Lego Batman 2 : DC Super Heroes
AAA Junior
J’ai offert Lego Batman 2 à Jules. C’est son premier jeu, du moins le premier vrai jeu, avec une boîte à lui, si cela a encore un sens aujourd’hui. Je lui avais déjà offert les merveilleux petits softs iOS de Toca Boca, et puis Angry Birds. Il a déjà essayé Minecraft, s’est amusé comme un petit fou sur Banjo Kazooie Nuts & Bolts, je l’ai déjà porté sur ma tête à travers les premiers niveaux de Kirby : au fil de l’aventure. Forcément avec un père joueur, il ne pouvait y échapper. Mais là, à cinq ans et quelques mois, le jeu est à lui, et "c’est trop bien Lego Batman. On pourra y jouer ce matin ?". Mais est-ce que c’est vraiment si bien que ça ?
Au départ Jules n’était pas convaincu. Et puis il a fini la démo quatre fois le temps qu’arrivent par la poste le jeu et la manette supplémentaire. Alors, comme ce sont les vacances, nous dévorons Lego Batman 2 : lui, il fait Batman ou Superman, moi le plus souvent Robin. Il n’y a pas de mal à le reconnaître, le jeu de Traveler’s Tales (TT) est plaisant : malgré quelques imperfections techniques sur PS3, les animations sont fluides, les décors sont riches et variés, il se passe plein de choses à l’écran. Lego Batman 2 met à la portée des bambins tous les charmes et le confort du jeu AAA, il offre un open world et une bande son symphonique, des cinématiques impressionnantes et une profusion de situations minutieusement scriptées.
Jouer, pas punir
Traveler’s Tales a compris que les enfants n’appréciaient guère la frustration, et le développeur a tout simplement décidé de ne pas pénaliser la mort. Batman peut tomber dans le vide vingt fois de suite, se faire démonter (littéralement, puisqu’il est en Lego) à trente reprises, la progression n’en sera pas pour autant entravée. Cela peut paraître évident, mais peu de jeux ont compris la recette. Beaucoup de titres qui pourraient plaire aux jeunes enfants punissent l’échec sans réfléchir. De notre temps, ce n’était pas bien grave : on apprenait avec Pacman ou Mario, ou bien l’on se contentait de faire semblant de jouer pendant que la boucle d’accroche tournait sur la borne d’arcade du café. Quand on arrivait à mendier aux parents une pièce d’un franc pour qu’ils aient la paix, on se moquait bien de ne durer que quelques secondes. Mais aujourd’hui que le jeu vidéo, banalisé, ne bénéficie plus d’une quelconque aura magique, ce genre de démarche paraît beaucoup moins acceptable. Prenez Mario Galaxy, ses personnages colorés et bons-enfants : contrairement à son prédécesseur, Sunshine, qui offrait au moins la Place Delphino pour faire des galipettes en toute sécurité, le jeu ne propose nul lieu abrité pour que les jeunes plombiers s’entraînent tranquillement à faire bondir Mario. Même le merveilleux Kirby : Au fil de l’aventure, qui ne pénalise pas l’échec et dont le mode coopératif permet à un adulte d’aider un petit coincé sur un saut, même lui, devient rapidement très exigeant pour un jeune enfant. De Blob et sa suite souffrent aussi d’une difficulté et de contrôles mal adaptés.
Et c’est sans parler des jeux que tout destinerait aux enfants, et qui gâchent tout par une débauche de violence. Les développeurs semblent parfois tellement obsédés par le public "core" de jeunes adultes qu’ils en oublient les plus jeunes ainsi que les joueurs vieillissants qui aimeraient bien ne pas avoir à attendre la nuit tombée pour pouvoir jouer. Il ne s’agit pas d’appeler à ce que tous les jeux soient destinés à un public familial : mais à quoi bon tant de violence gratuite ? Je repense par exemple au récemment ressorti sur PC Viking Battle for Asgard, de Creative Assembly : un honnête jeu open world, mêlant exploration, combats colorés et plateforme, qui aurait sans doute beaucoup plu aux enfants si le développeur n’avait eu la bonne idée de multiplier les exécutions aussi sanglantes que gratuites. A l’inverse, on a parfois de bonnes surprises : contre toute attente le mode ouvert du funky Driver : San Francisco se révèle tout à fait adapté pour les enfants : à la fois facile à prendre en main et dénué de violence [1]
En éliminant la mort et la punition, Lego Batman 2 ne perd pas pour autant toute difficulté : certaines énigmes demandent un minimum de sens de l’observation (parfois, mais pas toujours, parce qu’elles sont mal télégraphiées), et le jeu offre une profondeur par le biais d’objets cachés. Mais le gameplay se veut immédiatement accessible. Batman et Robin disposent de plusieurs costumes, qui ont des pouvoirs bien précis, et qui permettent de modifier le niveau afin de débloquer la progression : glacer la cascade pour l’escalader, détruire le mur à coups de bombe ou avec le regard laser de Superman, planer d’une plateforme à l’autre... tout cela est plutôt intuitif, et le jeu prend le temps d’acquérir les bases aux petit super héros : Lego Batman 2 tient de l’école vidéoludique, permettant à ses jeunes élèves d’apprendre puis de répéter les gestes essentiels du jeu vidéo grand public. C’est peut-être ici que le bât blesse.
L’école du blockbuster
Oh, je sais bien que je n’ai à m’en prendre qu’à moi-même : en achetant pour un enfant de cinq ans un jeu déconseillé aux moins de sept ans, un jeu Warner Bros en plus, je devais bien me douter de ce qui nous attendrait. Ce n’est pas que Lego Batman 2 soit violent au sens strict du terme : des bonshommes lego se tapent, assez peu d’ailleurs, ils explosent en pièces détachées, on ne peut pas faire plus innocent, c’est sans doute ce qui m’a trompé durant la démo. Le scénario du jeu est même plutôt sympathique : Robin est comique, Batman est ronchon, il s’allie de mauvaise grâce avec un Superman insupportable de gentillesse, afin de contrer la candidature présidentielle du milliardaire Lex Luthor, qui s’est allié au Joker... manière indirecte de critiquer le pouvoir de l’argent dans la vie politique américaine, une année d’élection ? Le problème se situe plutôt dans l’enrobage, dans les mécanismes que le jeu promeut. La bande-son par exemple, qui reprend les thèmes orchestraux associés par le cinéma à Batman et Superman, est puissante, criarde, agressive : la violence que les graphismes enrobent au point de la rendre inoffensive, il semble que la musique la révèle.
La verticalité de la licence Batman a de quoi faire réfléchir : le chevalier masqué est présenté aux enfants dès leur plus jeune âge, et par paliers successifs ils doivent le suivre jusque l’âge adulte. Lego Batman prépare le consommateur à Arkham Asylum (que je ne goûte guère), mais aussi à une succession de produits dérivés : films, comics, accessoires, jouets... Et voilà que je contribue à jeter ma progéniture dans le cercle. Certes, je ne me fais pas d’idée, il n’a pas besoin de moi pour jouer à Batman dans la cour de récré. Mais tout de même. J’ai envie que mon fils découvre dans de bonnes conditions le jeu vidéo : je ne tiens pas spécialement à l’orienter vers un jeu vidéo qui n’est pas le mien. Sous ses airs débonnaires, Lego Batman 2 est une porte d’entrée vers le jeu AAA en général et ses aspects peu reluisants : avec ses phases de shoot il prépare les enfants à Call of Duty, avec sa musique criarde il les conditionne aux blockbusters, avec ses décors coûteux il les subjugue aux production values.
Pour un jeu d’enfant indépendant ?
Ainsi, j’aimerais pouvoir éviter de passer par Lego Batman et ses semblables : si les solutions alternatives existent (Banjo Kazooie Nuts & Bolts, Minecraft, Mario Kart...) elles sont trop peu nombreuses. Il y a quelques semaines, nous évoquions les inquiétudes intéressées de David Cage sur l’avenir du jeu vidéo français. Chers développeurs indépendants, si vous ne suivez pas l’homme qui ne veut plus "faire de jouets", vous vous intéresserez peut-être au jeu pour enfants : il me semble qu’il y a là une véritable demande, un réel marché, qui n’est pas totalement bouché malgré le succès retentissant d’Angry Birds ou de Minecraft. Il me semble aussi qu’en France il existe un savoir-faire dans le domaine, que ce soit en jeu vidéo (Les Lapins Crétins, Dofus...), en animation (Kirikou, La famille pirate, Les Zinzins de l’espace...) ou en illustration (les merveilleux livres-jeux de Delphine Chedru). Je comprends bien que quand on a vingt ans et qu’on se lance dans l’aventure du développement on veut faire du sérieux, du mature, du hardcore... Mais le public a-t-il forcément besoin d’un nouveau jeu de plateforme grotesquement violent, d’un FPS cyberpunk de plus, d’un énième F2P avec des zombies ?
Faites plutôt des jeux pour les enfants, de beaux jeux pour les petits, sans les prendre ni pour des idiots ni pour des champions, sans chercher à leur apprendre des choses, des jeux adaptés sans cynisme aux bambins. Parfois il suffit d’un rien, comme un mode invincibilité pour transformer un jeu hardcore en plaisir pour les enfants : savez-vous que VVVVVV dispose d’un tel mode ?
En attendant, pour les vacances à la campagne, Jules a eu Batman et Catwoman en Lego. A Noël, s’il veut un jeu vidéo, j’aimerais bien lui offrir autre chose que le dernier produit de la Warner, histoire qu’il essaye un peu autre chose que du AAA junior.
Notes
[1] Le jeu se déroule dans la tête du personnage principal, qui s’imagine être une sorte d’ange de la route, si bien que les piétons évitent miraculeusement de se faire écraser. Par contre les cinématiques ne sont pas exemptes de violence.
Vos commentaires
Pikace # Le 8 novembre 2012 à 11:05
Bel article, je le ressortirais dans quelques années :)
Tony Fortin # Le 8 novembre 2012 à 11:12
Si tu as toujours ta Gamecube, achète Chibi Robo d’occaz si tu l’as pas déjà, je crois que ton petit Jules devrait adorer...
GuxBlast # Le 8 novembre 2012 à 11:26
Pour commencer, super test, malgré que d’après ce que tu dises à propos du jeu, il n’est foncièrement pas changé depuis son petit frère.
Pour la réflexion, je te suis complètement dans ton entreprise. Il y a trop de jeunes enfants qui découvrent le jeux vidéo avec des jeux pas du tout adaptés, qui rentrent dans le jeux vidéo des grands sans avoir pris le temps de passer du temps sur des jeux faits pour eux. Pour mon petit frère, mes parents et moi étions d’accord sur une chose (Epoque années 2005), il fallait pas qu’il touche tout de suite aux nouvelles consoles. C’est sur cette démarche qu’on a très très longtemps laissé la Playstation 1 branchée, avec son lot de jeux qui à mon goût sont totalement adaptés à un public 5/8 ans. C’est à travers Rayman, Gran Turismo, Mickey (Même si un peu difficile il est vrai), que j’ai découvert les jeux vidéo. Et mon frère a suivi le même chemin sans bougonner la PS 2 qui trônait à côté. Est venue la Gamecube derrière, qui fut sa première console de génération suivante, et clairement, le nombre de jeux pour enfants de plus de 7 ans a juste été énorme ! Malheureusement pour lui, il a trop vite été happé par ses amis, qui jouaient déjà à des jeux tels que GTA ou autre Hitman, clairement pas de son âge, ça a été la débandade :/
Pour moi, le jeux vidéo enfant, c’est sur la GameCube qu’on le trouve (Billy Hatcher punaise *o* !), y’a de quoi passer du bon temps avec son enfant sur cette console :) !
En tout cas, super article !
raton-laveur # Le 8 novembre 2012 à 11:31
Pour Noël, à coté du cadeau "principal", bien des amis ont ajouté avec succès une Mega Drive.
FatMat # Le 8 novembre 2012 à 11:39
Article qui me touche, parce que je suis aussi en permanence à la recherche de jeux à jouer avec mes gamins (5, 7 ans) ... difficile de trouver des jeux où la qualité du plaisir soit au rendez-vous.
Il y a deux grandes questions pour moi :
(a) on a été tellement habitué à la violence des représentations qu’on a tendance à l’oublier et à la fonctionnaliser, à y reconnaître des fonctions ludiques plutôt qu’à l’investir ... mais on se la reprend en pleine face quand montrée à des gamins. Mon fils m’a regardé jouer à Mark of the ninja ... et il a bien du passer deux semaines à essayer d’assassiner silencieusement tout ce passait à sa portée, avec une faculté mimétique pour reproduire les mouvements entre-aperçus du personnage sidérante. Tout cela fait réfléchir. Et de manière générale jouer avec ses enfants fait réapparaître des dimensions du jeu auxquelles on ne pensait pas ou plus. L’investissement dans les personnages, le déguisement...
(b) l’actionnabilité. La plupart des jeux sont très difficiles à prendre en main ; si bien que souvent mes gamins me demandent de jouer "pour eux" ; d’actionner et on discute de ce que l’on fait, comme si le plaisir du jeu n’était accessible que par là. Ce n’est pas à négliger. Ça peut être ça aussi jouer ensemble. Et je retrouve là des formes de jeu qui était celles de mon enfance, à se partager l’écran avec mon frère.
Si j’essaye de me souvenir des jeux qu’on a eu plaisir à jouer ensemble, ça donne ça :
disgaea, ps2 : une de mes plus grandes surprises ; j’avais acheté Dragon Quest 8 en me disant que ça pourrait être bien, que son esthétique à la Ghibli devrait leur plaire... pas du tout, ils se sont ennuyés ferme devant les phases de farming ; tout l’inverse de Disgaea, tactical rpg, typiquement le jeu pas fait pour eux, où je prenais intégralement en charge la manipulation évidemment, en traduisant pour eux les cutscenes. Ce qui leur a plu : le déroulement de l’histoire et le rapport aux personnages - c’est drôle, malin et parfois émouvant ; mais surtout la possibilité de créer ses propres personnages, de leur donner un nom, etc.
On a fini le jeu sur une année et demi... par petites sessions ... j’ai parfois farmé tout seul pour débloquer les phases difficiles.
Autour du jeu : dessins, déguisement et récits en tous genres ... Disgaea 2 n’a pas pris ; un autre tonalité de l’histoire, plus ado ???
le grand jeu actuel n°1 : Katamari sur PS3 ; rien à dire, parfait ! Quand c’est trop difficile, je passe le niveau ; certains sont peu exigeants ; des vraies positions de spectateurs aussi, avec des éléments cachés dans les niveaux que le joueur ne voit pas forcément. Tout ce qui relève du jeu à la poupée avec les personnages débloqués à customiser est un grand plaisir.
Noby Noby Boy dont j’attendais beaucoup les a finalement pas mal dérouté ; l’absence de but, de jeu au sens du game, de règles n’a pas pris ; on s’est amusé dessus, mais sans que la promesse d’un jeu libre, du côté du play enfantin, ne se concrétise vraiment.
l’autre grand jeu actuel n°2 : minecraft ; session que j’actionne ; c’est formidable parce qu’il y a la discussion collective sur ce qu’on peut faire ensuite, que notre poulailler déborde, que l’on a reconstruit trois fois le donjon, fini la ligne de chemin de fer... L’exemple même du plaisir en commun, sans division des niveaux de compréhension adulte / enfant. Le retour IRL, avec dessin des plans de bâtiments qu’on aimerait reproduire ...
Street Fighter IV : très facile à prendre en main, tout en étant impossible à maîtriser évidemment. On peut vraiment jouer avec eux, avec le système de handicap. Grand investissement sur les personnages. Ils en connaissaient la liste par coeur. Curieusement, la représentation de la violence n’a pas le même effet qu’un Mark of the ninja ; comme si le fait de se taper à deux plaçait le jeu dans la forme de la bagarre ou de la chamaille... pour rire, pour de faux... et pas dans la logique du meurtre...
Rayman Origins : formidable, pour les raisons d’accessibilité que tu mentionnais ; le personnage qui meurt se trouve en bulle ; en plus, on peut jouer à 3. La plupart du temps je les sauve, mais ils me sauvent aussi ; beaucoup de méta-jeu.
Et autres : botanicula et machinarium (trop compliqués), tokyo jungle (trop impitoyable, même si on peut jouer à deux), mad maestro (trop difficile), journey, flower, blueberry garden ... je dois en oublier quelques uns ...
Evidemment, je n’ai pas de wii, où il y aurait peut-être un catalogue plus adapté (avec du mario kart ?), j’attends beaucoup de la wii U et du principe d’asymétrie...
Martin Lefebvre # Le 8 novembre 2012 à 11:58
J’ai en effet ressorti quelques jeux de la Gamecube, seule console qui fonctionne où nous étions... Le petit s’est éclaté sur Mario Kart que j’ai du coup ramené à Paris pour la Wii ainsi que le très bon Luigi’s Mansion (mais c’est un dessin animé, c’est moi qui doit y jouer, heureusement j’adore ce jeu), et puis Sunshine et Wario Ware.
Nintendo fait des trucs pas mal, mais le problème c’est que leurs jeux restent difficiles pour les tout petits, ils manquent de mode plus sandbox accessible. En fait c’est pour ça que les jeux lego sont adaptés malgré leur contenu agressivement marketé : ils ne te punissent pas. Quand on me conseille de rebrancher la MD, je veux bien le fiston rêve de jouer à Sonic (j’ai la compile MD classics sur PS3), mais que c’est dur et frustrant... même pour moi (gamer shame)
Nobi nobi je le trouve aussi très décevant : le principe est cool mais les contrôles sont juste impossibles. Une belle opportunité ratée. Katamari c’est pas mal oui, on a joué sur la version PS2, la version 360 a moins bonne presse.
Enfin puisqu’on en est à se filer des conseils conso : qu’est-ce qu’il existe comme site jv qui teste les jeux avec la perspective des enfants ? Je connais Gamerdad (enfin je croyais que ça n’existait plus), il n’y en a pas d’autres ?
FatMat # Le 8 novembre 2012 à 12:08
Pas très convaincu par les textes de Gamerdad... Je n’ai pas lu grand chose sur la pratique consistant à jouer aux jeux vidéo avec ses gamins. Peut-être, parce que, par effet de génération (être joueur soi-même, avoir des gamins en âge de jouer), c’est relativement récent ?
Martin Lefebvre # Le 8 novembre 2012 à 12:11
Je sais pas, les premières fois où j’ai joué au JV c’est avec un adulte qui avait monté un ordi en kit. :D
FatMat # Le 8 novembre 2012 à 12:23
Ah oui, ben tu vois, moi je n’ai jamais joué aux jeux vidéo avec mes parents... mais en fratrie ou avec les copains.
Ça rejoint une question plus globale dans le rapport au jouet. Le jouet qu’on a connu gamin fonctionnait sur une coupure générationnelle : nos parents n’aimaient pas les jeux que l’on aimait, le monde adulte condamnant le combo figurine/dessinanimé/jeuvidéo, avec Pokemon (que nous n’avons pas connu) au pic de tout ça. On lit ça chez Brougère, ce genre de témoignages de parents, qui achètent quand même, mais regrettent le marketing agressif, la soumission à la publicité... Et c’était mieux avant, dans cet avant fantasmé où les enfants étaient libres, jouaient avec des jouets en bois ou mieux encore avec ce qu’ils trouvaient dans la rue. Enfin bref, un jeu à 3 parents/enfants/industrie construit sur la coupure générationnelle.
On est probablement sur un autre truc aujourd’hui avec des parents qui jouent avec leurs enfants aux mêmes jeux ; j’ai eu des Barbies, j’en offre à ma fille ; j’ai joué à Pokemon et je continue... Et comme tu le dis très bien dans ton article, la fin de cette coupure générationnelle qui était structurante pour l’industrie du jouet, c’est aussi la colonisation intégrale de l’univers par l’industrie. Il n’y a même plus la position de l’ailleurs critique (plus ou moins fantasmée) qui était celle de nos parents.
Reste l’appel à d’autres jeux ou que nos enfants puissent avoir accès à ce que l’on aime dans les jeux vidéo (Hotline Miami pour les kids :) )
BoYoB # Le 8 novembre 2012 à 13:37
J’essaie avec brio de transmettre la flamme olympico-ludique à mon fils.
Bon sachant que les jeux sur smartphone sont hors-concours je n’en parlerai pas.
J’ai commencé par lui donner Devil May Cry 4 qu’il a fini avec le rang SSS.
http://tinyurl.com/aumeamy
Ensuite je lui ai montré Super Mario Galaxy qu’il a aimé regarder.
J’ai tenté de lui donner une manette pour Little Big Planet, mais ses mains étant trop petites, j’ai vite compris qu’il allait au devant de graves et irrémédiables frustrations.
J’ai donc continué à lui montrer des jeux tout en lui expliquant les tenants et aboutissants.
Grand succès avec Botanicula. Moindre avec Machinarium (Papa, ce jeu il est sale !)
Le choc pour lui à 5 ans, c’est Starcoiffe (aka Starcraft II)
il adore ce jeu. Il le regarde avec passion. J’essaie de lui transmettre mon fanboyisme pour Stephano, mais ce qu’il préfère bien évidemment, c’est de voir son papa jouer.
Il connait chaque unité du jeu, le nom des bâtiments qui les produisent, l’unité contre laquelle elle est efficace et ses propriétés (invisibles, aériens, sol/sol, sol/air, air/air). Il m’encourage à utiliser une diversité maximale d’unités à chaque partie et est profondément heureux quand les unités les plus puissantes sont toujours présentes à la fin d’une bataille. Bref si c’est pas le début d’une passion, je ne sais pas ce que c’est. Du coup j’essaie de le mettre à la souris et de le guider mais c’est très très laborieux (clic gauche + droit). Je pense lui acheter une mini-souris (genre celles qui accompagnent les pc portables) et réessayer avec.
Nomys_Tempar # Le 8 novembre 2012 à 14:11
Et Skylander alors ?
roger # Le 8 novembre 2012 à 14:14
Un gamin de cinq ans qui joue / regarde jouer à un jeu de baston / guerre moi ça me botte pas trop pour être franc. La bagarre ils se l’imaginent tout le temps, ils se bastonnent avec des histoires de pokemons, de toupies bey blade, de Ninjagos... Bref quitte à faire des jeux vidéo moi je trouve mieux que le mien joue à des trucs cool et sympa, avec des animaux ou du moins dans un univers pacifique, du genre Forestia junior ou Toboclic. J’essaie d’éviter les trucs "à marque" (bon il s’éclate sur Cars, emprunté à la bibliothèque), et les trucs aguicheurs qui pêtent dans tous les sens. Niveau violence je crois que le pire qu’il a eu entre les mains c’était Hero quest (oui, je suis aussi partisan de l’habituer à jouer aussi à des jeux pas trop spectaculaires).
En tout cas je préfère compartimenter de façon assez étanche mes propres goûts et ce à quoi mon gamin joue (même si des fois il voit des trucs, forcément), je crois que c’est encore trop incompatible comme univers.
Et je ne souhaite pas lui refiler trop vite des goûts adultes, même via le jeu vidéo.
BoYoB # Le 8 novembre 2012 à 14:39
roger, je suis d’accord avec toi sur le fond, mais que crois-tu ? Je le regarde jouer avec ses playmobils, faire des abordages de pirates, des assauts de chateaux-forts avec les chevaliers, et les rescapés se comptent à chaque fois sur les doigts d’une main. Dans ses livres/encyclos de gosses (Kididoc ou Dokéo) : pareil ! Ca étripe à tout va avec marres de sang, orbites énucléées, stégosaures étripés, j’en passe et des meilleures. Je ne dis pas que j’ai raison de lui montrer Starcraft, mais comme tu dis, il y a perméabilité puisqu’il me voit jouer. (Au passage, pour Devil May Cry c’était bien sûr une blague "pour la photo" puisqu’il n’avait même pas 1 an.)
BoYoB # Le 8 novembre 2012 à 14:48
Ah tiens, j’ai oublié de mentionner 2 jeux achetés spécialement pour lui, mais par forcément couronnés de succès :
Viva Pinata 2 : ça lui plait de voir tous ces animaux, bien évidemment, mais c’est un jeu pour lequel il faut savoir lire.
Kinectimals : essayé l’an dernier avec lui (à 4 ans donc) et le résultat de la détection de mouvement était vraiment trop approximatif, et sa gestuelle trop décousue. À réessayer plus tard, donc.
roger # Le 8 novembre 2012 à 15:12
Je ne me fais pas d’illusion, je sais que par eux mêmes les gosses ne demandent qu’à faire couler le sang et à castagner. C’est bien pour ça que je crois utile de les encourager vers d’autres tendances. Histoire de ne pas souffler dans le sens du vent. En plus à la base un gamin c’est bon public. Même s’il s’éclate avec des trucs violents, si tu lui mets dans les pattes un jeu avec des castors qui vont ramasser des brindilles il va aimer tout autant.
BoYoB # Le 8 novembre 2012 à 15:43
Prochaine étape : Amnesia.
Martin Lefebvre # Le 8 novembre 2012 à 17:08
Skylanders je ne veux pas mettre la main là dedans. Par contre on risque assez vite d’en recauser, mais sous une autre perspective. / tease.
Pierrec # Le 8 novembre 2012 à 23:55
Et pourquoi pas des jeux indés pour enfants, réalisés par des enfants ?
http://oujevipo.fr/index.php?option...
http://oujevipo.fr/index.php?option...
http://oujevipo.fr/index.php?option...
http://oujevipo.fr/index.php?option...
(Non, je ne fais pas de la pub pour mon site, j’essaye juste d’alimenter le débat)
Sinon, moi j’ai pas de mômes, mais j’ai essayé de faire entrer mes deux petits cousins de sept ans (un garçon, une fille) dans le monde du jeu vidéo qu’ils ne connaissaient pas du tout (pas de console à la maison), et forcément, je les ai d’emblée placés face à de l’indé bizarre. Eh bien ils ont complètement accroché !
Ce qui marche super bien, c’est le one-button game : ils pigent direct comment ça marche, ils passent un moment à maîtriser, et puis ils rejouent jusqu’à ce que leur tonton ou leur tata viennent les arracher de l’ordinateur de peur que je parvienne. Silent Skies par exemple, qui se finit en 10 minutes, a du les occuper bien deux heures ( http://oujevipo.fr/index.php?option... )
Mais le grand vainqueur reste Bang Bang Roguelution : un petit jeu vite torché pour une compo Tigsource qui consiste à marteler son clavier en rythme et faire exploser les personnages à l’écran. Celui là les éclaté pendant des heuuuuuures, et un an après, ils en redemandent. Évidemment, l’intérêt principal du jeu est de massacrer le clavier par tous les moyens possibles, à quatre mains, à coup de tête, en mode air guitar...et pour le coup, c’est un super spectacle pour les adultes aussi. Faut pas tenir à son clavier par contre.
http://oujevipo.fr/index.php?option...
My two cents
Pierrec # Le 9 novembre 2012 à 00:19
Merlanfrit censure-t-il les commentaires contenant un nombre indécent de liens ? Je crois que mon message est pas passé... :/
Olivier # Le 9 novembre 2012 à 06:25
Une petite souris de portable et Botanicula ont bien occupé ma fille de 4 ans. D’une manière générale, elle aime bien les point&click, le problème c’est d’en trouver où il n’y a pas de texte, ni d’actions trop rapides à enchainer. J’ai trouvé ça l’autre jour, ca nous a occupé la soirée : http://www.jeux.ca/reflexion/recolt...
Martin Lefebvre # Le 9 novembre 2012 à 08:51
Hum en effet j’ai dû valider ton com à la main pour qu’il passe Pierrec.
En fait il ne te reste qu’à nous faire un papier sur le jeu indé pour les enfants. :)
BoYoB # Le 9 novembre 2012 à 10:35
Olivier : comment a-t-elle réagi lorsque la fine équipe de végétaux est séparée, et que la noisette se retrouve seule dans le ventre lugubre de la bête ?
Mon fils a eu vraiment peur à ce moment-là du jeu (bon les araignées ne lui plaisaient pas des masses non plus). Mais j’ai remarqué qu’en apprenant seul comment passer ces tableaux, puis en lui remontrant avec la confiance et la certitude de la réussite, il acceptait beaucoup mieux ces tableaux.
Depresso # Le 9 novembre 2012 à 17:59
Excellent article. Je suis aussi très impliqué dans mes recherches de jeux pour mes neveux (il n’y a qu’à voir ce que la famille leur offre parfois comme jeux de merde, je me dois d’agir ^^).
LEGO est en effet un excellent choix, et mes neveux ont particulièrement aimé la version Pirates des Caraïbes (ils sont fous des pirates ^^), et depuis peu Skylanders bien évidemment. Malgré le côté collection qui peut revenir cher aux parents, c’est vraiment un excellent jeu pour enfant, très bien conçu. De plus les deux sont vraiment pensé pour la coop et c’est un vrai plaisir de les voir réfléchir à deux pour se sortir de situations compliquées.
Sinon j’approuve les commentaires sur Katamari ! Je ne m’y attendais pas, mais mes neveux ont adoré la version PS3 (Katamari Forever). Effectivement, quelques niveaux sont difficiles et je prenais la manette, mais le concept est limpide et en quelques niveaux les gamins comprenaient le principe d’une exponentielle ! Bon après ils m’ont fait chier pendant 2 jours à chanter en boucle une des chansons du jeu dans un simili-japonais tout à fait improbable :D
BlackLabel # Le 9 novembre 2012 à 23:39
Lego Batman qui prépare les enfants à Call of Duty, faut pas pousser quand même. C’est oublié les dessins animés et films de notre génération (dont Star Wars), et notre évolution par rapport à eux.
papapoule # Le 10 novembre 2012 à 23:05
moi j’ai refilé Lucius à mon morveux, il me regarde bizarrement le soir à table depuis qu’il sait que je trompe sa mère
Olivier # Le 26 novembre 2012 à 04:28
BoYoB (avec du retard) : Pour la separation, plutot bien. Je n’ai moi même pas trés bien compris ce qu’il arrivait aux autres. Ils ont l’air de mourrir, mais ils réapparaissent par la suite.
Sinon oui, elle a bien eu peur lors des tableaux où il y a des areignées et assez à l’interrieur de la bête. J’ai d’ailleurs l’impression qu’elle s’est lassé du jeu à partir du momment où elle a compris que les areignées étaient (mécaniquement) inoffensive.
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