12. Underdogs Z Edition

Fighting Angels

La légende de la femme chat

Fighting Angels est le nom occidental de The Catfight : Onna Neko Densetsu (La bataille entre filles : la légende de la femme chat), 55e volume de The simple 2000 series sur PlayStation2 développé par Tamsoft (Toshinden, qui eut son heure de gloire sur… la première PlayStation. Une éternité, autant dire). Le principe du jeu (et son principal attrait) est de voir s’affronter deux jeunes demoiselles courtement vêtues sur un ring. On pourrait le rapprocher des deux Rumble Roses, mais…

The simple series est une collection de titres à bas prix qui ne manquent parfois pas d’originalité, éditée par D3 Publisher. En France, quelques représentants de cette gamme très hétéroclite furent publiés grâce à (où à cause de) 505 Game Street (depuis rebaptisé 505 Games). Un éditeur atypique, spécialisé dans les jeux de seconde zone, pas toujours mauvais, mais qui n‘intéressent aucun éditeur.

505 n’a pas gardé le nom original du jeu, The Catfight, pour probablement deux raisons.

En anglais, une catfight est une altercation entre deux femmes qui se donnent des claques, se tirent les cheveux, se griffent. Vous voyez le genre. Il y a des shows de catfight, entre le catch et la tentative de soumission sexuelle, mais ce jeu ne va pas aussi loin. Le terme est toutefois peu usité en Europe, et le risque d’une mauvaise interprétation (un combat de chats ?) eut été encore plus préjudiciable au titre. Quoique.

De plus, il existe déjà un jeu Catfight, au principe similaire, sorti en 1996 sur PC, et qui a très mauvaise réputation.

Catfight

505 Game Street est donc une petite boîte d’édition aux moyens limités. Ses jaquettes sont souvent une ode à l’amateurisme le plus ridicule. Et celle de Fighting Angels ne déroge pas à la règle.

La quatrième de boîtier nous annonce chichement 5 modes de jeu, de nombreux coups spéciaux et armes à disposition, mais n’a pas l’honnêteté de parler du seul véritable argument du jeu, les fifilles. Qui ornent pourtant les photos. Le connaisseur avisé des icônes PEGI apprendra que le soft est interdit aux moins de douze ans, qu’il y a du contenu sexuel (traduction : des filles en maillots de bain) mais aussi, plus surprenant, de la discrimination. Curieusement, on ne trouve aucune icône mentionnant la violence du titre, alors que, fort franchement, on nage en plein dedans. Les anges qui se battent se tapent dessus mais ce sont des filles. Ça ne compte pas.

Pot-pourri

Sans surprise, le casting est un pot-pourri de différents fantasmes masculins japonais. On trouve ainsi une jeune étudiante timide qui adore les gadgets en forme de raton laveur (hum…), l’occidentale qui n’a pas froid aux yeux et qui déteste les étiquettes de marque (quelle iconoclaste !), la propriétaire d’un magasin dont l’endroit préféré est le centre commercial de nuit et dont le principal hobby est de boire (c’est du joli). Il y a, bien sûr, une enseignante affriolante, deux mannequins professionnelles, autant d’androïdes, et encore une lycéenne. Mais ma préférence va à l’étudiante chinoise, Mei Ling Miao, qui porte des lunettes et participe au tournoi pour « devenir conceptrice de lunettes et créer sa propre collection ».

Ce petit cheptel se retrouve aussi dans d’autres jeux développés par Tamsoft pour les Simple Series, comme Demolition Girl, ou l’infâme Pink Pong.

Après les logos d’usages, l’écran titre arrive, et immédiatement viennent en mémoire les mots du colonel Kurtz. « L’horreur, l’horreur… » Les choses s’améliorent avec le menu principal. Sur un fond légèrement rosé, une silhouette de femme en gros plan centrée, comme il se doit, sur la poitrine, se promène sur l’arrière-plan tandis que tombent doucement en tourbillonnant de gros cœurs, ainsi que de gros flocons bleus. C’est sobre, réussi, presque glamour sans être vulgaire.

L’écran de sélection nous propose des modes de jeu inutiles à détailler, si ce n’est View qui permet d’observer les combattantes dans un costume au choix, avec les animations que l’on souhaite. A l’attention des gros pervers qui auraient voulu jouer avec la caméra pour admirer la modélisation : celle-ci n’est pas libre. Tout de même curieux de ne pas y avoir pensé, étant donné le public visé.

Le système de combat tient plus du jeu de catch que du jeu de combat classique. Le but est de vider l’énergie de l’adversaire en maximum trois rounds. Si personne ne se retrouve KO à la fin du premier ni du deuxième round, il y a une petite pause de dix secondes où il est possible de récupérer un peu de vie en matraquant les boutons.

Oh non, j’ai oublié d’aller aux toilettes !

Outre les différents coups, des armes apparaissent de temps à autres sur le terrain. Celles-ci sont annoncées par un très très laid Weapons on fight to the death avec une police de traitement de texte rouge criard sur fond bleu (joli mélange !). Une jauge sexy rythme les affrontements, en permettant de faire des coups plus puissants, des prises ou une attaque spéciale. Pas de furie démentielle à décoller la rétine ni à rendre les mains moites. Si le premier coup touche sa cible, l’arrière-plan devient noir, le visage du personnage s’affichant avec sa phrase perso (très recherchée comme I’m unstoppable !, See my true power ou It’s a show time). Puis les mandales (un banal combo de coups de base) s’enchaînent tandis que le personnage est auréolé de petites étoiles bleues.

Si le nombre de coups différents est plutôt faible, le jeu se rattrape par quelques subtilités, notamment en terme de protection. Il est possible de se défendre de plusieurs façons, avec des parades qui peuvent se transformer en contres, ou des esquives qui puisent dans la jauge sexy. Mais la meilleure défense, c’est la fuite. Les demoiselles étant très véloces, le titre se rapproche d’un amusant jeu de poursuites.

Mais je ne vous cache pas que hormis pour ce qui a trait aux combattantes, le reste du jeu se contente du strict minimum.

Il y a au total quatre stages différents, dont trois qui représentent le même décliné à trois moments de la journée. Ces décors sont très vilains, avec un public en 2D grossière, mais cela importe peu, tant les angles de vue sont avant tout centrés sur les opposantes.

Alors, tu l’as retrouvée, ma lentille de contact ?

Si je vous dis que la majeure partie du budget (ô combien limité) du jeu est passé dans la modélisation des combattantes, ça ne devrait pas vous étonner. Il faut bien attirer l’amateur esseulé. Le tout est correct mais les seins se retrouvent avec une gestion physique très… curieuse. Façon gélatine. Ça ne rebondit pas, ça remue. Il suffit qu’un personnage lève un peu le bras pour que le sein du même côté se retrouve en pleine tempête, tandis que l’autre ne semble pas affecté (quel égoïsme). C’est particulièrement visible lors des poses de victoire, bien centrées sur le torse. Il est alors facile de ricaner, comme devant les animations de certaines combattantes : Mona l’androïde qui fait l’hélicoptère avec ses bras, ou Riho l’étudiante qui déteste le soja fermenté (on la comprend), avec un très exagéré déhanché à se déboîter le bassin.

Ceci n’est pas une scène de sexe.

Il y a d’autres ratés sur la réalisation, à cause de détails qui ne font qu’ajouter à la gaudriole. Le nez et la bouche sont rarement réussis, on voit bien qu’il ne s’agit que d’aplats de polygones. De plus, Japon oblige, il a fallu remplir le quota de cheveux aux couleurs immondes avec du rose, du violet et du vert. Mais tout cela est tellement exagéré, tellement hors-normes… Un véritable spectacle d’absurdités qui laissera certains indifférents. D’autres, comme votre chroniqueur, complètement sous le charme.

Et l’image de la femme, dans tout ça ?

Enfin, il faut bien préciser une chose qui va faire hurler certains puristes : il n’y a en tout et pour tout qu’un seul modèle d‘attaque, avec quelques variantes. Ce qui veut dire qu’il n‘y a que deux prises hautes différentes et une seule prise à terre pour tout le monde. Les anges qui se battent ont donc souvent les mêmes attaques et les mêmes animations. Peu importe votre avatar qui ne se distingue que par sa tête, les quelques bruits qu’elle pousse et les traditionnelles phrases de début et de fin de combat, au nombre de cinq. A dire vrai, le choix dépend plus des biographies de la notice que de la modélisation ou du style de combat.

Saute-mouton ?

Il n’y a même pas de fins du jeu pour les différents personnages.

Pourtant, pourtant, il faut l’admettre, tout ça est assez agréable à jouer. Le jeu est porté sur l’attaque et la plupart des coups mettent au tapis. La rapidité des déplacements libres (avec, à la clé, une animation trop exagérée pour ne pas en rire) fait que le titre s’apparente souvent à un jeu de… chats. C’est encore plus flagrant quand l’adversaire a une arme : il faut l’éviter à tout prix en espérant qu’il donne un coup dans le vide, ce qui permettra de répliquer. Le système de combat étant assez complet, il est tout à fait possible de jouer de différentes façons plutôt que de privilégier une approche bourrine, certes efficace mais ennuyeuse.

On peut blâmer Fighting Angels pour l’image qu’il donne de la femme, avec ses potiches sans cervelle qui se tapent dessus. Mais sa réalisation est tellement légère, maladroite (mon Dieu, ces poitrines) qu’il est difficile, manette en main, de ne pas prendre la chose au millième degré. Quant aux pervers qui voudraient s’émoustiller un peu, ils risquent de déchanter face à l’absence de combats dans la boue… Fighting Angels n’est pas le titre du siècle, c’est entendu, mais il ne ment pas sur sa nature : un petit jeu sans prétentions, amusant souvent malgré lui, vendu à bas prix… et qui se paie le luxe d’être plaisant à jouer.

Il y a 1 Message pour "La légende de la femme chat"
  • DWalther Le 3 novembre 2012 à 19:17

    Il serait dommage de manquer la physique si particulière du poitrail de ces demoiselles.

    Deux minutes cinquante après le début, on comprend tout :

    http://www.youtube.com/watch?v=afLJ...

    Au passage, merci à Merlan Frit pour avoir voulu de mon article.

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