Notules - 8 : en r’tard, en r’tard !
Les notules ont pris du retard ! Graceful Explosion Machine et Dirt Rally pétaradent pour tenter de rattraper le temps perdu. Pris au dépourvu, The Surge et Owlboy recopient sur les classiques qui ont réussi. Pendant ce temps, Event[0] semble planer à des milliers de kilomètres d’ici.
Moteurs à explosion
Graceful Explosion Machine (Vertex Pop, 2017)
Il est des genres que l’on aimerait aimer plus que tout. Des genres que l’on voudrait maîtriser. Des genres dont on souhaiterait être un petit génie, un champion, un cador. Graceful Explosion Machine — ou G.E.M. — est un petit shoot’em up arty, sans prétention, qui concentre toute son énergie sur le score, le flow, l’excellence. Pas de chance pour moi donc. Les mécaniques d’armes — on en compte 4, chacune sur un bouton de face de la Switch —, la jauge d’endurance, le boost qui permet de traverser les nuées d’ennemis… autant de mécaniques que je suis incapable d’appréhender. Vingt minutes sur un niveau qui techniquement se finit en trois. Insultes et gros mots. Console tordue pour s’empêcher de la jeter au sol. Score misérable envoyé sur le leaderboard de la honte. Heureusement que nous ne sommes pas bien nombreux à l’avoir acheté… Ah ! Si j’étais plus patient ! Si j’avais des réflexes ! Si j’aimais les shoot’em up ! Si j’arrêtais d’acheter tous les jeux de la console ! —Anthony Jauneaud
Dirt Rally (Codemasters, 2015)
"Gauche 4 long sur gauche 2 après rondins, 80." Les yeux rivés sur une piste qui n’a pourtant pas l’air de vouloir bifurquer à gauche, je prépare mentalement l’opération. Passage en troisième, petit coup de frein pour incliner avant accélération, prêt à passer en seconde si besoin, tandis que la voix douce de ma copilote continue à égréner la suite du circuit. Mon cerveau n’est plus qu’un tampon de quelques secondes, une machine à réflexes différés. Ce kung-fu mental est essentiel, car les erreurs se payent cher dans Dirt Rally : la voie est étroite, parfois égale à la largeur du bolide, et les arbres si proches ... la loi de la piste est dure, mais jamais injuste, grâce à la finesse des sensations de conduite. Si Codemasters a renoué avec la simulation exigante, il n’y a donc pas besoin d’être un fanatique du volant pour apprécier le cockpit des diverses bécanes. De la Mini Cooper des sixties aux monstres 4x4 du fameux groupe B, chaque nouvelle bagnole s’apprivoise lentement — mais à tombeau ouvert. —Laurent Braud
Copies et recopies
The Surge (Deck13, 2017)
La résilience, ça a parfois du bon. En 2014, la tentative des teutons de Deck13 de créer leur vision d’un action-RPG plus que calqué sur l’inusable modèle Dark Souls avait laissé de marbre la critique comme le public. Pas découragés pour autant, les voilà qui rempilent avec The Surge, qui troque la fantasy pour une SF crédible et le RPG pur pour une vision résolument plus "action" sans pour autant renier le modèle soulien. Si la narration, rejetant toute vélléité de faire s’impliquer ou évoluer son personnage au background pourtant enthousiasmant, n’est clairement que prétexte à l’avancée dans les couloirs sombres et aseptisés d’une multinationale aux portes de la folie, on ne peut leur reprocher une certaine application à tendre vers l’angoisse et le suspense : la tension ressentie lors de certains passages bien velus n’est que sublimée par des combats brutaux (bien que claudiquant par moment sur les imprécisions du gameplay) et la sanquette pégueuse projetée à gros bouillons sur les murs par l’exosquelette de Warren, qui ne fait pas vraiment dans la demi-mesure. Les joueurs qui s’attendaient à un énième clone sans âme seront agréablement surpris. —Colin Fourtet
Owlboy (D-Pad, 2016)
Un plateformer sans plateformes ou presque, car notre garçon-hibou sait voler : voilà qui promet de chambouler le genre. Malheureusement, la déconvenue est à la hauteur des attentes : en réalité, cela ne change pas grand-chose. Certes, ce n’est pas vraiment la faute des développeurs. Par contre, l’absence d’innovation supplémentaire achève de rendre ce Owlboy assez insipide. Voyez ce scénario parfaitement quelconque, où l’on retrouve pêle-mêle civilisation perdue, reliques précieuses, pirates sanguinaires et fin du monde ! Admirez cette sélection des niveaux les plus classiques de l’histoire du jeu vidéo : une cave obscure, suivi d’un niveau dans la lave, puis d’un autre dans la neige ! Ah bien sûr, c’est joli comme tout, et assez fluide dans son gameplay — exception faite de quelques passages qui feront souffrir les manettes de jeux. Est-ce que cela suffit ? —LB
HAL à claire fontaine
Event[0] (Ocelot Society, 2016)
Née avec les premiers ordinateurs, la fiction interactive a toujours tenu une production régulière, mais totalement disjointe du reste du monde vidéoludique — contrairement au roguelike, qui a su se mêler avec plus ou moins de bonheur à d’autres genres. Aussi est-on surpris de la facilité avec laquelle Event[0] remet à neuf un gameplay aussi antique : si l’action semble se dérouler dans un décor en 3D, il n’y a là qu’un simulateur de marche (ou de flottaison, selon la pesanteur) ; ce sont bien les commandes que l’on tape dans des terminaux qui font progresser le joueur. Au gré des discussions avec les machines — pas d’échappatoire, un anglais correct est ici obligatoire — force est de constater que l’étonnante mayonnaise fonctionne. Dommage que la narration soit le maillon faible de l’ensemble : on nous réchauffe le thème de l’intelligence artificielle outrepassant ses attributions et manipulant le personnage-joueur pour accomplir un sinistre projet. Heureusement, l’ensemble est suffisamment court pour nous laisser sur une impression positive. —LB
Laisser un commentaire :
Suivre les commentaires : |