Hier, Electronic Arts a dévoilé un des tous premiers DLC de SimCity : une station de recharge pour voiture électrique à l’effigie de Nissan. Bien que gratuit, ce petit bâtiment semble sceller le sort de cet épisode décrié... et résume en quelque sorte tous les égarements de cette génération.
Il y a quelque chose de joliment ironique dans l’affaire SimCity : le PC, brandi comme terre de liberté, là où sont nés les développeurs indépendants, voit débarquer d’un coup d’un seul les plaies d’Egypte du jeu vidéo en un seul et même objet. DLC, DRM, publicités, achats in-game, multijoueur forcé, online obligatoire et bugs à foison. Ils sont tous là. Je n’ai pas joué à SimCity et je ne le ferais probablement jamais ; dès le moment où le jeu a été annoncé, il y avait dans l’air quelque chose de louche, avec cette novlangue marketing que tous les éditeurs maîtrisent désormais. SimCity sera le retour tant attendu par les fans. SimCity sera accessible à tous et en même temps profond. SimCity sera beau. SimCity sera exactement comme vous le voulez. Promis juré.
La réalité est moins dorée : la sortie du jeu a été globalement catastrophique, les serveurs saturés et EA a géré ça comme personne, menaçant de bannissement certains comptes tout en offrant des jeux de l’autre côté. Les joueurs — et internautes — se sont lâchés sur les réseaux sociaux, les sites spécialisés, Metacritic ou encore Amazon, accablant SimCity de tous les maux. Le meilleur moment de ce feuilleton est sans nul doute la succession de deux événements, tout d’abord les dires répétés des développeurs qui rappelaient que le jeu ne pouvait en aucun cas fonctionner offline, immédiatement suivi par une version offline presque complète grâce à des bidouilleurs de génie [1]. Bref, une sortie ratée, bien pire que la fameuse erreur 37 de Diablo III, sorti il y a presque un an maintenant.
Les mots doux de Electronic Arts à l’époque de l’annonce de ce SimCity sonnaient étrangement dans nos oreilles. Les mea culpa, la volonté de faire oublier le triste SimCity Societies des mémoires, de revenir au cœur du sujet en faisant plaisir au fan, bref, tout semblait légèrement trop beau pour être vrai. "There ain’t no such thing as a free lunch" disait Milton Friedman, qui ne faisait que résumer un concept simple comme bonjour : rien n’est jamais gratuit. Les repas offerts au XIXème siècle dans certains restaurants américains avaient pour but de pousser les clients à consommer de l’alcool. Cela continue encore aujourd’hui, des cartes de fidélité dans les magasins aux réductions extravagantes sur certains sites.
Non, rien n’est jamais gratuit et les doux mots de Electronic Arts en 2012 n’étaient pas là pour nous faire plaisir. Il s’agissait de nous faire précommander le jeu, il s’agissait de faire pré-acheter le jeu et de s’assurer un certain nombre de ventes avant que les premiers tests et les premières récriminations ne débarquent. Rock Paper Shotgun en parlait il y a quelques semaines pour “fêter” la sortie conjointe de SimCity et de Aliens : Colonial Marines mais il n’est pas le premier, ni le seul, à tenter de faire réagir les foules.
Car voilà le vrai problème derrière ces tristes exemples : les éditeurs tentent de modifier notre façon de consommer le jeu vidéo. Il ne s’agit plus d’acheter un produit terminé et entièrement disponible, il s’agit de le faire pré-acheter avant sa sortie puis de vendre des bouts de jeu après. Un des objectifs est de réduire le marché de l’occasion, en créant l’envie, en se concentrant sur le dématérialisé ou créant les pass, obligatoires pour profiter du online. Cette modification est naturelle, elle est la résultante d’une augmentation des coûts, d’une mutation de l’industrie. Les DLC y participent aussi, en mal et en bien, permettant d’occuper les développeurs entre la fin de la production d’un projet et le début d’un nouveau au lieu de licencier tout le monde : 300 personnes sont nécessaires à la production d’un titre AAA mais seulement un dixième le sont pour la conception, nécessaire à tout projet.
L’industrie change mais nous ne le voyons pas — ou alors nous ne le comprenons pas. Pour de nombreux joueurs, un jeu vidéo est un produit comme un autre et les voir se plaindre des génériques interminables à la fin des jeux prouvent bien l’incompréhension qui règne. C’est sur ce malentendu que les éditeurs — dont le but final reste de faire de l’argent, il faut encore et toujours le rappeler — viennent jouer désormais. SimCity est peut-être un très bon jeu (même si tout le monde n’est pas de cet avis), il n’en reste pas moins qu’en l’achetant et en y jouant régulièrement, les joueurs participent plus ou moins passivement à la nouvelle stratégie d’Electronic Arts. La station de recharge de Nissan est sans doute un DLC gratuit pour le joueur mais c’est avant tout une publicité et doit être traitée comme telle. On bloque les pubs sur des sites Internet de qualité mais on s’empressera de télécharger ce bout de code. La description du bâtiment est elle-même furieusement douteuse :
Installez la nouvelle station de recharge gratuite de Nissan LEAF® disponible aujourd’hui. Ce nouveau bâtiment est le point de départ parfait pour construire une ville qui conduira vos Sims sur la route du bonheur ! Lorsque vous installerez cette station de recharge, une onde de bonheur profitera au voisinage et les Sims qui l’utiliseront seront plus heureux. Autre bonus, ce bâtiment ne produira aucun déchet !
Bâtiment fantôme, qui ne produit que du bonheur, sans consommer quoi que ce soit (même pas de l’électricité, Nissan et EA doivent partager leur secret sans attendre), cette station de recharge magique est une étape supplémentaire dans l’indicible horreur. Ces derniers mois ont sans doute été les plus durs. On peut citer la pérennisation de services supplémentaires lourds et inutiles (Origin pour EA, Uplay pour Ubisoft) qui ne sont pas là pour réellement concurrencer Steam ou Desura, mais bien pour attirer le joueur et le garder dans un environnement maîtrisé à 100% — le consommateur ne gagne pas grand chose au final. On peut remarquer la triste apparition des premiers DLC sur Nintendo 3DS et WiiU, de la part d’un éditeur qui a toujours clamé haut et fort leur inutilité et leur manque de respect vis-à-vis des joueurs. On peut bien sûr noter la possibilité d’acheter la totalité des compétences, objets et bonus du multijoueur de Assassin’s Creed III le jour même de sa sortie (et donc être plus techniquement plus puissant que les autres joueurs) voire les micro-transactions de Dead Space 3, sur le même principe qu’un énième free-to-play.
Et puis comment oublier le marketing puant du récent Tomb Raider qui pour relancer la franchise n’a pas hésité à jouer la jeune femme en débardeur déchiré, enchaînant les accidents sanglants, les tentatives de viol et les petits cris ? Le tout bien sûr sans manquer de piétiner les épisodes précédents, revenant régulièrement sur les piètres qualités d’écriture, le manque de profondeur du personnage de Lara Croft ou les combats misérables. Autant reprocher à un Mario de ne pas être aussi bien écrit, profond et bourré d’action que Uncharted. Que ce soit avant la sortie du jeu ou après, les éditeurs ne reculent plus devant rien. Il y a les Doritos et les voyages inutiles à l’autre bout de la planète pour les journalistes et puis il y a les trailers, les teasers de trailers, les collectors hors de prix, les éditions limitées et autres joyeusetés du marketing pour les joueurs, moutons à la toison d’or, revenant encore et encore se faire tondre à chaque sortie. Vous, moi, tout le monde. Sans exception.
SimCity, finalement, n’est que le rejeton d’un jeu de 2012, celui qui a prouvé par A+B que les joueurs étaient mûrs pour la tonte : Diablo III et son hôtel des ventes, parfait exemple d’un game design tué par sa monétisation (depuis regrettée par son directeur créatif), qui tuait le loot, modifiait en profondeur le jeu et forçait le joueur à une connexion constante, source de nombreux problèmes, de lags [2] et de déconnexions irritantes. Cet hôtel des ventes sera d’ailleurs absente des versions consoles prévues pour cette année. La boucle est bouclée. L’ironie est presque totale : les consoles ont donné le ton, les joueurs ont suivi, le PC s’y engouffre, sa supériorité technique capable d’encore pire. Aucune plateforme ne sera épargnée.
Il n’est pas encore l’heure de faire des prédictions. Activision Blizzard, Ubisoft, Square Enix Eidos, Electronic Arts et tous les autres éditeurs ne font pas encore rouler leurs tanks sur nos crânes blanchis par une guerre nucléaire. Mais il est encore temps de réagir et d’acheter de façon responsable, au bon moment, dans les bons endroits, pour les bonnes raisons. Et il est surtout encore temps de se respecter.
Notes
[1] Il faut aussi rappeler la superbe position de Polygon, le site aux jolis reportages mais aux reviews à la rue, qui ont tout d’abord mis un 8 au jeu, avant de baisser la note devant la colère des utilisateurs.
[2] Combien de fois n’ai-je pas perdu la vie bêtement parce à cause d’un lag idiot face à un ennemi de base peu puissant ?
Vos commentaires
Aer # Le 4 avril 2013 à 10:37
Je disais l’autre jour que je lis rarement votre site, il s’avère qu’aujourd’hui me prouvera tord. C’est marrant parce que ça rejoint la discussion précédente. Il semble que, bien que les joueurs soient murs, ils commencent doucement à prendre conscience d’à quel point ils sont prit pour des cons. Et ce n’est pas trop tôt.
Mais tout le monde s’est jeté sur Heart of the Swarm, no soucy.
jayer # Le 4 avril 2013 à 10:52
Je suis d’accord sur toute la ligne sauf pour tomb raider, ok le jeu est "facile" mais c’est un très bon remake qui permet de repartir sur de nouvelles bases
Setsunael # Le 4 avril 2013 à 11:02
Un article trés intéressant à lire , merci !
Concernant la note sur Polygon : SimCity est passé de 9.5 à 8 à 4 et finalement à 6.5 (et probablement à 1d100/10 d’ici peu) . Girouette.
Enfin, les indies et leur nouvelle maison chez Sony vont peut-être offrir une porte de sortie à ce bazar ...
Yann # Le 4 avril 2013 à 11:02
Voila maintenant plusieurs années que je boycotte EA en refusant d’acheter leurs jeux. Ca a commencé avec l’arrivée d’Origin (et le passage obligatoire par celui-ci), et depuis leur politique ne fait que confirmer que j’avais raison.
J’espère secrètement que d’autres joueurs font comme moi et qu’un jour EA ouvrira les yeux, mais malheureusement je ne suis qu’un grain de sable dans un désert de moutons, et vu les ventes de leurs jeux, je n’ai que peu d’espoir.
faelnor # Le 4 avril 2013 à 11:10
C’est assez rare et ça fait plaisir de voir quelqu’un qui a suivi les différentes affaires de bout en bout et dont je partage l’analyse. Il y aurait tellement à dire encore pour appuyer ces propos, des petites phrases des pontes de gros studios aux comportements des grands reporters du JV.
Depuis (grosso modo) la sortie de la génération actuelle de consoles, c’est l’émergence du jeu comme un business connecté, social et dynamique qui ne connaît pas encore l’auto-critique. Les grosses productions ne sont plus des objets monolithiques que vont s’approprier les joueur seuls dans leur coin, mais des environnements prêts à recevoir du contenu payant présenté comme personnalisé, où tout est fait pour profiter au maximum de l’envie et de la crédulité d’un marché qui émet encore trop peu de jugements sur la qualité du contenu. C’est un cercle vicieux bien sûr entretenu par le marketing, les salons, le traitement des journalistes, l’excuse du piratage, etc. En ce sens, le jeu vidéo devient un divertissement "mûr" où les grosses productions se rapprochent de ce qui se fait au cinéma.
Mais, comme au cinéma, on voit l’émergence de productions non-Hollywoodiennes, indépendantes, avec des moyens de plus en plus importants. La génération Kickstarter voit bon nombre de passionnés créer leur jeu rêvé pour une fraction du coût d’une production AAA, c’est à mes yeux par là que viendra le renouveau du jeu vidéo réfléchi et de qualité. Comme partout, Kickstarter aura son lot d’attrape-nigauds et de déceptions, mais s’il y a un endroit où trouver les expériences nouvelles, confinées et pleines d’inspiration de notre jeunesse, c’est là qu’il faut désormais chercher. L’industrie telle qu’elle se définit aujourd’hui, pour les joueurs anciens que nous sommes, c’est terminé.
JackMLantern # Le 4 avril 2013 à 11:11
Très bon article sur un serpent de mer du JV mais toujours aussi furieusement d’actualité. Il est juste dommage de ne pas intégrer dans ce cercle vicieux certains acteurs beaucoup plus pernicieux : les sites testant ou "newsant" les JV. Quand on voit la politique éditoriale de certains médias JV, devenus des vrais supports marketing des éditeurs, on se dit qu’on va avoir le droit, de plus en plus, à ce genre de produits puisque même certains "critiques" légitiment cette vision du JV (on va pas citer Gameblog mais y penser bien fort quand même).
Laurent J # Le 4 avril 2013 à 11:13
Franck Gibeau, l’un des pontes d’EA, vient de déclarer que les DRM étaient "une impasse stratégique non viable pour l’industrie du jeu". Il y a de l’espoir.
Pas sûr de comprendre le lien avec Tomb Raider, par contre...
Authanym # Le 4 avril 2013 à 18:47
"acheter de façon responsable, au bon moment, dans les bons endroits, pour les bonnes raisons. Et il est surtout encore temps de se respecter."
j’ai toujours une assez haute estime de moi-même quand il s’agit de mes goûts, Non mais quel toupet ! respecte toi toi même ! ...salaud !!
Kalibaouche # Le 4 avril 2013 à 21:03
Ce qui me tue surtout, c’est les DRM qui remplaçent les nombreuses features qu’on débloquait en avançant dans la complétion du jeu (voire en s’acharnant), et ce, dans quasiment tous les jeux de génération actuelle. On a troqué des durées de vie conséquentes et la satisfaction d’avoir réussi l’exploit de débloquer du contenu contre du multijoueur et des graphismes next-gen (qui se permettent d’aliaser, les salauds !). Enfin, "on" a choisi pour nous.
MrJmad # Le 4 avril 2013 à 21:26
Un simple lien qui va t’intéresser : http://kotaku.com/the-next-xbox-wil...
On est pas sorti des ronces ! :)
Et sinon vive le jeu indie (même en free to play, si il est bien fait )
djam # Le 5 avril 2013 à 01:01
OK sauf pour la conclusion : la consommation citoyenne c’est une utopie qui n’a jamais fonctionné. Il faut se battre pour que d’autres modèles économiques soient viables, quitte a passer par des subventions...
Anthony Jauneaud # Le 5 avril 2013 à 10:06
@Djam Je suis d’accord, c’est (relativement) utopique. Tout comme les subventions ;)
De manière générale, il y a deux pistes évoquées dans les commentaires : Kickstarter et les jeux indépendants.
Dans le premier cas, je pense qu’il est encore trop tôt pour voir s’il s’agit d’une bonne manière de produire du jeu vidéo. Et surtout c’est un système qui a ses défauts : certains projets pourtant a priori fabuleux ne sortiront jamais, tandis que d’autres projets sont financés simplement parce qu’il y a un gros nom sur la page. Le jeu de Richard Garriott est d’une laideur et d’une non-originalité sans commune mesure et pourtant il repart avec les poches pleines. Il y a aussi pas mal de retard : tous les jeux que j’ai "backé" l’année dernière sont en train d’être repoussés, les uns après les autres. Bref, c’est une bonne piste mais encore trop vierge.
Quant aux jeux "indie", il y a une vraie question derrière : qu’est-ce que le jeu vidéo indépendant ? Si c’est celui qui ne touche pas d’argent d’un éditeur ou d’un constructeur, alors il doit y avoir en tout et pour tout 50 jeux indépendants disponibles. Les gros hits sont des titres financés en partie par Microsoft, Sony ou d’autres éditeurs. Il faudra faire attention en citant les films indépendants américains qui sont largement financés par les gros studios. Little Miss Sunshine est un film Fox par exemple (même si produit via une branche spécialisée dans les films "indépendants").
Après, je pense qu’il y a de la place aussi pour des jeux AAA de qualité et vendus correctement. Je pense à The Witcher par exemple (le gameplay director vient d’ailleurs d’annoncer que le jeu ne comportera aucun DRM... on verra avec le lancement du jeu).
Nomys_Tempar # Le 5 avril 2013 à 17:58
Merci pour cet article, ça fait vraiment plaisir de voir qu’on est pas seul à faire ce genre de constat sur le jeu vidéo.
Sur la consommation citoyenne ou éthique ce que j’ai remarqué c’est que pour la plupart des gens ce sont des choses qui ne se mélangent pas et qui ne sont pas mélangeable : être à la fois un consommateur (par exemple acheter des jeux vidéo) et avoir en même temps une exigence éthique/politique/citoyenne envers eux, c’est juste impossible.
La plupart des gens activent cette exigence dans les domaines spécifiques dans lesquels ils s’appliquent (la politique en politique, l’économie en économie, le jeu vidéo dans les loisirs) mais sont souvent incapable d’appliquer un critique politique ou éthique à un produit culturel.
jeankevin1er # Le 6 avril 2013 à 12:43
Les éditeurs arrêteront de prendre les consommateurs pour des pigeons le jour ou ceux-ci cesseront de se comporter comme des pigeons !
« Quand on pense qu’il suffirait que les gens arrêtent de les acheter pour que ça ne se vende plus, quelle misère… »
Coluche
poum # Le 6 avril 2013 à 18:24
A noter que le dernier Tomb Raider bénéficie d’un DLC qui permet de mieux viser ou de grimper plus vite...
http://store.steampowered.com/app/2...
http://store.steampowered.com/app/2...
etienne # Le 8 avril 2013 à 23:25
Magnifique intuition pour le titre et la référence à Friedmann : "There ain’t no such thing as a free lunch".
C’est troublant, parce que ça fait un petit moment que je travaille - sans résultat probant pour l’instant - à trouver un angle pertinent pour illustrer à travers le JV un autre slogan qui tue encore plus sa mère ultralibérale :
"There is no such thing as society" (M Thatcher).
J’avoue que c’est un peu ambitieux...mais brutalement d’actualité :)
Martin Lefebvre # Le 9 avril 2013 à 12:50
Tant qu’on y est on pourrait aussi réfléchir au "There is no alternative". :D
Méfions-nous tout de même de ne pas susciter de résurrection au bout du troisième jour.
Anthony Jauneaud # Le 9 avril 2013 à 14:04
Je pense qu’un certain article sur Day Z était déjà assez proche de cette citation ;)
BlackLabel # Le 9 avril 2013 à 20:31
Anthony Jauneaud :"Et puis comment oublier le marketing puant du récent Tomb Raider qui pour relancer la franchise n’a pas hésité à jouer la jeune femme en débardeur déchiré, enchaînant les accidents sanglants, les tentatives de viol et les petits cris ? Le tout bien sûr sans manquer de piétiner les épisodes précédents, revenant régulièrement sur les piètres qualités d’écriture, le manque de profondeur du personnage de Lara Croft ou les combats misérables."
Je dirai que la principale différence, c’est qu’avant les jeux étaient mal écrits ou disons de manière caricaturale car y’avait pas de scénariste professionnel, on sent que c’est un gars pas formé pour qui s’en occupait. Mais malgré ça le jeu derrière tenait la route, le scénario illustrait le gameplay, qui illustrait le scénario, tout allait dans le même sens. Pour les soucis de gameplay, ben là c’est une question de hardware, et des mécaniques qu’on n’avait pas forcément encore découvertes. Mais les jeux me faisaient l’effet de suivre une direction précise, même si maladroitement.
Aujourd’hui ils font n’importe quoi, y’a un scénario complètement idiot mais avec des ambitions, ce qui rend le tout d’une nullité intellectuelle et artistique alarmante, et avec un gameplay qui généralement n’a aucun rapport, les devs se contentant (sous la pression des éditeurs ?) d’aligner les trucs qui fonctionnent sur le joueur, ce qui au bout du compte revient à tuer tout le monde dans pratiquement tous les jeux. Tu pars à la chasse au trésor avec Nathan Drake ? Tiens, voilà 600 pirates à flinguer ! Tu joues à Army of Two, ben en faut c’est la même chose !
Donc Lara Croft elle souffre... mais seulement dans les cinématiques. Pas de gameplay de survie pour illustrer le scénario. Elle ne pensera pas à tuer des animaux pour se faire un manteau de fourrure pour résister au froid... alors qu’à l’époque elle changeait de tenue selon la météo.
Ou dans Dead Space le jeu doit faire peur... Mais en fait non car un survival ça se vend pas très bien, donc là y’a des scripts qui essayent de faire peur, et tout un système de jeu derrière qui tient du TPS tout ce qu’il y a plus de confortable avec munitions à foison, checkpoints toutes les 2 minutes et résistance du héros dans la moyenne.
J’ai vraiment du mal à comprendre comment on peut faire des jeux aussi mal pensés, alors qu’avant les licences étaient sur la bonne voie malgré leurs maladresses.
Hitman c’est la licence qui illustre le mieux ce paradoxe je trouve. Les gars ont cherché leur formule sur plusieurs épisodes. Ils la précisaient à chaque fois un peu plus, sont arrivés selon moi à un chef d’oeuvre avec Blood Money. Puis prout, voilà Absolution qui débarque avec ses nonnes-salopes, ses règles de jeu complètement absurdes, son mauvais goût esthétique. Ils avaient une licence en or entre les mains, mais tel le roi Merdas, aujourd’hui tout ce que le dev AAA touche se transforme plus ou moins en étron.
Cold Hand # Le 10 avril 2013 à 10:42
Article intéressant (comme d’habitude, serais-je tenté de dire), même si, comme d’autres personnes plus haut, je ne comprends pas bien la référence à Tomb Raider. Etant plongé dans ce dernier épisode depuis quelques jours, je le trouve extrêmement plaisant... Certes, on n’est pas confronté à une révolution de gameplay, mais celui-ci est précis, rapide et varié. Moi, ça me va !
Certes, les DLC me semblent un peu absurdes, mais si les éditeurs les mettent en vente, c’est que des gens doivent les acheter, non ? Coup de bol, je suis libre de ne pas le faire...
Martin Lefebvre # Le 10 avril 2013 à 14:42
Personnellement concernant les DLC, je n’ai pas d’avis arrêté. Ca peut être nuisible, surtout que ça a tendance à compliquer l’archivage des jeux (les DLC Bioware, quelle merde techniquement), mais le principe de mini-expansions en soi je ne suis pas contre.
Que ce soit sous la forme d’histoires secondaires (à partir du moment où le jeu de base propose un contenu intéressant) ou pour apporter de nouvelles possibilités, comme ce que fait Paradox sur Crusader Kings 2... D’autant que ça leur permet de continuer à patcher le jeu, que c’est fréquemment en soldes, etc.
BlackLabel # Le 10 avril 2013 à 15:31
Martin : les DLCs comme les font Rockstar, qui sont des nouveaux jeux d’une dizaine d’heures, sortant en démat ET en boîte, oui c’est légitime et intéressant. Ce n’est pas un bout du jeu d’origine où tu attends la sortie de la version GOTY pour avoir le kit complet, c’est du nouveau à partir du vieux.
Mais généralement les DLCs sont de la pure arnaque, d’ailleurs Rockstar en pond aussi de ce genre-là. Du contenu famélique vendu trop cher.
Broke # Le 25 avril 2013 à 13:38
Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que des joueurs défendent ces conneries. Quand Origin fouille dans notre ordinateur en prétextant vouloir proposer les jeux qu’on auraient déjà achetés sur Steam sur sa plateforme, des tas de gens disent "c’est gentil de leur part". Quand Microsoft annonce qu’il faudra être sans arrêt connecté pour jouer, certains disent "je vois pas le problème" (deux semaines après Sim city...). Diablo trouve aussi des gens pour le défendre.
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