Final Fantasy XV fait débat chez Merlanfrit. Premier avis, le fan, entre déception et fascination. Selon Nicolas Turcev, en choisissant de s’éparpiller dans tous les sens, le jeu de Square-Enix ne se dirige nulle part. Pour mieux nous faire profiter de tout ce qu’il a à offrir ?
« Frankenstein du RPG japonais », « grand jeu malade » ou encore « rafistolé à coup de scotch », la presse jeu vidéo s’est levée avec la gueule de bois mardi. Elle constate ce dont tout le monde aurait dû se douter depuis des années maintenant : Final Fantasy XV (FF XV), l’arlésienne, n’est pas à la hauteur. Et comment pouvait-il en être autrement ? Connait-on un seul jeu qui, après dix ans de gestation, cinq de développement, deux réalisateurs et des centaines de millions investis qui l’ont rendu « too big to fail », ne soit pas un patchwork sans cohérence fait de bric et de broc, l’incarnation d’un cahier des charges sans vision ? Hajime Tabata n’était pas le capitaine de navire venu redresser la barre avec son agenda, son projet, sa sensibilité. Il fut choisi pour ses capacités de gestionnaire et son esprit de synthèse (ou sa capacité à tout additionner, c’est selon), qualités dont il a déjà fait preuve avec Crisis Core et Type-0. Son seul but était de finalement sortir le jeu, quitte à sacrifier le semblant de cohérence de Versus XIII. Tout le monde s’en rend bien compte, FF XV est un gloubi-boulga mal torché qui bouffe à tous les râteliers du jeu vidéo blockbuster. Cruellement victime de ses ambitions démesurées, aux antipodes de la sagesse linéaire dont a fait preuve Final Fantasy XIII, ce quinzième opus ne va nulle part. Et c’est peut-être ce qui le sauve.
Théorie du chaos
On peut croire ou non à la théorie du chaos, mais s’il faut un jour vous en convaincre, jouez à FF XV. Malgré le grand n’importe quoi de sa structure MMO open-world débilitante, de son système de combat parfois abscons, de sa caméra en roue libre, de sa fin ramassée et foutraque, on ne peut s’empêcher de lui trouver un certain fond, un certain ordre, dans le charme tranquille qu’il dégage. Le charme des expériences passagères, du paysage qui défile et des yeux qui se recalibrent sans cesse pour le suivre, des arrêts poisseux aux station-essences. Celui, également, des photos de vacances mal cadrées, de l’intimité grivoise d’un bungalow loué avec des potes, du pack de bière partagé autour d’un steak-frite dans un « diner » paumé au milieu de nulle part. En somme, celui du mono no aware [1] bien japonais que l’on opposera à tous ceux tentés de faire une lecture exclusivement occidentale de FF XV. Mais avouons-le, tout cela est encore bien frais, et c’est peut-être la nostalgie, l’amour ou l’affection pour ce que représente Final Fantasy qui parle – le déni, plus vraisemblablement.
Car dans l’absolu, le monde ouvert de Final Fantasy XV n’offre pas grand-chose d’intéressant. Ses quêtes sont fastidieuses, les allers-retours sont frustrants pour ne pas dire impardonnables — faut-il rappeler que Xenoblade Chronicles est sorti il y a cinq ans ? — et les personnages secondaires intéressants se comptent sur les doigts d’une demi-main. Et pourtant. Pourtant, assis à la place du mort dans le bolide chouré à papa, à la sortie d’un tunnel qui donne sur un col surplombant la mer, on se redresse sur son siège, saisi par la beauté de l’instant, pour admirer l’imprenable vue sur le littoral. Pourtant, à dos de chocobo, les cheveux au vent, une vanne lancée par Prompto, l’éphèbe du groupe, nous tire un sourire, et la réplique cinglante de Gladio, le gros costaud, nous fait pouffer. Pourtant, avant d’entrer dans un donjon dangereux infesté de monstres, pour la blague, on décide d’y emmener notre pote aveugle, et on se fend la poire quand il essaie de tabasser un Morbol de trois mètres de haut avec sa canne blanche – en tapant à côté. Et on pourrait continuer pendant des pages.
La balade
Il ne se passe donc rien de grandiose dans FF XV [2]. Pas vraiment de retournement de situation inattendu, de trahison, de tension, de spectacle, de tout ce qui faisait le sel des grandes mythologies de Square Enix. Mais alors, qu’est-ce qu’on y vit ! En lieu et place des récits épiques des anciens épisodes, Square Enix s’accommode d’une collection d’anecdotes boostées à la private-joke, une suite d’épiphénomènes distillés à l’envie qui ne tient que par la grâce de ce casting délicieux, de ces quatre gosses de riche transfigurés par leur lecture, on suppose, de Kerouac et leur écoute de Bob Dylan sur l’autoradio.
En fait, si DontNod avait les moyens de faire un jeu open-world, il s’appellerait peut-être FF XV. On y mangerait des bons petits plats et on irait pêcher la truite avant de sauver le monde (les deux pouvant être liés). Parce que c’est ça, le ratio de la vie. Des heures et des heures de flânerie et de trivialités pour une seule action importante. On retrouve ainsi une certaine vraisemblance dans ce chaos, une idée bien connue qui veut qu’avant de se trouver, il faut accepter de se perdre - de préférence la nuit, en cherchant des grenouilles. Un peu comme dans un certain Final Fantasy Crystal Chronicles : The Crystal Bearers (excusez le nom à rallonge), qui oubliait de se prendre au sérieux et avait déjà ce goût de l’anodin, de la déconnade, des villages côtiers et du chill au coin du feu. Comme si, à l’image de ses propres spin-offs, FF XV acceptait consciemment de jouer un second rôle dans le jeu de rôle japonais, voire de s’effacer dans le décor, peut-être pour mieux revenir. Comme s’il avouait, sans amertume et avec une humilité déconcertante, qu’il ne pouvait se hisser à la hauteur des anciens épisodes, ni se mesurer à leur extraordinaire capacité à se réinventer, XIII y compris, et décidait pour patienter de se rabattre sur le plus petit dénominateur commun de la série : la balade et l’humain.
Jeu patrimoine
Car FF XV est également un formidable jeu patrimoine, un simulateur de Final Fantasy. Vous vous disputiez encore pour savoir quel épisode doit figurer dans les musées ? Installez une borne avec FF XV pour mettre tout le monde d’accord. A l’exception de l’absence de personnage féminin réellement marquant, l’hommage y est appuyé en de nombreux endroits (que l’on vous laisse découvrir), aux confins du méta, du célèbre thème de victoire fredonné par Prompto, aux donjons extrêmement proches de l’épure et de l’efficacité des opus SNES (incroyable donjon secret de post-game). Tabata savait qu’il serait jugé, et mettait un point d’honneur à ne pas décevoir la « core-base », les fans historiques de la série. C’était son engagement personnel. D’où ses rencontres avec Hironobu Sakaguchi, le pape de la saga à l’influence encore bien réelle [3], et la mise en place d’un nouveau processus de « communication participative » inédit pour Square Enix.
De ce procédé résulte la bizarrerie FF XV, l’élève moyen-bon plein de bonne volonté qui fait du gringue à la maitresse et finit toujours ses devoirs à temps, sans jamais s’élever au niveau du petit génie taciturne et silencieux assis au fond de la classe (ce que devait être Versus XIII). C’est, en bref, celui qu’on a envie d’aimer de tout son être parce qu’il donne tout et comprend la leçon. A l’instar de son personnage principal, Prompto (oui), il est difficile de ne pas apprécier FF XV. Il est parfois touchant, toujours blagueur, surtout sincère et généreux – et plein de défauts. C’est l’ami fidèle pas toujours très sûr de lui, en manque d’amour, qui crève de ne pas se sentir à sa place au côté de ses mentors tous plus extraordinaires les uns que les autres. Alors il se démène comme un forcené pour au moins ne pas leur faire honte. Il en va ainsi de ce système de combat, parfois chaotique, peu subtil, mais d’une générosité scénique incroyable. Tout ce que FF XV peut offrir de meilleur se trouve dans cette précieuse abondance (de quêtes, de dialogues, de petits secrets), quelque fois aussi étouffante que les étreintes et la bouffe de grand-mère, mais qui irradie surtout la même belle chaleur. On a du mal à se souvenir d’un blockbuster récent pétri de tant d’ardeur, d’une telle fièvre pour son héritage et d’une telle envie de donner.
Quand, avant le boss final, on nous propose de passer en revue les clichés pris par Prompto tout au long de l’aventure, on sent venir le procédé un peu artificiel. J’ai eu la larme à l’œil. Non par nostalgie, j’en ai vu le bout en moins de six jours. Mais simplement parce qu’il y avait là un jeu qui, même dans ses derniers instants, après que j’ai sucé toute sa moelle, ri à toutes ses blagues, subi son dernier donjon atroce, me suppliait de me rappeler à quel point lui m’aimait inconditionnellement, moi le fan, le joueur, le cœur à conquérir : "regarde ce que je t’ai donné, regarde comment j’ai essayé, jusqu’au bout", semble-t-il dire. « Je sais », peut-on seulement lui répondre. Et on ne l’oubliera pas.
Notes
[1] Mono no aware est un concept esthétique et spirituel japonais, pouvant être traduit comme « l’empathie envers les choses » ou « la sensibilité pour l’éphémère »." dixit Wikipédia
[2] Le gros des évènements du jeu et de sa mythologie est raconté dans le film en images de synthèse Kingslaive.
[3] Qui avait d’ailleurs lui-même tenté une sorte de buddy-game avec The Last Story et son casting de piailleurs, constamment en train de jacasser et de se vanner en temps réel dans les donjons. C’était alors une tentative de moderniser et de dynamiser le JRPG un peu figé sur ses bases et ses acquis. FF XV parachève en quelque sorte ce que Sakaguchi avait esquissé.
Vos commentaires
Pier-re # Le 6 décembre 2016 à 14:43
Merci sincèrement pour ce texte qui fait réellement figure d’absolu (toutes ces trouvailles = jeu patrimoine, jeu de la routine, jeu de Prompto, etc. — tout ça est très juste). C’est surement le texte le plus saisissant que j’ai pu lire sur le jeu ; merci merci merci infiniment. Longue vie à Merlanfrit.
Monique # Le 7 décembre 2016 à 15:29
À vous lire, ce FF semble illustrer l’idéologie mercantiliste de l’individualisme plat où tout se vaut : de l’anecdote stupide qui n’a d’intérêt que pour la sphère privée des relations privilégiée à l’ambition morale de "sauver le monde". Tout est mis à plat, à la même hauteur, tout est plat. Et il semble falloir beaucoup d’imagination et de charité pour combler ce qui fait défaut et transformer des erreurs en autant de réussites.
Monique # Le 7 décembre 2016 à 15:41
Mais j’imagine que dans peu de temps, lorsqu’on se baladera dans le moindre Super U pour faire ses courses on s’amusera à affronter le dragon des glaces du rayon des surgelés ou le terrible scorpion géant du rayon spécialités du monde. Alors le soir, fourbu par tant d’aventures, on racontera à nos amis comme nos vies sont palpitantes et profondes. FF XV est un avant goût du Super U de dans 20 ans.
Nicolas Turcev # Le 7 décembre 2016 à 16:34
"Mais j’imagine que dans peu de temps, lorsqu’on se baladera dans le moindre Super U pour faire ses courses on s’amusera à affronter le dragon des glaces du rayon des surgelés ou le terrible scorpion géant du rayon spécialités du monde."
Je vous avoue que ce que vous décrivez m’enchanterait au plus haut point. Rêver, vivre, s’éclater avec ses amis, c’est déjà sauver le monde, un monde. C’est une ambition en soi, mais ce n’est pas la seule présente dans le jeu. La seconde partie contraste avec l’ambiance détendue de la première, quand il s’agit d’aller réellement sauver le monde, et comme le dit l’un de mes confrères, on se rapproche plus de Carpenter à ce moment-là, et je vous assure qu’il y a un changement d’échelle - sans qu’il n’y ait reniement des bienfaits du roadtrip. C’est une histoire vieille comme le monde, que je mentionne dans l’article : il n’y a pas de héros tant que celui-ci ne s’est pas perdu pour mieux se trouver. FF XV c’est l’Odyssée à quatre mecs sapés comme jamais qui se lancent des vannes. Mais je ne force personne à être de mon avis. S’il y a bien un blockbuster récent qui n’est pas plat cependant, c’est bien FF XV. Essayez-le tout de même, même dans un an en soldes, à défaut de l’aimer je suis sûr que vous aurez des choses à dire - peut-être même ici !
Monique # Le 7 décembre 2016 à 18:12
(Oui je vais l’essayer, et même tout de suite, d’abord parce que j’ai apprécié bien des FF, et un peu par votre faute, votre très grande faute !)
Liehd # Le 8 décembre 2016 à 19:32
Parce que la vraie grandeur est dans les petites choses.
Monique # Le 8 décembre 2016 à 20:30
C’est beau comme du René Char !
Liehd # Le 8 décembre 2016 à 21:07
Ou une publicité pour les saucisses Herta...
Mais ce n’est pas le plus important, pas vrai ?
L’important, ce n’est pas que ce soit "beau", mais que ce soit "vrai". Or l’un dans l’autre, il me semble qu’on n’en est pas loin.
Monique # Le 9 décembre 2016 à 13:22
Pour que ce soit vrai il faudrait au moins que ça ait un sens non ?
Liehd # Le 10 décembre 2016 à 01:54
Je ne suis pas sûr que tout ce qui est vrai a un sens (un caillou est "vrai", pourtant, il n’a pas de "sens"), ni que tout ce qui a un sens est vrai(l’"amour" a un sens, pourtant, est-il "vrai" ? Vaste débat). Mais ça nous éloigne du sujet (ou pas). :)
Quoi qu’il en soit, le sens est un concept humain et par conséquent, il n’est pas hasardeux d’avancer que c’est nous qui le fabriquons (souvent à notre convenance).
Dès lors, si on ne veut trouver du sens que dans les grandes quêtes épiques pétries d’absolu, c’est un choix qui se respecte - mais qui n’a rien d’un absolu, lui.
Ce qui implique qu’on peut en trouver également dans les petites quêtes personnelles et les dérisoires victoires du quotidien.
Le sens, comme l’art, est dans l’oeil du spectateur. A lui de savoir regarder.
Et oui, je sais, c’est beau comme du Justin Bridou.
Mais ça pourrait être pire : on pourrait être en train de jouer à The Witcher 3. ;)
Monique # Le 10 décembre 2016 à 10:48
Un caillou n’est pas vrai, mais réel. Le vrai ou le faux ne sont pas des propriétés des choses, mais de ce que nous pensons ou disons à propos des choses.
Le terme de signification, de la même façon, doit être distingué de celui d’interprétation. Puisque vous confondez ces termes, il est normal que votre propos soit confus, mais en effet, ce n’est pas le sujet.
Liehd # Le 10 décembre 2016 à 11:50
Vous me semblez maîtriser les termes, mais vous tenir à leur sens littéral.
Si je pose la question à mon amie Wikipédia (l’ami Ricoré est encore en tournée, à cette heure), elle me donne cette définition : "La vérité est généralement définie comme la conformité ou la fidélité d’une idée ou d’un jugement avec son objet, autrement dit comme la conformité de ce que l’on dit ou pense avec ce qui est réel".
Par extension, il ne me paraît pas hasardeux d’avancer que l’idée que nous nous faisons du caillou est plus "vraie" que l’idée que nous nous faisons de l’amour, en ce sens qu’elle est davantage en adéquation avec sa "réalité".
Il me semble que ce n’est ni confus, ni insensé, ni même particulièrement révolutionnaire, comme postulat.
ça me paraît même super planplan.
Quant à la distinction que vous établissez entre le "sens" tel que vous l’entendez et l’interprétation, je la trouve (peut-être à tort) bien fragile et bien discutable. Je serais curieux de vous lire l’illustrer avec des exemples (mais j’admets tout à fait que vous pourriez me prendre en défaut là-dessus, car ma perplexité est sincère ici, il ne s’agit pas d’une figure de style).
Ceci posé, je n’ai rien contre le fait d’être pris de haut par un ou une inconnue sur le net (qui, de toute évidence, a une très haute estime de ses capacités cérébrales et de sa culture, considérant le ton péremptoire - perpendiculaire ? - qu’il/elle emploie) : après tout, mon entourage s’accorde à dire que je suis psychologiquement la copie carbone de Prompto (et pour ça, je pense sérieusement à m’ouvrir les veines avec les petites cuillères en plastique de chez Mac Do), mais enfin, d’une, je ne trouve pas que se payer la tête des gens sur le net grandisse qui que ce soit (ni grandisse le fil de commentaires de ce pourtant très bel article - très juste et surtout, très "vrai"), de deux, encore faut-il que ça suive derrière.
Si vous vous en tenez à un discours d’étudiant en première année et si vous n’apprenez pas à "brûler vos idoles" (métaphoriquement, s’entend),vous risquez en effet de voir de la confusion là où il n’y en a pas, ce qui entraînera forcément de l’incompréhension. Ce qui ne serait pas un mal en soi si cette incompréhension amenait un dialogue avec votre interlocuteur, qui permettrait de clarifier, dépasser, confronter... mais de toute évidence, vous êtes si sûr(e) de vous et de votre fait qu’aucune discussion de ce genre n’est possible. Vous ne pensez qu’à écraser votre interlocuteur sous votre talon de bottes, ce qui tue tout dialogue dans l’oeuf (et c’est bien triste).
Si vous êtes ne serait-ce qu’à moitié aussi brillant(e) que vous le laissez supposer, vous devriez savoir que ce n’est pas parce que vous affirmez vos positions avec aplomb qu’elles ont sont plus "vraies". Elles paraissent plus vraies, oui, mais entre l’apparence et la réalité que vous évoquiez, il y a souvent un gouffre.
Pour en revenir au sujet, si vous avez pu supporter la lénifiante trivialité des épisodes VIII et X (qui n’étaient pas moins "Super U" que celui-là), vous devriez pouvoir accrocher au XV sans problème. Il ne sera pas plus mal écrit, pas plus mal construit, pas plus mal calibré, pas plus superficiel, pas plus populiste, et il ne manquera pas davantage de "sens" (je ne vous parle même pas du XIII et de ses petits frères). Par conséquent, si vous avez derrière vous une longue histoire avec les Final Fantasy, rassurez-vous, le plus dur est déjà fait : c’est le premier pas qui coûte (m’a soufflé à l’oreille mon ami Lustucru).
(Tous ces placements de produit, n’empêche, c’est indécent !).
Mes excuses à l’auteur de l’article pour la part active que je joue (ou ai joué, à voir comment ça tourne) dans ce triste concours de taille de quéquettes virtuelles.
Monique # Le 10 décembre 2016 à 14:00
(Je n’ai jamais su si le titre de prétentieux doit revenir à celui qui fait la leçon ou à celui qui n’accepte pas de reconnaître ses erreurs (les deux étant bien entendu compatibles). Vous avez du pain sur la planche sur le genre de questions que vous abordez. Courage).
Liehd # Le 10 décembre 2016 à 17:19
Le titre de prétentieux doit revenir à David Cage. Quel que soit le contexte. Tout le monde sait ça, dans le milieu du gaming.
Quoi qu’il en soit, je réalise en vous lisant que je ne suis pas de taille à poursuivre cet échange (n’ayant pas vu Brice de Nice 3). J’avoue, oui, vous m’avez « cassé », comme disent les jeunes. ça fait au moins depuis la cour de récré au collège qu’on ne m’avait pas répondu « c’est celui qui le dit qui y est », et même si vous y avez mis les formes, face à une réplique de cette pertinence, je me sens un peu démuni (maîtrisant plutôt mal ce registre qui ne m’est plus familier).
Un conseil cependant (si je puis me permettre) : lorsque vous ambitionnez de discréditer votre interlocuteur (aux yeux d’un lectorat aussi invisible qu’hypothétique), évitez de prouver qu’il a raison en faisant de votre réponse un exemple objectif de ce qu’il vous reproche dans son propre message. En l’occurrence : vous affirmez péremptoirement que c’est moi qui suis dans l’erreur, et par conséquent que vous avez raison. Tellement raison, en fait, qu’une fois de plus, vous vous contentez d’énoncer la chose sans vous sentir obligé(e) de la prouver, de quelque façon que ce soit (en argumentant, par exemple. Mais oui, je sais : « argumenter, c’est bon pour les gens qui n’ont pas raison »).
Je promets donc solennellement (et presque sans croiser mes doigts dans le dos) de ne plus vous répondre tant que vous n’avancerez pas un véritable argument digne de ce nom. Aussi devrions-nous être tranquilles un moment, vous autant que moi. J’imagine que votre cyber-existence va vous sembler bien vide (car je crois deviner que vous commencez à vous attacher à moi, n’est-ce pas ?) (rires).
Je relèverai pour ma part en conclusion que la courtoisie et le respect ne sont pas plus votre fort, ou bien que nos parents respectifs ne nous ont pas inculqués les mêmes valeurs. De toute évidence, le monde entier vous doit le respect, mais la réciproque n’est pas vrai. J’en veux pour preuve les faits suivants (pour la jouer façon Phoenix Wright) :
D’abord, vous débarquez ici avec vos gros sabots pour étaler votre interprétation biaisée d’un article que vous avez visiblement lu en diagonale, au sujet d’un jeu auquel vous n’avez pas joué, et vous tartinez avec suffisance votre rhétorique alter-mondialiste caricaturale et indigeste comme le ferait le premier Social Justice Warrior venu (ceux qui ont quinze ans et qui pensent tout connaître du monde parce qu’ils lisent des articles sur Facebook). Ainsi suggérez-vous entre vos lignes que FF XV serait un produit d’appel formaté, superficiel, destiné à caresser le public consumériste moderne dans le sens du poil, à mi-chemin entre les anges de la téléréalité et le célèbre « travailler plus pour gagner plus », glorifiant l’insignifiance des « petits » pour minimiser la valeur des « grands » (si ce n’est pas ce que vous avez voulu exprimer, alors laissez-moi vous dire que vous vous exprimez mal). Ce qui, de facto, range l’auteur de l’article dans la catégorie des gens médiocres, puisqu’il fait l’apologie de ce jeu qui fait soi-disant l’apologie de la médiocrité. Même si vous avez tout à fait le droit de donner votre avis (encore aurait-il été de bon ton de construire celui-ci sur autre chose que des idées reçues), vous auriez pu au moins veiller à le faire avec courtoisie. D’autant que de toute évidence, vous avez tout compris, oui, comme d’habitude. Mais de traviole (ou du moins est-ce une possibilité, vu que je n’ai pas ressenti cet article de la même façon que vous. Mais oui, je sais, vous avez raison et par conséquent, les autres sont dans l’erreur, moi le premier - qui ait de surcroît la PRETENTION de vous contredire) (j’imagine que ça ne doit pas vous arriver souvent, vu la façon puérile dont vous réagissez depuis votre premier commentaire).
Lorsque l’auteur de l’article vous reprend, tout à coup, finie la morgue et l’ironie. Plutôt que de défendre votre point de vue (je croyais que vous aviez toujours raison ?) vous vous aplatissez comme une carpette en mode Sméagol, peut-être parce que vous ne vous attendiez pas à ce qu’il prenne la plume pour vous remettre à votre place, ou parce que vous êtes incapable de contre-argumenter (pour changer) et que vous vous ménagez une porte de sortie en optant pour une courtoisie obséquieuse, d’une sincérité plus que douteuse. Ou peut-être que vous cherchiez simplement à attirer son attention ? A moins que son CV illustre ait eu raison de votre témérité ?
Là-dessus, je poste un commentaire qui ne vous est pas adressé, pour exprimer mon enthousiasme au sujet de l’article, en essayant de rebondir avec un soupçon d’originalité, dans la mesure de mes moyens. Parce que j’ai le droit de donner mon avis aussi (oui, je sais, c’est vertigineux, comme perspective). Mais il aura fallu que vous vous permettiez de me répondre, un peu comme si vous aviez décidé de vous installer à demeure dans cette section commentaires et d’y planter votre tente, alors que personne en général (et pas moi en particulier) ne vous avait rien demandé. Ce qui, habituellement, ne se fait pas (ou bien c’est moi qui suis vieux jeu).
Non seulement vous avez la nombriliste assurance de croire que votre intervention est justifiée, mais qui plus est, vous optez pour l’attaque frontale et la provocation, sans vous soucier de transformer ou non cette zone de commentaires en ring de boxe. Vous vous êtes pris un gentil camouflet de la part de l’auteur de l’article, vous allez donc plutôt passer vos nerfs sur le nouveau venu, qui a le gros avantage tactique "de n’être personne". Bref. Non seulement vous vous montrez désobligeant envers moi (bon, ça, à la rigueur, je peux comprendre, je me prends moi-même pour un con tout seul régulièrement), mais vous vous montrez surtout désobligeant envers René Char (ça c’est moins pardonnable, mais laissez-moi deviner : vous l’avez lu, vous ne l’avez pas compris et comme vous êtes intelligent(e) et que vous comprenez tout, c’est forcément qu’il ’y a rien à comprendre dans l’écriture de René Char, donc qu’il est dans l’erreur, donc qu’il ne mérite que vos railleries... ça me rappelle quelque chose, ça...) (j’imagine que vous préférez lire ces grandes autrices classiques que sont Angot ou Despentes, n’est-ce pas ?) (rires).
Là dessus, plutôt que de vous répondre sur le même ton, ce que j’aurais été en droit de faire, au contraire, j’opte pour l’humour, parce que je suis conscient que mon commentaire ne casse pas trois pattes à un canard (comme le vôtre, soit dit en passant), et puisque de toute évidence, vous semblez vouloir (ou avoir besoin) de dialoguer avec le premier internaute qui passe (sans quoi ne répondriez-vous pas aux messages qui ne vous sont pas adressés), je prends sur moi et j’essaie de dialoguer avec vous, pour confronter nos divergences de manière courtoise et raisonnée. Oui, je suis un grand naïf, c’est la seule chose que vous ayez brillamment démontrée ici.
Deuxième commentaire de votre part, plus désobligeant encore que le précédent (un bien bel exploit, bravo). Et là, je réalise que si vous hantez cet article, depuis le début, ce n’est pas pour échanger, ou pour discuter du jeu en question, mais pour tartiner votre nombril sur du pain de mie et nous le faire bouffer à toutes les sauces, que nous le voulions ou non. Sur ces entrefaites, je relis vos commentaires et je réalise que depuis que vous avez débarqué dans ces colonnes avec vos gros sabots dondaines, nous ne parlons plus de Final Fantasy XV, mais de vous. De combien vous êtes spirituel, de combien vous êtes cultivé, de combien votre avis vaut mieux que celui des autres (FF XV n’étant que le prétexte que vous avez trouvé pour vous faire mousser à peu de frais et montrer au reste du monde combien vous pensez à contre-courant. Sans doute rédigez-vous vos message depuis l’espace cyber-café d’un bar à céréales Parisien).
Ayant fait preuve de patience et de bonne volonté dans mon message précédent, j’opte pour le registre que vous avez adopté depuis le début. Mais j’y ajoute un peu d’humour, un peu de second degré – parce qu’on ne se refait pas. Et quelques arguments, aussi. Parce que je suis courtois et que, contrairement à vous et à vos réponses qui n’en sont pas, je vous laisse une possibilité de contre-argumenter, parce que je crois aux vertus du dialogue et à la productivité des échanges, si contradictoires soient-ils. Je vous propose même de me prendre en défaut en citant des exemples de ce que vous avancez.
Au lieu de quoi éludez-vous avec une désobligeance égale, sans rien démontrer de ce que vous affirmez, alors que c’est précisément ce que je vous reprochais. Vous me qualifiez de prétentieux et c’est l’hôpital qui se moque de la charité. Vous me reprochez également de vous faire la leçon mais en même temps, en regard de tout ce qui précède, je trouve que j’ai encore été très courtois et très patient avec vous. Vous méritiez plus de grosses taloches qui tâchent et moins de perches tendues. Que ce soit sur le plan des idées, de la réflexion ou tout simplement de la politesse, des leçons, vous en méritez tant et plus.
Je conclurai donc ma conclusion conclusive en singeant votre dernier commentaire : vous ne m’avez pas compris, c’est vous qui êtes dans l’erreur, pas étonnant que mes propos vous semblent aussi confus puisque vous n’êtes pas capable d’aller au-delà des définitions du dictionnaire.
Et oui, je sais : tl ;dr. Bravo à vous, la répartie est brillante.
Quand on ne peut vaincre que sans péril, on ne peut triompher que sans gloire.
Martin Lefebvre # Le 10 décembre 2016 à 17:45
Salut Monique, comment va ton tonton ? Pourquoi autant de parenthèses dans ton post précédent ?
@Liehd : j’ai l’impression que la bonne Monique est bien connue de nos services, et que ça va être dur de la maintenir dans le sujet, vu qu’elle ne vient absolument pas pour cela. La conversation risque de durer longtemps.
Bref, si vous n’avez rien à dire de plus sur l’article, ce n’est pas un drame, mais est-il utile de poursuivre ici ?
Liehd # Le 10 décembre 2016 à 18:03
@Martin :
En effet, étant nouveau par ici, j’ai tout loupé des saisons précédentes, et le casting des personnages ne m’est pas familier. J’achèterai les coffrets DVDs quand ils sortiront dans le commerce.
Il se peut donc que cette méconnaissance des figures emblématiques de la saga m’ait conduit à essayer d’établir un dialogue avec un protagoniste qui ne le cherche pas (ce qui expliquerait effectivement bien des choses).
Je nourrissais le fol espoir qu’après avoir tambouriné bruyamment sur nos torses velus pendant deux ou trois commentaires, nous aurions peut-être pu échanger au sujet du jeu, voire de l’article (soyons fou !).
Puisque de toute évidence, il n’en est rien, il n’est en effet pas utile de poursuivre, je n’ai pas assez de charisme pour intégrer la série en cours de saison, même en qualité de personnage secondaire ou de comic relief.
Concernant l’article, j’aurais bien plus à dire, c’est certain, car c’est celui que j’aurais voulu écrire, presque au mot près (mais rédigé avec autrement plus de style, de passion et de pertinence que je n’aurais su lui en insuffler). Aussi suis-je partagé entre la jalousie, la haine, la reconnaissance (je vais pouvoir m’épargner des heures de labeur) et un profond respect pour ce très beau travail, tant de plume que d’analyse.
Pendant des années, j’ai trollé ce jeu (cible facile s’il en est), à longueur de posts et d’articles potaches sur son boy’s band et sur ses louboutins. Et puis voilà, un ami m’a forcé à tester l’épisode Duscae il y a quelques mois de ça, et j’ai bien été obligé de revoir ma copie, et de faire amende honorable. En effet, à peine sorti de la tente, j’y voyais déjà entre les lignes ce que cet article exprime si brillamment. Aussi suis-je heureux de retrouver cet aspect au coeur du jeu dans sa version (presque) terminée, et de lire de si belles lignes à ce sujet.
Voilà, je crois que l’essentiel est là. Même si l’on pourrait développer sans fin.
Pardon pour le dérangement.
Bonne continuation pour les prochains épisodes de la saison.
A vous Cognacq-Jay.
Nicolas Turcev # Le 11 décembre 2016 à 00:00
Eh bien, merci pour tous ces gentils mots Liehd ! N’hésitez pas à venir commenter les prochains articles sur le jeu qui vont arriver prochainement, il y a encore beaucoup de choses à dire !
Steph # Le 14 décembre 2016 à 14:42
Décidément, t’en mets pas une dedans ;)
Martin Lefebvre # Le 15 décembre 2016 à 14:30
PS pour Steph et toute la clique : la récré est finie, tous les commentaires méta qui parlent de votre poire et pas du sujet de l’article (en bien ou en mal osef) seront effacés. Si ça vous pose un problème, je suis joignable là : [email protected]
Steph # Le 15 décembre 2016 à 15:34
l’ancre de mail déconne. MDR
Martin Lefebvre # Le 15 décembre 2016 à 15:54
Je suis certain que recopier est à ta portée. Mais oui, ça a l’air de déconner.
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