I am Zuul
Je suis un joueur. Si on était encore dans les 90’s (le bon vieux temps, pas vrai ?), on me qualifierait de "hardcore gamer". Aujourd’hui, vous pouvez simplement m’appeler Zuul, le Cerbère de la Porte. Ça vous fait rire ? Tant mieux, parce que moi pas. Je ne rigole jamais quand il s’agit de jeu vidéo. Par contre, je me pose une petite question et peut-être que vous pouvez m’aider.
Savez-vous s’il existe un livre, un manuel à l’usage des joueurs peut-être, ou un pamphlet officiel quelconque qui stipule que justement en tant que joueur, un de mes devoirs consiste à humilier, insulter et menacer de mort une personne, faisant de surcroît partie de ma propre communauté ?
En 31 ans de jeu vidéo, je n’ai jamais lu un tel document et pourtant, j’ai toutes les connexions nécessaires.
Pourquoi ?
Oh, c’est très simple. Il n’existe pas de telles directives.
Je suppose que vous avez deviné où je veux en venir ? Je veux, bien entendu, parler de Zoe Quinn. Encore ? Hé ouais. Encore. Je ne la connaissais pas avant, je n’en avais même jamais entendu parler. Je l’ai d’emblée bien aimée pourtant. Peut-être parce qu’elle a les cheveux bleus et qu’elle ressemble un peu à mes héroïnes de manga, ou alors peut-être parce que c’est une petite nana de 27 ans qui a provoqué l’apocalypse chez tous ces joueurs tellement légitimes. Quand je repense à ma réaction initiale en découvrant cette affaire alors que je rentrais tranquillement de la Gamescom, des rêves plein la tête, j’ai eu envie de dégueuler.
Zoe Quinn a donc été crucifiée à la gloire du jeu vidéo et plus spécialement pour la préservation de son intégrité. Je ne sais pas si vous vous rendez bien compte mais elle a couché avec un journaliste spécialisé et apparemment avec d’autres membres de l’industrie dont son patron. Et ce n’est pas tout ! Oh que non ! Elle l’a fait en échange de faveurs. Comment je le sais ? Figurez-vous que son ex a tartiné l’équivalent de 462 000 pages Word pour expliquer au monde (parce qu’il est important de documenter cet événement tout à fait inédit de l’histoire humaine) que Zoe, sa petite amie d’alors, l’a trompé. D’ailleurs en lisant son loooooonnnnng compte rendu minutieux (et pas du tout orienté), j’ai dû m’endormir, parce qu’en reprenant mes esprits, je me rappelle m’être demandé pourquoi diable étais-je en train de lire un Danielle Steel ? A la fin de ce passionnant témoignage, j’étais un peu perplexe devant le fait suivant : Zoe Quinn, brillante opportuniste, au lieu de coucher avec un executive de chez Activision ou, au moins, avec un journaliste d’IGN, a opté pour un journaleux de chez RPS et Kotaku. Bon. J’ai même supposé, naïf que je suis, qu’elle a été simplement charmée par le mec en question. Quoiqu’il en soit, certains joueurs, tellement révoltés par cet acte odieux et, bien entendu, au nom de la vénérée solidarité masculine, ont décidé de rendre justice, de nettoyer la corruption à coup de shotgun comme dans Max Payne. Sauf qu’ici, au lieu de plomb, on a eu droit à une indigestion de connerie.
Zoe Quinn n’a pas été salie pour sauvegarder la probité du jeu vidéo, elle a été suppliciée parce que c’est une femme. Parce que c’est simple, commode, confortable d’en foutre plein la gueule à une femme. De toute façon, une femme n’a rien à faire dans le jeu vidéo, on sait tous que c’est un loisir de mecs. Et puis, après tout, son ex l’a écrit noir sur blanc, il a été manipulé, c’est donc forcément une intrigante. Les femmes, sauf maman (et éventuellement ma cousine Sophie), ont toujours eu une moralité douteuse, c’est bien connu. En revanche, personne ne s’est demandé ne serait-ce que cinq minutes, quel genre d’homme peut déblatérer 462 000 pages sur un truc aussi commun qu’une rupture, surtout en s’échinant à prouver par tous les moyens possibles que l’entière responsabilité en incombe à Zoe. Peu importe bien sûr qu’une relation amoureuse soit une dynamique complexe, intime, absolument insondable pour quiconque à l’exception des intéressés, et qui nécessite, toujours (TOUJOURS), deux personnes pour fonctionner ou échouer. Peu importe aussi que leur relation n’a en réalité duré que deux ou trois mois, qu’ils ne vivaient pas ensemble (ce qui implique de fait une certaine liberté) et que le gars relate ces événements comme si sa femme l’avait trompé après 20 ans d’un heureux et magnifique mariage ! Peu importe enfin, que dans la vie on interagit souvent avec notre horizon professionnel, que le boulot de Zoe consistant, entre autre, à voyager et à rencontrer des gens, il arrive parfois que la chimie s’en mêle, que quelque chose clique à l’improviste entre deux personnes, et, parfois oui, entre adultes consentants, ça se termine au lit. Welcome to the real world.
Donc, Zoe Quinn est avant tout coupable d’être une femme, d’avoir une sexualité, d’avoir des ambitions dans l’industrie du jeu vidéo, ou plus simplement d’avoir envie de vivre sa vie comme elle l’entend, selon ses propres termes. Elle s’est retrouvée, bien malgré elle (mais beaucoup grâce à son ex), face à une bande de justiciers de pacotille, fantasmant le bon vieux temps du jeu vidéo, qui sans aucune forme de recul ont estimé que l’existence même de Zoe était une insulte à leurs sacro-saintes valeurs. Alors ils ont agité un témoignage pathétique, l’ont érigé en un texte de loi indéfectible, et ils se sont mis à vomir leur haine en voulant prouver que Zoe Quinn, une développeuse indé à la notoriété alors toute relative, est responsable de tous les maux que traverse une industrie en mutation. Ils ont saisi internet et l’ont traité de pute. Ils l’ont fait au nom du jeu vidéo. Au nom de ma passion et donc, quelque part, en mon nom. Manque de chance, je suis Zuul, le Cerbère de la Porte. Si l’industrie avait donné un tel ordre, j’aurais vu passer la circulaire.
Comme beaucoup de joueurs de ma génération, je considérais que le sexisme dans le jeu vidéo était essentiellement inoffensif, quelques boobs par-ci, par-là… Pas de quoi fouetter un chat ! J’étais même le premier à trouver ça cool. Je suis un mec, après tout. Anita Sarkeesian, Mar_Lard et les autres exagéraient forcément. Et si Zoe n’avait pas interagi avec ma vie un soir où je n’étais pas supposé glander sur le net mais être au ciné, j’aurais probablement continué à me dire que quelques boobs par-ci, par-là ce n’est décidément pas très grave et j’aurais continué de défendre, stupide que je suis, le droit d’avoir des amazones en bikini dans mes jeux vidéo. Seulement voilà, si le sacrifice de Zoe Quinn est le prix que je dois payer pour mes nichons, je n’en ai plus du tout envie.
Vos commentaires
HN # Le 4 septembre 2014 à 14:17
Intox ! Word plante bien avant 462000 pages...
xD
HN # Le 4 septembre 2014 à 14:42
On s’égosille toujours pour une femme journaliste en couple avec un politique, jamais quand Sarkozy va faire du vélo avec Drucker ou appelle Arnaud Lagardère son "frère".
C’est ce que j’abordais entre autre sous le précédent article de Martin.
cKei # Le 4 septembre 2014 à 15:25
"Sauf qu’ici, au lieu de plomb, on a eu droit à une indigestion de connerie."
C’est tellement ça...
Cela dit rapport à ta conclusion, malgré toute cette merde je n’ai pas changé d’un iota mon avis sur l’industrie, les journalistes, le féminisme, mon loisir préféré et encore moins sur la nature humaine. Pour moi ça n’aura servi à rien, si ce n’est créer de l’agitation et du clivage.
Emmanuel Touchais # Le 4 septembre 2014 à 15:50
ça m’a affecté, en fait beaucoup plus que les précédentes choses que j’ai pu lire sur le sexisme dans le JV. Et je ne m’attendais pas à être touché à ce point, vu que je n’avais absolument aucune idée de qui était Zoe Quinn avant cette affaire. Après ça ne change rien à l’amour que je porte au jeu vidéo, mais en tant qu’homme et joueur, j’ai estimé que je devais réagir.
Billy Mc Guinness # Le 4 septembre 2014 à 16:24
C’est vrai que la campagne contre Zoe Quinn est dégueulasse, mais je ne peux m’empêcher de penser qu’on trouverai moins d’articles pour la défendre si elle était un homme.
HN # Le 4 septembre 2014 à 16:45
En effet, un homme n’aurait pas été soupçonné de coucher avec une testeuse pour récolter des bonnes chroniques...
That’s the way it is !
Emmanuel Touchais # Le 4 septembre 2014 à 16:52
Si elle était un homme, il n’y aurait jamais eu d’affaire en premier lieu parce qu’on sait très bien qu’un homme qui trompe sa copine/femme/partenaire c’est normal, ça ne veut rien dire de spécial, c’est juste de la libido. alors qu’une femme, c’est forcément motivée par d’obscures raisons, souvent vénales. Et il y a des hommes travaillant dans l’industrie qui ont couché avec des journalistes/développeuses/programmeuses/hôtesses et j’en passe. ça se produit dans n’importe quelle soirée pro sans que ça ne choque personne (parce qu’effectivement il y a rien de choquant, ça s’appelle la vie, les rencontres, tout ça). Mais Zoe Quinn, une femme, qui le fait. OH MY GOD.
McTrawl # Le 5 septembre 2014 à 11:30
Je n’arrive toujours pas à comprendre en quoi cette histoire déchaîne autant les passions.
Il faut croire qu’on s’ennuie vraiment dans le monde du JV.
Zoe Quinn est professionnellement insignifiante, ces histoires de coucheries — vraies ou non — le sont tout autant et les trolls qui la harcèlent sont de cons. Voilà, on peut passer à autre chose maintenant ?
Stephane # Le 5 septembre 2014 à 14:36
Ce que vous dites est rigoureusement vrai - à une chose près : cette nana "professionnellement insignifiante" arrive à faire supprimer, grâce à ses manifestement nombreux amis, des dizaines ou des centaines de posts et de comptes utilisateurs. C’est quand même intéressant à savoir.
Nicolas Turcev # Le 5 septembre 2014 à 14:41
Et, bien évidemment, ça ne se peut pas que ça soit la présence d’esprit des modérateurs et administrateurs des sites qui soient plutôt à l’origine des suppressions et non une mafia quinnienne ? Et ils font un peu ce qu’ils veulent, l’espace des commentaires est un espace privé qui appartient aux sites. Si leur modération ne convient pas aux gens, ils n’ont qu’à plus y retourner. Ce ne sont pas des structures publiques.
Kid # Le 5 septembre 2014 à 14:50
En que modérateur et administrateur de divers forums depuis 1997, je confirme la réponse de Nicolas.
Il m’est arrivé une ou deux fois de devoir supprimer de très nombreux postes agressifs, nés d’un quiproquo et d’un cercle vicieux (en gros, l’absence de réponse aux premiers posts à provoquer la colère et l’apparition de nombreux posts, qui par l’absence de réponse...etc). Une situation pas vraiment rare sur le web, et qui se résout par : suppressions, puis mise au point à posteriori.
Après, je peux comprendre que ça puisse mettre de l’huile sur le feu. Mais pas dans les proportions intergalactiques de ces 2 dernières semaines ^^
Va falloir finir par se rendre compte que personne n’est innocent. Si tout le monde avait agit en adulte et comme dans la "vraie vie", cela ne serait pas parti en sucette (à commencer par Valérie Treit... euh l’ex qui a tout déballé de la vie privée de son ex).
Stephane # Le 5 septembre 2014 à 16:38
http://totaltotaltotal.wordpress.co...
Où l’on voit dans " Acte 3 : La tempête de merde " , des screenshots et des cas concrets d’hystérie censeuse absolument délirante et injustifiable.
" Si leur modération ne convient pas aux gens, ils n’ont qu’à plus y retourner. "
A chier à la gueule des gens de cette manière, c’est peut-être bien ce qui leur arrivera, oui, à tous ces sites. Vivement.
HN # Le 5 septembre 2014 à 16:47
J’aimerais juste être sûr. C’est à cause de cette relation entre la développeuse et un chroniqueur d’une part, et de la suppression de certains messages sur des forums que cette polémique est apparue ?
C’est tout ce qu’on lui reproche et ce serait ça le complot du siècle ?
Si oui, je réitère ma remarque sur la "corruption" ambiante - comprendre "revenus publicitaires" (entre autres) - dans toute la presse, spécialisée ou non.
Ce n’est pas une raison pour passer sous silence les faits les moins graves mais il faudrait savoir mettre un peu d’ordre dans les priorités... C’est comme dénoncer un petit flic du fin fond du Gabon qui demande un bakchich et laisser de côté l’énorme corruption qui règne au sommet de l’Etat...
cKei # Le 5 septembre 2014 à 17:00
HN : elle avait déjà été prise pour cible au moment du greenlight de Depression Quest. Les "coucheries" et le reste, ça a juste donné à ces inquisiteurs autoproclamés un argument de plus, une raison suffisante et valable pour la cramer en place publique comme une sorcière. Je trouvais d’ailleurs la photo (Spanish Inquisition) de l’article de Martin fort à propos.
Kid # Le 5 septembre 2014 à 17:45
C’est quoi ce blog de cochon, là, qui s’intitule journalisme total, qui conspue le journalisme vidéoludique et fait un travail de journaliste people (et encore). Rien que dans le premier paragraphe de l’acte 3, le mec fait un jugement moral (c’est pas bien de tromper, et puis quoi, avec 5 mecs à la suite en plus, elle va aller en enfer à force de se faire "enfiler" - le champ lexical est à lui seul très prometteur). "Mais bizarrement, ce n’est pas ce qui a provoqué le plus de réactions". Mais c’est fou de ne pas comprendre que ça ne nous regarde pas. Sa vie privée ne nous regarde pas, et il pourrait éventuellement y avoir, effectivement, un problème si le mec avait écrit un test dithyrambique sur le jeu (gratuit) après avoir couché avec la développeuse. Ce n’est pas le cas.
Et donc "Une floraison d’article sont parus, défendant Nathan Grayson et bien sur Zoe Quinn, accusant le net d’être encore une fois rempli de monstres, de harceleurs professionnels." Bah oui. Oui, c’est une croisade sexiste.
Après faut pas s’étonner si les modérateurs modèrent. Heureusement.
Bref, merci de m’avoir ouvert les yeux, Stéphane. :)
Stephane # Le 5 septembre 2014 à 17:53
Tu arrives à faire la différence entre les motivations éventuellement indignes d’un bloggeur, et les faits qu’il expose, les screenshots qu’il publie et ce qu’on peut y voir ? oui, non ?
Kid # Le 5 septembre 2014 à 18:18
Bah non, bien entendu ^^
Je confirme, grâce à ces captures, qu’il s’agit de modération. C’est bien normal, quand tu vois les saloperies qui sont racontés. Je comprends que, sur le coup, ça n’a pas aidé, mais avec le recul qu’on a désormais, je ne comprends plus.
Écoute, Stéphane, je suis désolé, j’adore être d’accord avec les gens, c’est plus sympa ;-). Alors j’ai essayé de comprendre, je suis allé lire tous les éditos des journalistes qui leur on valu l’étiquette de "SWJ", j’ai lu les blogs du style de celui que tu as mis (qui sont parfois plus dignes, il est vrai), les accusations de tous côtés, les preuves, les captures d’écran, etc.
Au final, je n’adhère pas. Je sais bien que la plupart de ceux qui se réclament du GamerGate pensent sincèrement faire une croisade positive, pour une vraie éthique du journalisme vidéoludique, mais je ne cautionne pas, je n’adhère pas, je ne suis pas d’accord. Pour de très nombreuses raisons (le sujet étant particulièrement complexe, entre les insultes, les menaces de mort, Quinn, Sarkeesian, le sexisme dans les JV, les "SWJ",etc).
Tu as l’air d’être étonné que je ne comprenne pas ton point de vue. Honnêtement, je ne comprends pas non plus. Comment du harcèlement envers des femmes est devenu une croisade pour du journalisme éthique est un mystère.
Je pourrai écrire encore 1000 lignes sur le sujet mais, hey, on sait tous les deux que cela ne sert à rien.
Merci de m’avoir lu.
Respectueusement,
Moi.
Emmanuel Touchais # Le 5 septembre 2014 à 18:22
Pour penser que la presse spé est capable de générer du volume de vente, il faut vraiment ne pas être informé. Et alors ceux qui pensent que Kotaku ou RPS sont des sites capables de générer du volume, je pense qu’ils planent à 10 000 pieds. En faisant du mailing ciblé sur des clients spécifiques qui achètent tant par mois dans nos magasins, avec cadeaux et avantages financiers à la clé (réductions, tshirt, goodies divers), j’ai un taux de transformation qui est infime par rapport au nombre de mailing envoyés. Donc imaginer qu’un 8/10 va se traduire par une montée en flèche des ventes, c’est cool, j’aimerais que ça soit aussi simple que ça (quoique non parce qu’alors je serais au chômage)
Et alors penser, ne serait-ce que 2 minutes, que Zoe Quinn allait vendre des palettes de son jeu juste en couchant avec un journaliste de Kotaku en plus, et y voir de la corruption, c’est de la SF. Et si ça n’était pas aussi tragique, je rigolerais bien fort.
Les lancements sont orchestrés par les services marketing de l’édition et de la distribution qui travaillent main dans la main, avec des budgets parfois colossaux (en fonction de l’IP). Sur des opérations qui sont menées comme du papier à musique, préparées parfois jusqu’à un an à l’avance, destinées à mettre en place un tel rouleau compresseur qu’à moins de vivre sur une île déserte, personne ne peut y échapper. Aujourd’hui, et depuis quelques années déjà, on est assuré de vendre n’importe quel AAA multisupports entre 3 & 5 millions d’exemplaires garantis. Les IP établies, on pourrait juste ouvrir les palettes dans le magasin le jour de la sortie, sans rien faire d’autre, et on en vendrait quand même des camions.
Watch_Dogs une nouvelle IP qui cartonne, ce n’est pas un hasard et la presse n’a pas grand chose à voir avec le succès commercial du jeu. Je suis désolé mais le crédit va entièrement à ma profession.
Du point de vue marketing, la presse joue un rôle de cohérence d’image. On va par exemple coller une bonne note ou un bon commentaire sur le packshot pour montrer une unanimité, c’est tout. Maintenant, pour vendre mon jeu, je peux très bien me passer d’une note de test, j’ai fait vendre plein de Driv3r sans m’appuyer sur la presse. J’ai tellement d’autres manières de toucher directement mes clients. Avec la carte de fidélité, je peux tracker les habitudes d’achats, les typologies, etc. J’ai des statistiques tellement précises et des moyens tellement énormes pour toucher mes cibles potentielles que je n’ai besoin de rien d’autre. Donc si j’ai un 8/10 à coller cool, si non, bah tant pis.
Il n’y a pas de conspiration internationale. La presse est composée avant tout de passionnés de jeu vidéo, qu’éventuellement ils fassent des excès de passion, je l’admets, qu’ils voient dans la relation avec l’industrie une association mutuellement avantageuse, OK. Mais qu’ils jouent un rôle pivot dans le volume, non. Ce n’est pas leur travail de toute façon. La presse est importante pour faire une analyse du média, un travail de fond, un boulot que nous au marketing nous ne savons pas faire mais la vente, merci, mais on s’en sort très très bien tout seuls.
cKei # Le 5 septembre 2014 à 18:31
Zure : sans rien remettre en question de ton explication, je sais pas si elle serait applicable dans le cas précis de Depression Quest.
Vu que c’est un jeu uniquement dispo sur Steam, j’ai l’impression que le seul marketing qu’il puisse y avoir pour en faire la promotion c’est le bouche à oreille, la mise en avant sur le steam market et le relais dans la presse. Me trompe-je ?
Emmanuel Touchais # Le 5 septembre 2014 à 18:44
cKei : non tu as raison, l’indé c’est un autre marché (et je ne travaille pas avec les éditeurs indés, ni Steam, etc.). Mais il n’empêche qu’un simple relais aussi bon soit-il dans la presse n’est pas suffisant pour créer une intention d’achat et encore moins pour la transformer en acte. En l’état c’est juste isolé. OK, y a untel sur le site untel qui trouve que le jeu X est super génial. C’est pas ça qui va faire bondir tes ventes.
BlackLabel # Le 6 septembre 2014 à 23:19
Emmanuel Touchais :"La presse est composée avant tout de passionnés de jeu vidéo. La presse est importante pour faire une analyse du média, un travail de fond. Mais il n’empêche qu’un simple relais aussi bon soit-il dans la presse n’est pas suffisant pour créer une intention d’achat et encore moins pour la transformer en acte."
Très amusant.
Si la presse faisait un véritable travail de fond et d’analyse, ton Watch_Dogs aurait des notes dans le négatif, et chaque nouvel accessoire inutile dans le nouvel Assassin’s Creed (pendant que l’aspect infiltration, le coeur du jeu quoi, reste d’une nullité abyssale) ne serait pas qualifié de renouvellement du gameplay.
La presse sert de canal pour les opérations marketing en diffusant les trailers, les pubs, et les phrases-clés dans les tests, le tout emballé dans une jolie note. Je me souviendrai longtemps du "Si si c’est un vrai Hitman" qu’on retrouvait dans de nombreux tests à la sortie d’Absolution, alors que de nombreux fans en ont dit le contraire. C’est de la publicité déguisée, plus ou moins subtilement selon les sites.
À force d’entendre parler d’un film, on veut au moins se faire une idée dessus, même si à la base il ne nous intéresse pas. C’est le même principe que le bouche-à-oreille, ou encore Loft Story à l’époque ; même les mécontents regardaient. Et le jeu vidéo est aujourd’hui bâti sur ce système où tout est inter-connecté pour vendre le plus possible. Sinon, à quoi bon les soirées champagne, les invitations pour tester une démo de dix minutes dans un 5 étoiles à Londres (vous pouvez pas recevoir dans vos studios ?), les cadeaux ? Sinon pourquoi le budget marketing du jeu dépasse celui de sa création ?
Nier l’influence du matraquage, l’énergie que vous y mettez, en plus des voies indirectes pour toucher les cibles (comme payer des youtubeurs pour le côté "authentique"), ça aussi ça fait partie du job ; prendre les clients pour des cons. C’est le propre du métier de vendeur, qu’il fourgue du jeu vidéo, des machines à laver ou des automobiles.
Emmanuel Touchais # Le 7 septembre 2014 à 00:58
La qualité moyenne d’un AAA aujourd’hui est telle par rapport à une époque pas si lointaine ou il existait des "vraies" daubes avec zéro production value ou il était quasi impossible de s’amuser avec le jeu tellement tout était mauvais dedans. Watch_Dogs je conçois très bien qu’on ne l’aime pas mais ce n’est pas un mauvais jeu au sens une daube : la production value est là, le jeu est jouable, y a du contenu, etc. Même si je ne l’ai pas trouvé génial, je ne peux pas non plus dire que ça a été une souffrance d’y jouer. Pour moi, c’est un jeu sympa, sans plus mais c’est pas non plus Independence Day sur PS1, faut pas pousser.
On peut avoir le même débat avec CoD hein. Moi je veux bien qu’on me dise que CoD c’est pourri, etc. Sauf que CoD c’est 25 millions d’exemplaires par épisode, 1 à 2 millions de joueurs connectés par jour sur PS3. C’est donc bien qu’il existe des joueurs tout à fait satisfaits par la série. Ce n’est pas la presse qui a engendré ce phénomène, ce n’est même pas le marketing (pas à ce niveau là, c’est un cas de combustion spontanée) c’est un truc qui a complétement échappé à tout le monde.
Enfin, je ne suis pas vendeur, je fais du marketing, ce n’est pas la même chose et oui, on utilise tout un tas de vecteurs pour toucher un maximum de gens. Les previews, teasing, etc. C’est avant tout une demande des joueurs. Une vidéo est dévoilée, ils VEULENT en savoir plus donc on leur donne un accès via les journalistes qu’ils suivent pour qu’ils en apprennent plus sur un jeu qui les intéresse. C’est tout. Ce n’est pas une conspiration internationale.
Et là ou vous faites fausse route, c’est que je ne prends JAMAIS mes clients pour des cons parce que si je le faisais, je serais au chômage. Ma réalité n’a aucun rapport avec la réalité des joueurs sur les forums, ni même de la presse. Quoique que pense internet de Watch_Dogs, moi j’ai un excellent taux de satisfaction de mes clients (c’est à dire les gens qui ont acheté le jeu dans l’enseigne pour laquelle je travaille). Donc à partir de là, j’ai fait mon boulot. J’ai vendu un jeu que mes clients ont majoritairement aimé et comme je n’ai pas à juger de leurs goûts, ce que je pense du jeu que je vends n’a absolument rien à faire dans l’équation. Je ne suis pas là pour dicter le goût des gens. La seule chose, c’est que je ne suis pas là non plus pour leur vendre des mauvais jeux qu’ils vont détester. Surtout pas en fait.
Pierre # Le 7 septembre 2014 à 01:25
Depression Quest est un jeu gratuit disponible depuis 2013 sur le Web, et depuis 2014 sur Steam.
Kid # Le 7 septembre 2014 à 02:24
Exact, Pierre et c’est d’autant plus drôle, car ça fait une cartouche en moins pour les haters (il restait la célébrité...).
C’est vrai, et logique.
Mais j’ai une question certainement très bête : quand le jeu est vraiment mauvais, ça se passe comment ? La promo est minimisée ?
Sinon, pour revenir dans le sujet, Zoe Quinn a espionné ses haters depuis le départ, et ça fait plein de captures d’écran savoureuses. Après lecture, le texte d’Emmanuel n’en est que plus frappant (et presque...naïf).
Emmanuel Touchais # Le 7 septembre 2014 à 10:55
@Kid
Quand le jeu est vraiment mauvais, généralement l’éditeur ne le "pousse" pas ou diminue subitement le budget marketing alloué s’il s’avère que le jeu est décevant au dernier moment alors qu’il était supposé être bon. Il déplace son budget sur d’autres titres de son catalogue avec un meilleur potentiel. Bien évidemment, ça ne signifie pas qu’on ne vend pas un mauvais jeu hein mais on ne va pas déployer autant de mise en avant et de visibilité que sur un titre avec un meilleur potentiel. Par exemple Aliens Colonial Marines, la mise en avant en magasin a été légère (même si présente) par rapport, chez le même éditeur, à Sonic All Star Racing Transformed.
Après il arrive que par rapport à des arrangements précis entre l’éditeur et la distri, on soit obligé de massivement pousser des mauvais jeux. Personnellement, la dernière fois que ça m’est arrivé ce fut Driv3r qui a été mon cas de conscience parce que je savais que le jeu était vraiment mauvais. J’espère que ça ne m’arrivera plus.
Robin # Le 7 septembre 2014 à 11:34
@Kid Tu as lu les screencaps ? Tout ce qu’ils prouvent c’est que Zoe était dans un IRC où les gens parlaient d’elle ._.
ED a fait un article sympa sur l’affaire, pas biaisé, je te conseille d’aller lire ça : )
( sinon, encore une fois, KYM est un site où les gens documentent l’affaire, ça vaut le coup d’aller jeter un oeil )
Kid # Le 7 septembre 2014 à 12:31
Emmanuel : merci pour la précision ; c’est ce que je supposais.
Robin : Je ne peux pas prendre des captures d’écran pour "preuves" (quel que soit le "camp" d’où elles viennent). Mais je les trouve savoureuse ;-)
Si tu pouvais me filer les liens vers ED et KYM, stp, parce que là ça ne me dit rien.
De mon côté, après lecture de dizaines d’éditos, j’ai fini par en trouverun assez passionnant et qui résume bien mon point de vue sur "l’affaire".
Robin # Le 8 septembre 2014 à 10:42
@Kid : Tiens, voici le lien de KYM http://knowyourmeme.com/memes/event...
Quand à ton article, je peux pas accrocher, au moment où j’ai vu qu’il mentionnait de façon positif l’article chargé de Jenn Frank, qui a oublié avant de préciser avant cet article qu’elle était bonne amie avec Quinn, et aussi qu’elle a fait un gros gros gros point godwin X)
Le lien de Ed est sur le nouvel article je pense, mais de mon côté j’en ai fini sur Merlan Frit, parce que si tu es conservateur, tu es donc un mangeur de bébés nazi x)
Pour suivre de façon objective l’affaire je te conseille vraiment KYM, même si dans les commentaires on sent bien qu’ils prennent position, ça ne se retrouve pas dans le dossier en lui-même.
Robin # Le 8 septembre 2014 à 10:44
Ah aussi, Sarkeesian a retweeté à toute ses followers de la pornographie infantile, juste pour dire aux gens qu’elle était harcelée. Comme dit précédemment je suis contre le harcèlement, mais là elle se surpasse !
HN # Le 8 septembre 2014 à 11:48
Les CoD surfent depuis belle lurette sur la vague des deux premiers épisodes, non ?
Je dis pas que les suivants sont des bouses, mais y a rien de révolutionnaire comme à l’époque.
C’était très scripté mais jouer des scènes de "Sauver le Soldat Ryan" ou "Stalingrad", perso ça m’a soufflé.
Cdlmt
Kid # Le 8 septembre 2014 à 12:25
Merci pour le lien, Robin.
Sinon, il me semble que Jenn Frank n’est pas amie avec Quinn, mais soutien son travail. De toute façon, tous les éditorialistes ont des avis. Je crois qu’il est impossible de discuter du sujet si on zappe un texte parce qu’il en mentionne un autre qu’on n’aime pas...
Mais que ça ne t’empêche pas de rester ici. On peut ne pas être d’accord, sans en faire un drame :) Au contraire, c’est toujours cool d’avoir des avis opposés, ne serait-ce que pour essayer de comprendre.
Robin # Le 8 septembre 2014 à 12:40
@Kid : Hmm, il me semble bien que c’est pour ça qu’elle a eu toute cette critique pourtant, j’irais me renseigner encore pour être sûr ! : )
Ah je vais rester sur les excellents articles du site, juste pas sur ceux qui parlent de cette affaire, que je trouve vraiment trop chargés ( le dernier article surtout ) et qui ont ignoré beaucoup de choses.
C’est génial d’avoir des avis opposés, les avis divergeant amènent toujours plus de contenu, c’est bien : )
Maintenant, si je pouvais ne pas me faire englober parmi les sexistes/racistes/homophobes -supposés- par toute la clique de Gawker et qu’ils pouvaient faire de bons articles, ce serait sympa : )
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