A l’heure où NINTENDO semble définitivement enterrer sa révolutionnaire 3D-stéréoscopique-sans-lunettes en proposant la 2DS, l’impertinent SEGA, rival de toujours, offre aux joueurs un véritable cri d’amour rétro tout en 3D et en technologie.
Ainsi, Nintendo créa la 2D
La 3DS est un concept difficile à vendre. Un concept qui, semble-t-il, inquiète beaucoup les parents, cible principale de la marque. La récente sortie de la 2DS se traduit comme un aveu d’échec à affirmer une personnalité, à proposer autre chose qu’un épiphénomène geek et technophile surfant sur la mode du récent succès d’Avatar.
Les théories expliquant ce fiasco vont bon train : on reproche à la 3D de ne pas mettre tout le monde sur un pied d’égalité, certains en ayant une meilleure perception que d’autres ; on pourrait aussi reprocher à Nintendo d’avoir été trop hésitant sur son concept, le joueur peut désactiver la 3D et de nombreux titres n’exploitent en rien, ou mal, les apports de cette technologie ; l’offre logicielle n’a pas non plus su convaincre, les éditeurs tiers désertent, Nintendo recycle…
La 2DS sort dans le monde en Octobre 2013. Comme éternellement en décalage avec notre société, c’est un mois plus tard que SEGA décide enfin de sortir en occident sa collection de titres rétro remis au gout du jour, les 3D Classics.
On aurait pu y voir comme une nouvelle tentative de refourguer les gloires d’antan pour encore nous grappiller vilement une poignée d’euros. On aurait pu croire que ce recyclage avait des odeurs de naphtaline, d’un SEGA qui n’en finit pas de mourir, et d’un constat amer de manque de créativité. On aurait pu y voir aussi que SEGA tente sans vergogne de profiter d’une grille de sortie désertique...
Et pourtant, la firme au hérisson bleu prouve une nouvelle fois qu’elle surfe éternellement à contre-courant, qu’elle sait parfois être là où on ne l’attendait pas et qu’elle confirme, s’il en était encore besoin, qu’elle n’a rien perdu de son identité d’éternelle ingénue.
Les 3D classics n’ont donc rien du postulat opportuniste auquel on nous a pourtant habitué à grands renforts de remakes HD et de virtual console, ils témoignent d’un amour respectueux, d’un souci du détail hors norme et d’un travail d’orfèvre.
M2, l’orfèvre
Derrière les 3D Classics, on trouve le studio indépendant M2, qui s’est forgé une très solide réputation en réalisant de nombreux remakes des classiques Sega et Konami qui témoignent d’une fidélité absolue envers le matériau d’origine. Naoki Horii, président de M2, confie que pour émuler à la perfection le mythique System 16 de SEGA sur PS2 (dans le cadre des compilations SEGA AGES) les développeurs ont été obligés de dévier l’utilisation du processeur gérant les I/O (Entrées/Sorties), un processeur cadencé à 33 Mhz, de sa fonction principale. En utilisant au plus bas niveau de programmation des processeurs qui n’étaient pas destinés à cette tâche, la qualité du son FM du System 16 était ainsi parfaitement restituée. Un travail de titan pour obtenir un résultat que seule une poignée d’irréductibles saura reconnaître… c’est le crédo de M2.
Lorsque SEGA confie le projet de produire des remakes de gloires d’antan à M2, la société a la volonté d’éviter les pièges de la "3D accessoire" et de donner à ses titres un niveau de qualité qui fait défaut à une grosse partie de la ludothèque de la 3DS. Ça tombe plutôt bien puisque dans le catalogue de l’éditeur, on trouve une poignée de titres désignés par un certain Yu Suzuki sur un hardware très particulier (le Sega X Board) et dont le vœu pieu était de restituer une impression fulgurante de 3D avec les limitations techniques de l’époque. La nostalgie aide un peu, mais ne retire rien aux effets garantis que procurait une partie de Space Harrier, d’Afterburner ou de Galaxy Force avec cette 3D colorée, parfaitement fluide et cette vitesse d’affichage qui offrait un dynamisme fou, au détriment peut être parfois de la lisibilité et d’un certain confort de jeu.
Peu importe, M2 s’efforce de respecter le concept de base des jeux, et souhaite offrir une expérience nouvelle à celui qui découvre Space Harrier ou Galaxy Force II en 2014. M2 va en quelque sorte concrétiser ce que Yu Suzuki avait initié en 1987, en permettant aux joueurs de s’immerger complètement dans ces univers extra-terrestres et frénétiques.
3D Classics - Saison 1
Pour le studio, la tâche va s’avérer plus complexe que prévue. Afin d’obtenir un effet de profondeur saisissant et réaliste, et surtout pour respecter le scrolling tel qu’initialement prévu par le développeur, il va falloir redessiner la quasi-totalité des éléments graphiques des jeux. La 3DS propose une qualité d’affichage qui pourrait afficher des sprites autrement plus fins que les originaux (3D Street of Rage et 3D Shinobi III renvoient aux plus belles productions 2D de la NeoGeo), mais il existe aussi un détail plus technique et complexe à gérer... Comme l’explique Yosuke Okunari (coordinateur du projet chez SEGA Japon), il était impossible de reprendre les « sprites » dessinés sur un seul plan en background, l’impression de 3D était faussée (ce qui empêche d’ailleurs la conversion de certains titres qui affichent des scrollings différentiels), il fallait ainsi redessiner plus finement chaque élément plan par plan, mais aussi les redimensionner pour respecter la perspective que les développeurs originaux avaient voulu donner aux décors. Non content de reproduire les jeux originaux aussi finement que possible, et avec le soucis du détail qu’on leur connait, M2 décide d’implémenter en option des features qui pouvaient, selon les cas, faire défaut au jeu original. Ainsi, Shinobi 3 se voit ajouter la fonction de dissocier le coup de sabre sur un bouton et l’envoi de shurikens d’un autre, Super Hang-On propose un mode World Tour, Sonic récupère le spin dash de Sonic 2, Ecco peut enfin obtenir l’oxygène infini (adoucissant considérablement la stressante expérience..), etc…
En plus de proposer un amour de 2D, de rendre un hommage aux artistes d’origine, d’exploiter comme jamais une 3D stéréoscopique saisissante et de remettre au gout du jour une sélection de titre d’une qualité indiscutable (exception faite d’Altered Beast, le vilain petit canard..), les 2D Classics se permettent même de proposer une expérience plus précise et jouable, gagnant largement en lisibilité, comme sur Space Harrier et Galaxy Force. Ce dernier, grâce à cette reconversion sur le tard, se révèle être un shoot-em-up de grande qualité, précis, technique et nerveux, tout à fait aux goûts du jour.
Au Japon, SEGA remet habilement le couvert avec une saison 2 qui verra arriver entre autres Fantasy Zone et surtout le mythique OutRun qu’on attend fébrilement.
Comme un ultime pied de nez du vilain garçon qu’est SEGA, les 3D Classics sont proposés pour la modique somme de 4,99 € chez nous… le même prix qu’une ROM NES parachutée sur le shop en 50Hz. A bon entendeur !
Il faut absolument parcourir les passionnantes interviews des créateurs sur le blog de SEGA (en anglais), ces gens aiment les jeux vidéos !!
Vos commentaires
meduz’ # Le 30 avril 2014 à 10:21
On le voit sur les captures d’écran dans l’eShop 3DS, le rendu est vraiment bon.
Personnellement, je passe mon tour : comme souvent avec SEGA, aucun des jeux disponibles actuellement ne m’intéresse. Mais le jour où ils font un Landstalker en 3D Classics, je me rue dessus !
Nicolas Deneschau # Le 30 avril 2014 à 11:10
Pour le coup, je trouve ça très bien que SEGA puise dans le catalogue de ses grands classiques de l’arcade. Je rêve d’une conversion de Alien 3 The Gun Arcade : https://www.youtube.com/watch?v=lLS...
Utilisant 3D et stylet tactile pour la visée.
Melicerte # Le 20 mai 2014 à 15:18
Rien à voir avec le sujet, mais parler de fiasco concernant les performances de vente de la 3DS, ça me paraît un tantinet exagéré.
nano # Le 30 mai 2014 à 20:59
Melicerte > Lorsque je parle de fiasco, je fais plutôt référence à l’arrivée de la 2DS et à l’aveu implicite de l’échec d’imposer la 3D.
En ce qui concerne les performances de vente de la 3DS, même si elles ne sont pas au niveau des espoirs que Nintendo semblaient placer en sa petite portable, elles ne sont pas du tout honteuse en effet.
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