Poursuivi par une réputation de nanar et un tsunami, Raymond Bryce, le héros de Disaster : Day of Crisis n’a sans doute pas de chance et méritait mieux qu’un désaveu de Nintendo.
Disaster : Day of Crisis donne le ton dès l’entrée de jeu. Vous jouez Raymond Bryce et votre meilleur ami meurt dans un volcan en éruption et vous lui avez promis de protéger sa sœur et quand elle se fait kidnapper par des terroristes alors que le monde est secoué par les pires cataclysmes possibles, alors vous n’hésitez pas une seconde à partir à sa recherche.
Amusez-vous et racontez le pitch de Disaster : Day of Crisis à vos amis. Vous êtes sûrs de voir des sourires gênés, des rires voire des remarques désagréables sur votre goût en matière de jeu vidéo. Il faut dire que ce jeu sent bon le nanar. Même s’il est édité par Nintendo et développé par Monolith Software (Baten Kaitos, Xenoblade), Disaster : Day of Crisis a un cachet qui rappelle les plus belles heures du direct-to-video. Mais vous n’avez en fait rien vu : dans une sorte de fièvre quasi-délirante le jeu s’offre toutes les références possibles. On reconnait sans peine l’intrigue principale de The Rock avec ses terroristes pas toujours solidaires ou des films comme Hard Rain — des voleurs profitent d’une inondation pour dérober quelque chose — ou Dante’s Peak — et son fameux volcan de type explosif avec cendres, scories, pluies d’acides et gaz mortels.
Côté gameplay, même combat. Vous allez tirer sur des méchants soldats et des ours comme dans un Time Crisis, sauver des vies humaines via des mini-jeux, conduire des véhicules poursuivis par des vagues géantes ou des coulées de lave en fusion. La Wiimote a rarement été autant utilisée, secouée, agitée et pointée pendant un jeu sur Wii. Il s’agit ici pour Monolith Software de tout tester, de tout tenter. Le gameplay est sans cesse changeant : il faut s’adapter constamment, toujours surpris par les nouvelles séquences ou par des enchaînements nouveaux, toujours dans des conditions déclenchant toutes les alarmes du what the fuck.
Avec tout ça, Disaster : Day of Crisis fait bien évidemment penser à Metal Gear Solid : sans atteindre le niveau de finition de l’œuvre de Kojima, le jeu de Monolith possède ses discussions via radio, son lot d’absurdités, d’astuces et de moments intenses oscillant entre le très sérieux et le potache. Quelque part entre la parodie et l’hommage, finalement très camp — volontairement kitsch si vous préférez —, Disaster : Day of Crisis surprend par ses changements de rythme constants ; il n’est jamais question de zone de confort où le joueur est à l’aise. Dès que la routine semble s’installer, les développeurs mettent Raymond Bryce — et le joueur et sa Wiimote — face à de nouveaux dangers, toujours plus puissants et fous, à la fois narrativement et de façon ludique.
Regardez le milieu du jeu, véritable joyau : après une éruption volcanique massive, le joueur se retrouve à errer dans une forêt silencieuse, recouverte de cendres grises. Après avoir résolu des énigmes pour la première fois depuis le début de l’aventure, Raymon Bryce rencontre une petite fille, seule dans sa maison, isolée de tous. Ses parents ont disparu et elle attend.
L’ambiance devient alors oppressante et l’humour, le second degré, la parodie et la musique zimmerienne laissent place à de l’angoisse pure. Avancer dans les niveaux est moins simple avec la petite fille, se défendre face à une nature menaçante aussi. Le joueur doit maîtriser un nouvel environnement et de nouvelles contraintes. Après ce passage central, la suite de l’aventure n’est qu’une longue montée en puissance avant cent millions de rebondissements durant le final : bombe nucléaire, mécha géant, méchant increvable… Qui encore une fois font directement référence à Metal Gear Solid.
Celui qui joue à Disaster : Day of Crisis sait à quoi il a affaire. Il s’agit d’un "petit" jeu, sorti sous le manteau par Nintendo en Europe et annulé aux USA, il s’agit d’un nanar pour certains ou d’un équivalent à Jerry Bruckheimer ou à Roland Emmerich. Mais cela n’empêche jamais à Disaster : Day of Crisis d’être un peu plus, un jeu conscient de ses références, à l’aise avec le second degré et avant tout un divertissement exemplaire, plus fin et racé qu’au premier abord.
Vos commentaires
frelu-K # Le 24 octobre 2011 à 10:57
"sorti sous le manteau par Nintendo en Europe"
Y’avait quand même des pubs télé en france, et dans d’autres pays je crois ! Même que la pub française avait un voice over français alors que l’audio du jeu est pas traduite. J’ai longtemps regretté de pas l’avoir acheté, un peu coupable vu les critiques, mais là, l’article a enfoncé le clou, je go amazon !
Anthony Jauneaud # Le 24 octobre 2011 à 11:28
Le jeu a profité au départ d’un marketing impressionnant (il y avait des stands dans les salons européens, des pubs, etc.) mais dès qu’il est sorti, le jeu a fini aux oubliettes et produit en quantités réduites. C’est surtout son attitude vis-à-vis des USA qui me choque.
Barbo # Le 24 octobre 2011 à 13:44
Le problème de Disaster c’est qu’il est un véritable laboratoire de recherche quant aux différentes exploitations possibles de la Wiimote, soit le genre de titre qui aurait logiquement débarqué à la sortie de la Wii. Or il n’est arrivé dans nos contrées qu’un an et demi après, ce qui a beaucoup modéré son impact potentiel.
Ça reste quand même une chouette série B dont les particularités majeures sont bien mises en valeur dans ce texte.
Sabr # Le 24 octobre 2011 à 14:27
Merci de parler de ce jeu, surtout que tu le décris comme je l’avais imaginé ! Si j’avais une Oui, je l’aurai pris direct ...
Nano # Le 24 octobre 2011 à 15:36
Je grille pas le "fait bien évidemment penser à Metal Gear Solid", vu que jamais j’ai pensé une seul fois au titre de Kojima alors j’ai terminé (et adoré) plusieurs fois Disaster.
C’est vachement bien de parler de ce jeu, même s’il est handicapé par une réalisation disgracieuse et un gameplay imprécis, c’est une mine d’or d’intentions, de générosité et de nanardises dans le sens le plus assumé du terme. :)
Je crois que le seul regret éternel pour ce titre, c’est les loadings... il aurait été tellement parfait sans ses chargements ce jeu.. quand on mise avant tout sur l’abondance d’action, l’enchaînement et le rythme.. ça fait tache de se manger des accès disques entre chaque séquence :(
Par contre, effectivement, Disaster est tout sauf "sorti sous le manteau" !
Anthony Jauneaud # Le 24 octobre 2011 à 16:09
Bordel. Ça pue le MGS ! Le boss final ! Le look du méchant ! Non ? Je suis le seul à l’avoir ressenti ?
Laurent # Le 24 octobre 2011 à 17:00
Non moi aussi j’ai beaucoup pensé à MGS devant ce jeu. Le boss final évidemment, c’est limite du plagiat ^^ Et puis à un moment on affronte une espèce de gourou indien sous la pluie, ahem...
Bon cela dit j’ai pas trop aimé ce jeu, tout en lui reconnaissant certains mérites. Le coup du nanar assumé, je veux bien, mais ça n’excuse pas tout.
Nano # Le 24 octobre 2011 à 22:58
Bon moi les références que vous prétez à MGS c’est celle que je prête à une bonne dose de manga et d’anime.. mais passons.
Pour le nanar assumé, ça n’excuse absolument rien. Clairement. Mais le fait qu’il soit juste "assumé" excuse une réalisation qui, dans tous les cas, n’auraient pas pu répondre aux attentes d’un mega blockbuster de la muerte.
Non la nanar assumé sans une once de second degré fait, par contre, particulièrement bien passé la pilule d’un scénario foutraque absolument cliché, potache et guignolesque ; excuse à toutes les péripéties du héros.
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