Correspondance avec Cédric Mallet (JV.com)
Jeuxvideo.com se trouve dans une situation paradoxale : premier de loin en terme de fréquentation, le site dont la rédaction est basée à Aurillac paraît un peu à l’écart du reste de la presse vidéoludique française. Après Gaël Fouquet de Gamekult, c’est autour de Cédric Mallet, directeur général de Jeuxvideo.com, de répondre à nos questions sur les relations entre presse et éditeurs vidéoludiques, dans la foulée du Doritosgate.
Longtemps, sur les forums, jeuxvideo.com est resté associé à un public jeune, de "Kévins" dysorthographiques, où l’on a plus de chances de trouver des fuites de sujets du bac qu’autre chose, peut-être la rançon du succès de ses forums ? Et puis ces derniers mois, le site a commencé à changer un peu d’image auprès des gros joueurs, grâce notamment au fulgurant succès de l’émission animée par Usul, alliant humour et pédagogie. A tout prendre, JV.com vaut sans doute mieux que sa réputation, d’autant qu’outre les habituelles news et les tests des nouveautés, le site propose depuis longtemps des dossiers de qualité variable, mais aux intentions louables, comme la série de vidéos consacrées aux métiers du jeu vidéo, ou la présentation des Shin Megami Tensei à un public qui ne connaît pas nécessairement Atlus. Cela dit, il ne fait nul doute que JV.com est une grosse machine, aux mécanismes bien huilés : les testeurs ne sont pas nécessairement là pour avoir la dent dure, et il est bien rare qu’un AAA obtienne moins d’un 15/20. Si la rédaction est indépendante, JV.com appartient depuis 2006 au groupe Hi-media, spécialisé dans la publicité, le paiement et la presse en ligne. On n’est pas là pour faire du bénévolat.
Aux commandes de cette machine, Cédric Mallet, qui a remplacé depuis septembre au poste de directeur général le fondateur Sébastien "Lightman" Pissavy, lequel se consacre actuellement à l’écriture d’un livre sur l’histoire du site, dont il évoque d’ailleurs l’avancée sur son blog. On comprend aisément qu’au départ, M. Mallet ait eu quelques réticences à répondre à nos questions alors qu’il en était à poser ses marques. Je me contentai donc de trois questions d’ordre assez générales. Quelle ne fut pas ma surprise de trouver le lendemain sur ma boîte aux lettres une réponse aussi touffue que construite. Par la suite je lui posai trois autres questions, et c’est le résultat de cet échange que vous allez lire.
Les lecteurs pressés m’excuseront de m’attarder sur ces détails, mais il me semble important de savoir ce que l’on lit dans le cadre d’un entretien. Il est évident que la communication est beaucoup plus maîtrisée par l’interviewé lorsqu’il répond par écrit : ce qu’on gagne en clarté, on le perd évidemment en spontanéité, et dans ce contexte il est beaucoup plus difficile au reporter d’appuyer sur les contradictions sans sortir du cadre de l’entretien pour entrer dans celui du débat. Ainsi, peut-être faudrait-il plutôt considérer que nous offrons à Cédric Mallet une forme de tribune sur un thème imposé, sans prétendre pointer a priori toutes les contradictions que son discours pourrait révéler : de cela, je vous laisse juger.
Merlanfrit : Pourquoi l’affaire Florence / Doritosgate, qui a causé des remous dans la presse anglo-saxonne, n’est-elle pas "sortie" en France, notamment sur JV.com, alors que les journalistes français l’ont assez massivement suivie ?
Cédric Mallet : Mon avis sur cette question n’est pas forcément pertinent, puisque c’est de la responsabilité de notre rédacteur en chef de choisir quels sont les sujets à traiter ou non, en fonction de l’intérêt de nos lecteurs. Je n’interviens auprès de la rédaction que pour amorcer avec eux des réflexions concernant notre proposition éditoriale, jamais pour entrer dans le détail d’un sujet ou de la note d’un jeu par exemple, que je découvre en général moi-même en consultant le site.
A titre personnel, j’ai largement suivi l’affaire Doritosgate, parce que le sujet m’intéresse particulièrement depuis ma prise de fonction, mais aussi parce que humainement, étant très attaché à certaines valeurs morales, j’ai été outré du départ de Rab Florence dans ces circonstances. Pour autant, notre rôle n’est pas d’enfoncer nos confrères. J’ai suivi l’affaire plus pour comprendre les leviers qui faisaient réagir le public. J’ai d’ailleurs pu constater à la lecture de l’édito de Tom Bramwell qui a suivi que la situation était un petit peu plus complexe que ce qu’avait pu laisser penser les premiers échos sur l’affaire. D’une manière générale, et bien que je sois en désaccord avec certaines décisions qu’il a prises, je trouve qu’il a plutôt bien géré les différentes difficultés auxquelles il a été confronté récemment. Sachant à quel point cela peut être parfois difficile sous la pression, j’en profite pour lui exprimer toute ma sympathie.
« Le simple fait d’être basés à Aurillac nous tient naturellement à l’écart de tout le bling-bling »
D’autre part, et c’est très particulier à jeuxvideo.com, nous nous sentons assez éloignés de ces problématiques. Le simple fait d’être basés à Aurillac nous tient naturellement à l’écart de tout le bling-bling des soirées parisiennes et de beaucoup de sollicitations. Ayant vécu 5 années à Paris à fréquenter bon nombre d’events, je peux dire que la différence est plus que flagrante. Ne nous sentant pas concerné directement par cette affaire, je l’ai regardée en sous-estimant probablement au départ l’impact qu’elle allait avoir sur une partie du public.
Et puis, jeuxvideo.com n’a pas aujourd’hui une ligne éditoriale très tournée vers l’opinion et le débat. Nous parlons essentiellement des jeux eux-mêmes.
Tout ceci fait que je n’ai pas vu d’intérêt particulier à en parler sur le site.
JV.com a-t-il une charte précise réglementant les rapports entre les journalistes et les éditeurs de jeu vidéo ? Acceptez-vous les voyages presse, les petits cadeaux, vos journalistes peuvent-ils être en relation de travail avec les éditeurs (par exemple faire des "ménages", de la traduction...), bref il y a-t-il des limites, qu’elles soient implicites ou explicites ?
A ce jour, et étant donné notre situation particulière, nous n’avons pas ressenti le besoin d’établir des règles particulières sur ce sujet. Nos journalistes ne sont pas en relation de travail avec les éditeurs autrement que pour recueillir les informations nécessaires à la réalisation de leur mission pour jeuxvideo.com. Je sais que par le passé, certains ont été, à de rares occasions, sollicités pour animer des events, mais ont poliment décliné de façon spontanée. A l’avenir, nous serons probablement attentifs à ce que cela reste ainsi.
« J’ai un peu de mal à croire que l’éthique d’une personne puisse être achetée moyennant une figurine en plastique »
Concernant les cadeaux, je n’ai pas connaissance d’éléments significatifs autre que les goodies qui accompagnent parfois les versions presse. Mais j’ai un peu de mal à croire que l’éthique d’une personne puisse être achetée moyennant une figurine en plastique. Ce sont des éléments qui font partie du folklore, souvent appréciés par nos lecteurs à qui il nous arrive régulièrement d’offrir ces goodies via des animations sur nos forums ou notre page Facebook. Effectivement, cela implique que nous parlions du jeu sur un autre mode que le seul test. Mais j’ose espérer que cela n’a d’influence ni sur la note du rédacteur ni sur l’intention d’achat du lecteur. Le contraire serait trop déprimant à imaginer. Et si cela devait poser problème dans l’esprit des lecteurs, nous veillerons à les proposer systématiquement en cadeau à nos lecteurs.
Je tiens également à préciser que l’envoi des jeux par les éditeurs n’est pas non plus systématique, y compris chez les plus grands. Il nous arrive régulièrement d’avoir à acheter des versions du commerce, que ce soit des jeux ou des consoles, soit parce que l’éditeur nous a oublié dans sa liste d’envoi, soit parce nous souhaitons avoir l’exemplaire plus rapidement en l’achetant à l’étranger pour avoir plus de temps pour tester le produit. Au total, ces achats représentent un budget non négligeable sur l’année, que nous préférerions consacrer à autre chose. Mais nous considérons que cela fait partie de notre mission, pour assurer la couverture la plus exhaustive possible du marché. Et ce n’est pas non plus parce que nous avons payé un jeu avec nos deniers que nous lui mettons une note moins bonne.
Enfin, concernant les press tours, nous y participons effectivement quand c’est possible. Nous envoyons souvent des pigistes parce que ce genre de déplacement se fait plus facilement au départ de Paris. Nos rédacteurs couvrent en général les plus gros titres, ou les events regroupant plusieurs titres, ce qui évite de bloquer un rédacteur trop longtemps (Oui, parce que partir à Amsterdam ou à Berlin depuis Aurillac, ça prend du temps) pour un contenu limité. En général d’ailleurs, nous partageons une partie des frais, puisque nous prenons en charge le déplacement d’Aurillac vers Paris.
« Notre rôle est aussi de donner le plus d’informations possibles sur les gros jeux, parce que nos lecteurs attendent cette couverture »
Ce ne sont clairement pas des conditions idéales pour se faire un avis sur un jeu. Mais c’est un moyen de recueillir des informations intéressantes pour faire des aperçus ou préparer le test. Et je considère que cela fait partie de notre mission d’y participer. Ca ne me choque pas outre mesure que l’éditeur prenne en charge le déplacement pour montrer son jeu. Que le déplacement soit payé par l’éditeur ou par le support, je ne crois pas que cela change grand chose dans la perception du journaliste. On peut arguer que c’est une manière de participer à la ligne éditoriale, puisque l’éditeur attire ainsi l’attention du rédacteur plus que ne pourrais le faire un développeur indie par exemple. Mais notre rôle est aussi de donner le plus d’informations possibles sur les gros jeux, parce que nos lecteurs attendent cette couverture. L’attention que nous captons à ce moment là nous donne l’occasion de valoriser des titres moins connus ou pour lesquels l’éditeur n’a pas les mêmes moyens, mais que nous couvrons de la même manière.
Ce travail de couverture du marché est généralement assez mal récompensé, que ce soit en publicité ou même en trafic. Il suffit de voir ce qui s’est passé récemment concernant Black Ops 2 ou Halo 4. Une partie du public s’acharne à se plaindre des notes que nous avons donné à ces jeux, en nous taxant de corruption ou pire, alors que la presse internationale semble s’accorder sur la valeur intrinsèque des titres. Dans le même temps, nous avons testé Natural Selection 2, qui est un superbe titre méconnu qui prend un 18/20 sur jeuxvideo.com. Sans press tour, ni budget publicitaire, il s’est offert une journée en une de jeuxvideo.com, comme ses grands frères, juste parce que c’est un plaisir que nous avons voulu partager avec les gamers. Mais malgré ça, il reste globalement marginal, parce que la notoriété de la licence attire beaucoup plus que la note du jeu. Quoi que nous puissions en dire.
« Si toute l’énergie qui est dépensée aujourd’hui par le public pour râler contre les notes ou les conditions dans lesquelles sont notés les AAA était utilisée de manière positive pour pousser des titres qu’ils aiment... »
Si toute l’énergie qui est dépensée aujourd’hui par le public pour râler contre les notes ou les conditions dans lesquelles sont notés les AAA était utilisée de manière positive pour pousser des titres qu’ils aiment, ne serait-ce qu’en AA, cela aurait probablement une influence beaucoup plus forte sur le marché du jeu vidéo, et en particulier sur la production et la politique commerciale des éditeurs, qu’un ou deux points de différence sur la note des jeux.
Nous avons tous intérêt à la diversité. Tant mieux qu’il y ait beaucoup de fans de CoD ou de Fifa, cela donne des moyens aux éditeurs. Et si le marché montre son intérêt pour de la diversité, les éditeurs pourront utiliser ces moyens pour proposer d’autres approches. Au lieu de cela, pour le moment, une polarisation se crée entre le AAA dont tout le monde parle, même pour en dire du mal (mais dans un reporting, ça fait toujours des citations en plus), et les casual games parce qu’ils sont peu chers. Et rien au milieu.
Dans notre cas, nous continuerons à faire notre métier du mieux possible, en donnant leur chance à tous les jeux, quels que soient les budgets marketing qui les accompagnent, pour soutenir autant que possible la diversité sur le marché. Tant pis si les jeux ne plaisent pas à tous les joueurs, du moment que chaque joueur peut trouver des jeux qui lui plaisent.
« Un site d’information sur les jeux vidéo est 100% dépendant des éditeurs, quoi qu’il arrive »
De manière générale, quelles mesures prenez-vous, ou prendrez-vous, pour assurer l’indépendance de la rédaction par rapport aux éditeurs ?
Le problème de base c’est qu’un site d’information sur les jeux vidéo est 100% dépendant des éditeurs, quoi qu’il arrive. On peut pousser des cris d’orfraie à propos de celui qui a payé la note du mini-bar, il n’en reste pas moins que le secteur du jeu vidéo vit en circuit fermé, parce que les seuls financeurs du secteur sont les éditeurs.
Et même au-delà de l’aspect financier, les éditeurs sont aussi les producteurs et les propriétaires des jeux qui nous intéressent. A ce titre, nous leur devons un minimum de respect dans l’usage que nous faisons des contenus qu’ils nous proposent.
Depuis que je travaille dans le secteur du jeu, j’ai assisté à de nombreux débats sur la liberté de la presse, le droit à l’information et autres grands principes. Ces débats m’ont généralement fait rire, souvent jaune parce que j’attache une grande importance à ces droits et devoirs, quand on les sollicite à bon escient. Mais dans le secteur vidéoludique, nous ne sommes pas de grands reporters d’investigation, qui doivent partir en milieu hostile pour rapporter des faits controversés. Nous sommes des "journalistes sur canapé", à qui l’on confie un produit, et qui doivent, à la lumière de leur expérience de gamer, donner leur avis dessus avec un seul objectif : essayer de faire partager au lecteur le plaisir qu’ils ont pris (ou pas) à utiliser ce produit.
Dans le secteur vidéoludique, nous ne sommes pas de grands reporters d’investigation, qui doivent partir en milieu hostile pour rapporter des faits controversés
Dans ce contexte, je considère que nous n’avons aucune indépendance, et que prétendre le contraire, c’est mentir au lecteur ou se faire des illusions, tout au moins quand on veut pratiquer cette activité de manière professionnelle, et sans autre ressources que la publicité, comme c’est le cas sur internet. Je ne dis pas que c’est bien, je dis que c’est la réalité du marché qui est comme ça.
Nous sommes dépendants des éditeurs et de leur travail, nous respectons les conditions dans lesquelles ils nous le proposent. Ainsi, quand un éditeur nous demande de supprimer une vidéo qui a leaké, cela me parait normal de le faire. C’est leur propriété intellectuelle qui est en question, pas le droit à l’information.
La seule valeur à laquelle nous pouvons prétendre, autant vis à vis des lecteurs que des éditeurs, c’est l’honnêteté. L’honnêteté c’est de tester les produits dans les meilleures conditions possibles, sans préjugés, et sans pression, avec pour seul objectif d’essayer de faire émerger les points positifs et les points négatifs d’un jeu, pour que chacun puisse se faire son idée sur le plaisir qu’il va prendre à y jouer. L’honnêteté, c’est aussi de dire dans quelles conditions le jeu a été testé. Parce le voir en review event, ou n’avoir pas accès à un multi avec du monde peut avoir des implications sur la qualité du test. Nous devons progresser sur ce point.
On parle beaucoup de la pression que pourrait exercer les éditeurs sur la rédaction dans cet exercice, en particulier via la publicité. Je ne peux qu’affirmer qu’il n’y en a quasiment aucune, la séparation entre nos équipes commerciales (chez notre régie à Paris) et notre rédaction (à Aurillac) étant telle qu’elles découvrent chacune leur travail respectif directement sur le site. Mais si vous voulez vous faire une idée sur la question, je vous invite à venir passer une semaine chez nous, au sein de la rédaction. Vous pourrez juger par vous même de l’influence de la publicité sur notre ligne éditoriale.
En revanche, il y a une autre influence très forte, en tout cas chez jeuxvideo.com, et dont on parle très peu, c’est celle du public. Elle est lancinante et s’exerce directement auprès des rédacteurs quand ils lisent les commentaires sur leur travail. Les rédacteurs ne sont pas des machines. Ils font leur métier du mieux possible, en s’exprimant en leur âme et conscience et avec honnêteté. Mais ils ont chacun des goûts, des influences différentes. On ne peut pas prétendre que toutes les notes entre elles soient cohérentes. C’est déjà difficile à obtenir pour un seul rédacteur, qui quand il s’emballe pour un jeu, doit se contenir en se disant que d’autres viendront et qu’il faut qu’il se garde de la marge de manoeuvre pour pouvoir comparer un an ou deux après. Mais en plus maintenant, ils sont forcément influencés par les réactions du public, qui arrivent en permanence, sous des formes variées, et qui sont souvent beaucoup moins subtiles que celles des RP.
J’essaye d’insuffler une seule valeur à toute l’équipe du site : toujours mettre le lecteur au centre de nos réflexions et actions. Penser dans l’intérêt du lecteur. S’ils suivent à la lettre ce raisonnement, le risque qu’ils se fassent influencer par la communauté est beaucoup plus grand, et plus dangereux, que celui de se faire acheter pour un paquet de Doritos. Pour reprendre l’exemple de Black Ops 2 qui est d’actualité, si Miniblob avait passé (et il l’a fait) du temps à échanger avec la communauté des joueurs, il aurait pu écrire son test avant même d’avoir posé les mains sur le jeu. Il aurait adressé tout un tas de reproches au jeu, lui aurait mis 12/20, soit la moins bonne note de la presse mondiale, et serait passé pour un héros, celui a les cojones de dire du mal du grand capital. Et au passage, tous ces lecteurs heureux qu’on leur servent ce qu’ils espéraient auraient généré plein de pages vues chez nous. Tout le monde s’en sortait bien.
« En son âme et conscience »
Au contraire, il a fermé les écoutilles, a passé une quinzaine d’heures sur le jeu, et s’est exprimé en son âme et conscience. Il a apprécié l’expérience et c’est ce qu’il a relaté. Il lui a fallu beaucoup de courage pour le faire, en sachant très bien à l’avance les réactions qu’allaient engendrer sa note.
C’est comme ça que je pense que nous devons faire notre métier. Pas servir au lecteur ce qu’il attend, mais lui dire ce qu’on en pense. Pas casser ou encenser un jeu pour le plaisir, mais montrer à l’éditeur qu’on se tient à l’écart des influences pour s’exprimer sur les valeurs intrinsèques du jeu. Pas choisir les titres couverts en fonction du budget marketing lié, mais en fonction des attentes et de l’intérêt des lecteurs. Et faire tout cela avec honnêteté. Honnêteté ne veut pas dire objectivité. Je crois qu’il faut chercher à être objectif en exposant les points positifs comme les points négatifs. Mais c’est avant tout une expérience de plaisir personnelle que l’on relate à travers un test de jeu. On ne peut pas, on ne doit pas empêcher une part de subjectivité de s’exprimer.
Dans ce contexte, je ne crois pas qu’une décision ou une règle que je pourrais édicter puisse garantir l’absence d’influence sur les rédacteurs. Les rédacteurs sont influencés, comme tout un chacun, par tout l’environnement autour d’un jeu, que ce soit la mise en scène de l’éditeur, le marketing qu’il subit dans sa vie quotidienne, ou les retours des lecteurs. Mais également par leur background personnel. A la différence de pas mal de chroniqueurs amateurs, ils ont en revanche plus de recul sur tout cela, parce qu’ils y sont habitués, et cela leur permet d’être moins sensibles à des sollicitations externes.
Notre combat pour nous assurer de fournir une information de qualité à nos lecteurs ne doit pas conduire à une forme d’intégrisme consistant à enfermer un rédacteur dans un container durant les 3 mois précédant un test pour supprimer toute forme d’influence. Le jeu est avant tout une affaire de passionnés, qui prennent autant de plaisir dans l’attente, l’échange et l’analyse que dans le jeu en lui même. Et supprimer ces échanges enlèverait une grande partie du plaisir du gamer.
« Nous devons identifier des Rab Florence et contribuer à faire connaitre leur vision du jeu »
En revanche notre combat doit être de permettre à toutes les voix de s’exprimer. En permettant à des avis divergents d’être exposés, cela nous permettra d’explorer un plus grand nombre d’arguments, et d’inciter nos lecteurs à développer leur propre sens critique plutôt que prendre au pied de la lettre une note. Nous avons démarré doucement en 2012 avec l’apparition de nos chroniqueurs, qui sont totalement libres de choisir leurs sujets et leur traitement. Nous comptons continuer cette ouverture en proposant des tribunes à des plumes acérées souhaitant partager des expériences vidéoludiques, en leur laissant une liberté totale d’expression, du moment que cela se fait dans le respect.
Bref, nous devons identifier des Rab Florence et contribuer à faire connaitre leur vision du jeu. C’est je crois le meilleur service que nous pouvons rendre aux joueurs et au marché en général.
En somme ce que vous expliquez c’est que parler beaucoup des gros jeux vous permet de vous offrir le luxe de défendre des jeux plus petits ? Le journaliste doit suivre le marché pour vivre, ce qui ne lui laisse un tout petit espace de liberté pour mettre en avant une information qui ne correspond pas au tempo imprimé par le marketing ? Est-ce que ce n’est pas un peu pessimiste ?
En ce qui concerne les tests de jeux, le parti pris de jeuxvideo.com depuis sa création est de couvrir le marché de manière exhaustive. C’est devenu plus difficile aujourd’hui, parce que les frontières du jeu vidéo ont beaucoup bougé ces dernières années, et notre rédaction ne suffit plus à tout tester. Mais disons que sur les sorties boites, notre logique reste d’être exhaustif. Dans ce cas là, le marketing n’a aucune influence sur notre ligne éditoriale. Je ne pense pas que certains éditeurs se décident à sortir un jeu en boite juste pour pouvoir être testé chez nous ;).
Evidemment, la couverture des AAA est un peu plus large, le test est plus fouillé, les Gaming Live sont plus nombreux. Mais cela tient aussi aux attentes du public. Nous recevons, que ce soit par nos forums ou par mail, beaucoup de questions de nos lecteurs. Et tant qu’à faire, nous essayons de répondre à ces questions lors du test.
En ce qui concerne les news, c’est un peu différent. Il y a effectivement un choix du journaliste qui intervient, parce qu’il est impossible de tout couvrir. Et ce choix est influencé par les éditeurs. Pas pour des raisons financières, mais simplement parce que ce sont eux les acteurs de ce marché. Ce sont eux qui donnent vie aux produits dont nous parlons, qui créent notre matière première. Le journaliste n’est qu’un observateur. Ce n’est pas lui qui crée l’actu, il ne fait que la suivre.
Dans ce contexte, reprocher à un support généraliste de parler plus souvent des AAA que des indies, c’est comme reprocher au Monde ou à Libération de parler plus souvent de ce qui se passe à Paris que de ce qui se passe à Aurillac, ou à l’Equipe de ne parler que de Ligue 1 et pas de CFA2.
Je ne crois pas que ce soit une vision pessimiste. La liberté pour un journaliste de jeux vidéo, c’est de pouvoir dire ce qu’il pense d’une expérience de jeu, pas de choisir quel jeu sortira et quand.
« Black Ops 2, c’est un peu le Facebook du jeu vidéo »
Quand je compare ce qui s’est passé sur Black Ops 2 et sur Natural Selection, ce n’est pas pour déplorer cette situation, mais pour mettre en lumière le fait que la capacité d’influence de la presse spécialisée est surestimée. Est-ce que je le regrette ? Pas le moins du monde. Je suis beaucoup plus satisfait en me disant chaque joueur peut trouver une information qui l’intéresse sur jeuxvideo.com. Ma vision du marché des gamers est qu’il ne s’agit pas d’un enclos dans lequel tout le monde s’agglutine autour du même abreuvoir, mais une multitude de niches, chacune avec des besoins différents. Nous essayons de nous adresser à toutes. Black Ops 2, c’est un peu le Facebook du jeu vidéo. On peut lui reprocher plein de choses sur la forme ou sur le fond. Mais il fait super bien le job : celui de permettre à un grand nombre de joueurs plus ou moins occasionnels de jouer vite et avec plein d’amis.
Heureusement qu’il existe. Ce phénomène attire un public important sur des sites spécialisés, et permet même au jeu vidéo d’accéder à des médias mainstream, désserrant ainsi un peu l’étau autour du secteur. On peut se lamenter que ce soit ce titre qui obtienne ce résultat. Je préfère réfléchir à comment profiter de cette aubaine pour montrer d’autres aspects du jeu vidéo.
Ce qui m’étonne dans la presse JV c’est la relative homogénéité des avis ; alors qu’un même film peut recevoir des critiques très différentes d’un média à l’autre, on observe sur Metacritic que pour la majorité des jeux AAA en tout cas, les notes se tiennent dans une toute petite fourchette, si bien qu’il n’y a quasiment pas de débat critique... Comment expliquez-vous cela ? Sélection ou auto-sélection de journalistes qui possèdent le goût adapté, "professionnalisme" qui revient à bien noter ce que les gens aiment (comme CoD Blops II), notation "technique" qui privilégie les production values sur des choses plus subjectives ?
Ca fait un peu complot Illuminati de penser que la presse mondiale parviendrait à se formater de la sorte non ? Personnellement, je crois simplement que le jeu vidéo est un secteur très différent du cinéma. Le cinéma est accessible à tous, tandis que le jeu vidéo reste totalement hermétique à ceux qui ne le pratiquent pas. Le jeu vidéo requiert des compétences techniques ou intellectuelles, et une implication totale du joueur pour en profiter pleinement. Bien sûr, le cinéma peut aussi requérir des compétences intellectuelles pour être appréhendé, mais si tu ne comprends pas une réplique, tu ne restes pas bloqué jusqu’à ce que tu l’aies comprise. Tu vas à la fin du film et tu lui met une mauvaise note parce que tu n’as rien compris ;).
De ce fait, la critique cinéma se concentre généralement sur l’émotionnel. Et il n’y a rien de plus subjectif que l’émotion, ce qui explique une plus grande variété de réactions par rapport à un même film.
Le jeu vidéo s’est inventé des codes différents, à cause de ses spécificités, et d’un formatage moindre d’un produit à l’autre. Le jeu s’est vu comme un produit technique plutôt que culturel, et on a commencé par mesurer son accessibilité : Est-ce qu’il est facile à contrôler, est-ce que le mouvement de la caméra est fluide, est-ce qu’il dure longtemps... Et parce que ces critères restent plus faciles à interpréter objectivement, ils nous suivent toujours : Graphisme, durée de vie, bande son, gameplay etc.
« On est parfois dans une approche quasi scolaire du jeu »
On est parfois dans une approche quasi scolaire du jeu. Tu gagnes un point à chaque bonne réponse. Mais au final, le plaisir, l’émotion ressentie ou le message du jeu, on en parle peu, pour ne pas être taxé d’être subjectif. On aborde le jeu comme si c’était une voiture ou un téléphone. C’est bien de comparer l’autonomie des téléphones, c’est effectivement un critère de choix. Mais un jeu ? Si tu t’emm**** profondément en y jouant, ça sert à quoi de lui rajouter des points parce qu’il dure 2h de plus que son prédécesseur ? Bref, je crois que c’est une erreur d’essayer d’appréhender le jeu sous un angle objectif.
Mais c’est une erreur commise de bonne foi, pour essayer de rendre les tests accessibles à tous, quel que soit son niveau de compétence en jeu vidéo ou quel que soit son historique de joueur. Il y a un manque de recul par rapport au jeu vidéo qui n’existe pas dans les autres produits culturels, parce que c’est un secteur trop récent, et qui n’est pas appréhendé de la même façon par toutes les couches de population. Mais plus le temps va passer, et plus les générations nées avec un pad à la main vont prendre le pouvoir. Alors la critique pourra se concentrer sur le fond et plus sur la forme.
On arrêtera de mettre des notes (On ne note pas un livre ?), et on acceptera le fait que le critique propose la retranscription d’une expérience particulière, la sienne, et pas universelle. Supprimer les notes obligerait à lire les tests. Ce qui pourrait donner plus de valeur aux nuances. Mais cela nous couperait aussi d’une partie du public, dont le secteur a besoin pour se développer : ceux qui sont moins passionnés et ne consacrent que quelques minutes au choix d’un jeu, comme ils le font pour un film, un livre ou un disque.
Plutôt que de chercher à un développer un format universel ultime, il faudrait plutôt réfléchir à des tests avec différents niveaux de lecture. C’est en tout cas ce genre d’approche que j’aimerais pouvoir proposer à nos lecteurs. Même si parfois, ils sont capables d’offrir une très forte résistance au changement. Mais c’est parce qu’ils sont passionnés ;).
Enfin, puisque c’est d’actualité, comment répondriez-vous à Usul qui dénonce la "consanguinité" de la presse jeu vidéo ? [1].
Usul est une personne rare qui, outre sa culture vidéoludique, dispose également d’une grande culture générale, ce qui lui permet de remettre le jeu vidéo dans une perspective d’ensemble. Et en plus, il a le talent pour restituer cette vision en la rendant compréhensible. Nous avons beaucoup de chance qu’il collabore avec jeuxvideo.com, et j’espère que cette collaboration se poursuivra longtemps, et même qu’il suscitera des vocations pour que d’autres prennent la parole, apportent d’autres éclairages et participe à cet enrichissement du secteur.
Je le dis parce que je le pense, mais cela me permet de faire remarquer au passage qu’il collabore, lui aussi, avec cette presse. Je ne lui reproche pas de le faire, bien au contraire. Je crois que c’est effectivement en allant au coeur du problème qu’on est le plus à même d’améliorer les choses. C’est le parti que j’ai pris de mon côté également. Je constate que cette situation ne lui a fait perdre ni son franc parler, ni son éthique personnelle. Il est donc la preuve vivante qu’on peut collaborer à une presse dépendante sans se laisser aller à la collusion. Et fort heureusement, je crois qu’il est loin d’être le seul à avoir suffisamment de caractère pour ne pas se transformer en vassal du premier annonceur venu.
« C’est une situation subie »
Je parle de dépendance du secteur, il parle de consanguinité. Le diagnostic est le même. Il le dit simplement avec un peu plus de fougue que moi parce qu’il est plus jeune ;). Il y a néanmoins quelque chose qui me gène dans la façon dont il le dit, c’est que cela donne l’impression que c’est une situation choisie, voulue et entretenue par le "milieu" vidéoludique pour pouvoir magouiller. Or, je suis convaincu qu’il n’en est rien. C’est une situation subie.
Je crois pouvoir dire que n’importe quel patron de presse vidéoludique rêverait de voir ses pages de publicité remplies par des annonceurs hors captif, ne serait-ce que pour pouvoir se libérer de cette dépendance aux éditeurs. Pour prendre notre exemple, Jeuxvideo.com fait plus de pages vues sur internet qu’un autre média spécialisé : L’Equipe. Pourtant, sur L’Equipe, on voit des publicité pour des banques, des rasoirs, des FAI, du ecommerce, de la photo, des voyages... Et sur jeuxvideo.com ? Du jeu vidéo, dans 95% des cas. Comme si un joueur ne se rasait pas, n’avait pas de compte en banque, ou ne prenait jamais de photos. Et que dire des sites plus petits ou plus spécialisés ? Pour eux, la situation est encore pire.
Est-ce que c’est une volonté de la presse ? Sûrement pas. Nous aurions tout à gagner à élargir le panel d’annonceurs. Ce n’est pas plus une volonté des éditeurs d’entretenir une presse asservie. Beaucoup d’éditeurs troqueraient volontiers tous les tests et parution presse qu’ils obtiennent contre un passage de leur dernier trailer en ouverture du journal de 20 heures. Ce n’est pas la critique qu’ils recherchent pour leurs produits, c’est la notoriété, si possible auprès du grand public et pas seulement du "ghetto" des gamers.
D’ailleurs, si presse spécialisée et éditeurs étaient mariés, l’arrivée des réseaux sociaux et du crowdsourcing offre à ces derniers de nombreuses occasions d’adultère dont ils ne se gênent pas pour profiter. On voit ici et là des blogueurs ou des youtubers obtenir des exclusivités moyennant l’envoi d’un jeu ou l’invitation à un event, pendant que la presse spécialisée est sous embargo. Quand c’est un particulier qui est traité ainsi avec égard, on le félicite. Quand c’est un journaliste, on le conspue. Pourtant, l’un a plus de recul que l’autre par rapport à ces "attentions".
Bref, toujours est-il que dans la plupart des cas, je crois que la relation entre presse spécialisée et éditeurs ne tient pas du mariage. L’image qui me vient, c’est plutôt qu’on est dans le même ascenseur. Et le réflexe naturel, quand vous vous retrouvez coincé dans un espace restreint, avec un inconnu qui empiète sur votre espace vital, c’est plutôt un réflexe de recul. On cherche par tous les moyens à remettre de la distance tout en sachant que c’est impossible. Ca n’empêche pas d’être aimable et respectueux. Mais ça ne crée pas non plus des affinités particulières. J’ai le sentiment que beaucoup de journalistes sont dans cet état d’esprit. Et que la tendance naturelle qu’ils ont serait plus de chercher à restaurer leur espace vital en adressant des critiques dures pour se rassurer sur leur liberté qu’à tomber dans les bras de leur compagnon d’infortune.
« Les annonceurs [comprendront que] le gamer n’est pas un geek boutonneux enfermé dans sa chambre, mais un individu socialement intégré »
Ce n’est sûrement pas une généralité, pas plus que le fait de se laisser mener par le bout du nez par les annonceurs. Je voulais mettre en lumière le fait que des tiraillements existent dans les deux sens.
La vraie sortie par le haut que l’on peut espérer, c’est que les annonceurs hors captif comprennent enfin que le jeu vidéo est un élément intégrant de notre paysage culturel, que le gamer n’est pas un geek boutonneux enfermé dans sa chambre, mais un individu socialement intégré... et qui consomme en plus ! Cela se fera avec le temps. Les générations qui ont grandi avec Space Invaders, Pac-Man ou Ultima commencent à accéder aux postes à responsabilités dans nos entreprises. On peut espérer que leur arrivée fasse reculer l’incompréhension de ce qu’est le jeu vidéo, permettant ainsi à une vraie presse indépendante d’émerger.
Pour conclure sur un clin d’oeil, je dirais que l’avenir de la presse vidéoludique passe par le fait que des vendeurs de chips et de soda s’intéressent à ce secteur et participent à son financement. Sans la forme qui a malheureusement été exécrable, nous aurions donc du nous réjouir de l’arrivée de ce type d’annonceurs dans le secteur, qui démontre l’importance grandissante du jeu vidéo dans les esprits.
C’est un enjeu qui devrait transcender les querelles de la presse et des joueurs que de permettre au jeu vidéo d’être reconnu comme un produit culturel à part entière. Nous avons tous à y gagner.
PS : Sur la question des "intérêts à penser" qui peuvent pousser les rédacteurs de la presse vidéoludique à montrer plus d’enthousiasme à propos de titres AAA, on pourra se référer à ce récent billet de Frédéric Lordon. D’inspiration bourdieusienne autant que spinoziste, la critique que l’économiste hétérodoxe adresse aux orthodoxes se transposerait assez aisément au champ du journalisme vidéoludique... il y est même question des chartes éthiques, et de leur relative inefficacité face au déséquilibre institutionnel. Pas besoin d’Illuminatis pour comprendre comment les individus peuvent être influencés par les rapports de force.
Notes
[1] Usul a précisé sa pensée dans une Lettre ouverte à la presse libre
Vos commentaires
zzaj # Le 23 novembre 2012 à 11:27
Très bon interview qui donne un regard un peu plus humain sur la situation du journalisme dans le milieu du jv. Bonne continuation à jv.com et les rédacteurs.
BigBossFF # Le 23 novembre 2012 à 14:22
Vraiment, une excellente interview ! Je n’ai pas forcément la même vision de la presse JV que celle défendue par Cédric Mallet - quoique, sur bien des points, je suis en accord avec la sienne - mais force est de constater que l’ITW respire l’honnêteté. Cédric Mallet n’hésite pas à mettre en lumière les faiblesses de son site, et de la presse vidéoludique en général, dans un contexte et un secteur qui est de toute façon gangrené par ces mêmes faiblesses.
On est loin du “damage control” permanent de Gael Foquet (ITW précédente, disponible sur ce site), qui ne cherche qu’à montrer ses muscles, et à persuader les naïfs que son site est plus indépendant que les autres, moins soumis aux contraintes économiques, concurrentielles et éditoriales. Alors que bien évidemment, il n’en est rien...
Merci, Cédric Mallet, pour cette ITW. Analyser avec honnêteté une situation dont on est pourtant quelque part à la fois juge et partie, respecter ses lecteurs en se mettant à nu, plutôt que de se foutre de leur gueule en invoquant une pseudo-indépendance tout en profitant de tout ce que le système offre... n’est-ce pas cela, la première attitude éthique à avoir ? Moi, je le pense. jeuvideo.com marque un point. :)
Anthony Jauneaud # Le 23 novembre 2012 à 14:56
Marrant BigBossFF, je ne partage pas ton avis. Ici — comme avec Gaël Fouquet —, il y a une volonté de défendre son bifteck et de prouver par A + B que jeuxvideo.com est indépendant. Sauf que ce A et ce B ("Aurillac c’est loin", sans doute la pire excuse du siècle) ne me convainc pas personnellement.
Ces entretiens sont remplis de sous-textes et de non-dits, c’est vraiment génial. Ça me conforte dans l’idée qu’il ne faut pas lire de tests. Bien sûr je parle pour moi, la majorité des gens ont "besoin" de test pour se convaincre ou refuser d’acheter des jeux.
Par contre, il s’en sort vachement bien sur la question jeux vidéo et cinéma.
BigBossFF # Le 23 novembre 2012 à 15:22
@ Anthony Jauneaud :
Je n’adhère pas non plus a l’argument du "Aurillac c’est loin", effectivement. Parce que c’est une simple déclaration d’intention (ou de situation), sans garanties pour le lecteur. (quoique, et même si c’est un tout autre débat sans grand rapport avec l’éthique, cet éloignement géographique préserve plutôt bien le site de la "consanguinité bobo-parisienne" qui caractérise le milieu de la presse JV)
Mais j’adhère déjà un peu plus aux autres arguments, qui laissent penser qu’il y a des rapports de force dans le milieu, et que la presse JV est plutôt en position de faiblesse. jeuvideo.com reconnait ses faiblesses (et ses forces aussi, car jeuvideo.com pèse beaucoup, beaucoup, beaucoup plus lourd que les autres sites), et nous dit que tout est affaire de compromis. Des compromis auxquels je n’adhère d’ailleurs pas forcément... mais au moins, le discours est plutôt honnête. Et les compromis, parfois nécessaires, même si cela me déplaît fortement.
Gamekult affirme au contraire qu’il n’y a aucun compromis (ou si peu...), et qu’il sont en position d’imposer leur diktat aux lecteurs, et aux éditeurs. C’est du bullshit total mais... beaucoup sont prêts à croire le discours de Gamekult. Car ils n’ont pas conscience que Gamekult est tout petit, petit, petit sur le plan économique, et donc incapable d’imposer quoi que ce soit à qui que ce soit. Si ce n’est quelques positions de principe. Qui ne sont d’ailleurs pas toujours respectées dans les faits, comme en témoigne "l’affaire Boone"...
Steph # Le 23 novembre 2012 à 15:28
Frédéric Lordon pour l’analyse de la presse vidéoludique, chapeau ;)
roger # Le 23 novembre 2012 à 16:19
Anthony, je crois que le monsieur ne cherche pas à tout prix à prouver que jeuxvideo.com est indépendant. C’est même énoncé clairement dans un des sous-titres :
« Un site d’information sur les jeux vidéo est 100% dépendant des éditeurs, quoi qu’il arrive ».
C’est justement en partant de ce constat qu’il est intéressant de voir comment il pense qu’on peut être dépendant tout en restant honnête. C’est sûr que c’est un travail d’équilibriste auquel on peut ne pas croire, mais il ne faut pas dire qu’il se prétend indépendant car c’est faux.
Cedric Mallet # Le 23 novembre 2012 à 16:20
@Anthony Jauneaud, @BigBossFF,
En l’occurence, j’ai invoqué l’argument géographique au sujet du Doritosgate, pour signaler que nous sommes souvent tenus à l’écart des débats qui secouent régulièrement le milieu de la presse vidéoludique (comme tous les milieux fermés d’ailleurs), et qui pour beaucoup s’alimentent lors de soirées parisiennes, aux moments où les membres de ces milieux fermés se côtoient. Quoique, grâce à l’auteur de l’article, j’ai découvert l’existence d’un groupe Facebook destiné aux crépages de chignon en famille qui nous permettra peut-être d’avoir une meilleure connaissance de ces "actualités" ;).
Ce n’était pas pour argumenter sur notre indépendance vis-à-vis des éditeurs, que je récuse par ailleurs en grande partie, et malgré mes propres inclinations à l’indépendance, quand la question porte sur ce sujet.
Maintenant, pour aller au fond des choses et expliquer quelques dérives possibles dans mon argumentation, je pense malgré tout que notre localisation amoindrit le risque de collusion. J’ai entendu parler de copinage lors des soirées, nous n’y sommes pas. Les ménages supposent une certaine proximité géographique également. De même que les interviews par des confrères de la presse nationale lors de gros événements touchant l’univers vidéoludique par exemple. Tout ces éléments qui peuvent créer une influence sur le journaliste, ou lui donner le sentiment d’avoir une influence, ont une portée extrêmement limitée chez nous pour des raisons pratiques.
C’est aussi pour moi une manière de dire que nous étions au départ probablement à mettre dans le même sac que tous les autres à l’origine, mais que le choix de l’installation à Aurillac nous a préservé "naturellement" d’un certain nombre de tentations et de travers. Et qu’avec le recul, nous ne pouvons que nous en féliciter. Je le dis avec d’autant plus d’humilité que je ne suis nullement responsable de ce choix, et que si j’avais eu à le faire, j’aurais probablement choisi une autre localisation, sans forcément en mesurer les conséquences.
En tout cas, je vous garantis que venir s’installer à Aurillac en arrivant de Paris ou de Toulouse, c’est un séisme over 9000 sur l’activité de votre tissu relationnel, qu’il soit privé ou professionnel. Si certains veulent tenter l’expérience...
Anthony Jauneaud # Le 23 novembre 2012 à 16:50
Que ce soit bien clair, je ne crois nullement que Gamekult ou JV.com sont à la solde des éditeurs et ne publient que des communiqués de presse. Je pense qu’il est assez aisé de voir la différence entre un site qui rédige des tests et un qui sert la soupe (voir ce formidable test de Kotaku qui semble avoir été écrit par un robot http://kotaku.com/5962030/playstati...). Je ne lis presque jamais les tests ou je les lis histoire de voir ce que les sites en ont pensé. De plus je n’ai pas grand chose contre JV.com qui a son public, je suis plus côté GK mais bon, Pepsi ou Coca, on s’en fout. Je dis ça en particulier pour BigBossFF qui déteste GK plus que de raison (à mon sens). Personnellement j’ai toujours apprécié les dossiers que JV.com faisait et la passion de votre équipe.
Par contre cette polémique est passionnante parce qu’elle n’est capable que de lancer une lumière diffuse sur ce milieu. Résultat, certaines irrégularités sont visibles et d’autres non ; naturellement tout le monde semble légèrement coupable ou en tout cas pas totalement clean. Tout le milieu est entaché et aucune charte, aucune promesse ne saura véritablement nettoyer. J’ai aussi goûté les joies de la province profonde et cela est bien sûr un frein à la sociabilité. Je pense que le problème n’est pas que certains journalistes vont à des soirées et que d’autres non, je l’ai fait aussi (bon, une fois, pour un de mes jeux préférés du monde) ; je pense que le problème réside dans le fait qu’il y a un dialogue obligatoire entre la rédaction et les éditeurs et que c’est par là qu’il existe sans doute des connexions douteuses, pas claires, à petite ou grande échelle.
Personnellement, ça me rend triste de lire G. Fouquet dire que le public se moque de ces sujets, comme ça me rend un peu dubitatif quand je vois toutes vos jolies promesses "je rêve d’un monde sans note" et autres joyeusetés qui sont touchantes mais qui sont des promesses de Gascon (dommage, j’étais pas loin d’Aurillac). L’un comme l’autre vous défendez votre bout de gras et c’est avec plus ou moins de franchise ou de clarté.
BigBossFF # Le 23 novembre 2012 à 17:17
@ Anthony Jauneaud :
Oh, tu sais, je ne tire pas que sur Gamekult. Gameblog, MER7, Nolife... en fait, suivant les affaires et les périodes, on peut dire que je tire quasiment sur tout le monde. Car c’est le système qui prend l’eau, et pas tel ou tel organe de presse.
Après, oui, je trouve que Gamekult, c’est pire. Pourquoi ? Parce que ce site revendique plus une "certaine éthique" que tous les autres. Tout en ne la respectant pas vraiment plus que les autres. Résultat ? Il y a un gouffre entre les intentions de Gamekult et la réalité, là ou pour d’autres sites, ce gouffre n’est finalement qu’un petit fossé.
Pour le dire autrement : si jeuvideo.com n’est pas le site le plus ambitieux sur le plan éthique, c’est peut-être celui au final qui reste le plus souvent conforme à ses intentions. Au moins, le lecteur sait ici à quoi s’attendre, et on ne se moque pas de lui. Alors que sur Gamekult, le lecteur est souvent pris à partie, et instrumentalisé, comme lors de l’affaire Heavy Rain. (par ailleurs, Poischich a construit toute une légende sur cette affaire, très loin des faits, mais ceci est une autre histoire...)
icare-mag # Le 23 novembre 2012 à 18:05
Sympa de voir l’influence du blog dans tes questions Merlan : http://sphotos-b.ak.fbcdn.net/hphot...
Cela dit, tu te trompes sur l’explication du formatage de la critique jv. C’est pour ça que Cédric Mallet s’engouffre dans la faille et te place en uppercut les Illuminati.
Au passage, j’ai terminé le triptyque sur la presse jv ce matin. Et la réponse à la question de l’opposition critique ciné/critique jv est en partie dans ce billet. Sauras-tu la retrouver ? http://www.gamekult.com/blog/icare-...
Martin Lefebvre # Le 23 novembre 2012 à 19:45
Juste rapidement parce que je rentre d’une longue journée : il faut vraiment se méfier de la comparaison sur la seule foi de ces deux "entretiens" entre le discours de Cédric Mallet et celui de Gaël Fouquet. Rien ne dit que le premier n’aurait pas été aussi hésitant s’il avait été interrogé dans les conditions du second.
Après chacun a choisi sa façon de réagir, et comme je trouve le texte de M. Mallet fort intéressant (même si je suis loin d’être d’accord avec tout), il aurait été dommage de ne pas le publier. Mais les deux textes ne sont pas directement comparables, n’ayant pas été produits dans des conditions similiaires
Si j’ai le temps ce week-end j’essayerai de répondre à Cédric M. sur 2-3 points, ce que je n’ai pas fait dans le corps de l’article pour ne pas alourdir celui-ci.
Et oui Steph, je trouve le texte de Fredo Lordon assez éminemment transposable, toute proportion gardée. Après la transposition reste à faire. :)
Steph # Le 23 novembre 2012 à 20:38
Martin : tu m’avais tout de même reproché - parce que c’est toi que je cite de mémoire - le même procédé il y a déjà quelque temps sur planetjeux à ce sujet :) mais comme le forum de PJ n’existe plus, difficile de le prouver. Et oui, toutes choses égales par ailleurs... ça se transpose, on est bien d’accord. On pourrait même reprendre des passages de son marx/spinoza sur les
BigBossFF : intéressant cette histoire de légende, tu peux pas en dire plus ?
Steph # Le 23 novembre 2012 à 20:40
Pardon pour le doublon.
BBF : je dis cela parce que, pour le coup, on ne peut pas leur reprocher grand chose à GK je trouve.
Martin Lefebvre # Le 23 novembre 2012 à 21:09
Je ne crois pas avoir jamais dit que tout était à jeter dans votre approche. Ou peut-être que j’ai évolué, auquel cas mea culpa. Juste il faut savoir garder les proportions et j’avoue que j’avais surtout eu du mal avec le démontage logique à grands coups de citations de Wittgenstein d’un édito qui n’avait pas besoin de ça pour être critiqué.
On amène pas de bombe atomique pour gagner une partie de je te tiens par la barbichette, un truc du genre.
La situation de la presse JV est complexe, et pour le coup elle peut en effet appeler un appareil conceptuel qui l’est aussi (même si une fois les premières difficultés passées je trouve Lordon assez limpide, joyeusement pédant)
Le forum de PJ n’existe vraiment plus ? oO EDIT : si il existe encore, et j’ai retrouvé le topic dans lequel on bastonne grave. :D J’avoue, je suis un peu un connard là, et en plus c’était y’a pas si longtemps. :/ EDIT 2 : Tonton n’a pas changé d’un iota, immuable comme son concept. :D
En tout cas c’est cool que votre site soit reup, j’avais essayé de le relire sous wayback machine il y a quelques semaines.
Martin Lefebvre # Le 23 novembre 2012 à 21:21
Après Steph, ton papier, que je n’ai pas le souvenir d’avoir lu (je ne dis pas que je ne l’ai pas fait), je suis le début, je pense qu’on est à peu près ok sur le constat, après j’ai du mal à voir où tu veux en venir dans tes deux derniers paragraphes. :)
BigBossFF # Le 23 novembre 2012 à 22:23
@ steph :
Si tu veux en savoir plus, voici mon mail. N’hésites pas à me contacter, je te répondrai avec plaisir : http://experiencesvideoludiques.com...
Steph # Le 23 novembre 2012 à 23:30
@Martin : punaise, il revient périodiquement d’entre les morts PJ parce que tout à l’heure en cherchant je n’avais que de très belles erreurs sql dans tout les sens... du coup je suis retombé dessus non sans honte (j’ai honte aussi de l’article hein, mais c’est une autre histoire). Et c’est vrai que, déjà, ça avait fritté sec ici
Pour la fin, outre mes problèmes de dys-gram-ortho-syntaxicographie l’idée était celle-ci : l’avantage de la crise de confiance et de cet état de fait, était qu’il me faisait espérer une chose assez simple.
Les journalistes se concevant comme indépendants, libres, etc. peuvent en temps de prospérité très bien vivre leur condition de petit soldat de l’édition - j’vais à la hache hein - puisque cette pression est "douce", car indirecte et le plus souvent leurs petits écarts ne prêtent pas à conséquence.
Or, en temps de crise, les rapports se tendent, les pressions se font plus directes et explicites. La structure reste la même, mais elle pèse plus fort sur les individus. Ils se rendent alors compte de son existence qu’ils trouvent insupportable. Insupportable parce qu’entrant en contradiction avec ce qu’il pense être au cœur de leur "être de journaliste intègre et sincère". Du coup, j’espérai qu’ils puissent en sortir une nouvelle forme de journalisme de jv qui se constituerait comme plus indépendante...
Allez, disons-le, j’avais prédit l’émergence de MF ;) À postériori c’est balèze !
BigBossFF : pas de problème, mais ça ne supporte vraiment pas la publicité ? C’est diffamatoire ? ;)
Voilà j’arrête de polluer le fil. s’cuse.
BigBossFF # Le 24 novembre 2012 à 00:25
@ Steph :
Diffamatoire, non. Enfin... probablement pas.
Voici la raison. Quand Poischich affirme des choses sans apporter aucune preuve de ce qu’il dit - et se rend lui-même coupable de diffamation au passage, en laissant entendre que Gameblog et Sony font joujou à la corruption - personne ne lui en tient rigueur. Les lecteurs gobent son discours et mettent leur esprit critique de coté, simplement parce que c’est "Poischich, le rédac chef du site le plus éthique de la terre entière" qui le dit.
En revanche, moi, "simple lecteur", si j’affirme quoi que ce soit, sans apporter la preuve de ce que je dis, je vais en prendre plein la gueule. Le problème ? Une affirmation, ou argument d’autorité (de Poischich), mais non démontrée, fût-elle diffamatoire, vaudra toujours plus aux yeux des gens qu’un argument tout court, de qui que ce soit d’autre. C’est con, mais c’est comme ça. L’argument d’autorité fait toujours foi. Plus que tout autre, même de bonne foi. Malheureusement.
Tu comprendras donc que je préfère en parler par mail. Car je n’ai aucune preuve de ce que j’avancerai. Comme Poischich. Mais moi, si je m’explique publiquement sur le sujet (en fait, je l’ai déjà fait une fois ou deux, sous l’emprise d’un alcool de Doritos, mais...chuuuuuuuuuuuut), on m’en tiendra rigueur.
Martin Lefebvre # Le 24 novembre 2012 à 00:26
@Steph : je vous ai envoyé un mail + posté sur votre site au fait.
MF ce n’est pas comparable, on n’a pas vocation d’en vivre, avec ce que ça implique comme problèmes de professionnalisme d’ailleurs (genre le secrétaire de rédac, bibi, est crevé, et ça se voit :/). Après je trouve qu’un blog comme RPS, si tout n’est pas rose, s’en sort plutôt bien, mais le marché anglo-saxon est incomparable à cause de l’hégémonie linguistique.
Ce que tu dis sur la crise est sans doute en partie juste, mais je ne suis pas certain qu’elle explique tout : il faut aussi prendre en compte le fait qu’internet permet de révéler plus aisément les problèmes et que la critique des médias est aujourd’hui beaucoup plus vulgarisée qu’elle ne l’a été : pour ce que je connais de la presse papier des années 90 je pense pas que ce soit un modèle.
@BigBossFF : j’ai déjà vaguement entendu ça avec pour source, toi : balance.
Daplib # Le 24 novembre 2012 à 00:37
Si l’on m’avait dit un jour que je lirai une interview sur la presse vidéoludique qui renvoie à la sociologie de la domination de Bourdieu et à Lordon, je ne l’aurai jamais cru. Finalement, le salut vient peut-être par la production d’analyses faites par des amateurs de jeux vidéos, qui ont, pour certains, dépassé de loin (mais alors très loin) les compétences de la presse spécialisée française.
Martin Lefebvre # Le 24 novembre 2012 à 00:54
C’est pas comme si on était les premiers à tenter d’adapter les outils de la critique des médias à la presse JV. D’ailleurs en toute honnêteté, on ne le fait pas vraiment, on laisse le lecteur le faire, pour le moment du moins.
BlackLabel # Le 24 novembre 2012 à 13:06
Dernièrement tous les tests pros que j’ai lu ont parlé du dernier Hitman comme d’un vrai épisode respectant la licence. Par contre les fans eux disent que ça n’a plus rien à voir, et parlent de régression. Pour Assassin’s Creed 3 les tests nous promettaient des changements, et encore une fois certains fans les cherchent encore.
On pourra me dire ce qu’on veut de la presse, quand elle chante en coeur les mêmes propos qui n’ont aucun sens, quand elles relaient les promesses de politicien des éditeurs, je me demande vraiment comment on peut parler d’honnêteté ou quoi que ce soit d’autre. Sur l’itw précédente je trouvais Poischich honnête sur le coup, mais en lisant les derniers tests c’est juste impossible que ce gars ait de véritables principes, ou alors ses principes sont inutiles et ne changent absolument rien au problème. Et ici lui aussi ne fait qu’avouer des évidences pour mieux noyer le poisson ensuite en disant que le problème vient des joueurs... Bah oui... Et de parler de petits jeux encouragés, quand d’autres bons jeux se font broyer parce qu’ils ne sont pas être des titres AAA...
Ce sont tous des larbins. Je ne vois pas comment on peut expliquer autrement des notations si proches d’un site à l’autre, des formules qui reviennent comme des slogans publicitaires, des avis qui ne différent que dans les tournures de phrase. Et parler de courage quand un testeur, comme tous les autres, met une bonne note à CoD... Un peu de sérieux, quand même.
Leto # Le 24 novembre 2012 à 17:24
Je pense que si on revient en boucle sur les propos de Gaël Fouquet, c’est parce qu’il a eu le malheur du direct. Tout comme les rares fois où j’ai vu l’équipe de Gamekult s’étendre sur le sujet du lien presse-éditeurs, c’était dans leur émission. A tête reposée, devant un e-mail, les gars devraient réussir à construire un peu mieux leur propos (après, serait-on dans la langue de bois...)
Personne rare, donc.
Devant ce petit lapsus, il est étonnant de voir ensuite expliquer que les investisseurs sont principalement en lien avec le jeu vidéo car encore coincés dans leurs préjugés du geek cloitré dans sa chambre. On se demande pourquoi, tiens :3
Interview intéressante, merci encore !
Martin Lefebvre # Le 24 novembre 2012 à 18:02
Pour être honnête Leto il me semble que dans le mass media tout court les personnes douées d’une vaste culture générale ne sont pas non plus ce qui se fait de plus répandu. Ca n’a jamais empêché les déodorants et les gels à raser de faire de la pub avant Téléfoot ou Sébastien...
Cedric Mallet # Le 24 novembre 2012 à 20:16
@Anthony Jauneaud
Tu sais, avant d’arriver chez jeuxvideo.com, j’ai eu une vie de joueur aussi, qui a commencé il y a fort longtemps. Au cours de cette vie, les supports que j’ai lu de manière régulière ont été Hebdogiciel, Tilt, Joystick, Gamekult et Canard PC. Les autres titres, je ne les ai consulté que de manière occasionnelle. Je peux comprendre qu’on préfère GK (même si je fais maintenant mon possible pour que ce ne soit plus le cas ;) ), appréciant moi-même pas mal de choses dans leur production.
Je crois pouvoir dire qu’en général, l’indépendance affichée a été la tête de gondole, le produit d’appel qui m’a attiré sur ces titres. Mais une fois devenu lecteur, c’est plutôt l’impertinence, l’humour, le ton en général qui m’ont retenu.
En matière de presse JV, il y a eu un avant et un après internet. Avant internet, quand je payais mon info, l’indépendance était un critère important. La presse était le moyen de découvrir des titres, et les tests jouait un rôle de guide d’achat.
Après l’arrivée d’internet, tout a changé. Internet (et l’évolution de la société en général) nous a entre autre amené :
Une perte de confiance dans les discours top-down et dans les prises de paroles des marques en général
Une surabondance d’information, l’apparition de nouvelles sources et la suppression d’intermédiaire.
En JV, cela se traduit par une défiance vis à vis du discours des éditeurs et de la presse (considérée comme du côté des éditeurs), et par le fait que les vrais fans connaissent parfois mieux les jeux que les journalistes censés les informer dessus. Parce que l’amateur ne compte pas ses heures, contrairement au journaliste qui a des impératifs de productivité, et qu’il peut aller s’informer directement sur le twitter du développeur, du graphiste ou de la concierge de la soeur du gars chargé de la localisation.
Et dans ce contexte, qu’est-ce qui a changé dans la presse JV ? A peu près rien. On fonctionne toujours autour de la Sainte Trinité News / Test / Astuces. Et on traite toujours les tests en clamant notre indépendance (sous-entendu "Ecoutez nous, nous détenons la vérité").
Je crois simplement que ce modèle est mort. Le test n’est plus qu’un élément de folklore, un prétexte pour que chacun prenne la parole, et explique s’il est d’accord ou non, et pourquoi.
Nous écrivons les tests pour le grand public, alors que le grand public ne vient pas sur un site spécialisé. Nous notons les jeux dans une optique de guide d’achat, alors que le public de gamer ne vient plus pour se décider sur l’achat d’un jeu, mais pour comparer notre note à celle qu’il aurait mis lui-même et échanger avec d’autres gamers sur ce thème.
Nous n’avons plus d’influence directe sur les achats de jeu. Les décisions d’achat se font ailleurs, via le marketing des éditeurs, les réseaux sociaux ou le bouche à oreille (Et la notoriété de la licence ! Quel poids énorme elle a pris ces dernières années !). Nous avons un rôle que j’appelle de réassurance : un joueur prend sa décision d’achat, et vient lire un test pour comparer son avis au nôtre. Nous pouvons donc éventuellement influer sur une décision prise ailleurs et à un autre moment.
C’est d’ailleurs pour ça que les joueurs passent autant de temps à se plaindre des tests. Si notre avis est en opposition avec le leur, ils le prennent à titre personnel, comme une attaque contre la licence qu’ils aiment (ou pas) ou contre le processus intellectuel qui les a amenés à cette position (car on défend toujours les positions qu’on a prise, même si au fond de nous, il peut nous arriver de les regretter).
Et cela conduit à des débats comme celui d’aujourd’hui, où tout le monde soupçonne tout le monde d’être corrompu simplement parce qu’il a un avis différent.
Avec mes valeurs et mon expérience, en arrivant chez jeuxvideo.com, j’aurais pu m’attaquer à l’image du site pour démontrer son indépendance et rétablir la force de ses tests. J’aurais pu, j’y ai même pensé, mais je ne vais pas le faire. Non pas que je pense que ce n’est pas important, mais parce que je pense qu’il y a d’autres combats à mener avant.
Le premier d’entre eux étant de définir une nouvelle proposition de valeur que nous pouvons faire au lecteur, trouver un positionnement tenant compte du contexte d’aujourd’hui et qui amène une vraie valeur ajoutée au lecteur.
Pas facile. Mais nettement plus passionnant que la marque des chips qu’a mangé le journaliste pendant qu’il faisait son test.
Et tant mieux que d’autres choisissent une autre voie, celle de l’indépendance (mais alors effectivement, il faut aller jusqu’au bout). Cela créera de la diversité pour le lecteur.
Cedric Mallet # Le 24 novembre 2012 à 20:19
@BlackLabel
Vu de l’extérieur, je me rends compte que l’on peut trouver cela un peu gros. Alors donnons des éléments concrets : A la suite du test de Black Ops 2, j’ai reçu (moi, personnellement, alors que je ne suis ni l’auteur de l’article, ni le rédac chef), un peu plus d’une centaine de messages (mails et MP) concernant ce test.
Sur ces 100 messages, 2 ou 3 étaient des messages de félicitations. Le reste était des mails d’injures, d’insultes, ou de menaces plus ou moins voilées. Un a même été jusqu’à m’envoyer des photos de ma fille et de ma nièce, trouvées sur le Facebook de mon frère, accompagnées de menaces physiques très précises.
Tout ça parce qu’on a un avis différent du leur sur un jeu vidéo.
Et je ne parle pas de ce qui s’est dit dans les forums.
Maintenant, mettons nous dans la peau du journaliste moyen. Il publie 5/6 tests par mois, avec généralement un gros titre. Le tout accompagné du Gaming Live où il défend son avis en vidéo.
Quand à chaque fois, on le traite de vendu, de corrompu (et encore, quand ça en reste là, c’est le plus facile à affronter), qu’on l’injurie, qu’on se permet des commentaires sur son physique, ou qu’on le menace, ça finit par peser très lourd.
La pression de l’éditeur existe. Mais elle reste très diffuse. Il y a beaucoup d’intermédiaires avant qu’elle puisse atteindre le journaliste. Et même quand elle l’atteint, c’est quelque chose que l’on affronte de manière collective.
Dans le cas de la pression du public, elle est très concrète et dirigée uniquement vers l’individu. Et elle est permanente.
Ayant à le vivre de l’intérieur, je peux dire que cette pression m’inquiète beaucoup plus que celle des éditeurs. En particulier parce que la facilité pour un journaliste serait d’aller dans le sens du public pour s’éviter tout ces retours.
Alors oui, je rends hommage à nos journalistes de savoir résister à cette pression autant qu’à celle des éditeurs ou du marché. Quel que soit l’image que cela donne de moi.
Cedric Mallet # Le 24 novembre 2012 à 20:21
@Leto
J’utilisais "rare" au sens de "précieux". Mais effectivement, dans le contexte, cela tombe à côté de ce que j’ai voulu exprimer. Merci de l’avoir relevé, ce qui me permet de corriger.
Fredone # Le 25 novembre 2012 à 04:18
@ Cedric Mallet
Tout d’abord, c’est tout à votre honneur d’avoir le courage de continuer le dialogue ici parmi nous et ainsi de défendre votre point de vue et nous apporter de plus amples explications. Si d’autres pouvaient en prendre de la graine...
Cependant, au sujet de l’homogénéité des notes, je trouve votre amorce, à bien des égards un peu dédaigneuse, en faisant référence directement à un complot illuminati. C’est une méthode souvent utilisée pour porter directement le discrédit sur une personne, une technique souvent utilisée dans les médias d’ailleurs. Car mine de rien, cette question est tout à fait légitime. Alors bien sûr, derrière vous avancez un propos qui pourrait être une raison, pourtant, entre polémique et avis divergent entre joueurs et journalistes sur certains titres(COD BO2 par exemple), il est quand même difficile de concevoir qu’il puisse y avoir l’unanimité de la presse, quand de l’autre côté autant de joueurs le critiquent, que ce soit en France ou ailleurs. Statistiquement, on devrait tout de même le percevoir. Alors bien sûr parmi tous les joueurs, il y a des avis qui ne valent rien, mais d’autres sont argumentés et cohérents, et ce ne sont pas des critiques juste pour taper sur du COD.
Miniblob # Le 25 novembre 2012 à 14:41
@ Cedric Mallet
Merci pour l’hommage :)
Etant à l’origine du fameux test de Black Ops 2, je me permets d’en remettre une petite couche. En acceptant de me charger du dernier CoD, je savais pertinemment que j’allais déchaîner les passions, j’ai donc pu me préparer tranquillement à recevoir un flot d’insultes...
En toute honnêteté, il aurait été plus simple pour moi de coller par exemple la note de 15/20 au jeu. J’aurai pu passer à peu de frais pour le grand chevalier blanc prêt à partir en croisade contre les grosses productions vidéoludiques. Certes, quelques fans de la série auraient fait la gueule, mais ils auraient été trop occupés à jouer pour se déchaîner. Et, contrairement à ce que certains s’imaginent, je n’aurai certainement eu aucun retour de la part d’Activision.
Pas de chance, Black Ops 2 est loin d’être raté. J’irai même plus loin, cet épisode représente pour moi une évolution majeure dans l’histoire de la licence tout simplement parce qu’il a intégré et digéré les critiques qu’on lui fait généralement. On dépeint souvent les CoD comme des productions américaines pur jus qui peuvent être assimilées à de la propagande bas de gamme ? Les Black Ops nous entraînent dans un univers qui est loin d’être manichéen et qui ne laisse pas toujours le beau rôle à la politique extérieure américaine... On reproche à ces FPS leur linéarité extrême ? A sa manière, Black Ops 2 explose le format narratif traditionnel de la série en proposant des choix qui mèneront à différentes fins.
Certes, un CoD reste un CoD, mais la licence puise visiblement des ressources dans les critiques qui lui sont faites pour évoluer. Ce n’est pas un phénomène nouveau, on pourrait même le comparer aux mécanismes mis en avant par Boltanski et Chiapello dans le Nouvel Esprit du Capitalisme : la faculté de la part d’un modèle dominant de perdurer en phagocytant puis en détournant à sa sauce les attaques qu’on lui fait. Bref, ce Black Ops 2 donne finalement matière à réflexion même à ceux qui ne vont pas forcément apprécier son gameplay, et, pour cette simple raison, il aurait été malhonnête de ma part de le "saquer" (sans parler bien entendu des qualités un peu plus "classiques" du titre tels que son contenu touffu ou son multijoueur particulièrement complet...).
Je terminerai en me désolant qu’on fasse tout un flan de ce test mais qu’on ne me parle jamais de notre couverture de FEZ alors que ce dernier mériterait davantage pour moi le qualificatif de jeu de l’année... Ce n’est pourtant pas faute de mettre régulièrement en avant ce genre de petites perles dans nos colonnes ;)
Cedric Mallet # Le 25 novembre 2012 à 15:20
@Fredone
Ma rédaction à l’origine ne comportait pas cette mention sur le complot illuminati. En la relisant, puisque j’ai eu cet avantage sur Gaël Fouquet, je trouvais ma réponse un peu froide, et j’ai voulu y ajouter un peu d’humour. Vu la lecture que vous faites de cette amorce, je me suis planté. Cela arrive. Mais n’y voyez nul dédain. Si je passe autant de temps à répondre à ces questions, y compris sur mon dimanche, c’est bien parce que je pense que la question est légitime.
Après sur le fond, il y a effectivement des raisonnements intellectuels qui me gènent quand on aborde cette question des relations entre la presse et les éditeurs. Supposer que la presse est corrompue, c’est supposer que nos tests ont une influence déterminante sur la consommation des joueurs (sinon, à quoi bon perdre du temps et des ressources à corrompre quelque chose qui n’a pas d’influence ?)
Tous les joueurs que j’interroge sur le sujet me répondent pourtant la même chose : Je ne fais plus confiance aux tests (avec différentes nuances). Individuellement, le joueur pense donc que le test n’a plus d’influence sur lui, mais qu’il en a sur le reste du monde.
Il y a deux sous-entendus possibles derrière ce cheminement intellectuel. Soit le joueur considère que ses congénères ne sont pas capables du même sens critique ou du même recul que lui. Soit il considère que la presse et les éditeurs sont des idiots pour ne pas s’être rendu compte qu’ils entretenaient un système dépassé et sans influence.
Les deux sont faux. Les éditeurs ont depuis longtemps identifié la diminution de l’influence de la presse spécialisée qui a accompagné la démocratisation du jeu. C’est pour cela qu’ils accordent autant d’importance à des licences dont la notoriété touche toutes les couches de la population. C’est pour cela qu’ils réservent des exclus à des Youtubers, qui apportent de la visibilité sur une plateforme grand public.
Encore une fois, les éditeurs cherchent la notoriété, pas la critique. La critique n’est qu’un des rouages de cette notoriété. Et que la critique donne 10, 15 ou 18 à un jeu, cela ne change pas grand chose, du moment qu’elle en parle.
Et du côté des joueurs, comme je l’ai dit dans une réponse un peu plus haut, la défiance vis-à-vis de nos tests est un phénomène généralisé.
Dans un contexte comme celui-là, imaginer qu’il y a un formatage de la presse au niveau mondial tient effectivement selon moi de quelque chose qui n’est pas loin du complot illuminati.
Est-ce que nous passons un coup de fil à IGN ou Gamespot avant de noter les jeux pour nous synchroniser ? Ils ne connaissent peut être même pas notre existence...
Est-ce que ce sont les éditeurs qui nous donnent la fourchette de note que nous pouvons mettre à un jeu ? Auquel cas, il faudrait qu’ils consacrent BEAUCOUP de ressources pour encadrer tous les journalistes au niveau mondial (car la presse est bigarrée. Oui, il y a probablement des brebis galeuses, mais il y a aussi beaucoup de gens honnêtes. Et comment contenir ceux-là ?). Et il faudrait qu’ils fassent ça sans jamais tenir compte des commentaires qu’ils peuvent lire ici et là sur tous les sites, sinon, ils auraient mesuré la perte d’influence des tests.
Est-ce qu’il y aurait une entente secrète entre tous les journalistes de jeux au niveau mondial pour niveler le niveau ? Mais dans ce cas, les journalistes les moins visibles auraient tôt fait de dénoncer leurs petits camarades pour faire le buzz et prendre leur place.
Je n’utilise pas ces arguments pour dire qu’il n’y a pas de pression, ou qu’il n’y a pas de brebis galeuses. Je dis juste qu’aucune pression ne saurait aboutir à l’homogénéité actuelle (que je constate par ailleurs).
J’ai proposé une explication sur ce phénomène. Elle vaut ce qu’elle vaut. C’est pour le moment l’avis personnel que je me suis forgé sur la question à force d’observer le marché. Mais elle n’explique pas tout.
Call Of reste pour moi un mystère. Oui, sur les sites spécialisés, il ne fait pas bon dire qu’on joue à CoD. Je suis bien placé pour le savoir. Mais alors qui sont les gens qui ont fait générer un demi milliard de dollars de recette à cette licence dans les 24h de sa sortie ? Qui sont les gens que j’ai vu faire 6h de queue pour y jouer 10 minutes à une semaine de la sortie ?
Vraisemblablement pas ceux qui fréquentent les sites spécialisés (alors à quoi bon les corrompre ? ;) ) si l’on en croit les commentaires.
On m’oppose souvent la note moyenne des joueurs à celle de la presse pour stigmatiser ce gouffre qui s’est créé entre la presse et ses lecteurs. Mais si on regarde dans le détail, on se rend compte que les notes attribuées par les lecteurs n’ont aucune objectivité (sur ce titre là). Les gens mettent soit 1/20 soit 20/20 au jeu, parfois uniquement dans le but de manipuler la note.
Il y a semble-t-il la moitié du public qui adore Call Of, et l’autre qui le déteste. Bien, mais pourquoi perdre son temps à essayer de faire que son avis soit partagé par le reste du monde ? J’ai parfois l’impression que la sortie d’un Call Of, c’est comme un classico PSG/OM. Les enjeux dépassent largement la question des valeurs intrinsèques de chaque équipe. D’ailleurs, certains supporters participent sans même suivre le match.
Tout comme certains peuvent râler sur Call Of sans jamais l’avoir essayé.
Ca me désole un tout petit peu. D’autant que dans le cadre d’un match de foot, les supporters des deux cas sont contraints d’être dans le même stade. Dans le cas du jeu vidéo, il suffit d’aller parler sur le forum d’un autre jeu qu’on préfère.
Martin Lefebvre # Le 25 novembre 2012 à 17:20
Je n’ai pas joué à CoD, la moitié de la campagne de MW m’a suffi pour m’ennuyer, et comme Activision ne solde jamais vraiment sa licence phare à des prix vraiment alléchants, je n’ai pas encore eu l’occasion de réessayer. Donc ça va être difficile de donner mon avis sur le sujet. Par contre dans un autre genre, j’ai joué à Diablo III que j’ai trouvé passablement médiocre, narrativement risible et techniquement pénible à cause de cette histoire de connexion obligatoire : cela n’a pas empêché le jeu d’être encensé dans la presse et de très bien se vendre (par contre je suis à peu près persuadé qu’il a fait des déçus)... Je ne veux pas dire qu’on se doit de ne pas aimer Diablo III, qui fait sans doute de bonnes choses, mais je demeure tout de même surpris qu’un jeu aussi imparfait trône à 88 % sur Metacritic (sachant que les testeurs PC me semblent généralement plus "durs"), et qu’il n’y ait pas eu un peu plus de divergences à sa sortie, du moins sur les sites majeurs où se pratiquent les tests consommateur.
Ce qui me gêne dans cette histoire d’illuminati, c’est que c’est tout de même un qualificatif un peu rapide pour brosser d’un revers de main ce qu’on sait des sciences sociales. Elles n’ont certes pas vocation à prédire immanquablement un résultat, mais il me semble tout de même qu’à mêmes causes, on peut s’attendre à mêmes effets. Si la structure de la presse est globalement la même d’un pays à l’autre et que la production est mondialisée, bref que tous les journalistes jouent peu ou prou à la même chose dans les mêmes conditions économiques, il ne faut évidemment pas s’étonner que les avis tendent sensiblement à se ressembler.
Il ne faut pas non plus négliger toutes les pressions douces qui existent, et qui tiennent en grande partie de l’auto-persuasion, de l’auto-contrôle : ne pas merder par rapport aux collègues, ne pas se laisser impressionner par les lecteurs en colère, rester professionnel c’est à dire essayer de se mettre dans la peau de quelqu’un à qui le jeu pourrait plaire, etc. C’est évidemment humain, mais dans le contexte actuel ça ne me semble guère privilégier le pluralisme des opinions.
En fait ce qui m’étonne plus c’est que la presse JV ait été incapable pour le moment de se diversifier pour servir des publics différents.Peut-être en effet parce que sa dépendance économique à la publicité des éditeurs oblige à jouer le jeu, et qu’Activision ou Rockstar ne comprendraient pas qu’on descende leur dernier blockbuster à cause de l’idéologie qu’il dégage par exemple, comme c’est fréquent dans le cadre de la critique ciné.
A ce titre je trouve d’ailleurs que la presse généraliste, si elle traite parfois bien le jeu vidéo (c’est très variable), a tout de même tendance à rester beaucoup plus sage qu’elle ne l’est pour le cinéma. Il faut sans doute aussi attribuer cela à un manque de culture critique propre au jeu vidéo.
Numenor # Le 25 novembre 2012 à 18:03
Les arguments avancés par Mr.Mallet me semblent tout à fait pertinents, mais du coup j’ai du mal à comprendre la persistance de la note comme critère d’évaluation final des jeux, dans le modèle que vous décrivez.
A partir du moment où le test est un avis subjectif d’une personne tentant autant que possible de mettre à distance les influences extérieures, comme vous l’avez dit, c’est bien le contenu du test et non sa note qui devrait avoir une importance.
Ou du moins, l’importance de conclure en disant : j’ai apprécié pour telles raisons, et le jeu pêche pour tel autre (et du coup est à même de rebuter les joueurs pour ces raisons). On se rapprocherait donc plus d’un modèle (oui j’idéalise/caricature) : je suis joueur, je veux savoir à quoi m’attendre avant d’acheter le jeu versus je suis consommateur, j’achète ce qu’on me vend comme étant le mieux.
Finalement, on a l’impression que dans le modèle que vous décrivez, la note n’est que le substrat d’un ensemble de données plus "objectives" (graphismes, BO, level design...) qui permettraient de mettre un certain nombre de points (donc l’approche scolaire du jeu), et d’un autre côté l’aspect émotionnel, le ressenti vis à vis du jeu (qui, en général, de mon ressenti personnel, peut tendre la note vers le haut, mais rarement vers le bas : on voit plus souvent une note générale meilleure que la moyenne des notes "intermédiaires"que l’inverse...)
Mais dans ces conditions, pourquoi continuer à noter ? Pourquoi continuer à égrener des critères sur une échelle qui, selon vos propres dires, n’a de toute façon plus beaucoup de légitimité pour vos lecteurs ? Et pis encore, pour lesquelles les réactions -dans un registre d’émotion qui semble borderline dans vos descriptions - sont finalement le résultat, plus que le test lui même ?
Autant je comprend quand vous dites ne pas vouloir être un acteur dans le débat subjectif/objectif, de ne pas vouloir imposer de "charte éthique" qui n’a d’autre valeur que celle qu’on veut bien lui accorder, et qui finalement aura une lecture différente à chaque situation.
Par contre, il me semble clair que vous avez une position privilégiée pour pousser vos lecteurs à réfléchir "aux différents niveaux de lecture".
Vous justifiez le maintien de la note, il me semble, par le fait que certains d’entre eux continuent de se baser sur ce critère pour choisir les jeux. Mais plutôt que de déplorer cet état de fait et de se protéger, en quelque sorte, derrière la résistance au changement, pourquoi ne pas être un acteur plus décisif de ce changement, qui, à moins que j’aie mal interprété, vous appelez de vos vœux ?
BlackLabel # Le 25 novembre 2012 à 18:27
CoD, ce n’est pas comme si c’était le seul exemple de jeu dont on peut prévoir la note avant même l’apparition du test. C’est tout le temps comme ça. La plupart du temps les carences des jeux "qui vont bien se vendre" sont passés sous silence, et en parallèle on fait l’éloge de qualités parfois (souvent ?) inexistantes.
Quant aux menaces reçues par les testeurs, évidemment que je ne les cautionne pas, mais elles sont aussi l’expression d’un ras-le-bol général, CoD symbolisant tout ce qui ne va pas dans le jeu vidéo actuellement.
Le problème va au-delà de l’absence de confiance dans les tests qui est de toute façon minoritaire ; si la presse ne fait pas son travail critique, quels retours ont les devs ? Et pourquoi feraient-ils des efforts puisque leur méthode fait vendre en partie grâce à vous et vos concurrents usant d’une même absence d’esprit critique et d’une surnotation pathologique ? Ce n’est pas pour rien qu’on assiste à une uniformisation et une simplification des genres que les sites pros encouragent sans cesse.
Résultat ; sur le fond les jeux n’évoluent pas et ne s’améliorent pas, ils régressent. Les jeux sont de plus en plus beaux, et de plus en plus simplistes et stupides, s’acharnent dans le mauvais goût, quand ils sont pas tout simplement des insultes à l’intelligence.
Et vous cautionnez tout ça, et l’appuyez en répétant ce que les joueurs veulent entendre, même et surtout quand c’est faux.
Et que vous soyez sincères une fois sur dix ? quinze ? vingt ? pour un petit jeu indé, ça ne rachète absolument rien.
Fredone # Le 25 novembre 2012 à 19:12
@ Cedric Mallet
J’avais cru déceler que l’allusion aux illuminatis était pour faire de l’humour, mais par écrit difficile de réellement savoir si tel était le cas. Quand au cas BO 2, ce n’était pas vraiment une critique à votre site en particulier, car dans la plupart des forums de jeux vidéo, vous avez plus une image de site un brin trop complaisant, bon public, pas trop critique, une résultante de votre public moins exigeant car plus nombreux, il était donc normal que le jeu n’y soit pas descendu, bien que quelques casseroles comme celle d’Heavy Rain résonne encore dans la tête. En revanche, pour d’autres sites sensés être plus exigeants, ça pose clairement un problème. Pourquoi certains titres se font descendre pour des raisons qui ne sont a peine effleurées quand il s’agit de certaines licences, voire limite considérées comme des points positifs ? La réponse à cette question à mon avis se partage entre le "fanboyisme" du testeur qui ne sait pas faire la part des choses ou une certaine forme de "corruption".
Bon, cette histoire de "complot", même si elle n’est peut être pas à aussi grande échelle que certains veulent bien le croire, existe aussi, il suffit de se rappeler de l’affaire Gamespot/Eidos sur le cas Kane and Lynch, avec à la clé aussi le rédacteur en chef de l’époque Jeff Gerstmann qui s’est fait littéralement viré suite à sa critique incisive du dit jeu suivi d’un retrait du test pour le remettre en ligne mais légèrement modifié. Le cas Jeux Actu qui a changé la note de Timeshift(de 9 à 15) suite à l’arrivée d’une robe publicitaire pour le jeu sur le site.Alors forcément, quand de tels cas s’offrent à nous, ça ne fait que mystifier un peu le tout, et c’est un peu toute la profession qui trinque.
Sinon, au niveau de la note des lecteurs, je suis en parti d’accord avec vous, et c’est d’autant plus visible quand il s’agit d’une exclue à un support. Cependant, on trouve au milieu de ce tas de merde(appelons un chat un chat), des avis constructifs, et ceux là sont ceux à retenir.
Pour finir, si COD est aimé par une moitié et détesté par l’autre, il est humain de vouloir en voir une représentation, ça permet de se rassurer, de pouvoir trouver un écho, un peu comme en politique, mais bon, c’est pas ça qui va fondamentalement changer le monde.
Martin Lefebvre # Le 25 novembre 2012 à 19:16
Pour le coup Black, je pense que tu sous-estimes la puissance d’auto-persuasion et les phénomènes de sélection qui vont de pair... Je pense que les journalistes réellement menteurs sont en minorité, même s’il y en a, et que ça arrive à tout le monde de mentir pour une raison X ou Y un jour, notamment dans le cadre de sa vie professionnelle.
Imagine, tu es rédac chef ou patron d’un site JV qui tourne bien, ou du moins que tu veux rentable. Tu dois tester le dernier CoD... Il y a tout de même des chances que tu le files au gars qui aime bien la série, déjà parce qu’il est objectivement plus à même d’en saisir les mécanismes ludiques qu’un spécialiste d’autre chose, et puis le gars va pas traîner les pieds, etc.
Comme je l’ai déjà dit, à talent égal, un enthousiaste a plus de chances de percer dans la presse JV. C’est normal d’une façon puisque c’est une presse de loisir, qui s’adresse aux enthousiastes du JV. Mais ce n’est pas sans poser de problèmes. Notamment parce que ça ne privilégie pas le débat critique, et qu’un enthousiaste a plus de chances de se laisser porter par la hype je pense...
Bref, sans entrer dans les détails, je pense vraiment qu’il n’y a pas que le cynisme qui puisse expliquer la trop large bienveillance.
BlackLabel # Le 25 novembre 2012 à 22:29
Martin Lefebvre :"Bref, sans entrer dans les détails, je pense vraiment qu’il n’y a pas que le cynisme qui puisse expliquer la trop large bienveillance."
Il y a aussi la stupidité, l’inculture, l’ignorance crasse, les œillères volontaires, la vacuité intellectuelle, etc. La liste est longue malheureusement... :/
Si ce n’était que du cynisme, il y aurait une lumière au bout du tunnel.
Théodore Doumic # Le 26 novembre 2012 à 02:52
Je n’ai pas lu tous les commentaires mais je suis un fervent lecteur de JV.com ainsi que de merlanfrit mais aussi de la presse écrite (surtout IG). Etant un simple étudiant en fac de lettres, je me place en spectateur devant les tumultes qui secouent la presse vidéoludique.
Mais j’aurais aimé faire une remarque qui rejoint un passage de l’interview de C. Mallet.
Lorsque je lis un test sur JV.com (bien que le plus souvent je ne regarde que les notes évaluant les aspects techniques) je considère que c’est un produit consommable qui m’est présenté. Dans ce cas, attribuer des notes me parais tout à fait logiques et pertinent car elle sont là pour m’orienter en tant que consommateur. D’ailleurs, JV.com s’adresse essentiellement à des consommateurs, et dans cette perspective, sa mission est une réussite (tout comme celle de miniblop). Cependant, certains testes ou news ont parfois des ébauche de contenu critique (toujours assez légères) permettant une mise à distance au lecteur attentif. Pour ce qui est du contenu relevant plus du "culturel" (par exemple les dossiers, Usul, SpeedGame, Atomium...) le public est a priori plus averti, plus réfléchit et par conséquent moins nombreux et plus critique. Je ne veux pas dire que la majeur partie des lecteurs de JV.com sont décérébrés, mais qu’ils sont des consommateurs voulant être orientés pour leur achat du mois, surtout quant on observe la farandole de jeux qui sort de manière quasi permanente. Je me permet au passage de saluer le travail fait par JV.com, aussi critiquable soit-il.
Comme au cinéma on distingue les films d’auteur et les Blockbusters, en littérature on distingue les "romans de gare" et la "vrai" littérature. Le jeu vidéo est à la fois un produit consommable, conçu et perçu comme tel (tant par leur créateurs que par ceux qui les consomme), et un produit culturel pour les même raisons. Mais cette distinction est très limitée et il arrive (souvent) que la séparation que je viens de faire ne reflète absolument pas la réalité.
Ce qui suit est d’ordre plus personnel mais illustre assez bien mon propos...
J’ai la chance d’avoir des parents travaillant dans le jeu vidéo (faisant des jeux sur facebook), j’ai d’abord beaucoup critiqué leur façon de faire et de penser le jeu, car je me bat avec mes camarades de fac (de "lettres moderne") pour les convaincre que le jeu vidéo peut-être considéré comme un art. Mes parents ne pensaient qu’à trouver un business model entraînant du profit, business model étant parfois choisit pour sa suposée rentabilité plutôt que pour l’intérêt des liens qu’il pouvait avoir avec le gameplay (si la possibilité de faire un choix leur était offerte bien sûr).
Aujourd’hui mes parents font toujours des jeux, toujours sur facebook. Très récemment, et à ma grande surprise, c’est Frédéric Raynal qui les a contacté pour travailler avec eux, sur un jeu facebook. Je n’ai pas joué aux jeux pour lesquelles F. Raynal est connu (LTBA ou Alone in the Dark), mais j’en connais la réputation et le rôle qu’ils ont pu jouer dans l’histoire du jeu vidéo. F. Raynal lui-même se considère comme un artiste, il me l’a dit et n’a pas hésité une seconde sur ce mot. Bien sûr, une interview ne serait pas de trop et je crois qu’on a tendance à négliger le ou les artistes au service du jeu vidéo. C’est peut-être un cliché, mais aussi une des nombreuses bases pouvant permettre la distinction entre produit consommable et produit culturel, voir oeuvre d’art.
Pour ce qui est de la presse vidéoludique (ah ! enfin le sujet tant attendu !) Je me chagrine parfois de voir le manque de profondeur de certaines interviews... Que ça soit dans les questions ou dans les réponses, j’ai souvent l’impression d’entendre une promotion maquillée (très habilement certes) d’un jeu, quelque soit la qualité du jeu (technique ou artistique). Cependant merlanfrit ne nourrit pas du tout le même appétit que JV.com pour moi, et chacun de ces sites ont leur mission propre : l’un me considère (plus comme) comme un consommateur, et l’autre comme un joueur mais aussi un intellectuel avertit.
Cette vision reste très personnel et dans mon coeur, je pense que si ces deux manières de voir le lecteur/joueur persistent, elle deviendront dépendantes et sont déjà complémentaires...
Gargantua # Le 26 novembre 2012 à 11:09
Je tenais à vous prévenir que BigBossFF est un imposteur, un interlocuteur manquant de crédibilité. Il s’est approché de plusieurs rédactions, souhaitant recueillir leurs commentaires sur des supposées affaires de pot de vin entre éditeurs et brebis galeuses journalistiques. Il a été gentiment congédié mais garde au fond de lui une rancune tenace et n’hésite pas à se présenter comme témoin de faits imaginaires. Celle qu’il rapporte de Gamekult.com en est une une, grossière qui plus est.
Dans votre quête légitime de la vérité, attention à la qualité des intervenants.
Signé d’un redacteur-journaliste au chômage depuis peu...
glucide # Le 26 novembre 2012 à 15:01
Avant, la presse JV était là pour aider le consommateur à choisir comment dépenser ses euros (ou francs..). C’était une mise en relation entre des producteurs et des consommateurs.
Aujourd’hui, ce rôle est largement rempli par les blogs, forums, ou communautés comme par ex senscritique.
A quoi peut-alors servir le formidable capital culturel dont sont dotés les journalistes JV ?
A mon sens, à offrir ce que l’internaute moyen ne fait pas :
1- aller chercher des infos difficiles d’accés (interviewer les auteurs, explorer les coulisses de la réalisation..)
2- créer du contenu original en rapport avec le JV. Des dossiers thématiques, des comparaisons entre différents jeux d’un meme genre, des études de l’évolution d’un genre, ou meme des ovnis type Usul, etc..
3- prendre de la hauteur par rapport aux débats (qu’on sait d’avance passionnés ou liés à des dispositions personnelles) pour analyser (ou créer des outils d’analyse) ce qui se passe dans le JV, si possible autrement que sous la forme "je suis pour", "je suis contre", "c’était mieux avant", ou meme, comme le fait l’interviewé ici, "je suis éclairé, mais ça me sert surtout à éviter les catastrophes".. ou sous une forme plus complèete "j’ai une certaine culture sociologico-économique qui me permet de voir certains écueuils, mais puisque la situation fortuite dans laquelle je me trouve actuellement (localisation à Aurillac, pigistes honnêtes, etc..) fait que le problème ne s’est pas posé, je n’explicite pas de charte, de principes clairs".
4- Analyser ce qui fait la spécificité des JV comparativement aux autres médias, à savoir le gameplay, et sa relation avec les autres aspects (ex : graphisme, histoire, communauté, devices, modèles économiques, etc.) Car, comme cette interview le confirme, un jeu vidéo est un objet difficile à appréhender sous l’angle de la critique ou du commentaire. Tout est possible, du simple "c’est nul" à un développement savant (qui peut exister sous forme poético-technique à la manière des critiques gastronomiques). Bref, le JV est en demande d’outils d’analyse.
5- Autres ? (compléter :))
Ma critique est certes facile. Ce qui est décrit ci-dessus est exigeant et prend du temps. Et de surcroît les attentes du public ne sont pas forcément du coté de la recherche fondamentale. (mais est-ce le public qui détermine le contenu, ou le contenu qui attire un public ?)
Par exemple, le magazine IG s’en tire pas trop mal sur les points 1 et 2 (même s’il ronronne un peu à mon goût).
Les points 3 et 4, plus difficiles, sont moins bien traités par la presse JV (un peu mieux chez IG) et commencent à être abordés par les chercheurs dans le champ universitaire. Par exemple dans l’excellent livre "Le jeu video comme objet de recherche", il est expliqué que les personnes les mieux à meme de décrire ce qui se passe dans le gameplay sont les game designers eux-meme. Mais alors, pourquoi les journalistes ne "creusent" que trés rarement les questions de gameplay dans leurs interviews avec les créateurs ? c’est une question que la presse JV devrait sérieusement se poser. Sur ce plan, IG reste assez superficiel (mais creuse abondamment ce qui est le plus facile à retranscrire sur papier, à savoir les aspects correspondants aux arts classiques, mieux dotés d’appareil critique : narration/scenario, graphisme/animation, musique...).
Donc voilà ;)
Martin Lefebvre # Le 26 novembre 2012 à 19:01
@Gargantua : tu auras remarqué qu’au final Bigboss n’a... rien dit. C’est sûr que du coup on reste un peu sur notre faim niveau biscuit. :)
Adamska # Le 27 novembre 2012 à 00:13
Je viens de découvrir le site et je suis surpris , agréablement.Beau boulot.
D’autant plus que ces itw d’intervenants / gens du milieu sont vraiment interessantes et nouvelles.J’en attendais de telles depuis un moment , surtout vu l’actualité.
Je n’ai pas plus a dire que ce qui a deja été largement débattu , mais je m’inquiete de l’état du jeu vidéo , qui est , qu’on le veuille ou non, un medium malade...
Journalisme a remanier , image hermetique et crasse , art de la critique absent , standards bas , manque d’exigence , frilosité de l’industrie , des joueurs...
J’en viens a aimé ce support plus que le cinéma ou la littérature (alors que bien souvent je suis frustré et décu) tant j’ai envie de me battre pour qu’on le soigne , tandis que ces autres arts n’ont besoin de personne depuis si longtemps et proposent de tout pour tous.
BigBossFF # Le 27 novembre 2012 à 21:20
@ Garguanta :
Je n’ai approché aucune rédaction, dans aucune démarche que ce soit. A fortiori pour faire ce que tu racontes. Donc, je n’ai été congédié de nulle part.
"fin, bon mon cher "journaliste au chômage", quitte a raconter des conneries, ait au moins le courage de ne pas le faire sous un simple-pseudo. Dis nous qui tu es. Et on pourra discuter de tout ça - et en particulier, des éventuelles relations qui t’ont mis un tel bullshit dans la tête. Enfin, à considérer que tu sois de bonne foi, et donc manipulé, ce dont je doute fortement...
En l’espèce, tes propos sont diffamants. Ni plus, ni moins. Gaffe. En ce moment, je suis d’humeur procédurière.
Pour ma part, mon identité IRL est facile à déterminer. Ce qui me laisse un poil plus de crédibilité qu’un pseudo random qui propage des rumeurs sous le couvert de l’anonymat.
N.B : j’ajoute en outre un gros LOL, car j’ai toujours affirmé, sur les forums et sur mon blog, que les pots de vin n’existaient pas dans ce milieu. Et que les rétributions des éditeurs envers les journalistes étaient bien plus subtiles que ça. Un peu comme le dit Martin Lefebvre dans les commentaires de cet article.
N.B.B : non seulement, je n’ai approché aucun journaliste, mais en outre, tu serais probablement surpris du nombre de journalistes qui m’ont approchés afin de me manipuler, afin de salir d’autres journalistes. Il parait que ma réputation de langue de vipère me précède...
@ Martin Lefebvre :
Disons que mes relations avec Gamekult pourraient peut-être évoluer vers le domaine contentieux ces prochaines semaines. Aucune certitude, mais c’est une possibilité. Donc, je vais éviter d’exprimer publiquement des propos qui reflètent probablement une certaine vérité, mais dont je ne peux apporter la preuve irréfutable. Ce ne serait pas très prudent de ma part.
J’ai envoyé un mail à Steph pour lui répondre en private. ;)
Olff # Le 28 novembre 2012 à 00:31
Je ferai pas de grands discours, mais juste rebondir sur qqs points évoqués dans l’entretien et la discussion qui s’en suit.
Je rejoins Uzul sur la "consanguinité" du milieu, et pense que le choix du terme est très juste et pas innocent de sa part. On parle d’une industrie avec un imaginaire collectif "unifié", un background culturel très proche, et c’est ça qui de mon pov se ressent dans ces "tests" génériques. Ils sont réalisés par les mêmes personnes globalement, donc là dessus comme c’est exprimé plus haut, on a les mêmes "notes". Pas diversité à la base, pas à la fin. Les critiques sont faites dans le cadre de tests réalisés dans un gabarit, c’est du moins l’impression que j’en ai, et les quelques variantes sont le fait d’un point positif (le + :/) qui passe dans la colonne des moins.
J’crois ni au complot "illuminati", ni à une quelconque corruption, je constate simplement que les mecs qui font les jeux, sont faits du même bois que les mecs qui les passent au scanner. Forcément il y’a ce rendu "avis commun". Mario est donc fun, Ico poétique.
Après, il est tenté ici de faire le parallèle avec les autres médias, avec pauvreté (la comparaison film d’auteur, blockbusters, WTF ?!), avec soucis d’hauteur (notion d’émotion... :/ )... mais le cinéma est ce qu’il est parce fait par des gars d’horizons différents, des gars qui sont venus avec l’idée de changer la façon de faire, ce chez les réal, comme chez les critiques. Le jeu vidéo est loin de ce postulat, on y conçoit les mêmes jeux qu’il y’a 20 ans avec de nouveaux moyens techniques, mais le game over, le skill, le scoring, sont au média ce que le code Hays fut au cinéma US.
Je caricature pour la forme, mais dans le fond c’est révélateur selon moi. On se taque sur des indies, là FEZ, j’ai bcp apprécié ce jeu, comme les Cave Story, Meat Boy... mais même eux montrent encore cette consanguinité. Oui on a l’impression que l’industrie est constitué du même sang.
"Et cela conduit à des débats comme celui d’aujourd’hui, où tout le monde soupçonne tout le monde d’être corrompu simplement parce qu’il a un avis différent. "
Sauf qu’il n’y’a pas d’avis différent dans la presse jeu vidéo. J’prends un exemple, encore une fois j’vais graisser le trait, j’peux vous dire que la presse sera unanime sur GTA5, il aura un 8-9 partout comme ses ancêtres. Ben moi j’ai détesté GTA3 parce qu’il me propose une image "fun" du milieu "gangster", et que c’est très loin de la violence morale qu’on peut trouver dans une série comme The Wire par exemple, et ce coté édulcoré ne m’engage pas du tout dans le jeu. Mais si j’étais testeur je devrais dire qu’il y’a du contenu, que la caméra est bien, que les graphismes sont biens... Il y’a une doxa qui fait que si tu dis que "ça" je le trouve naze, on te rétorque que c’est "ce que tu penses", que "c’est ton point de vue"... Donc que c’est subjectif. Hors la subjectivité, c’est la construction d’une pensée, et l’exposer est beaucoup plus pertinent que de la mettre de coté pour chercher une pseudo objectivité qui se prive alors de tout sens critique !
À vouloir être "objectif", à vouloir répondre à une logique de consommation produit (ce jeu vaut le coût/coup), la presse JV a formaté son offre dans ce qu’on pourrait comparer à un test d’un produit de conso quelconque.
Et aujourd’hui on en vient à s’imposer un débat sur l’intégrité des journalistes... et bien à force de ne pas être en mesure de donner un point de vue, on en vient à soupçonner que c’est celui d’un autre, d’un éditeur...
J’en profite pour en placer une pour Blacklabel, dont je lis souvent les critiques de jeu, et que j’apprécie justement pour le point de vue qu’il y place. C’est tout de suite plus riche.
Pour finir quand je lis que la communauté jeu vidéo est encore mal considérée, vue comme des geeks boutonneux... En même temps comment ne pas le penser quand on passe sur un forum, ou que l’on passe faire un tour dans un event JV, de la GameDevParty à la PGW, c’est les mêmes tee shirts, les mêmes cultes...
PS : Je tiens au passage à remercier toutes les personnes présentes sur cette discussion, que je trouve très intéressante. Et je félicite le monsieur jv.com d’y consacrer du temps.
Steph # Le 28 novembre 2012 à 13:37
Bonjour à tous,
simplement pour confirmer que BigBossFF m’a bien envoyé un courriel ou il parle de l’affaire. En revanche, je tiens à souligner la prudence et l’honnêteté apparente dont ce courriel fait preuve. Il affirme bien qu’il développe une théorie, qu’il ne dispose pas de preuves matérielles pour étayer cette théorie, que celle-ci relève de l’inférence, etc. Bref, il existe selon lui des éléments troublants mais absolument rien qui puisse constituer une base solide pour nier et/ou pouvoir rendre public cette affaire.
Il n’affirme à aucun moment avoir été témoin de quoique ce soit de grave ou illégale, et rapporte surtout des oui dire. Bref, si la démarche n’est pas solide elle n’est pas marquée par la duperie dénoncée au dessus. En tout cas, personnellement, je trouve qu’il met les précautions d’usages.
De mon côté, je lui ferais une réponse en privé, mais je lui conseillerai de ne pas rendre l’affaire public. En outre, si c’est intéressant du point de vue du raisonnement, ce n’est pas exploitable en l’état.
Garg # Le 28 novembre 2012 à 14:02
Je rejoins personnellement Usul et Olff concernant l’endogamie de l’industrie vidéoludique et de ses thuriféraires. Le point important est que tout ce milieu regroupe des gens sociologiquement semblables, mais aussi des gens psychologiquement semblables (mêmes goûts, mêmes premières expériences professionnelles, mêmes luttes face au conservatisme du discours "le jeu, c’est pas un vrai travail", etc), donc des pairs qui développent une solidarité et un rapport de classe, inconsciemment ou non.
Ce qui est en revanche étonnant, c’est que le parallèle avec le cinéma ne soit pas davantage poussé. On compare les critiques du jeu vidéo tel qu’il est actuellement, c’est-à-dire un art naissant, avec les critiques du cinéma tel qu’il est actuellement, un art qui a déjà une histoire séculaire. Il serait de loin plus pertinent de comparer les critiques de jeu vidéo actuels aux critiques de cinéma des années 20. On se rendrait alors compte que ces critiques étaient tout autant endogames avec les métiers de production cinématographique que les critiques de jeu vidéo le sont avec les producteurs de ces derniers aujourd’hui. Les situations sont en tous points comparables.
Les vulgarisateurs d’aujourd’hui, qui ouvrent le milieu au grand public, permettent de créer de la porosité et d’amener des non-gamers à devenir des casu, et donc à apporter un regard neuf et déjargonné sur l’industrie : merci amis podcasteurs de tout crin. En continuant sur le parallèle cinéma-jeu vidéo, ce sont des gens provenant d’ailleurs, des "casu du cinoche", qui ont apporté les plus grandes innovations à l’industrie cinématographique : Eisenstein était théâtreux, et il a inventé le montage.
C’est quelque chose qui nous manque encore : attirer des gens d’autres arts pour renouveler le sang vidéoludique. Par exemple, il a fallu attendre cette année pour que Mansell s’occupe de l’ambiance sonore sur Mass Effect 3. Quatorze ans pour se rendre compte qu’un mec qui a eu ses premiers émois musicaux sur Kontakte de Stockhausen et s’est fait connaître pour avoir composé la bande son d’un film sur un mathématicien croyant que le monde est composé de chiffres serait éventuellement intéressé de bosser avec des geeks : ce ne sont plus des œillères qu’a le milieu, c’est une poutre dans chaque orbite. Et cette mixité entre les arts est évidemment un mouvement à amplifier pour un jour voir des annonceurs se rendre compte que les joueurs se rasent.
Après, c’est un mouvement de long cours, et qui n’arrivera peut-être pas de notre vivant : la relation du grand public au cinéma a commencé au bout d’un demi-siècle, et l’apparition d’un véritable cinéma indépendant de la technique et des codes en vigueur a pris trois générations jusqu’à la Nouvelle Vague. À moins d’un volontarisme dans le mélange des genres, mais qui ne servirait pas les intérêts économiques des producteurs, on a le temps de finir Civilization plusieurs fois.
Martin Lefebvre # Le 28 novembre 2012 à 17:51
Attirer des gens d’un autre art c’est loin d’être la panacée. Le gamedesign est un art qui a sa grammaire propre, la musique de jeu ne s’écrit pas comme celle d’un film, etc.
Par contre des créateurs dont le champ culturel sortirait du petit carré Tolkien / SF / séries fantastiques, ce serait pas mal.
BlackLabel # Le 29 novembre 2012 à 11:31
Martin Lefebvre :"Le gamedesign est un art qui a sa grammaire propre"
Oui mais on trouve assez peu de game designers qui ont compris cette grammaire, certains même la renient (David Cage notamment). Alors des gens de l’extérieur qui sont compétents dans leur domaine, et qui chercheraient probablement à l’être aussi dans le jeu vidéo, des gens du cinéma qui sont habitués à toujours exprimer les choses différemment du voisin là où le jeu vidéo ne cesse de recopier bêtement les formules vendeuses... Moi je dis oui.
Dans Fight Night Champion ils ont fait appel à un scénariste du cinéma, et même si le scénario est convenu et sans surprise si on aime les films sur la boxe, il est d’une qualité exceptionnelle par rapport à toutes les crétineries vidéo-ludiques qu’on subit régulièrement.
Martin Lefebvre # Le 29 novembre 2012 à 12:37
Sortir le JV de la seule culture geek (qui l’inspire très majoritairement puisqu’elle est devenue mainstream en même temps que lui), c’est une très bonne idée. Pas que la culture geek n’ait pas son intérêt (je veux dire on va pas me prendre mes RPGs de fantasy tour par tour avec un paladin, non non), mais ce serait bien que le JV ait d’autres horizons, oui.
Après je suis vraiment pas certain que le fait de faire participer des gens extérieurs qui ne s’y connaissent pas forcément soit une si bonne idée... En tout cas pas la panacée donc. Comme beaucoup de choses, il faudrait que ça vienne de l’extérieur.
Ca pourrait être le sujet d’un papier.
Adamska # Le 29 novembre 2012 à 14:08
Je vois mal en quoi un type comme David Cage renie "la grammaire du game design" , il tente juste d’aborder des thèmes qui ont besoin d’être pris sous un autre angle.
Son approche du scénario , de la tension et de la mort n’a rien en envié a ce qui se fait dans le jeu vidéo , cela dit je suis d’accord , il ne faut pas le comparer au cinéma sinon ca frise le ridicule , mais justement , ce type fait pas du cinéma , il fait du JV , il faudrait se mettre d’accord.
Même si ses tentatives peuvent être maladroites , les situations dans lesquelles il pose le joueur sont originales voire inédites dans le jeu vidéo (être un père -être l’antagoniste , un toxico- , voyager de corps en corps dans nomad soul , l’histoire d’indigo prophecy...et beyond , qui sait ?).
Je préfère récompenser ces prises de risques que d’encourager une stagnation du médium.Surtout qu’un jeu vidéo =/= sa campagne de comm’ , il faut éviter les amalgames et les belles paroles.
Tout comme un jeu =/= son auteur.
Cela dit , sincèrement je pense que le jeu vidéo en général a besoin de scénaristes et d’écrivains dignes de ce nom.Ce sera pour eux une nouvelle manière de bosser mais cela permettrait d’avoir droit a de bien meilleures histoires , et cet art ne s’invente pas.
Comme le dit Black , rien n’est tenté de neuf et tout se ressemble, tout est a un niveau vraiment plat et le pire j’ajouterai c’est que les gamers s’en satisfont : le scénario d’Assassin’s creed , l’ecriture de Mass Effect sont souvent cités comme exemples quoi , c’est minable.
Cela dit on a droit a quelques bijoux de ci de la , Walking Dead pour ne pas le citer et ca préfigure du meilleur ou je l’espere.
Théodore # Le 29 novembre 2012 à 14:58
@ Olff
J’aurais aimé savoir en quoi la comparaison avec le cinéma te semble pauvre ? Tu ne t’expliques pas vraiment sur ce point, j’y tiens beaucoup mais suis prêt à écouter ton avis.
BlackLabel # Le 29 novembre 2012 à 15:09
Adamska :"je vois mal en quoi un type comme David Cage renie "la grammaire du game design"
Très simple ; il fait un très très mauvais film (je ne vais pas développer car c’est flagrant), et dedans il met des séries de QTE dont seul le dernier valide la réussite ou l’échec car c’est son film qui prime sur l’expérience du joueur. Le reste se réalise en actions contextuelles complètement crétines. Par exemple :
Dans un Silent Hill Downpour ou encore un Uncharted, le personnage se place tout seul pour passer entre deux parois étroites, nous on dirige juste dans la bonne direction et ça se fait naturellement. Pour réaliser la même action dans Heavy Rain, Mister Cage qui est bien au-dessus de toutes ces considérations bassement terre-à-terre et vise à une expérience naturelle et proche du joueur afin de délivrer des émotions comme personne d’autre avant lui... nous demande d’appuyer sur des combinaisons de boutons complètement idiotes qui ne sont pas du tout en rapport avec ce qui se déroule à l’écran. On pourrait croire élémentaire de proposer sur la manette des manipulations qui nous rapprochent des actions du héros, mais David Cage heureusement nous apprend que non, au contraire !
Ainsi il devient comme étrangement plus difficile de tendre un ticket dans Heavy Rain que dans la vraie vie, parce que dans la vie, on fait quoi ? On prend son porte-feuille sans y penser, on l’ouvre, puis on tend le ticket. Dans Heavy Rain, non ! Déjà on cherche après son portefeuille car évidemment le héros ne sait pas où il le range. Poche droite du pantalon ? Poche intérieur du manteau ? Que de suspense ! Et ensuite il va falloir valider l’action contextuelle pour parvenir à ouvrir ce même portefeuille. Car dans Heavy Rain, même ouvrir un portefeuille devient une épreuve, il faut tordre le stick en épousant la courbe et avec la lenteur voulue, sinon on recommence. De même tendre un ticket trop vite à un réceptionniste et c’est l’échec !
Je ne m’étendrai pas davantage car on pourrait littéralement écrire une Bible tant la stupidité d’Heavy Rain est abyssale, mais David Cage c’est un peu ce qu’il y a de pire dans le jeu vidéo actuel. Il n’est pas maladroit, il est dans une autre dimension où les gens marchent sur la tête.
Martin Lefebvre :"Après je suis vraiment pas certain que le fait de faire participer des gens extérieurs qui ne s’y connaissent pas forcément soit une si bonne idée... "
Ce serait effectivement une bonne chose qu’ils soient au moins joueurs. Mais pour l’instant j’observe une nette régression du jeu vidéo traditionnel. Tout passe par un prisme cinématographique, tandis que les gameplays traditionnels qui fonctionnaient sont mis doucement sur le côté. On est dans une phase de négation du jeu vidéo, à la fois par crétinerie, cynisme (simplification pour vendre à un plus large public), mais aussi parce que le milieu vit en vase-clos.
Au lieu de s’exprimer par le gameplay, le jeu vidéo est de plus en plus dans l’interaction ; on ne "joue" plus, on valide des choix, on garde le stick appuyé vers le haut pour voir Nathan Drake marcher 10 minutes dans le désert... Ces formes d’expression sont complètement à côté de la plaque tant notre participation est pauvre et vide de sens, et pour servir en plus des scénarios d’une stupidité magistrale.
Alors oui les gens de l’extérieur n’ont peut-être pas d’idées sur le game design. Mais en grande majorité, les game designers non plus... :/
Hell Pé # Le 29 novembre 2012 à 15:34
Avant de rédiger ce papier, je te conseille chaudement de lire le bouquin d’Anna Anthropy sur le sujet, Rise of the Videogame Zinesters, où elle encourage justement tout un chacun à créer des jeux vidéo comme on pourrait écrire une histoire ou monter un groupe de musique à ses heures perdues. Son postulat est simple : pour des raisons techniques et historiques, la création vidéoludique est dominée par un profil-type de designers (le cliché du nerd, en gros) et un nombre restreint d’éditeurs très puissants. Elle suggère dès au lecteur d’utiliser Internet (pour la distribution) et les nouvelles techniques de création (elle cite notamment Game Maker, qui a servi à créer Hotline Miami) pour exprimer sa propre créativité à travers le jeu vidéo.
Martin Lefebvre # Le 29 novembre 2012 à 16:13
Ca c’est une bonne idée, je voulais le lire le bouquin D’Anthropy qui est très intéressante en général. Hop, commandé. Ca pourrait donner un compte rendu et un entretien, tiens.
Martin Lefebvre # Le 29 novembre 2012 à 16:17
@BlackLabel : tu sais le jeu vidéo c’est pas QUE le AAA. :)
Parler de régression une année où t’as TWD, Hotline Miami, Crusader Kings II, pour ne citer que trois grosses réussites, c’est un peu fortiche.
BlackLabel # Le 29 novembre 2012 à 19:18
@Martin Lefebvre ; je n’ai pas vraiment envie d’investir dans plusieurs hardwares, donc je me contente de la PS3, ça coûte assez cher comme ça. Je serai probablement plus heureux si je jouais sur PC, mais ce n’est pas le cas (car en réalité je serais malheureux, je suis absolument nul avec un PC).
Ensuite tu cites 3 jeux... c’est peu. J’en connais un sur le lot, The Walking Dead. Y’a du gameplay dedans ? Je te rassure j’ai bien aimé le premier épisode et j’attends la sortie boîte pour le faire au complet. J’ai trouvé ça de qualité, mais ludiquement parlant c’est très léger, et pas toujours judicieux. Infiniment plus intelligent qu’un Heavy Rain, certes. Mais The Walking Dead n’est pas une évolution, c’est juste le minimum de ce qu’on serait en droit d’attendre du jeu vidéo dans un monde idéal. Et ça souligne aussi à quoi on en est réduit ; lorsqu’un jeu est enfin écrit par des gens compétents, on a tendance à devenir trop enthousiaste, à cause du contraste avec ce qu’on a droit d’habitude ; Heavy Rain, pour citer un jeu dans le même genre.
J’ai essayé quelques jeux artys aussi, notamment Limbo que j’ai trouvé prétentieux et ne reposant que sur l’illusion d’une direction artistique inspirée, sans parler du gameplay quasi-inexistant. J’ai essayé des "trucs" narratifs comme LA Noire, pourquoi tout est scripté et automatisé ? Pourquoi je ne peux pas mener les enquêtes et interrogatoires de manière intéressante ? Pourquoi c’est si peu du jeu vidéo ?
Ensuite je ne sais pas si tu as ou non de la condescendance envers les titres AAA, moi pas (du moins pas dans le principe), ça n’empêche que les licences AAA actuelles étaient à l’époque de la PS2 de belles pièces d’artisanat (Splinter Cell, Hitman) pour devenir aujourd’hui des produits idiots, de mauvais goût et formatés action.
J’essaye un peu tout ce qui est disponible sur PS3, pas trop le démat’ car ce n’est pas à mon goût mais j’essaye quand même ; et le constat pour moi est là ; le jeu vidéo régresse. Oui il y a des fois des bons jeux, mais dans un océan de titres idiots ou prétentieux, souvent les deux à la fois, vendus comme des jeux exceptionnels par jeuxvideo.com, Gamekult et Gameblog... qui avoueront plus tard au détour d’un podcast ou d’une émission qu’ils ont trouvé ça pas si terrible.
Merci de nous prévenir trois ans après la guerre.
Martin Lefebvre # Le 29 novembre 2012 à 22:06
J’ai pas spécialement de condescendance pour les titres AAA (GW 2, Dragon’s Dogma cette année) il y en a que j’apprécie, même si je trouve la prod un peu formatée, formatage relayée par la presse, parfois plus à cause du système que des goûts personnels des rédacteurs d’ailleurs.
Après c’est très dur de juger du jeu vidéo dans son ensemble sur une seule console, qui plus est en fin de génération. Je ne sais pas sur quelle machine tu postes mais il y a des chances qu’il y ait des jeux accessibles dessus, beaucoup de jeux indés PC / mac ne nécessitent pas une grosse config.
Par contre le jeu démat’, il va falloir t’y faire si tu veux jouer à des choses fraîches...
BlackLabel # Le 30 novembre 2012 à 12:41
Dragon’s Dogma j’ai beaucoup aimé. Je ne dis pas que c’est parfait, mais c’est du jeu à l’ancienne, ça tourne autour d’un gameplay solide, et graphiquement ça joue plus sur les détails que sur un moteur performant. Puis tu joues à Dragon’s Dogma, t’admires pas les cinématiques interactives.
Ce qui me déplaît beaucoup sur cette gen, c’est que les jeux occidentaux (surtout) ont mis l’histoire en avant sans la soutenir par du gameplay, mais par de l’interaction du pauvre. C’est doublement dommageable car les histoires sont crétines, donc de base se concentrer là-dessus ça fait juste exacerber un défaut présent depuis toujours. Typiquement voir Nathan Drake souffrir dans le désert pendant des heures, pour être à nouveau en pleine forme au gunfight suivant, pour moi c’est de la débilité pure et simple et une insulte à mon intelligence, surtout quand on m’a en plus demandé de tenir le stick enfoncé. Autant le premier Uncharted je trouvais ça bien fait, et s’adressant à moi en tant que joueur, autant le 3 c’est une catastrophe ; avec ce jeu on en est à un point où l’IA est plus facile à battre en Extrême qu’en Normal, car le budget étant surtout alloué aux passages automatisés, peu de personnes travaillent sur l’IA, elle a donc des ratés, et des ratés d’autant plus fréquents quand tu augmentes la difficulté. On en est là quoi, les jeux privilégient le superflu au détriment d’aspects élémentaires, alors qu’ils ont des budgets astronomiques et pourraient très bien concilier les deux.
À cela s’ajoute que les jeux se recopient beaucoup les uns les autres (plus qu’avant), simplifient leur gameplay pour s’ouvrir à un public plus grand, et se calquent sur le cinéma ; au lieu de jouer à un jeu spectaculaire, tu en es désormais le spectateur qui tapote des boutons. Évidemment je grossis le trait. Quoique...
Là-dedans ce qui n’aide pas, ce sont les Japonais qui n’arrivent plus à suivre sur les consoles actuelles ; forcément l’offre s’en voit appauvrit. Comme je disais il y a probablement plus de plaisir à prendre sur PC. Ou en arrêtant le jeu vidéo, ce que personnellement je compte faire à la fin de cette génération.
Simon JB # Le 30 novembre 2012 à 14:04
@Théodore
Il ne dit pas que la comparaison du JV avec le cinéma n’est pas féconde dans l’absolu (encore que, c’est trop souvent la solution de facilité pour "penser" le jeu-vidéo).
Mais que la comparaison que tu esquisses dans ton propre post est pauvre. Et d’ailleurs tu le reconnais à la fin de ton paragraphe.
"Comme au cinéma on distingue les films d’auteur et les Blockbusters, en littérature on distingue les "romans de gare" et la "vrai" littérature. Le jeu vidéo est à la fois un produit consommable, conçu et perçu comme tel (tant par leur créateurs que par ceux qui les consomme), et un produit culturel pour les même raisons. Mais cette distinction est très limitée et il arrive (souvent) que la séparation que je viens de faire ne reflète absolument pas la réalité."
Le roman de gare et la vraie littérature, le blockbuster consommable et le film d’auteur, il me semble que ces distinctions non seulement n’apportent rien au débat mais en plus ont éclaté en morceau depuis bien 10 ans. Pour en rester au cinéma, il y a des auteurs qui inventent des formes nouvelles au sein des blockbusters les plus sur-produits (au hasard Tony Scott, Michael Mann ?), des "auteurs" qui mettent en place des systèmes esthétiques à la frontière de l’image de marque (Tim Burton ?), et des comédies américaines pour ado qui dépassent de loin en profondeur et qualité d’écriture bien des films dit sérieux.
Si ce que tu veux dire c’est qu’il y a de la place pour différents types de critique du jeu-vidéo (la fonction "guide d’achat", et la critique), alors je pense qu’on sera tous d’accord.
Pour en revenir à la question de l’écriture, et de l’apport de visions extérieures au monde du jeu-vidéo, je pense qu’il faudrait parler du dernier Assassin’s Creed qui cristallise assez ces contradictions.
Dans les meilleurs moments, le jeu est réellement très bien écrit et scénarisé : les dialogues sont enlevés et utilisent le vocabulaire de l’époque, les pistes narratives explorées sont parfois très fortes, il y a du rythme. A côté de ça, la méta-histoire qui englobe la série est toujours une sorte de gloubi-boulga geeko-fantastique, avec éruptions solaires et déesses grecques qui apparaissent en hologrammes, artefacts SF et conspirations mondiales. Non pas que cet univers ne soit pas intéressant en soit, mais si ils appliquaient la même rigueur d’écriture à la partie SF que celle qui préside à la narration "historique" de ce nouvel épisode, ça passerait mieux.
J’attend beaucoup du jeu SF scénarisé par Alain Damasio et réalisé par Dontnod, par exemple.
(pour ceux que ça intéresse, Tale of Tales sort un "jeu" inspiré du nouveau roman et de Marguerite Duras ; même toute moquerie art-game mise de côté, cela a l’air réellement épouvantable)
Simon JB # Le 30 novembre 2012 à 14:12
@Blacklabel
"cela s’ajoute que les jeux se recopient beaucoup les uns les autres (plus qu’avant), simplifient leur gameplay pour s’ouvrir à un public plus grand, et se calquent sur le cinéma ; au lieu de jouer à un jeu spectaculaire, tu en es désormais le spectateur qui tapote des boutons. Évidemment je grossis le trait. Quoique..."
Cette assertion me semble vraiment relever d’une méconnaissance de l’histoire du jeu-vidéo. Copier le gameplay qui marche, les développeurs ne l’ont pas découvert avec l’arrivée de la PS3 (ni même la PS2). Le nombre de clônes dès les débuts de l’histoire du JV était impressionnant. Et l’essor de la "fiction interactive" ne date pas non plus d’hier.
Je n’étais pas là à l’époque pour tester les premiers jeux Commodore 64 ; mais même si on se focalise sur les années récentes (mettons depuis l’arrivée de la PS1), il me semble au contraire qu’il y a de quoi être très excité par ce qui se passe aujourd’hui dans le secteur. Les jeux AAA sont effectivement de plus en plus spectaculaires mais aussi parfois de plus en plus audacieux (le niveau moyen est très élevé, quel que soit son genre de prédilection). Les éditeurs prennent des risques. Et à côté de ça, à l’autre bout du spectre, on a un marché indie florissant, avec des créateurs qui sortent un peu de leur fascination pour les années 80 et proposent des tonnes de chose.
Je pense qu’il faut un peu sortie de la nostalgie rétrospective du passé : une génération qui nous offre dans le même mouvement Journey + Demon’s Soul + Assassin’s Creed 3 + red dead redemption + Hotline Miami + Dishonored + Faster than Light + Braid et encore bien d’autres que j’oublie, c’est difficile d’en conclure qu’il faut arrêter le jeu-vidéo maintenant...
BlackLabel # Le 30 novembre 2012 à 17:35
Simon JB :"Copier le gameplay qui marche, les développeurs ne l’ont pas découvert avec l’arrivée de la PS3"
Évidemment non, mais aujourd’hui c’est généralisé. Je n’ai rien contre le fait que les jeux reprennent des ingrédients aux autres ; il y a une démocratisation de certains systèmes, comme la cover pour le TPS, qui me semble naturelle.
Ce que je veux dire c’est qu’aujourd’hui, on a des licences devenant des produits formatés, qui avaient pourtant une personnalité à l’époque, et la cultivaient. La lenteur de Splinter Cell PS2 devient l’infiltration simiesque à la Uncharted sur PS3. Les énigmes environnementales d’Hitman Blood Money se réduisent dans Absolution à des niveaux plus petits que sur la génération précédente (?!!) et le jeu lui-même fait à peine semblant d’être encore un jeu de tueur à gages. Quant au prochain Tomb Raider...
On en est là. Ce ne sont plus les petits studios qui recopient les grands pour jouir d’un peu de leur succès. Même les grandes licences, celles qui avaient leur personnalité, sont en train de recopier le voisin en perdant au passage tout ce qui faisait leur singularité. En somme, ce n’est pas seulement la presse qui est consanguine, c’est également l’industrie sur console de salon.
Et pour moi Red Dead Redemption, notamment, c’est un ratage sur presque toute la ligne. Ok c’est très beau à regarder, mais au bout de deux heures l’émerveillement laisse place à des missions courtes, inintéressantes et un scénario complètement idiot et puéril. Flower, dont j’ai essayé la démo, c’est pour moi une négation du gameplay, comme si le jeu vidéo old-school était une chose pour les enfants. J’y sens la même condescendance pour le média que dans les oeuvres de David Cage. Dishonored j’ai entendu dire que le jeu même dans sa difficulté la plus haute n’opposait aucune résistance. Quant à Assassin’s Creed 3... le jeu qui en 5 épisodes n’a toujours pas corrigé ce que souhaitaient les fans, à savoir la possibilité de jouer vraiment l’infiltration, le coeur du gameplay en somme, c’est pour moi la pire licence de cette génération, bien pire que CoD qui au moins lui ne ment pas sur la marchandise, et ne fait pas croire chaque fois à des innovations inexistantes..
Simon JB # Le 2 décembre 2012 à 01:40
"Dishonored n’oppose aucune résistance", oui d’accord. Joues-y peut-être, afin de te faire une opinion, plutôt que de rapporter un avis extérieur qui tient du n’importe quoi.
Assassin’s creed, c’était déjà pas vraiment un jeu d’infiltration dès le premier volet. A un moment donné, 4 jeux plus tard, il faut peut-être en faire son deuil et accepter que le jeu ne répond pas à ta préconception de ce qu’il devrait être...et évaluer ses vraies qualités (qui ne sont effectivement pas dans l’infiltration). Idem pour Red Dead redemption ("scénario idiot et puéril", really ?).
C’est un peu comme ce que tu dis sur Splinter Cell, Tomb Raider, Hitman etc...oui les nouveaux jeux sont peut-être inférieurs à certains épisodes précédent de la série. Mais pour le coup j’ai l’impression que les joueurs sont encore plus conservateurs que les éditeurs. Splinter Cell a probablement atteint l’apogée de ce que son genre pouvait proposer avec Chaos Theory. Qu’ils tentent de proposer autre chose plutôt que de creuser 50 fois le même sillon est plus louable qu’autre chose, même si au final le jeu n’est pas totalement réussi je trouve. Les joueurs veulent de la nouveauté, des surprises, vouent au gémonies les logiques de licences et le manque de créativité des gros studios mais en même temps dès qu’on touche un peu au gameplay d’une "série" c’est le branle bas de combat. Ce grégarisme est insupportable : si le nouveau Tomb Raider ou Hitman est mauvais, c’est peut-être qu’il est temps de passer à autre chose et d’aller voir ce qui se fait ailleurs...
Je ne comprend pas bien ta position sur le jeu-vidéo en général alors, mais on va peut-être arrêter le hors sujet là.
rhed308 # Le 2 décembre 2012 à 19:14
L’émission Arrêt sur Images plonge également dans le débat en réunissant divers membres de cet univers qu’est la presse du jeu vidéo.
L’émission est disponible ici et et est gratuite pour quelques heures encore
http://www.arretsurimages.net/conte...
etienne # Le 3 décembre 2012 à 03:49
@ Martin,
merci pour ta réponse dans le fil précédent. Je ne comprends pas bien où j’aurais fait un contresens : bien sûr que l’image des Doritos n’est qu’un symbole des conflits d’intérêt dans la presse spécialisée - et encore si l’on suit Lordon, le terme n’est pas adapté, on devrait parler d’"harmonie structurelle des intérêts" ou quelque chose comme ça. Ce que je voulais dire c’est que la diffusion de l’affaire dans le grand public tend à se focaliser excessivement sur les aspects les plus spectaculaires et finalement rares de corruption manifeste, et que ce n’est justement pas le sujet.
Ca m’a fait bien plaisir que tu cites le papier de Lordon dans ta correspondance avec Cédric Mallet, puisque c’est exactement la grille d’analyse qui me paraît pertinente et qui m’a immédiatement inspiré dès que j’ai eu vent de cette "affaire". Du coup tu m’as pris de court en le citant :)
Je me permets de te citer à nouveau :
"Le système que dénonce Robert Florence n’est pas une conspiration, il est une résultante logique des forces en présence dans la presse de loisir. Ce système n’a pas besoin d’être totalitaire pour fonctionner, et les RP n’ont pas besoin de contrôler directement ce que disent les journalistes : à tout prendre, un peu de mauvais esprit de la part de certains participants permet de mieux huiler la machine."
[...]"Le libéralisme a toujours eu la propriété d’absorber sa propre critique pourvu que la dose soit suffisamment légère. Après tout, si un tel n’aime pas tellement Halo ou Heavy Rain, il adorera GTA IV ou FIFA 13, et quelle que soit son opinion il postera dans l’heure le nouveau trailer du prochain gros jeu, puisque c’est "l’information"."
Tout est là, je continue à penser que le sujet, il est là et que tu le tiens bien. J’ai tenté de dire que ce dont le milieu du JV crève sans s’en rendre compte, c’est lorsqu’il véhicule une idéologie consumériste fondée sur des critères purement mercantiles, en faisant de l’usager des JV une figure passive de consommateur qui "en veut pour son argent". C. Mallet - qui a l’air plus percutant que les autres - le reconnaît explicitement dans l’interview, en critiquant le systême d’évaluation, et le fait que les JV sont traités comme des "voitures ou des téléphones", au lieu de l’être comme des "livres", mais on voit bien qu’il n’a pas grand chose d’autre à proposer. Pourtant, l’essentiel est là.
Malheureusement, ce message est pollué par les retours perpétuels à l’éthique individuelle et les positions de tel ou tel, comme le montre le débat franchement raté d’@si - celui de SOJ était en ce sens bien plus instructif, en particulier grâce au témoignage édifiant de C. Apap, même si je ne le rejoins pas dans son optimisme un peu naïf consistant à dire que les mauvaises pratiques appartiennent au passé.
Du coup, je trouve que certaines de tes questions posées aux rédacteurs de sites spécialisés ne rendent pas compte de l’analyse pertinente que tu fais par ailleurs du systême, et j’aurais tendance à dire que cela ne sert pas à grand chose de les interroger, puisqu’ils sont pris dans des logiques qui les dépassent et qu’ils peuvent difficilement reconnaître eux-mêmes publiquement, pour les plus éveillés qui ont plus ou moins compris les raisons de la défiance à leur égard - et qui sont honnêtement mal à l’aise.
Cela dit je trouve que C. Mallet se livre étonnament à une analyse très lucide de la situation dans laquelle il intervient, comme en témoigne cet aveu édifiant :
"Dans ce contexte, je considère que nous n’avons aucune indépendance, et que prétendre le contraire, c’est mentir au lecteur ou se faire des illusions, tout au moins quand on veut pratiquer cette activité de manière professionnelle, et sans autre ressources que la publicité, comme c’est le cas sur internet. Je ne dis pas que c’est bien, je dis que c’est la réalité du marché qui est comme ça."
On retrouve ici le cynisme traditionnel des chefs d’entreprise éclairés, qui conservent pour eux-mêmes une capacité de jugement moral sur leurs propres pratiques, mais acceptent par "réalisme" de reconnaître que "le marché" ne peut s’encombrer de morale. Ce cynisme a au moins la vertu de l’honnêteté. Mais finalement l’on n’apprend rien de plus que ce que l’on sait déjà.
Ainsi, quand tu leur demande pourquoi ils n’évoquent pas l’affaire Doritos, les deux répondent que cela ne correspond pas à leur ligne éditoriale : on parle des jeux et rien que des jeux. Hop, fermez le ban. Je ne peux pas parler pour JV.com que je ne fréquente pas, mais j’ai tenté de montrer que GK tient là une position contradictoire, en prétendant par ailleurs dans son émission soulever des débats plus généraux concernant l’industrie du JV.
Ils t’opposent aussi systématiquement des attentes supposées des lecteurs, argument fallacieux digne d’un E. Mougeotte pour justifier la pauvreté des contenus de TF1 au non de la sacro-sainte audience : C. Mallet a au moins l’honnêteté de reconnaitre avoir "sous-estimé probablement au départ l’impact que cette affaire allait avoir sur une partie du public."
A propos des "chartes" de bonne conduite, tes interlocuteurs t’opposent aussi systématiquement une fin de non recevoir, au prétexte que cela ne "servirait à rien". Or Lordon nous enseigne effectivement que cela ne servirait à rien, puisque le problème est ailleurs. J Chièze que tu n’as pas interrogé, mais que j’ai entendu sur @si va encore plus loin que ses petits camarades : il assume complètement les "ménages"...et finalement cette position se défend en paraissant la moins hypocrite.
Comme le répète Lordon depuis des années à propos de la finance et des traders, "on ne peut pas demander à un canard de tomber amoureux d’un tourne-broche" : autrement dit, les désirs qui prévalent - et les actions concrètes qui en découlent - dans un champ professionnel sont formatés par l’environnement structurel de ce champ. J. Chièze, en se définissant à travers la figure du "ménestrel", sorte de GO du JV, ressemble à s’y méprendre à la marionnette de J-P Gaillard qui jouissait en phase avec les "marchés". Chièze est honnête, il aime spontanément l’environnement dans lequel il évolue, qui lui accorde en plus des profits monétaires et symboliques... bref il aime Sony et Nintendo qui ne lui procurent que de la "joie" au sens de Spinoza, et il n’y a aucune raison de lui en vouloir, à partir du moment où le systême, loin de le pénaliser, lui fournit quotidiennement des signes de sa réussite et de son "élection".
Ce qui me parait extrêmement pertinent dans la lecture spinoziste que fait Lordon des phénomènes monétaires, est le rôle joué par les "désirs mimétiques" dans ce qui préside à la conduite des hommes, fait banal mais largement sous-estimé. La position de Chièze, qui consiste à se faire le simple transmetteur d’une "passion", au mépris de toutes considérations d’ordre moral considérées comme nulles et non avenues est le plus puissant moteur des institutions humaines.
Et cela s’applique parfaitement au domaine du JV, de façon très concrète et intime. Moi-même, et je suis sûr que d’autres que moi, étant impliqué comme usager régulier des JV, j’ai été et suis encore largement influencé par les critères auxquels nous soumettons nos propres désirs par ce qu’il est convenu d’appeler une "communauté" de passionnés, qui regroupe un ensemble aussi vaste que les programmeurs, développeurs, journalistes et simples joueurs. Il faut vraiment insister sur cette dimension collective qui se joue justement dans l’univers du JV et que M. Triclot avait tenté d’aborder en analysant concrètement "ce que cela fait de jouer".
Les sociétés occidentales sont tellement obsédées par la prééminence du sujet qu’elles tendent à nier l’aspect collectif du ressort de nos actions et de nos désirs : en ce qui concerne le JV, la représentation dominante et communément partagée ne voit que des individus face à des produits qui leur apportent une certaine dose de plaisir et d’utilité, à l’image du raisonnement utilitariste de G. Becker que dénonce justement Lordon, et qui s’appliquerait à toutes nos pratiques. L’ignorance de cet aspect collectif du désir interdit selon moi de comprendre ce qui se joue dans l’expérience video-ludique.
Or un joueur lambda comme moi et comme tous les autres a d’abord appris à jouer avec les codes mis en avant par le programmateurs et les développeurs de jeux, c’est donc un apprentissage, d’autant plus spécifique que le JV réclame une mobilisation très particulières des aptitudes intellectuelles et psycho-motrices.
Une fois pris par cet usage et socialisé par la confrontation régulière vis-à-vis de ces produits particuliers, le joueur régulier de JV adopte aussi les critères définis collectivement par la "collectivité" précédemment définie. Ces critères il ne les choisit pas, mais il les partage spontanément : importance du "gameplay", concept que pourtant personne n’est capable de définir, fluidité, qualité des graphismes, durée de vie. Il se trouve comme le dit très justement C. Mallet que la qualité d’un JV s’est socialement construite à partir de motifs essentiellement techniques, au détriment des aspects scénaristiques, esthétiques ou idéologiques, ce qui explique en grande partie ce phénomène d’homogénéisation des JV vers une offre formatée multipliant à l’infini des produits clonés et inintéressants.
N’étant pas différent des autres, j’ai appris à aimer ce que la communauté aimait, ce qui m’a procuré de la joie, celle qui est liée au désir mimétique. Du coup, j’ai longtemps été sensible aux critères précités, ai été un gros consommateur de titres AAA comme tout le monde, et jugeant de mon expérience au regard de ces derniers, comme une sorte de cahier des charges, en dépit de l’impression malsaine qu’on se foutait de ma gueule quelque part, le tout doublé par le sentiment désagréable de se faire détrousser par des commerciaux cyniques.
C’est ce phénomène qui explique le décalage ahurissant entre les ventes massives d’un titre comme COD, et le flot presqu’aussi massif d’opinions défavorables que ces jeux suscitent sur les forums ou dans les discussions IRL. Le même phénomène est observé dans le champ de la télévision où les chaînes les plus regardées (TF1-M6) sont en même temps celles qui receuillent le plus d’opinions défavorables. C’est bien qu’il y a un malaise.
Donc, comme d’autres j’ai joué à COD, GTA ou AC, j’ai discuté longuement des mérites comparés de des versions de DirectX, et j’ai contribué à la domination des formes imposées par l’industrie, tout simplement en achetant ces jeux....Et les journalistes qui surnotent ces jeux totalement surévalués au regard de l’expérience authentique que devrait procurer en principe des oeuvres de l’esprit - étonnement, surprise, sentiment de vivre une expérience différente, plaisir d’être porté par une proposition nous tirant vers quelque chose d’inédit sur le plan esthétique ou intellectuel, au delà du seul divertissement - ne sont pas des salauds vendus aux grand capital, mais des individus qui partagent et diffusent des critères qui se sont collectivement imposés.
Tout ce détour pour tenter d’expliquer le succès circulaire des titres AAA, car c’est bien ça le sujet, la domination d’une oligopole imposant ses standards, est un succès qui dépasse de très loin les compromissions de la presse spécialisée et tous les Doritosgate, mais qui s’explique simplement par le fait qu’on aime ce que tout le monde aime, en dépit d’expériences systématiquement frustrantes et décevantes.
Le cas du dernier opus de COD-BO2 est édifiant. On a d’un côté "Miniblob", qui "a fermé les écoutilles, a passé une quinzaine d’heures sur le jeu, et s’est exprimé en son âme et conscience", et de l’autre des types comme Chaka qui défoncent le titre
http://blogs.wefrag.com/Chaka/2012/...
Qui a raison ? Mon propos est d’avancer que contrairement aux apparences Miniblob et Chaka sont extrêmement proches : ils aiment manifestement tous les deux les JV. Il n’y a aucune raison d’accorder une position de surplomb à l’un ou à l’autre. Simplement Miniblob, pénétré par les critères traditionnels d’évaluation du JV, et en sachant très bien à ce à quoi il s’exposait en attribuant une bonne note au titre, s’est trouvé paradoxalement, si l’on en croit C. Mallet, en position de défendre une option courageuse - on parle bien ici du produit culturel qui génère le chiffre d’affaires le plus élevé au monde. C. Dejours a très bien décrit dans ses ouvrages l’incroyable renversement moral à l’oeuvre dans le monde du travail des sociétés capitalistes, où les positions impliquant une rupture avec les règles morales élémentaires sont systématiquement travesties en positions vertueuses et courageuses. On se demandera juste ici si Miniblob a plus de "courage" en affrontant une partie de son lectorat, ou en prenant le risque de déplaire à un des principaux annonceurs du site qui le fait vivre. Ce n’est pas une attaque, puisque je pense justement que sa position se défend...je relativiserais juste la qualification de "courage" consistant à très bien noter le JV le plus vendu au monde.
Chaka de son côté décrit très bien la lassitude de plus en plus ressentie par un grand nombre de joueurs face à des standards éculés et fatiguants. C’est drôle et il a vraiment raison : ça ressemble à de la merde, et tous ceux qui défendent l’inverse ne peuvent êtres que des crétins ou des vendus.
Il peut donc être tentant de choisir son camp, en dénonçant à peu de frais le "vendu" dans l’histoire.
Or il apparaît que les choses sont plus compliquées. Miniblob s’est fendu d’un commentaire qui est bizarrement passé inaperçu, et qui montre pourtant que les testeurs de JV.com ou d’autres sites ne sont pas d’irrémédiables crétins vendus au grand capital, et qu’il convient donc de critiquer leur position non pas d’un point de vue personnel, mais d’un point de vue systémique. Miniblob cite Chiapello et et Boltanski, et je ne suis pas sûr que Chaka, qui me fait beaucoup rire par ailleurs, ait de telles références. Je suis même très surpris en bien :
"Certes, un CoD reste un CoD, mais la licence puise visiblement des ressources dans les critiques qui lui sont faites pour évoluer. Ce n’est pas un phénomène nouveau, on pourrait même le comparer aux mécanismes mis en avant par Boltanski et Chiapello dans le Nouvel Esprit du Capitalisme : la faculté de la part d’un modèle dominant de perdurer en phagocytant puis en détournant à sa sauce les attaques qu’on lui fait."
Au delà de la surprise, la réponse de Miniblob montre de façon magistrale que les acteurs peuvent à la fois être pris dans des contraintes indépassables et faire preuve d’esprit critique. Cela montre aussi l’inanité des attaques ad hominem. Cela montre surtout l’extraordianire capacité d’adaptation des éditeurs dominants qui mettent à leur service des travailleurs formés et intelligents, ce qui rend inopérante une lecture manichéenne des faits.
Ce que décrit ici Miniblob, à travers la capacité inouïe du capitalisme dominant à intégrer dans ses produits les critiques internes du systême, en en faisant des arguments de vente, c’est ce qu’on a tous vu avec le rouleau compresseur de Rockstar, GTA, un jeu extrêmement bavard qui laissait dans les marges percer de nombreuses critiques malignes du mode de vie et du systême économique des Etats-Unis. On aboutit à ce curieux paradoxe où un produit qui représente l’archétype de la domination culturelle au niveau mondial réintègre à son profit les critiques qui lui son adressées, et en profite.
Ce qui est intéressant dans l’histoire, et qui rejoint l’analyse que fait Lordon de la crise financière, c’est qu’il existe une "disponibilité des affects" pour dénoncer un systême et aspirer à un changement radical, y compris à l’intérieur des institutions dominantes, et que celle-ci ne trouve pas de débouchés politiques concrets compte tenu des rapports de force, et de la nécessité pour la plupart des gens d’apporter leur concours au systême pour vivre.
Bien entendu les enjeux ne sont pas de même nature, mais les réactions au Doritosgate ressemblent à s’y méprendre - toutes proportions gardées - au mouvement diffus d’indignation dans les sociétés occidentales vis-à-vis d’un systême qui canalise les énergies humaines pour générer globalement des produits merdiques tout en avalant cyniquement les critiques qui lui sont adressées, et diffuse une idéologie contestable - mouvement qui se trouve en même temps complètement bloqué par l’obligation générale des acteurs à contribuer au développement du systême pour être intégrés.
Le fait qu’on en parle, sur ce site et ailleurs, est déjà le début de quelque chose.
Steph # Le 3 décembre 2012 à 11:00
Je crois surtout que le couteau n’est pas loin. ( voir http://www.monde-diplomatique.fr/20... ) Et, voulant se conserver, il est assez normal que la bonne ambiance soit un peu plombée.
La disparition de Mer7 n’est peut-être pas à passer sous silence non plus. Loin de récuser le travail de Martin, il ne faut peut-être pas rêver non plus à la prodigieuse force de la vérité révélée qui convertirait les journalistes comme la lumière fait disparaître les vampires. Le papier a des qualités - encore une fois - mais je trouve bien plus curieux la volonté affichée d’y répondre aujourd’hui. Ces questions-là se posent depuis un petit moment, et
Je suis à peu près d’accord avec vous etienne sur votre lecture spinoziste (bien que ce soit le spino de Lordon) des faits, mais je pense qu’il faut aller jusqu’au bout : il n’y a pas eu suffisamment d’ajustement pour que ce soit quelque chose comme la vérité qui mobilise et mette en branle la caravane de l’introspection et de la disculpation. Si aujourd’hui on se plaint de ne pas avoir été interviewé par MF sur Twitter, c’est aussi parce qu’on y voit une opportunité, non ?
Bref, tout ça pour dire que ce qui est sur, c’est que ça se repositionne et ça se reconfigure sec dans la presse... Pour de bonnes raisons ? Bien sûr, comme à chaque fois ?
Pour finir, ce petit bout de l’article d’Écrans.fr avec du Rasera dedans (il me pardonnera, mais il touche juste malgré lui là)
On y est vraiment pour rien. Quand je vois le nombre de types lucides sur la situation, VR, Poischich, Ivan, Chièze (lucide dans son genre), Cédric Mallet, etc. qui ont visiblement déjà bien compris ce qui se passe et pourquoi... et qui le font toujours, on se demande bien comment quelque chose pourrait changer par la simple diffusion des idées. Un véritable réquisitoire contre les Lumières...
BlackLabel # Le 3 décembre 2012 à 13:14
Étienne :" j’aurais tendance à dire que cela ne sert pas à grand chose de les interroger, puisqu’ils sont pris dans des logiques qui les dépassent et qu’ils peuvent difficilement reconnaître eux-mêmes publiquement, pour les plus éveillés qui ont plus ou moins compris les raisons de la défiance à leur égard - et qui sont honnêtement mal à l’aise. "
C’est pour moi ce qui est clairement ressorti de l’émission d’AsI (je dis "clairement" me concernant, je ne sais pas pour les autres) ; à savoir que Julien Chièze assume complètement sa position et fait sa communication à tout-va, face à un Gaël Fouquet qui essaye de passer entre les mailles du filet avec un malaise évident car il avance en terrain miné.
Les deux sont à la fois honnête et malhonnête à leur manière. Julien Chièze ment (de mon avis) avec un aplomb formidable, il a trouvé sa légitimité là-dedans, et quelque part le fait de ne pas se considérer comme journaliste lui permet de mieux assumer son rôle de faire-valoir des jeux. Gaël Fouquet m’a plus fait l’effet de mentir par omission, en dévoilant (mais pas trop quand même) des pratiques auxquelles ils n’adhèrent pas, pour mieux garder pour lui sa fameuse cuisine interne, et en cherchant à se sentir digne, mais si ça s’effrite facilement à plusieurs reprises au cours de l’émission. Heureusement il échappe régulièrement au massacre car l’animateur n’est pas très connaisseur du sujet et ne peut pas approfondir.
Ce qui est révélateur chez Fouquet, c’est lorsqu’il dit que le lecteur ne fait pas la différence ; il a raison, car le lecteur se fiche de ses principes, il juge au résultat. Dans ma position, Gameblog, Gamekult et jeux-video.com sont dans le même panier, avec des approches en apparences différentes, mais avec les mêmes problèmes dont font partie le surnotage, les critères idiots, et les gros jeux mis en avant.
Par contre j’ai lu une fois un CanardPC, et sans connaître leur cuisine interne, là j’ai vu une vraie différence, un magazine qui s’adresse à des joueurs et non des consommateurs.
En somme Gaël Fouquet était souvent mal à l’aise car il tient à son image, peut-être autant pour lui et son estime personnelle que ses lecteurs. Reste que ses principes et son éthique sont inutiles au vu des résultats, et que la fausse sévérité de Gamekult n’est qu’un paravent.
JulienC lui était prodigieusement agaçant car il ne cache rien. Il ment certes, tournant tout à son avantage, mais surtout, surtout, il n’a pas tort quand il dit que d’autres font la même chose que lui, mais en toute discrétion. C’est pour cela qu’il est agaçant pour la profession d’ailleurs, parce qu’il la montre telle qu’elle est. Il a une absence de pudeur et de scrupule que ne possède pas du tout Gaël Fouquet, qui lui doit composer probablement difficilement avec le métier qu’il fait.
glucide # Le 3 décembre 2012 à 15:48
Je trouve ce débat fort intéressant (et je ne peux qu’abonder sur le constat d’endogamie dans la production).
Peut-être avez vous déja repéré également ce colloque : http://www.ludogene.net/programme (gratuit, mais il faut réserver). Quelqu’un a prévu d’y aller ?
rhed308 # Le 8 décembre 2012 à 10:15
J’aimerais soulevé un aspect de ce questionnement qui n’a pas forcément été abordé : les publicités. Dans plusieurs pub faisant la promotion d’un jeu vidéo, vous avez quasi systématiquement, un commentaire provenant d’un site de jeu vidéo. "Le meilleur épisode de la série" ou d’autre phrases promotionnelle sont écrit en gros et l’on retrouve régulièrement les mêmes sites (jeuvideo.fr, jeuvidéo.com, gameblog.fr de plus en plus...).
Est-ce que le conflit d’intérêt n’est pas clairement posé quand on peut lire ça ? Surtout, mais là cela reste à vérifier, si dans les previews ou les test, le commentaire glorificateur n’est pas écrit noir sur blanc.
En somme que le commentaire dans la pub soit une totale invention à laquelle on aurait rajouter le nom d’un site.
Pedrof # Le 12 décembre 2012 à 18:24
"On ne peut pas prétendre que toutes les notes entre elles soient cohérentes. C’est déjà difficile à obtenir pour un seul rédacteur, qui quand il s’emballe pour un jeu, doit se contenir en se disant que d’autres viendront et qu’il faut qu’il se garde de la marge de manoeuvre pour pouvoir comparer un an ou deux après."
Je comprends pas du tout.
"Imagine, tu es rédac chef ou patron d’un site JV qui tourne bien, ou du moins que tu veux rentable. Tu dois tester le dernier CoD... Il y a tout de même des chances que tu le files au gars qui aime bien la série, déjà parce qu’il est objectivement plus à même d’en saisir les mécanismes ludiques qu’un spécialiste d’autre chose, et puis le gars va pas traîner les pieds, etc."
Non je pense pas, au contraire. Les mécanismes ludiques ça dépend pas des genres. Une personne qui découvre les COD avec Modern Warfare 3 va regarder le jeu avec bien plus de recul qu’un type fan de la série. Il suffit de voir la vidéo d’El Zippo qui met en lumière la médiocrité ludique de COD quand on lève la tête du guidon (plus haut tu le critiquais sur son propos mais il y a pas besoin d’aller chercher si loin, c’est juste un mauvais jeu).
http://www.youtube.com/watch?v=IM6O...
Martin Lefebvre # Le 12 décembre 2012 à 18:32
CoD c’est peut être un mauvais exemple parce que le FPS a une grammaire très répandue tu as raison. Mais dans l’autre extrême tu as parfois des journalistes qui ne captent rien aux enjeux, notamment sur les titres de niches. Disons que tu fais au moins appel à un spé des FPS, suffisamment ouvert pour ne pas rejeter les jeux très scripté (pas à moi par exemple).
Me souviens d’un superbe 2 ou quelque chose du genre accordé par le responsable des jeux de sports sur IGN... à Football Manager, qu’il trouvait vachement moins bien que FIFA. :/
Pedrof # Le 12 décembre 2012 à 19:54
Tant que c’est argumenté, je vois pas le problème au 2 du type d’IGN (dans l’absolu, j’ai pas lu l’article) ou à une critique négative de ta part sur un FPS très scripté. Si tu expliques bien ce qui te dérange j’aurai plaisir à lire ton texte.
Pedrof # Le 12 décembre 2012 à 20:04
Plus précisément, si tu décris bien ton expérience et que tu cherches à la comprendre, que tu l’expliques. Qu’elle soit positive ou négative, que tu aies pu apprécier certaines choses ou non, c’est pas le problème pour moi.
Prostipute # Le 12 décembre 2013 à 13:23
Quels tissu de connerie infame ! Déja le coup de l’achat par els figurine ? le mec qui fait l’interview il est bête au point d’avoir zéro argument à opposé ? parcque la il noie le merlan dans l’huile !
On sait bien que c’est pas les figurine qui les influence ! c’est l’invitation en press tours, c’est l’envoie des jeux en avance (mon cul le coup du commerce et encors plus a l’étarngé maintenant que les jeux ont a peine 3 jours d’écart de sortie dans les pays a gros foyer de joueur) C’est l’invit a l’e3 ; c’est linvitation pour des reportage en studio ;c’est les interview avec les dev ; et c’est aussi la relation pour les jeux a venire de l’éditeur qui est en jeux. Pas besoin de sortire de science po pour comprendre sa.
Et mon cul qu’il défende les peti jeu indé j’ai jamais découvert une perle grace a jv.com ni aucun site de jeuxvideo ! (normale ils ont tous pareil)
Le fait de traité les gens de conspirationniste quand on constate l’étroitesse de la fourchette des notes ! Serieux cette blague le cinéma plus accessible ? le cinéma d’auteur et art et essai ce casse la geule partout dans le monde et les trois quart des gens ne vont voir que de la grosse prod totalement grand public. Le monde du jv c’est pareil sauf que la scéne indépendante ne dispose d’aucune protection et aucun coup de pouce l’états !
Quant a usul ! Son travail d’investigation reviens a cité les rare fait que nous connaissant de cette industrie (les close abusive des éditeur sur les dévellopeur ; les exemple d’influence sur la presse etc...) il ne fait que re cité les rare fait, que n’importe quel mec qui s’intéresse un peu a ce qui ce passe dérriére le rideaux aura trouvé en cherchant 5 minute... Et en plus il le fait rémunéré par le symbole de tout ce qu’il dénonce en ce ventant de n’avoir rien a voir avec le site "oui moi je prend juste le pognon hein bon daccord je fais tourné la machine mais t’as vu je la dénonce mais bon moi et mes potes on fait sa pour un pont d’or alors on va quand meme pas essayé de changé tout sa"
Bon j’arrete de m’énervé sur un article vieux de 2012 j’avoue que quand j’ai vu que c’était un truc en rapport avec merlan je me disé que l’interview aurait un peu plus de couilles mais en faite je voie qu’on est pas sortie de l’auberge.
Sinon étant disorthographique j’avoue que j’en ai marre de voir des critique a la con sur ce genre de truc arrété de croire que c’est un handicap simple ! Vous demandé pas un handicapé de ce manié le cul quand vous êtes dans une monté ? Bon alors ! (puis pour rappelle meme si ce n’est forcément le cas on trouve des gens atteint de trouble dys assez malin.. Y’en avait même un il s’appellé einstein mais bon... )
Sur ceux je vous salue bien bas sans correction aucune de toutes façon je voulais juste me défouél et rappellé de deux trois truc a l’auteur quand il vera ce commenatire.
A trés mauvaise entendeur adieu !
Steph # Le 13 décembre 2013 à 01:17
Prostipute, vous pourriez au moins être un peu tolérant avec les corrompus que vous dénoncez. Certains en souffrent vous savez. Quelle détresse lamentable que celle des honnêtes gens face aux gens culottés ;)
Leydorn # Le 22 juin à 10:30
En 2012 le jeu-vidéo se comparait encore au cinéma, dix ans plus tard le rapport financier est tellement à l’avantage du jeu-vidéo que les comparaisons avec le septième art sont devenues aussi pertinentes que de faire écho à la littérature quand on parle du cinéma.
Car le jv rapporte plus de trois fois plus d’argent (200 milliards d’euros par an) que le cinéma (40M), la musique (20M) et l’édition de livres (3M, soit 63 millions pour les trois) réunis https://www.avcesar.com/actu/id-314...
Leydorn # Le 22 juin à 10:32
63 milliards bien sûr pardon pour le cinéma, la musique et l’édition réunis, c’est que M est le symbole de millions, et M avec un trait _ au-dessus celui de milliard.
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