Aujourd’hui c’est lundi, prolongeons donc le week-end en revenant à dimanche.
Hier, j’ai eu la chance de participer au jury du Rétro (No) Future Contest qui se déroulait dans le cadre du festival éponyme, à Cergy. Le sémillant Pierre Corbinais bien connu de nos lecteurs, avait effectué une pré-sélection d’une quinzaine de titres, tous d’un bon niveau.
Le thème imposé était le travail, et les contraintes particulièrement sévères. J’ai particulièrement apprécié le stressant Everyday I’m Working de Rémy Sohier (prix du public), le clone de Typing of the Dead à la Kolyma, Gulag Paradise d’Armel Gibson, ou le très beau jeu pour quatre joueurs 12$ de la Team Ewé (mention spéciale du jury). Et quel plaisir aussi d’essayer ces jeux sur les belles bornes construites spécialement pour l’occasion.
Mais quand il a fallu choisir un vainqueur, nous n’avons pas hésité bien longtemps : le premier prix est revenu au fabuleux Journalière de Mason Lindroth, peut-être le jeu le plus trippy du plateau. Un trip triste, mais d’autant plus poignant.
Je n’avais pas eu le temps de l’essayer avant, et je ne m’attendais pas à grand chose quand je me suis approché de la borne. Le joueur qui m’avait précédé s’était arrêté en cours de partie. Une petite voiture blanche était arrêtée sur une route noire, dans un paysage en noir et blanc, un paysage de pâte à modeler retravaillée avec un filtre graphique monochrome, façon jeu sur Macintosh des années 80. Pas de son. J’ai roulé vers le haut en essayant de suivre les virages, et puis je me suis rendu compte qu’on ne devait pas forcément rester sur la route.
Au contraire. Journalière est un jeu qui évoque les dérives du travail buissonnier : la travailleuse que l’on commande peut s’arrêter en route pour explorer une salle d’arcade ou de sport, des constructions alambiquées dignes du Facteur Cheval.... Un jeu onirique, à la forte identité graphique — voir le remarquable blog de l’auteur — qui nous invite à explorer les chemins de traverse avant d’arriver au boulot, arrivée qui marque la fin du jeu. J’ai terminé la partie d’une traite, et j’ai immédiatement enchaîné une seconde boucle afin de ne pas perdre une miette.
L’épure surréaliste des graphismes évoque certes Moebius, mais le jeu dégage une atmosphère très spéciale, une mélancolie glacée et un rien cruelle, cauchemardesque... Plus expérience que jeu peut-être, mais ne bridons pas notre plaisir à un qualificatif : Journalière est un trip d’une inquiétante étrangeté confondante, profond sans prétention, à essayer tout de suite.
Autres expériences trippy du dimanche : secouer les bras devant un kinect pour attraper des champignons, dans un jeu créé par des enfants pendant un atelier de l’association beauvaisienne Asca. Jouer au mégapsychédélobizarroïde Tetra avec son oeil qui clignote de toutes les couleurs.
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