avons pas à nous tenir à la neutralité axiologique...
Il me semble que le terme réactionnaire rend assez bien compte de cette inquiétude. Là où peut-être on n’a peut-être pas assez insisté, c’est sur l’idée que le jeu vidéo a toujours été un champ traversé par le politique (qu’on n’évacue pas facilement), et que le GG essaye de récrire l’histoire du médium.
Pour le reste je ne pense pas qu’on ait les compétences en psychologie ou en sociologie pour affiner la description de cette inquiétude, même si Etienne s’y est essayé, en donnant à mon sens une vision sociologique un peu caricaturale des gateux (mais il en est conscient).
Samo # Le 16 octobre 2014 à 19:25
Shane_Fenton, votre réponse est limpide : c’est à mon tour de m’excuser.
Dans le contexte général, j’anticipais votre dossier comme s’inscrivant dans cette stérile démarche d’indignation et de mépris que je dénonçais. Votre approche m’apparaît finalement remplie de tendresse et d’empathie, à vous lire parler de "frères".
Je suis sincèrement désolé, je vous ai prêté les torts de ceux qui vous ont précédée. Je n’en resterai pas moins critique sur le fond de votre propos mais, sur son intention, je retire tout ce que j’ai pu dire (et m’en vais lire votre dernier article).
Martin Lefebvre # Le 16 octobre 2014 à 19:34
Ah oui tiens ce commentaire... http://www.merlanfrit.net/Avant-la-...
Je vais essayer d’y répondre... sans perdre mon calme, enfin en essayant.
Vous comprenez aussi que c’est assez désagréable de discuter avec quelqu’un qui change de pseudo... Je dis ça pas pour vous forcer la main, mais parce que c’est bizarre de ne pas savoir à qui on s’adresse. :)
Samo # Le 16 octobre 2014 à 19:50
Martin,
Oui, je sais bien, sauf que vous vous arrêtez en plein milieu du raisonnement :
Si vous ne vous pensez pas capable de comprendre les positions des différents intervenants, votre analyse ne pourra être qu’incomplète, et donc potentiellement contre-productive. Partant, peut-être faut-il se retenir d’en proposer une ou, mieux, chercher un moyen de comprendre toutes les positions avant de ce faire.
Mais importe le passé. L’approche d’Etienne, sociologique, me paraît assez faible, car trop distante. Vraiment, si vous voulez comprendre cette inquiétude, allez sur /v/ et demandez-leur. Il ne vous faudra aucun talent particulier pour la voir se formuler très clairement. Ce ne sera peut être pas parfait tout de suite, mais ce sera un très bon début. Vous en trouverez une certaine formulation dans le message que je vous indiquais.
Ma critique venait donc du manque d’empathie consistant à ne pas faire les démarches nécessaires - et pourtant très simples - pour comprendre l’autre avant d’en déplorer le comportement.
C’est ici une affaire de culture : nous n’avons pas la même. Il est pour moi assez désagréable de me voir imposer une identité fixe lorsque je m’exprime sur Internet. Ce que je viens chercher sur Internet est la possibilité de faire juger mes idées indépendamment de ma personne.
Donc désolé si cela vous importune, mais nous n’avons pas la même culture, et je suis tout aussi gêné que vous à débattre dans un contexte qui ne correspond pas à mes habitudes.
Bengali # Le 16 octobre 2014 à 20:07
Je n’ai jamais trop apprécié les gens qui s’accaparent un concept et le revendiquent au nom d’un tout (d’une communauté, d’une vérité, d’une identité). C’est pourtant une réalité. J’y fais face. Je n’aime pas les gamers (oh que non) et j’adore les jeux vidéos depuis ma plus tendre (et douce) enfance. En dehors du jeu, tant de passions m’animent et tant de sujets m’intéresse que je ne peux y trouver une spécificité liée au jeu vidéo. La réduction mentale est partout ; certaines fois je retrouve des schémas reproductibles dans le comportement d’une communauté X face à une communauté Y (non chromosomique). L’humain qui se résume en gamer doit envisager qu’il se résume en réalité en consommateur. Asservi. Gamers ? Ce terme existe encore ? Quelle tristesse, trop de déception. En ce qui concerne le débat homme vs femme : non sérieusement les joueurs ?
Martin Lefebvre # Le 16 octobre 2014 à 20:07
C’est intéressant cette question de l’anonymat. En principe je ne suis pas contre, mais je me suis demandé à plusieurs reprises, sans jamais aller bout de ma pensée pour en faire un article, si une ligne de rupture entre le GG et les indés / journalistes ce n’était pas la question de la célébrité. C’est un reproche qu’on retrouve souvent, une célébrité indue (comme si pour la majorité des célébrités elle était due)...
D’un côté on a les self-brandeurs (par obligation ou par plaisir, mais le jeu indé se vend sur un nom). De l’autre les anonymes. Et j’ai l’impression que les gens qu’apprécient les "gamers" se présentent comme des personnes lambda. On a Phil Fish le haï (NB : je ne le porte guère dans mon coeur, mais son cas est compliqué), et Gabe Newell le milliardaire mal fichu en polo limite crade l’adoré...
Sinon ce qui me pose problème là dans le cas précis (c’est juste une remarque), ce n’est pas le pseudo, c’est son changement : difficile pour moi de discuter avec un polymorphe, d’autant que comme j’utilise mon nom réel (j’aurais pu prendre un nom de plume au moment de commencer à publier, je ne l’ai pas fait un peu sans réfléchir, et là c’est trop tard), vous pouvez savoir qui je suis mais la réciproque n’est pas vraie, ce qui vous donne une sorte d’avantage indu. ;)
Plus profondément, l’anonymat, les idées en dehors de la personne, c’est une utopie. C’est l’utopie un rien violente et libertarienne de 4chan. Elle peut être séduisante, mais comme toutes les utopies elle est plongée dans l’irréel : on n’est jamais anonyme, les idées pures n’existent pas déconnectées d’un être social, parce qu’on amène son bagage dans sa manière de penser. Après vous faites ce que vous voulez hein, je dis ça pour la conversation.
Bengali # Le 16 octobre 2014 à 20:12
Enchanté Martin, Cédric Muller, Genève.
Martin Lefebvre # Le 16 octobre 2014 à 20:20
Enchanté Cédric ! Je n’en ai pas après les pseudos, j’ai longtemps posté sur pseudo. Et je crois que je commence à cerner Bengali depuis le temps.
Bon si les multiples Steph/Stef/Stepfs se mettaient d’accord pour qu’on les reconnaisse ce serait cool. :D
En même temps s’ils sont de ma génération je les plains, j’en ai toujours eu au moins 2-3 comme camarade de classe étant jeune, sans compter les Stéphanie. :D
Samo # Le 16 octobre 2014 à 20:45
On parle bien de la même chose, oui. Mais peut être qu’on ne recherche pas la même chose dans cette utopie, ce qui la rend absurde pour vous et louable pour moi. Par exemple, ça ne me pose pas de problème que mes idées soient influencées par ma personne. Ce qui me poserait problème, par exemple, c’est de ne pouvoir tenir deux positions contradictoires sans être traité de fou incapable de cohérence. Ou de ne pas pouvoir changer de genre (ce qui est une expérience chaque fois très enrichissante). Ou de ne pas pouvoir m’empêcher de dire ce qui correspondra à ce que je veux que les autres pensent de moi plutôt que ce que je pense vraiment (l’anonymat violent dont vous parlez est aussi là pour se protéger de son propre égo).
Miaou, c’était la petite discussion HS.
Martin Lefebvre # Le 16 octobre 2014 à 20:57
C’est pas très cohérent ça : si vous êtes influencé par votre personnalité, vous ne pouvez pas être totalement contradictoire, puisque en un sens vous restez fidèle à vous même.
Mais jouer avec les personnalités, le genre, etc. c’est un des plaisirs qu’on retrouve dans le JV donc ça me va. C’est juste que quand on parle sérieusement, quand on essaye de s’adresser à quelqu’un pour échanger des idées, c’est un peu étrange de changer de position. Ca rompt le pacte de la conversation, et on risque d’être associé à un troll pur et simple... Le jeu et la conversation, le lol et le débat d’idées n’ont pas les mêmes règles à mon sens, et il ne faut pas étonner de ne pas être pris au sérieux si on refuse de se plier un minimum aux règles établies et acceptées par la majorité des interlocuteurs (ie j’essaye d’exposer mes idées avec franchise et un minimum de bonne foi).
Le problème de l’anonymat, c’est qu’on n’est redevable de rien. Et pour que ça fonctionne, il faut des surhommes, les vrais humains ne sont pas taillés pour les utopies... Donc le risque, d’un anonymat généralisé et posé comme principe, à mon sens, c’est que ça dérape. Eh, bon, 4chan dérape parfois, non ?
Vous allez me dire que les gens écrivent aussi des horreurs sous leur vrai nom, donc bon. :D
Samo # Le 16 octobre 2014 à 21:21
Mais les humains changent d’avis constamment (le devrait, en tout cas) ou hésitent entre plusieurs positions. Quel meilleurs façon de faire un choix que d’essayer les différentes solutions ? Qu’elle meilleurs façon de se faire une opinion que de défendre des avis divergents, pour voir lequel nous convainc le plus ? Et vous avez raison, certains jeux vidéo sont une très bonne métaphore de cette démarche.
Importe, le jeu en vaut la chandelle. J’imagine bien que je commence à perdre en crédibilité à vos yeux, mais j’aurais entre temps bénéficié suffisamment de cette conversation. Je reviendrai plus tard sous d’autre nom et d’autres idées, comme je l’ai déjà fait, et continuerai d’enrichir mon point de vue. Je comprends que cette attitude déplaise à ceux qui s’astreignent à leur identité, et que les trolls soient rarement vu comme autre chose que de nuisibles pervers, mais vous devriez essayer plus souvent, ça évite de tourner en rond en nous obligeant à nous exposer.
Et ça ne veut pas dire que je n’ai pas été sincère dans cette discussion, au contraire - n’être "redevable de rien" est le plus fort gage de sincérité dans un débat. Et être sincère veut aussi dire déraper parfois, c’est vrai. Mais ça peut permettre de voir ses défaut en face ou d’être corrigé, plutôt que de garder son aigreur et ses doutes pour soi.
Et exposer ses doutes sans retenu conduit parfois à des choses comme le GG. À nous de leur pointer leur erreur, sans quoi leur sincérité serait veine.
HahemHemHem # Le 5 novembre 2014 à 16:40
Sérieusement, polémique et fleuve de blabla insipide autant que torturés me font fuir. Mais aujourd’hui je m’interrogeais sur le pourquoi du comment de ces gens qui meublent leur vie en nous pexposant leur vision (... Ou leur pilule rouge pour faire corps avec l’article). J’ai mon avis aussi, c’est moins aveugle que celui de Mo_Lard à qui je pourrais répondre mais tout compte fait non tant elle à la langue pendu et la foi bien mauvaise pour ne citer que ça (je n’ai pas envie de dire "elle", c’est une insulte au femme cette c****). Mais mon avis, je le garde et l’applique sans avoir la prétention d’ecraser ou d’insulter les autres avec. L’avis, c’est comme les trous du cul, tout le monde en a un, et celui des plus odorants commence à nous courir.
Je termine sur Enora Malagré, l’incarnation meme du "j’ouvre ma gueule et ça dérange", l’incarnation même du floutage autour de "je ne dis que des aneries, je me ridiculise en bavant sur les autres (que cela derange vraiment pour le coup)" et je base l’interet suscité sur l’echo que cela produit". Arretez vos conneries. Le jeu vidéo on s’amuse avec, tentez de manipuler les plus faible pour defendre vos causes de complexés vous defini comme vendus, propagandistes voir discrédités.
La presse mélange tout, brouille les repères, tente de maintenir son influence sur la masse. Fuck off.
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