Entretien avec Games : "Une grande porte ouverte"
Dans le cadre de notre théma "Papers, please" sur la presse papier jeu vidéo, nous rencontrons Jérôme Dittmar, le rédacteur en chef de Games, dernier né des éditions 2b2m Un magazine qui se concentre davantage sur les entretiens et les longs dossiers que sur les tests et les news. Attention copinage : Martin Lefebvre, rédacteur en chef de Merlanfrit, participe à Games.
"La force du magazine est de ne pas s’appuyer seulement sur son seul territoire"
Content de ce premier numéro ?
Un premier numéro est forcément plein de gadins, parce qu’on tâtonne un peu, avance en construisant la maquette. Entre les coquilles et les bugs, il y a donc forcément de quoi faire et faire des excuses. Mais en dehors de ça et de quelques questions d’équilibre, de clarté dans l’enchaînement des articles, des rubriques, oui, je suis très content. L’équipe a fait un super boulot. Aussi bien sur le contenu que pour la maquette.
Quel est votre entretien préféré dans ce premier numéro et pourquoi ?
J’ai un faible pour celui de Jenova Chen, parce qu’il déborde. Parce qu’il part loin. Parce qu’il pourrait être lu par n’importe qui, et surtout quelqu’un qui n’a jamais joué de sa vie.
Durant les douze derniers mois, la presse française a vu s’écrouler le géant Mer7, disparaître IG Magazine et naître JV et Video Gamer. Est-ce que Games comble un vide ou est-ce qu’il aurait pu naître à n’importe quel autre moment ?
Dans un sens, Games aurait peut-être pu naître il y a dix ans, puisqu’il rassemble une partie de l’équipe jeux vidéo de Chronic’art, qui depuis longtemps a une approche, ou mettons une tonalité, comme on peut la retrouver dans le magazine. Mais en même temps, il en aurait sans doute été autrement, et le magazine n’aurait pas eu la même ligne éditoriale, car les conditions actuelles de la presse obligent à aller vers de nouveaux modèles qui n’existaient pas forcément avant. Sous sa forme, Games n’aurait donc probablement jamais pu exister à un autre moment, puisqu’il est la conséquence d’une série de circonstances, et de rencontres, puisque c’est grâce à l’arrivée de Benoit Maurer (notre éditeur) dans le capital de Chronic’art, que ce magazine a été possible.
Pour répondre plus précisément à votre question par rapport au secteur, c’est là en partie une question due au hasard : on a pensé le magazine au moment où les autres s’effondraient, sans calcul. Après bien sûr, le malheur des autres laissait un champ libre. Mais ce n’est pas le plus important, car je crois aussi qu’il y a une logique, un dessein si vous voulez, qui devait aller en ce sens par rapport à l’évolution des choses.
La presse jeu vidéo sur le modèle de Mer7 était exsangue. Video Gamer l’a repris, peut-être en l’améliorant, mais ils visent essentiellement les moins de douze ans qui se font encore acheter leur magazine de jeux vidéo par maman en allant faire les courses au Leclerc. Je dis ça sans condescendance, on y trouve aussi Games et j’en suis ravi. IG a lui défendu un modèle intéressant qui marche très bien ailleurs (le mook qui fait le succès de XXI), mais pour des raisons que j’ignore dans le détail, la revue n’a su se maintenir dans la course. Peut-être finalement était-ce une question de ligne éditoriale dans laquelle les gens ne se retrouvaient pas ou plus, et qui sur la durée a rendu leur modèle économique instable. [1]
Ceci étant, en prenant en compte l’évolution de la critique jeux vidéo sur le web (comme vous, entre autres), les blogs, les nombreux sites anglo-saxons, et surtout des initiatives de magazines sur d’autres secteurs (So Film pour le cinéma, Kaboom pour la BD [2]), il y avait, disons, une concordance, un moment, qui nous a semblé propice pour sortir ce magazine, avec cette ligne là. Je pense que JV a un peu fait le même constat. À la différence que nos angles sont assez différents, en partie du fait qu’eux viennent de la presse jeux vidéo, et que nous pour une bonne partie du généraliste, voire du cinéma pour ce qui concerne certains. L’approche est donc plus transversale, elle a d’autres héritages en plus des spécialisés, et c’est ce qui fait je crois la force du magazine, de ne pas s’appuyer seulement sur son seul territoire, tout en ayant une grande expertise sur celui-ci.
Quel public visez-vous avec Games ? Est-ce que vous pensez vous ouvrir en faisant davantage de tests ou en parlant d’autre chose que du jeu vidéo comme le font JV ou JVM ?
J’ai envie de dire tout le monde. Absolument tout le monde. Je rêve qu’on lise Games dans une salle d’attente chez le dentiste, que du joueur le plus puriste à celui qui découvre le jeu vidéo, tout le monde puisse trouver sa place et se sentir traité avec la même exigence, la même intelligence, sans tomber dans la vulgarisation.
Mais ce serait un peu mentir de dire qu’on ne vise personne, enfin tout le monde. Bien sûr on se tourne plutôt vers un public mature, qui joue depuis un certain temps, et qui cherche une approche complémentaire. Complémentaire par ce qu’on peut lui offrir aussi bien en contenu, que par le ton, notre écriture.
Pour les tests, il n’y en aura pas plus. Cela n’a aucun intérêt. Pour tout vous dire, on a même un moment hésité à les faire sauter purement et simplement, car ce principe de prescription n’est plus du tout aussi évident en 2013. Mais bon. On les a gardés, puisque finalement ça fait plaisir à tout le monde, puis c’est important afin de conserver un marqueur (de goût, de jugement, d’identité) pour le lecteur.
Pour ce qui est de parler d’autres choses, pas directement non. Ou toujours liées au jeu vidéo. On voulait par exemple interviewer Tangerine Dream sur sa bande originale de GTA V. On fera sans doute des choses comme ça. Mais on les publiera seulement si c’est pertinent. Jamais on ira débarquer chez Léa Seydoux ou un chroniqueur Canal + juste pour se donner un air parisien décontracté.
"Aujourd’hui, il suffit d’ouvrir votre navigateur si vous voulez avoir un avis plus détaillé sur un jeu"
Games tente la différence, autant par le fond (moins "conso" que les autres) que par la forme (maquette aérée, couverture qui met l’accent sur les créateurs plus que les jeux). C’était pour vous une nécessité pour exister ou une idée présente depuis le départ et qui faisait partie du pitch ?
C’était une idée dès le départ. C’était naturel. On vient tous plus ou moins de Chronic’art, où le jeu vidéo a été traité de cette manière là depuis le début, grâce à Vincent Montagnana, Benoit Maurer, Cyril de Graeve et les rédacteurs qui ont construit cette rubrique, que j’ai intégré en 2008 et pilote depuis deux ans. On ne pouvait pas faire autrement. Alors bien sûr dans Chro, c’est différent. Il n’y a pas cette ligne, précise, qui met beaucoup l’accent sur les créateurs, puisque c’est une rubrique au sein d’un magazine. Mais le fond est là. Dans la manière d’aborder les choses. D’en parler. D’écrire. Sans l’héritage de Chro, et sans aussi l’influence plus tard de Kaboom et So Film, ou de Edge, Games n’existerait pas sous cette forme là. Et il n’a absolument rien d’un magazine conso. Les gens sont assez éduqués ou informés, ils n’ont pas besoin de nous pour savoir comment dépenser leur argent.
Il y a dans Games seulement cinq "tests" (sans note) et quelques très brefs avis (dans un encart généralement). C’était une volonté depuis le départ ou est-ce que c’est lié à la nature bimestrielle du magazine ?
Les deux. L’idée de traiter certains jeux en encadrés au sein d’un article où vous pouvez essentiellement lire un entretien ou autre est importée de Chro. L’idée vient il me semble de Cyril de Graeve, à moins qu’elle soit de Benoit ou Vincent. En tout cas elle est excellente, car elle permet de diversifier le contenu, dynamiser la lecture, et d’aborder par exemple une sortie sous un autre angle que la review (qui n’a plus grand intérêt sous un format long en print), tout en amenant néanmoins un avis clair sous forme de chronique traditionnelle. On peut regretter après bien sûr de ne pas en lire plus, mais c’est un choix.
Aujourd’hui, il suffit d’ouvrir votre navigateur si vous voulez avoir un avis plus détaillé sur un jeu. Notre approche est différente. On cherche un peu à casser cette médiation unique, autoritaire et parfois complaisante du journaliste joueur au jeu, pour faire entrer l’auteur dedans, afin d’élargir le point de vue, rendre les choses plus vivantes, humaines, et permettre au lecteur de mieux aller vers le processus créatif. Du coup, si on conserve malgré tout la critique, parce que c’est un exercice finalement nécessaire, on a plus besoin de s’imposer en prescripteur, dans une époque qui n’en veut plus forcément puisque tout le monde à les outils pour exister médiatiquement.
Pour la périodicité, c’était en effet plus cohérent d’avoir un cahiers critique, une sélection de jeux qui font l’événement. Nous ne sommes pas un magazine d’actu, mais gardons toutefois un pied dedans. C’était l’idée depuis le début.
Malgré la publication bimestrielle, la majorité des dossiers traités dans ce premier numéro sont d’actualité (Battlefield 4, le dernier Zelda, voire Europa Universalis IV, etc.). Là encore, c’était obligatoire pour espérer vendre des exemplaires ?
Comme dit dans la réponse précédente, le magazine répond en partie à l’actu, mais en prenant son temps, en amenant un contenu différent. Et comme il s’agit d’un bi et non d’un tri, c’est logique. Puis il y a toujours des opportunités à réagir à l’actu, ne serait-ce parce que les gens peuvent être disponibles.
À votre avis, est-il possible de parler ouvertement et sans langue de bois de jeu vidéo alors que son industrie ne cesse d’enchaîner les records et les chiffres impressionnants ?
Cette question est tellement liée à une perception de la presse spécialisée par rapport à elle-même, elle est tellement centrée sur soi, que j’ai envie de dire : arrêtons de se la poser et passons à autre chose. Ce n’est pas pour l’esquiver. Seulement dire qu’elle ne m’intéresse pas, puisque la réponse va de soi.
Bien sûr il y a des vendus. Comme partout. Dans tous les spécialisés. Que ce soit pour le cinéma, la musique ou les bagnoles. Mais, comme pour le cinéma, la musique ou les bagnoles, vous avez aussi une multitude de magazines qui conservent leur liberté et leur intégrité éditoriale. On fera tout pour que Games soit de ceux là. En faisant ce qu’on a envie, sans rejeter aucune opportunité (proposition d’entretien, invitation à découvrir un jeu, etc.), du moment qu’elle aille dans le sens du magazine en offrant le meilleur contenu possible au lecteur.
Mais je dis spécialisée, c’est pareil partout, combien de journalistes dans les petits papiers des politiques ?
"La démarche principale du magazine est d’aller à la rencontre des développeurs"
Quelle latitude aviez-vous pour votre dossier sur Ubisoft ? Est-ce qu’il y a beaucoup d’informations données en "off" qui n’ont pas pu être données ?
Pas de off. Sinon on a fait une douzaine d’entretiens. Tout le monde a joué le jeu. C’était assez simple. Les intéressés ont répondu à toutes nos questions.
Ubisoft revient souvent dans ce premier numéro : il y a le dossier, quelques pubs ainsi qu’une offre d’abonnement avec un exemplaire d’Assassin’s Creed en cadeau. Est-ce un partenariat, un hasard, une coïncidence ?
C’est un hasard. Vers la fin du bouclage il restait finalement une page de pub, on l’a proposé à différents endroits et Ubi a répondu oui. On a aussi fait un partenariat pour le jeu. C’est tout. Cherchez pas plus loin. Après je comprends qu’on puisse se poser la question. C’est normal. Mais il n’y a aucune forme de corruption derrière tout ça !
En lisant Games, je me suis demandé si à un moment vous ne preniez pas un risque avec la publicité. Je m’explique : la seule page de pub du magazine qui n’est pas liée aux éditions IMHO [3] est celle de Assassin’s Creed IV, sur la quatrième de couverture. Ubisoft est en fait votre seul annonceur jeu vidéo. Le magazine JV a pour sa part décidé d’éviter au maximum des annonceurs jeu vidéo. Est-ce que vous comprenez leur démarche, est-ce qu’elle vous semble positive, à éviter ?
Je ne m’occupe pas de la publicité, c’est Benoit Maurer avec notre régie [4]. Donc je ne peux pas répondre.
Tout ce que je peux dire et qui n’implique que moi, c’est que je suis assez sceptique sur le fait qu’un magazine puisse aujourd’hui choisir sa publicité. Cela me semble même très difficile. Sauf si vous êtes sur un modèle premium à la XXI, ou que vous tournez très bien sur vos seules ventes, ce qui n’est pas évident, je ne vois pas comment on peut se payer ce luxe. Après ça peut être un pari, un choix, que je respecte totalement, mais il me semble risqué.
Personnellement je ne vois pas trop où est le problème avec la publicité. Vraiment. C’est un moyen économique qui permet aux choses d’exister. De payer des gens (comment croyez vous qu’on puisse rémunérer 300€ le feuillet chez Vogue ? J’exagère peut-être sur le tarif mais je ne dois pas être loin). Tant qu’elle ne devient pas envahissante, pourquoi s’en passer ? Sans, il faut avoir les reins solides, ou bien payer les gens au lance-pierre. D’autant que la publicité, c’est idiot, mais permet de donner aussi un rythme à un magazine, de l’aérer.
On a eu des numéros de Chro sans pub, aucune, une fois je crois il y a an ou deux. Et c’est assez indigeste. Ce mythe d’une intégrité parfaite parce qu’on se passerait de la pub ne fait plaisir qu’aux chevaliers blancs d’une bataille à mon avis assez vaine. L’essentiel c’est que le magazine ne soit pas contaminé exagérément par la pub, et qu’elle n’oblige à aucune contrainte éditoriale, sur le fond comme la forme. Pour le reste, elle sert à tout le monde.
Je trouve qu’il y a un décalage entre la couverture volontairement agressive et un contenu relativement policé. Est-ce parce qu’il s’agit du premier numéro, est-ce que parce que la couverture donne une mauvaise indication sur le contenu ou est-ce que tout simplement une volonté d’écrire sur des choses positives ? Ou alors nous sommes véritablement aigris chez Merlanfrit ?
Je ne vois pas très bien ce que vous entendez par policé. Mais soit. Pour le décalage par rapport à la couv, je comprends mieux. Mais il fallait se faire un peu remarquer, un brin d’insolence ne fait donc pas forcément de mal. C’est certainement plus badass que le contenu, mais ce paradoxe ne me déplaît pas. J’aime assez le principe d’amener les gens vers quelque chose, puis les surprendre. Le magazine se veut une grande porte ouverte, où un lecteur pourrait être attiré par le dernier gros hit vendu partout, et découvrir au fil des pages l’œuvre de Christine Love. Games est un magazine pop, donc transversal et populaire.
On ne s’est jamais dit n’écrivons que sur des choses positives. Sous-entendu c’est pratique comme ça on ne fâche jamais personne. Non, la démarche principale du magazine est d’aller à la rencontre des développeurs. Forcément, on ne va pas vers les autres en leur crachant à la gueule. Cela ne veut pas dire que vous ne trouverez jamais de question (ou de sujet) qui dérange, bien au contraire, mais que tout simplement là, sur ce numéro, on a pas eu à le faire.
Après sur le premier numéro, on a aussi beaucoup sélectionné des choses qu’on aimait, qu’on avait envie de faire découvrir, des gens qu’on voulait rencontrer. Ce qui explique cela.
"Ce sont de sacrées belles tartes à la crème, le sexisme et la violence"
Quand vous parlez de sujets qui dérangent, est-ce qu’on peut s’attendre à voir apparaître des dossiers ou des entretiens autour de la question du sexisme ou de la violence dans les jeux vidéo ? Ce sont des sujets qui divisent et qui méritent d’avoir et des intervenants de qualité et de la place pour s’exprimer.
Ce sont de sacrées belles tartes à la crème, le sexisme et la violence. Les mêmes qu’on nous a déjà servies mille fois avec le cinéma, et qui à chaque fois ont débouchées sur les mêmes constats stériles, pour ne pas dire débiles. Je comprends la question, de vouloir justement élever le débat, mais a-t-il vraiment besoin qu’on l’alimente encore ?
Si on devait aborder ces questions, en tout cas pour ce qui concerne la violence, ce serait pour en finir. Dire très clairement que ce sujet est nul, que ce n’est qu’un grand fourre-tout où il n’est jamais question de jeu vidéo. Pour le sexisme c’est un peu différent, car là on peut prendre la chose sous un autre angle, plus productif, plus intéressant, en se focalisant par exemple sur la possibilité d’une singularité féminine dans le jeu vidéo. Ce qui là aussi nécessite d’éviter de faire du sous-gender, déjà que le gender en soi n’est pas la chose la plus passionnante du monde. On a pensé rebondir par exemple sur les mésaventures de Zoe Quinn [5]. On va faire quelque chose autour de ça. Mais justement en essayant d’éviter ce piège du sexisme, qui à mon avis ne déboucherait que sur un constat fait partout, dans tous les milieux, et toutes les entreprises. Il faut traiter la chose avec intelligence et limpidité.
À la différence des autres magazines (JV, Video Gamer ou Canard PC), votre équipe est majoritairement constituée de "ronins", journalistes ou auteurs qui n’ont pas fait leurs armes sur Joystick ou Joypad. Est-il plus difficile de les réunir et de trouver un ton global satisfaisant ?
Au contraire, c’était presque plus facile de les réunir que si j’avais dû chercher vers les spécialisés, puisque une bonne partie vient ou est passé par Chronic’art, qui est un peu la maison mère du mag. Sans forcément les connaître tous, je connaissais déjà leur travail, et savait de quoi ils seraient capables. Pour le ton, du coup ça n’a pas été trop compliqué. Il faut bien sûr toujours un peu ajuster pour que l’ensemble soit relativement homogène.
Votre nom est très présent dans les articles. Est-ce que vous avez fait un travail d’édition important sur ce premier numéro ?
Pour l’édition, oui, assez. Il fallait donner un cadre. Un ton. Poser la ligne. Donner à comprendre le fonctionnement de la maquette. Même si ça n’a pas été très difficile. Mais si j’ai souvent participé, c’est aussi pour venir parfois en soutien, sur certains articles. Ou bien pour le plaisir.
Comment choisissez-vous les sujets et les créateurs ? C’est quelque chose décidé ensemble en comité de rédaction ou alors vous donnez des pistes ?
Les deux. Je propose une série de sujets ou d’auteurs, et les rédacteurs en proposent également en conférence. On fait le tri avec tout ça. Il n’y a pas de priorité sinon celui de l’intérêt des sujets, et l’équilibre du magazine, entre les auteurs, le AAA et l’indé, les types de sujets (entretiens, enquêtes, dossiers etc.).
Merci.
Le premier numéro de Games est actuellement disponible en kiosques au prix de 5€90 pour 116 pages.
Notes
[1] Pour plus d’informations sur la fin de IG Magazine, nous vous proposons d’écouter le podcast #5 de zqsd.fr où est reçu Pierre-Alexandre Conte qui commence autour de 1h06.
[2] Kaboom est édité par la même société que Games, les éditions 2b2m, NDLR
[3] Les autres publicités sont soit des bandes dessinées qui sortent aux éditions IMHO, soit pour un autre magazine, Believer.
[4] La régie Mint, qui gère aussi Chronic’art, Kaboom et JV, entre autres, NDLR
[5] Game designer américaine, auteur du jeu Depression Quest qui a été victime d’attaques sexistes.
Vos commentaires
Nicolas Turcev # Le 20 janvier 2014 à 19:06
Très instructif, ça confirme mon sentiment sur le mag, de qualité. Maintenant je rejoins la question qui faisait état d’un contenu un peu policé, j’attends de voir sur le second numéro s’il y a plus de prises de positions un peu tranchantes ou des interviews potentiellement moins tendre, même si en effet, ce n’est pas en crachant à la face des gens qu’on risque d’en tirer quelque chose.
Damien # Le 20 janvier 2014 à 20:44
Excellent interview, très instructive !
Par rapport à Games, personnellement j’ai adoré (et dévoré) ce magazine. Même si à mes yeux il ne remplace pas IG (qui avait un excellent équilibre actu - interview - histoire et un nombre de pages conséquent et appréciable, en plus d’un bon format et d’une qualité de papier qui fait du mag un excellent objet de bibliothèque), je trouve que c’est le seul magazine qui arrive également à prendre un de hauteur sur le sujet, et qui ne donne pas l’impression de relire Gameblog & co sur papier. J’ai également acheté le premier numéro de JV, et, autant je leur souhaite de réussir dans leur entreprise, autant j’ai été assez déçu par un mag qui se revendiquait "mature" et qui finalement, à un ou deux dossiers près (notamment celui sur GTA, excellent) ressemblait plus à Joystick / Joypad qu’à IG en matière de réflexion sur le jeu vidéo.
Au contraire, Games lui propose des interviews passionnantes et suffisamment longues pour justifier leur apparence sur papier (car bon, une interview sur une page, n’importe quel blog peut faire de même). Les personnalités sont très bien choisies, les questions posées (im)pertinentes et les réponses sortent assez souvent de la langue de bois "tournée promo" que l’on retrouve partout. Cela n’engage que moi, mais j’ai adoré ce premier numéro, et j’achèterai sans hésiter les suivants.
Les deux seuls reproches que je ferais au mag sont finalement superficiels :
L’image de couverture. Alors que le contenu me donne l’impression d’avoir été écrit pour des joueurs adultes et "intelligents", la couverture m’a franchement plus rebuté qu’autre chose. Avant de lire le mag, j’avais peur d’avoir affaire à un mag pour ados (ce qui n’est pas une mauvaise approche en soi, mais juste pas ce que je cherchais car le net est très fort sur ce créneau "actu superficielle" entre les blogs et les youtubeurs)
Le nom du mag. "Games", vous n’avez rien trouvé de plus original sérieusement ? Je crois qu’il aurait été difficile de trouver un nom plus générique et moins remarquable. En plus, cela fait que le site du mag est complètement noyé quand on le cherche sur Google (personnellement, j’ai eu du mal à trouver le site du mag pour savoir quand sortais le N°2...). Cela renforce l’impression que la personne qui à fait la couverture n’a pas lu le mag, voire ne travaille pas dans la même rédaction, tant l’emballage et le contenu ne vont pas ensemble :).
Merci en tout cas pour cette série sur les mags de jeu vidéo. En plus des mags récent, il serait super intéressant d’avoir aussi une article sur le pourquoi de la fin d’IG et sur la passionnante histoire de MER7 ;)
Garf # Le 21 janvier 2014 à 09:36
L’interview est très intéressante, mais contrairement à la précédente, elle ne m’a pas donné envie d’en savoir plus sur le mag. Autant j’apprécie l’approche différente prônée par le magazine, autant j’ai plus de mal avec certaines réponses de M. Dittmar dans cet entretien et avec le choix de couverture. M. Dittmar dit : "on ne va pas vers les autres en leur crachant à la gueule", et pourtant c’est un peu l’impression que j’ai avec cette couverture. L’impression est renforcée par le site web, qui reprend cette couverture, et ne propose aucune information sur le magazine ou sa parution.
Pour revenir à cette interview, les réponses qui me posent problème sont celles sur la publicité et les sujets "tarte à la crème". Dire que la publicité est bénéfique pour le lecteur car elle permet d’aérer le magazine est à mon avis ridicule. Si l’on souhaite aérer sa maquette, il y a bien d’autres solutions qui ne nécessite pas une page de pub. Que Games en ait besoin au niveau financier soit (je vois bien le mal qu’à Le Tigre à continuer sans publicité), mais il ne faudrait pas prendre les lecteurs pour des idiots. Quant aux sujets "tarte à la crème", je trouve la réponse de M. Dittmar un peu lâche. Je la comprends personnellement comme un aveu que le sujet est trouvé trop difficile pour être traité dans le magazine, ou alors uniquement pour parler des "mésaventures" de Mme Quinn (je trouve le terme assez mal choisi).
Martin Lefebvre # Le 21 janvier 2014 à 10:11
/enlève sa casquette de Merlanfrit et met celle de Games... euh non, c’est pas possible, cette collusion est infernale. :D
@Nicolas : a priori dans le second numéro, il devrait y avoir plus de tranchant, enfin pour ce que j’en sais. Au début on s’est fait plaisir et on a interviewé les gens qu’on rêvait d’avoir. Pour le n°2, de mon côté en tout cas, je pense qu’il y aura un peu plus de contradiction, des propos pas trop lisses...
@Damien : plus je vois la couv’, plus je me dis en effet que j’ai du mal à me l’approprier... C’est qui ce malpropre de métalleux avec son look perrave ? Pour le nom, ça a été l’enfer pour trouver, le titre de travail était Level-Up, on a failli s’appeler Bouton, à cause de moi en plus, heureusement que le nom était pris. L’idée derrière GAMES c’était d’avoir un truc visible en kiosques, de ne pas retrouver le mag au milieu des magazines de pêche ou quelque chose du genre. L’invisibilité sur Google, oui je pense que c’est un problème...
@Garf je pense que le problème de l’interview vient un peu de nous. Comme dit Jérôme, "on va pas vers les autres en leur crachant à la gueule", et disons que par peur de paraître complaisants (c’est Anthony qui a mené le truc de bout en bout, mais je n’étais pas loin, je connaissais les questions, etc.), on a peut-être été un peu inquisiteurs dans les questions, et Jérôme s’est peut-être un peu braqué. L’interview de Corentin Lamy, qui est par ailleurs un type tout à fait sympa, a été réalisée dans de toutes autres circonstances. Du coup, je pense qu’il faut se retenir de juger trop vite le mag et son fonctionnement... Sur le plan éditorial Jérôme est très ouvert, très à l’écoute des propositions, même s’il a évidemment une ligne, ce n’est pas un chefaillon. Et je vais réussir à lui refourguer en douce un peu de gender, d’autant que je ne suis pas le seul sur la question, un certain Erwan Higuinen est aussi sur le coup. Bon par contre Zoe Quinn ça a l’air compliqué, elle est très très difficile d’accès. :/
Sur cette histoire d’entretiens, je me dis que des fois c’est pas mal d’avoir une certaine bonhommie, parce que ça pousse les gens à se livrer. Si j’avais dû interviewer Cage ou Chen, dont je ne goûte pas trop les jeux, j’aurais peut-être posé des questions différentes, mais je les aurai aussi sans doute bloqués. Là, quand je lis les papiers, en tant que critique de leur esthétique respective, je trouve pas mal d’arguments. Par exemple le délire de Chen sur la Lune et les cosmonautes, c’est très beau, mais pour moi ça confirme surtout que c’est un illuminé un peu gnangnan... Il s’est livré.
Sur la pub, moi je ferai un mag, je n’aurais pas de pub, je déteste ça. Après ce n’est pas mon argent, et je pense que c’est un mal nécessaire pour viser à terme l’équilibre économique et les papiers payés 300 euros le feuillet. :D
Anthony Jauneaud # Le 21 janvier 2014 à 11:16
Je continue à penser que si les interviews chez Ubisoft ou chez DICE n’ont aucun intérêt (surtout celle sur BF4 qui est vraiment le pire AAA de l’année dernière haut la main), les entretiens avec Chen et Cage sont les plus réussis : ils se livrent, ils parlent comme s’ils n’étaient pas dans un magazine de jeu vidéo.
Corentin Lamy # Le 21 janvier 2014 à 11:17
Pour l’anecdote, Level Up, ça a aussi été un titre de travail de JV (avec Start, Respawn, Replay, etc.).
Simon JB # Le 21 janvier 2014 à 11:41
J’ai acheté Games dans l’avion tout à l’heure !
J’avoue que j’en attendais beaucoup (l’angle entretiens / enquêtes, la maquette, l’équipe de Chronicart dont j’aimais bien le ton + la présence de Martin L.) et j’ai été légèrement déçu...
Certaines interview sont très intéressantes, mais sans surprise ce sont plutôt celles des indés ou des "auteurs". Le dossier Ubisoft est effectivement un peu policé, avec une question d’accroche intéressante ("est-ce qu’il y a un style, une vision propre au studio ? Comment est-ce possible sur des AAA développés dans autant de pays différents ?") - je pense que oui, il y a clairement une stratégie propre à ubisoft qui n’est pas seulement économique mais aussi artistique. J’ai eu le sentiment que le dossier s’arrêtait un peu au moment d’aborder le plus intéressant.
Même sentiment pour pas mal de rubriques, que j’aurais aimé voir développées beaucoup plus : le post-mortem sur Remember Me par exemple, ça aurait pû (dû ?) donner un dossier de 6,7 pages (ne serait-ce que pour voir plus de ces très beaux artwork).
Globalement tout ce qui est post-mortem est toujours passionnant dans le JV je trouve.
Je ne doute pas que ce premier numéro serve de ballon d’essai pour identifier les pistes les plus intéressantes, mais quitte à jouer la carte de l’enquête et de l’interview, j’aimerais voir Game y aller à fond (façon XXI), avec des interviews encore plus longues et des enquêtes. Tout en sachant très bien que ça demande beaucoup plus de travail que les habituels tests et preview - déjà très chronophages...
Je lirai la suite avec plaisir en tout cas.
Garf # Le 21 janvier 2014 à 13:48
Merci Martin pour ta reponse. Je vais probablement donner sa chance au magazine, mais pas pour ce numero (cette couverture...). Peut-etre que le contexte de l’interview a contribue en effet a ce decalage que je percois entre l’ambition affichee et certaines remarques. Pour la pub, je comprends le point de vue "mal necessaire", je soulignais juste qu’il y a d’autres moyens plus agreables pour les lecteurs d’aerer un magazine.
PS : sorry pour l’absence d’accents.
KotL # Le 21 janvier 2014 à 16:52
Je suis bien d’accord avec Simon JB, j’ai aussi trouvé que la plupart des articles s’arrêtaient un peu trop tôt, juste une page de plus pour la plupart m’aurait vraiment fait plaisir.
Sinon très sympa, j’attends la suite avec impatience.
Laurent J # Le 22 janvier 2014 à 09:12
Je trouvais moi aussi la couverture immonde, au point de me dire que je n’achèterai pas ce premier numéro. J’ai finalement vaincu mes réticences et vraiment, je suis content de l’avoir fait, donc ceux qui hésitent pour les mêmes raisons devraient quand même se faire violence :o)
Steph # Le 24 janvier 2014 à 16:04
Je rejoins les points positifs des remarques précédentes, c’est excellent, instructif, etc. et surtout, on ne lit pas ce genre de choses ailleurs.
Maintenant,
, ou on porte la plume dans la plaie ? Bref, on n’en finit pas de constater qu’il n’existe pas de journalisme de jeu vidéo. On fait ce qu’on peut.
Étonnant également la différence entre les appréciations sur la dureté des questions. Trouver qu’elles sont « dures » ou « inquisitrices » me semble proprement hallucinant. Certaines, sur la publicité par exemple, étaient pourtant importantes et légitimes. Je sais que Merlanfrit est un banc de poissons différents, mais...
attention aux adducteurs.
Une autre chose qui me chiffonne beaucoup dans cette interview, c’est le côté saupoudrage, extrêmement superficiel, qui s’explique, je crois, par la tension que vous avez cru voir, ou en tout cas qui n’est pas légitime (vous êtes vraiment gentil ici). Vous passez de remarques très générales sur l’état de la presse à la place de la publicité, en passant par les problèmes de ventilation dans la maquette. Y’avait un cahier des charges avec des items ? Ça va vite, et les questions ne soutiennent rien - pour comprendre le risque lié à la pub je m’y suis repris à deux fois -, pour certaines, elles sont neutres, ou désamorcées par la subjectivité de l’interviewer.
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