Véritable événement depuis son financement sur Kickstarter, Indie Game : The Movie suit le destin de trois jeux indépendants bien connus : Braid et son créateur Jonathan Blow, Super Meat Boy et ses papas Edmund McMillen et Tommy Refenes, enfin Fez de Phil Fish. Sous une avalanche de tatouages et de musique cool, le film de James Swirsky et de Lisanne Pajot a fait le choix de présenter une galerie de personnages au détriment d’un message ou d’un engagement sur le jeu vidéo.
Le cinéma a toujours aimé les belles histoires comme celles de Indie Game : The Movie. Voyez un peu : ils sont jeunes, vivent encore chez leurs parents et sont sans le sou ; passionnés et doués, ils décident de changer les choses et de faire un jeu vidéo pour exprimer ce qu’ils ressentent. Les écrivains le font bien, souligne Refenes (Super Meat Boy), alors pourquoi pas moi ? Et il a raison, au fond. Les créateurs indépendants ont pris une part de plus en plus importante dans le jeu vidéo depuis 2008, avec le succès de jeux comme Audiosurf, Castle Crashers ou World of Goo sur des plateformes comme Steam, le Xbox Live Arcade et consorts.
« Trois "intrigues" qui ne s’écartent guère des clichés sur le jeu indépendant »
Nous sommes en 2010, Super Meat Boy et Fez sont encore en développement, et leurs auteurs jouent gros. Le premier s’apprête à sortir sur Xbox, avec le soutien de Microsoft qui va mettre en avant le jeu et ainsi lui assurer des ventes supplémentaires. Quant au second, il est toujours en chantier et Phil Fish risque à tout moment de perdre son bébé à cause de son ancien associé — dramatiquement présent dans le film sous forme d’une photo pixelisée pour des raisons légales. En parallèle, Jonathan Blow revient sur Braid, sa genèse mais aussi sa sortie et le succès que le développeur a très mal vécu. Ses apparitions, trop peu nombreuses, sont sans doute les plus intéressantes : le personnage a quelque chose d’un peu autistique et génial, se sentant victime d’un succès colossal, et vexé de n’avoir pas été compris par les joueurs, allant commenter tous les articles qui parlaient de son jeu.
Des 300 heures de rushes, les documentaristes ont tiré trois "intrigues" qui ne s’écartent guère des clichés sur le jeu indépendant : en guise de panorama de l’indie game, nous devrons nous contenter de trois jeux de plateformes très référentiels, sortis d’abord sur XBLA et qui rendent un hommage appuyé à l’âge d’or de Nintendo dans les années 80. Si Super Meat Boy vaut avant tout pour son gameplay et nous épargne un propos ou un message, les deux autres titres sont désormais célèbres pour les analyses et les réflexions sur les blogs et les sites du monde entier, y compris sur Merlanfrit.
« N’en jetez plus, nous avons compris »
La sélection opérée par James Swirsky et Lisanne Pajot — qui écrivent, montent, filment et éclairent le film — ne permet pas d’offrir une vue générale du jeu vidéo indé. Ils peinent à décoller de la succession de témoignages montés, et restent à flotter au ras du sol, décrivant des arcs de cercle autour des histoires personnelles de chacun, le tout filmé à grand renfort de flous, de travellings arty et de plans lourds de symboles, quand ils ne vont pas directement mettre en scène les interviewés comme cette pénible séquence où Phil Fish, accablé par les problèmes, coule au fond de la piscine de son luxueux hôtel. N’en jetez plus, nous avons compris : il ne s’agit pas de parler de jeu vidéo mais de filmer le combat entre une bande de Davids hipsters — tatouages, pilosité faciale étrange et grosses lunettes rondes — contre des Goliaths — ancien associé aux dents longues, joueurs haineux, géants du jeu vidéo, bref, les méchants.
Alors, on les écoute parler de leurs vies. Pourquoi faire du jeu vidéo ? Que veulent-ils dire ? La raison principale semble avant tout un amour du jeu vidéo. Les développeurs de Super Meat Boy voulaient faire un jeu qui aurait plu aux petits garçons de 7 ans qu’ils étaient, et Fish évoque sa passion avec énormément de justesse en montrant un jeu développé avec son père sur Macintosh en 93. Mais Indie Game : The Movie fait un pas de trop en versant dans le larmoyant. Si Blow reste — comme toujours — vague, les trois autres compères font pleurer dans les chaumières. McMillen a les yeux humides lorsqu’il parle de feu sa grand-mère qui a toujours cru en lui, Refenes remercie ses parents qui ont construit leur maison de leurs propres mains, à l’américaine, et Phil Fish évoque sa récente rupture et la leucémie de son père.
« Des séquences prenantes... parasitées par un pathos hollywoodien vu et revu »
Il y a pourtant des séquences prenantes : Fez qui plante sans arrêt au PAX, mais qui parvient à faire sourire et rire les visiteurs ; Blow qui explique comment une fois trouvée la mécanique principale de Braid, le jeu est sorti naturellement ; McMillen dont la plus grande fierté serait d’avoir fait rater l’école à un gamin grâce à Super Meat Boy. Mais ces instants sont parasités par un pathos hollywoodien vu et revu — texte "que sont-ils devenus" à la fin, jump-cut sur les larmes d’un développeur, dessins d’enfant, etc. —, à peine sauvé par une excellente musique de Jim Guthrie [1].
On pourra être ému par ce Confessions Intimes indie, mais il faut aussi prendre du recul sur le message qui passe entre les lignes. En dramatisant ces situations, le film les oppose à une industrie qui, elle, ne fait pas les choses avec le cœur, crée des jeux "parfaits" et "arrondis", sans "coins pointus" susceptibles de "blesser qui que ce soit", pour reprendre les propos de Blow. Tommy Refenes le dit dès le début : il ne veut pas travailler chez EA ou Epic, pour lui c’est l’enfer. Tout au long du documentaire, l’accent est mis sur l’humanité et la fragilité des développeurs indépendants, comme si de l’autre côté, les développeurs de Call of Duty : Black Ops 2 étaient des corps sans âmes qui ne crunchent jamais [2], dont les pères n’attrapent jamais la leucémie et dont les grands-mères vivent éternellement.
« Confessions Intimes indie »
Le film a cru que pour être touchant, il fallait être partial ; toute la complexité de l’industrie actuelle du jeu vidéo est gommée pour laisser place à ces vieux stéréotypes de l’artiste torturé qui souffre pour son art, et du génie de garage qui gagne des millions alors qu’il vit encore chez ses parents, costumes grotesques que les héros du documentaire endossent tour à tour. En montrant Fish débordant de colère pour Jason DeGroot, son ancien associé, l’insultant et le menaçant de mort, les réalisateurs pensent qu’on gobera son histoire et se permettent de réduire au silence la partie adverse. Toutefois, depuis la sortie du film, Shawn McGrath, partenaire de DeGroot défend une autre version des faits, notamment sur Twitter, et explique que l’absence de celui-ci n’a rien de volontaire mais résulte d’un choix des réalisateurs.
C’est sans doute là que Indie Game : The Movie montre sa plus grande faiblesse. En cherchant à dramatiser, il simplifie et aplatit son propos. Il occulte l’importance de la communauté du jeu vidéo indépendant, notamment des initiatives comme l’Humble Bundle ou l’IGF. Et à l’heure du succès colossal de Minecraft sur XBLA — juste retour des choses, non ? —, le documentaire fait l’impasse sur le rôle majeur de Microsoft — et sur celui des plates-formes de téléchargement en général. En ne parlant pas des ambiguïtés d’un système qui cherche à transformer un jeu indé en un produit comme les autres et en coupant ici et là des informations qui semblent cruciales — l’associé de Fish par exemple, la question du financement, les difficultés de publication sur le XBLA, etc. — Indie Game : The Movie se retrouve trop vite à côté de la plaque.
Indie Game : The Movie est disponible pour 7€99 ou 9$99 à [cette adresse] (ainsi que sur iTunes et, plus étonnant, sur Steam), avec sous-titres français.
À lire ou à relire :
- Notre texte sur la controverse de l’IGF.
- Deux textes sur Fez : un pour et un contre.
Notes
[1] Compositeur de Superbrothers : Sword & Sworcery EP récemment disponible dans le Humble Bundle V.
[2] Cruncher, dans le jargon de l’industrie, consiste à faire énormément d’heures supplémentaires, payées ou non, pour finir un projet. Cette situation est devenue critique et de plus en plus médiatisée.
Vos commentaires
Roots # Le 14 juin 2012 à 10:50
Excellente critique. Je trouve courageux de dire qu’un film n’est pas forcément réussi, même quand il aborde un sujet qui lui confère un capital sympathique presque assuré. Même si chacun de ces créateurs divise, il est clair que le film était vanté avant même sa sortie par pur militantisme.
Le jeu vidéo commence à souffrir du même mal que le cinéma, avec un écart qui se creuse entre les blockbusters AAA aux budgets incontrôlables (et qui ne peuvent être épongés qu’à coût de DLC) et les petits jeux indépendants qui créent une paupérisation du milieu en échange d’une liberté artistique. Et encore, le star system qui se développe autour de ces trois créateurs entraîne un certain formatage : jeux de plateforme ultra-référentiels, pixelart, difficulté gonflée par pur snobisme, etc. Ce formatage rappelle d’ailleurs le cinéma indépendant américain, et tiens, tiens, ce film a été récompensé au festival Sundance. -_-’
Gib # Le 14 juin 2012 à 10:51
A partir du moment où les réalisateurs ont choisi de faire de leur film un triple ( quadruple en fait ) portrait de développeurs de jeu indé , je vois pas comment on peut leurs reprocher d’être "partiaux". Ils ne font que filmer Fish qui raconte ce qu’il veut ( et qui au final est suffisamment incohérent pour qu’on se pose des questions sur sa version des faits ). Ya pas de point de vue d’ensemble de la situation, ni de recherche d’exhaustivité/objectivité. C’est pas un docu sur l’affaire Polytron, mais sur Phil Fish et son jeu.
L’article est comme d’hab agréable à lire, mais va chercher les dramas un peu loin.. Et au passage la moindre des choses quand on écrit sur un sujet c’est de bien se renseigner. Shawn McGrath n’a jamais été l’associé de Phil Fish, de son propre aveu l’a à peine rencontré, et c’est pas du tout de lui dont on parle dans le film. La personne en question est Jason DeGroot, qui a co-fondé Polytron avec Fish ( et qui était musicien ). Depuis les deux se sont embrouillés autour de trucs légaux et sur la propriété de Fez. Il se trouve que maintenant DeGroot travaille sur DYAD avec Shawn McGrath, qui défend donc son pote sur Twitter. Mais DeGroot n’a ( pour l’instant, ou alors genre cette nuit ) pas fait de commentaires sur le film.
Martin Lefebvre # Le 14 juin 2012 à 10:53
Merci pour ton commentaire, on va corriger.
Gib # Le 14 juin 2012 à 10:53
Partiaux, pas partials, la honte...
Anthony Jauneaud # Le 14 juin 2012 à 10:58
Au temps pour moi, le compte Twitter semble être géré par McGrath et comme il continue (encore maintenant) à revenir sur le traitement qu’il est fait de la situation dans le film, j’ai pensé qu’il était ce fameux "associé" mystère. Nous allons corriger.
Et le film est partial car il ne prend pas un panel large de développeurs, on retombe sur trois jeux assez proches dans l’idée que l’on peut se faire de la scène indé en ce moment (idée fausse bien évidemment). Il y a un décalage entre la promesse — faire un film sur les développeurs indépendants — et nous pondre un film qui s’entiche à montrer des fragilités et des difficultés que tout le monde vit dans le jeu vidéo actuel, indépendant ou pas indépendant.
Chloé # Le 14 juin 2012 à 10:58
Je résume le propos : tu n’as pas aimé l’angle "humain" choisi par les réalisateurs. Ils ont fait le choix de s’arrêter sur des portraits de créateurs plutot que d’expliquer une industrie. Ils ont préféré le docu-portrait au docu-reportage. L’avantage du premier, c’est qu’il touche beacoup plus de monde : je sais que je pourrais faire regarder ce film sans souci à ma mère, par contre si ca avait parlé de Steam, financement et XBLA elle partirait en courant. C’est plus facile de faire entrer les gens dans un sujet via l’humain...
C’est un choix d’angle qui a ses qualités (touche un plus grand public) et ses défauts (parfois larmoyant). On adhère ou pas, perso j’ai passé un très bon moment devant ce film, puisque j’ai beaucoup plus entendu parler des jeux que des hommes avant de le voir. Après c’est sûr que si on s’attendait à un "Cash Investigation" de la scène indé, je comprends qu’on puisse être déçu, mais il me semble que les réalisateurs ne l’ont jamais vendu comme ça (à vérifier cependant).
A titre personnel, je pense que les réalisateurs ont fait un bon choix en ouvrant le film à un plus large public. Pensons au joueur lambda : ça lui permet de découvrir l’existence de cette scène là, de ces jeux là, et peut-être qu’il ira plus fouiner dans la section Arcade/Indé de sa Xbox. Et même s’il n’y va pas, au moins saura-t-il que cela existe. C’est déjà un premier pas.
Martin Lefebvre # Le 14 juin 2012 à 11:00
@Gib Pour la peine je te paye une correction dans ton post original, c’est de bonne guerre. :)
Ce qui l’est moins c’est le principe du documentaire hagiographique avec un seul point de vue... D’accord, c’est un choix des metteurs en scène, mais est-ce le bon ? Ils auraient peut-être mieux fait de remettre les déclarations en perspective au lieu de filmer langoureusement des hipsters poilus et tatoués qui caressent leur iPad avec une musique constante et déplacée. :)
Anthony Jauneaud # Le 14 juin 2012 à 11:02
Merci pour tes remarques Chloé. Ma question est fallait-il pour mettre en avant ces jeux être aussi condescendant avec le reste de l’industrie ? Ainsi que : est-ce que les non-joueurs, les non-geeks et les non-hipsters vont voir Indie Game : The Movie ?
J’ai l’impression d’être face à un Michael Moore — à la fois c’est intéressant car il explique et éclaire et peut faire changer les choses ; mais en même temps il est parfois tellement malhonnête que cela vient presque nuire à sa cause et aux idées qu’il défend.
Pierre-Léo Bégay # Le 14 juin 2012 à 11:07
En même temps, j’ai vraiment pas eu l’impression en regardant le film que la scène indé était son propos, mais plutôt son support pour toucher un autre sujet, à savoir la création (peut-on dire l’acte de création ? J’ai peur de mal utiliser cette expression), et de ce point de vue le roaster de créateurs est très bien vu. Blow intellectualise et théorise la chose, Fish en montre les difficultés humaines, Tommy truc les difficultés pratiques et McMullen l’étrange ivresse qu’on en tire.
Alors oui, c’est un documentaire grand public à l’américaine, le public de merlanfrit n’apprendra probablement rien sur le jeu indé et les ficelles sont grosses comme moi, mais j’ai eu par moments l’impression de ressentir toute la gammes d’émotions positives et négatives que vivent les créateurs (dans leur globalité, et pas seulement ceux du film. En tout cas j’imagine), ce qui est franchement pas mal. Il a même réussit à me faire penser pendant une seconde que Phil Fish n’était pas un connard, c’est te dire à quel point c’est efficace.
Martin Lefebvre # Le 14 juin 2012 à 11:07
@Chloé
En gros tu nous expliques que le film est une pub pour le XBLA plus qu’un documentaire. Je crois que c’est justement ce qu’on peut lui reprocher, d’autant qu’il en a bien l’esthétique.
On peut aimer le jeu vidéo, y compris indé, sans pourtant toujours vouloir en faire la promotion, sans gommer les zones d’ombre, non ? On peut très bien aimer Fez par exemple, sans nier que son développement a été merdique (et pas juste parce que Fish est un romantique qui souffre), et qu’il a bénéficié de beaucoup de connivences, etc.
Chloé # Le 14 juin 2012 à 11:15
Pour le public, je pense que c’est assez simple d’amener le joueur lambda à voir le film : "eh, c’est un docu sur des mecs qui font des jeux vidéo". Hop voilà vendu, au pire tu leur prêtes le fichier (merci l’absence de DRM). Pour les béotiens du jeu vidéo, ça va être plus dur, mais n’oublions pas que chacun d’entre nous peut faire un travail d’évangélisation autour de lui :)
Après oui je comprends l’argument "ça fait les gentils contre les méchants", mais en même temps ne passons-nous pas notre temps nous aussi à taper sur les gros de l’industrie qui font des jeux sans âmes et qui exploitent leurs salariés à coup de crush et de licenciements de masse ? :)
Chloé # Le 14 juin 2012 à 11:20
Tout d’accord avec Pierre-Léo, et on en revient au point de départ, le choix de l’angle.
@Martin : pub pour Microsoft je ne pense pas vu tout ce qu’ils se prennent dans la tronche dans le passage du lancement de Super meat boy. De même pour Fez, on comprend bien en filigrane qu’un jeu qui met des années à se faire et qui se présente buggué à une présentation publique a eu des sérieux problèmes de développement derrière lui.
Pierre Gaultier # Le 14 juin 2012 à 11:38
Pour mieux comprendre les choix des réalisateurs, on peut lire cette interview :
Perso, j’aimerais bien qu’ils diffusent toutes les scènes coupées qui faisaient partie du premier montage de 3h.
Martin Lefebvre # Le 14 juin 2012 à 11:39
Le discours sur la création, le problème c’est que c’est tout de même un chemin bien balisé et surtout extrêmement épineux... Les créateurs ne sont pas toujours les plus à même de parler de leur création, parce qu’ils peuvent être fort naïfs, et qu’ils manquent de recul. Et puis le film se prétend lui aussi création avec ses effets très travaillés... Je sais pas, s’il s’agissait de donner la parole aux dévs, un entretien en plan fixe ou alors un truc moins monté aurait mieux fonctionné... S’il s’agissait de causer de la création, un peu plus de recul aurait été de mise...
Sinon tu as raison Chloé, ce n’est pas une pub pour le XBLA en tant que tel, mais c’est tout de même marrant que les indés en question aient tous été publiés par Microsoft... Je veux bien que ce soit une réalité du JV indé, et que les relations avec MS soient pas au beau fixe (Blow est assez critique aussi), mais ça contribue à l’atmosphère David contre Goliath que pointait Antony, et encore une fois ça manque de distance réflexive parce que les réals se regardent filmer.
@Pierre : le storytelling, quelle plaie tout de même...
Pierre Gaultier # Le 14 juin 2012 à 11:43
(ah, les scènes coupées seront dans l’édition spéciale, en fait. 70$, bordel...)
Martin Lefebvre # Le 14 juin 2012 à 11:44
Le storytelling et l’esprit d’entreprise donc... Quelle parodie ! :D
Pierre Gaultier # Le 14 juin 2012 à 11:45
@Martin : ouais, mais si tu veux que les gens en aient quelque chose à faire de ton film (qu’il s’agisse d’un docu ou d’une fiction), il est fort difficile de se passer de dramaturgie. Et il faut bien faire des choix quand on a des centaines d’heures de rushes...
Martin Lefebvre # Le 14 juin 2012 à 11:59
Certes, mais rien ne t’oblige à faire les mauvais choix. La dramaturgie n’excuse pas la paresse intellectuelle et l’absence de recul critique.
Résumer l’indie game à une success story capitaliste très rêve américain + les affres du créateur c’est pas vraiment ma came...
Pierre Gaultier # Le 14 juin 2012 à 12:40
Tu as vu le film ?
Boulapomme # Le 14 juin 2012 à 15:06
Comme Pierre ou Chloé, je ne crois pas du tout à la paresse intellectuelle : c’est juste un choix d’angle et de personnages. Il ne veulent pas tant raconter les embrouilles et les obstacles que la façon dont les devs y réagissent (avec les yeux mouillés et les bras d’honneurs). C’est un peu trop mis en scène par moment, mais c’est pas du docu vérité à la Depardon ou à la Carles, c’est une sorte de porte d’entrée à la scène indé pour un public étranger (même si les connaisseurs se ruent dessus pour voir, forcément).
Quant au recul critique, je ne crois pas que ce soit essentiel pour parler d’un sujet, surtout quand tu n’es pas journaliste. Il y a des tas de films/livres qui traitent d’un sujet de manière partiale, ça ne les empêche pas d’être très intéressants et bien réalisés/écrits. L’exhaustivité, c’est beau et idéal, mais trop souvent, c’est une impasse qui rend ton oeuvre aride/boursouflée/chiante.
Martin Lefebvre # Le 14 juin 2012 à 18:34
Je dis pas, les créateurs sont plutôt touchants par moment... Ils m’inquiètent un peu à être resté bloqués dans l’enfance (ces références à Nintendo, c’est limite creepy quand on y pense...). Mais je trouve tout de même que la mise en scène est extrêmement manipulatrice... Je comprends bien que c’est pas évident de rendre sexy des mecs dont le taf est de passer leurs journées devant des écrans, mais bon...
Ca doit être mon côté "Contre Sainte-Beuve". :)
NicolasEV # Le 17 juin 2012 à 12:38
Ce docu ouvre une porte sur "le reportage d’une scéne indé de jeu vidéo" et c’est tant mieux.
A quand la même ambition en France ? ;)
Martin Lefebvre # Le 17 juin 2012 à 14:30
On n’attend que toi, Nico ;)
Rudy # Le 21 juin 2012 à 01:39
Pas encore vu, mais ton article me fait craindre le pire : un "docu" bourré de phrases dont seuls les artisans de la TV réalité ont le secret. "Et là, c’est le drame !".
Je ne vois pas l’intérêt d’avoir fait un film qui s’appelle "Indie game : the movie" si c’est pour se pencher sur le spleen de 3 créateurs de jeux, plutôt que sur les problématiques de réalisation et l’accomplissement de leur création.
Je vais faire l’effort de le regarder en espérant ne pas me tailler les veines pendant le visionnage.
Au cas ou, je vous dis adieu !
glm # Le 25 juin 2012 à 23:23
Désolé, mais il est très bien ce doc. Le seul problème, c’est que si t’as jamais bossé sur un jeu, tu peux pas vraiment comprendre... enfin, c’est pas vraiment de la compréhension, c’est + de l’empathie.
Tous ces moments difficiles de la production sont assez compliqués à expliquer, et je trouve que les réals s’en sont plutôt bien tiré...
Anthony Jauneaud # Le 26 juin 2012 à 01:26
Il se trouve que je travaille dans l’industrie du jeu vidéo, dans un studio de petite taille. Alors bien sûr je n’ai pas misé tous mes sous dans le projet et je n’ai pas le diabète mais je pense pouvoir comprendre — d’ailleurs je suis sûr que n’importe qui d’un peu intelligent est capable de comprendre — l’empathie. Encore une fois le problème ne vient pas des développeurs mais de la manière dont le film est montré ; il cherche à te faire pleurer en rajoutant sur les détails inutiles au lieu d’aborder le sujet important et primordial à mes yeux.
Damien # Le 30 juin 2012 à 14:25
Excellente critique, même si je ne le rejoint pas du tout sur le fond !
Comme d’autres commentateurs ici, personnellement j’ai adoré ce film. Alors certes, comme toute personne ayant entendu parler du projet sur Kickstarter, je suis déçu qu’il aient finalement choisi de ne suivre que deux jeux, et qui plus est pas forcément les meilleurs jeux indés à mon gout. Je trouve aussi que le titre du film tente de le faire passer pour ce qu’il n’est pas (à savoir un docu sur la scène indé).
Mais une fois qu’on a compris qu’il s’agit tout simplement d’une "tranche de vie" de trois artistes qui ont pour passion de créer des jeux vidéo (et ils auraient pu aussi bien faire de la peinture que le film en serait aussi intéressant), alors là on passe un très bon moment devant ce film (en tout cas moi je me suis régalé). Même si le choix des jeux et des créateurs mis en avant peut être discuté, je pense qu’on ne peut pas nier que les quatre protagonistes du film ont en commun le fait d’avoir quelque chose d’intéressant à raconter. Que les réalisateurs aient un peu forcé le trait ne les rend pas pour autant inintéressants.
Même si ce film est loin d’être "parfait", je pense que la plupart des reproches qui lui sont fait portent avant tout sur le projet initial qu’il aurait du être (un documentaire exhaustif sur la scène indé) que sur le film qu’il est réellement. (pour plus de détails, cf ma propre critique de ce film : http://www.ludoscience.com/FR/blog/...)
Mr_Mechant # Le 31 juillet 2012 à 02:44
Comme d’autres par ici j’ai beaucoup aimé ce documentaire, pas forcément pour son côté indé, mais surtout pour le rapport Homme/machine qui est rendu plus limpide pour le spectateur lambda. Après les points de vue des intervenants voilà je m’en fout un peu, ils le donnent tant mieux, ça fait un peu angry nerd mais ça me gène pas tant qu’ils font des bons jeux.
Je pense que si on est pas trop con on arrive à faire la part des choses, et comme le dit Chloé c’est du docu-portrait, or ils auraient pu nous placarder la chose de voix-off balançant des chiffres sans queue ni tête pour embobiner le public, et ils l’ont pas fait.
Tavrox # Le 7 août 2012 à 12:21
Merci pour cet article, il est très intéressant et va à contre-courant de ceux qu’on peut lire ici et là. Pourtant, il ne me plaît pas trop, car je le trouve aussi démago que sa critique. Je n’ai jamais regardé confessions intimes, mais ça a une connotation négative dans le sens où on ne peut parler des gens et de leur état d’âme sans que ce soit intéressant.
Car je trouve que c’est là la qualité du documentaire, il montre ce côté David contre Goliath, qui est une réalité pour ces développeurs qui sont 3/4 et qui sortent un jeu avec peu de fonds. Vous travaillez dans le jeu vidéo, vous savez donc que les fonds pour un jeu sont conséquents, alors que ces mecs là partent pratiquement from scratch. Parce que faire un jeu vidéo de qualité, à deux ou trois, avec très peu d’argent, sans garantie que ça va marcher est peut être le plus grand challenge qu’un développeur peut se fixer.
C’est du pathos qui n’est pas feint... Je trouve cet article, même si bien argumenté, un peu réducteur :/
Je n’arrive plus à trouver cet article sur Gamasutra où des dev indé parlaient de la sortie d’un jeu sur iphone, ils avaient gagné environ 10% de ce qu’ils avaient investi en matière d’argent, et encore eux étaient une structure d’une entreprise d’une dizaine de personnes...
Ensuite, l’article est une critique sur la forme, mais cette forme est pour moi tout à fait justifiée, car elle met bien en évidence la difficulté d’être un indépendant. La scène de la piscine évoque cette idée de bulle dans laquelle on s’enferme, pendant un temps, avant d’émerger et de voir ce que le monde va vous proposer.
Jonathan Suissa # Le 28 octobre 2012 à 11:14
Trop imprécis, partiel, partial et influencé (par les metteurs en scène) pour être considéré comme un documentaire.
Trop proche de nous les joueurs (le sujet du film) et trop éloigné de la réalité qu’on connait (le résultat/ce qu’on voit à l’écran) pour :
1) être considéré comme une fiction crédible par nous les joueurs
2) donner une vision fidèle de ce que sont les jeux indé aux non initiés (ils seront emballés par le film et déçus par la réalité)
Reste une agréable et émouvante fiction pas trop crédible mais qui émeut volontiers grâce à des témoignages authentiques (pour certains), et des déformations agréables de la réalité (Jonathan Blow se dit déçu que la majorité des joueurs n’ont pas compris le jeu, et malgré une moyenne de 93 sur metacritic, y’a personne pour le lui reprocher ! BONHEUR du cinéma qui permet de faire passer pour consensuel un point de vue très subjectif et partagé par peu de gens ! :D)
Martin Lefebvre # Le 28 octobre 2012 à 12:12
Non mais Blow est assez grave : en gros sur Braid il en veut aux gens qui ont aimé le jeu, mais pas comme il l’aurait voulu. Je crois qu’il était vénér contre Soulja Boy notamment, qui avait pas mal contribué au buzz sur le jeu avec cette vidéo. Bon je veux dire elle est marrante cette vidéo, et elle montre bien le côté ludique de Braid... Mais c’tait pas assez pour JB.
Ca et puis son côté "vous ne comprenez pas le jeu, il y a un message, je ne vais pas l’expliquer..."
Je veux dire Braid est un jeu très novateur et très bien pensé, mais Blow se croit un peu trop sorti de la cuisse de Jupiter...
Jonathan Suissa # Le 28 octobre 2012 à 17:24
Ouais, et je trouve ça génial qu’on l’écoute et qu’on le laisse se prendre pour le plus grand Auteur, le seul, des jeux vidéo. Une anomalie comme il en existe assez peu au final. David cage, lui, s’en prend plutôt aux "petits joueurs" de studios français qui n’ont pas assez d’audace et pas assez de soutiens de la part de Sony... Beaucoup moins cocasse qu’un Blow, qui fait des conférences dans des facs pour expliquer aux développeurs qu’il faut développer des jeux en se demandant Pourquoi plutôt que Comment !!!
Je bois ses paroles de nouveau Malraux américain, la sénilité en moins... ;D
Jonathan Suissa # Le 28 octobre 2012 à 17:28
(Il est peut-être prétentieux mais franchement moi j’ai adoré me prendre la tête sur le sens de Braid : http://zeroinfinite.wordpress.com/c... )
Martin Lefebvre # Le 28 octobre 2012 à 18:06
Je me disais bien que ton nom me disait quelque chose. C’était donc parce que tu publiais sur Zero Infinite.
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